Arum triphyllum dans la scarlatine – Adolph LIPPE

Dans Adolph Lippe, Cas cliniques, Médicaments by Edouard Broussalian3 commentaires

Prof. A. Lippe Philadelphie, Trad. Cathy Mayer; AHO V1N12

 
 

image001Les quelques symptômes qui ont été publiés dans le treizième volume de « The Archiv » sur Arum maculatum sont très semblables à ceux d’Arum triphyllum. Ce médicament de grande valeur a été introduit initialement comme étant un médicament indiqué dans les cas de scarlatine par le Dr C. Hering. L’attention de la profession a été appelée à son sujet pour la première fois dans le numéro neuf du « Homoeopathic news.» Dès lors, de nombreux cas de scarlatines malignes ont pu être soignés avec succès à l’aide de ce nouveau remède. Quelques indications concernant l’administration de ce médicament peuvent à présent être données.

Je ferais tout premièrement le récit du cas le plus grave dans lequel Arum triphyllum a été administré avec un franc bénéfice. Le cas est tiré de mon journal, volume 1 page 24.

Le patient était un garçon de six ans, qui a toujours été sous mes soins et qui a toujours été en bonne santé générale. Son frère ainé était atteint de scarlatine depuis le 14 février 1861. Je l’avais vu le matin même, il se plaignait d’un mal de tête et avait vomi de la nourriture et des mucosités. Il refusa de se lever le matin, le pouls à 120, plein et dur. Je donnais une dose de Belladonna 200 à 14h00.

Il continua à vomir, avait très soif pour de l’eau froide, le visage très pâle, coma, Antimonium tartaricum 200. A 19h00 je le trouvais dans un état bien plus grave encore, le visage encore plus livide, coma toujours. En se réveillant, il se plaignit de forts maux de tête. Toutes les dix à quinze minutes, arrive une selle liquide involontaire et très malodorante. Plus de 200 pulsations/minute. 6 grains de Sulfur dissouts dans la moitié d’un verre plein d’eau et une petite cuillère de cette solution à administrer toutes les deux heures.

A 1h00, il commença à devenir très agité et l’éruption commence à apparaître un peu partout sur tout le corps. Le matin à 7hoo, le 15 février, il était recouvert par l’éruption scarlatineuse. Il n’avait plus de diarrhée, n’avait presque plus mal a la tête, avait dormi et son pouls était à 120 à présent. Le médicament a été arrêté.

Le 16, il allait bien. Le 17, son nez était très pris, les commissures labiales complètement à vif, aucun écoulement, il avait mal dormi car il ne pouvait respirer qu’avec la bouche ouverte, Lycopodium 200.

scarlatineLe 18, a passé une mauvaise nuit, il était très délirant, du nez douloureux et excoriés s’est abondamment écoulé un fluide aqueux. Les lèvres et ses commissures sont également très à vif, elles craquent et saignent. La bouche était tellement endolorie qu’il ne pouvait pas boire. La langue était rouge, les papilles enflées et lorsqu’il se levait ; entre l’abdomen et les jambes, des zones à vif et humides, idem sur le coccyx. Les ganglions sous-maxillaires enflés. Le pouls à 140, dur et plein, la voix rauque. Arum triphyllum, 6 grains à la 6ème dynamisation, administrés dans un verre à demi plein d’eau, une petite cuillère à prendre toutes les deux heures. Le 19, un peu mieux, donné Arum triphyllum 30ème dynamisation que j’avais fraîchement préparé dans de l’eau comme auparavant. Le 20, toujours mieux, la prise du médicament est continuée toutes les quatre heures. Le 21, toujours en amélioration. Beaucoup d’urine très pâle et expectoration abondante de mucosités.

Son état continua de progresser sans médicament jusqu’au 13 mars, lorsqu’ il fut atteint d’un violent coryza avec le nez bien pris, Nitricum-acidum 200ème dynamisation.

Une dose suffit, jusqu’à ce qu’il se plaigne à nouveau, le 20 mars, durant la nuit, d’une toux sèche, très rauque et croupale qui céda à l’aide d’une dose d’Hepar 200ème dynamisation.

Le 2 avril, il s’enrouait à nouveau surtout le matin et devenait malentendant. Une dose de Causticum le libéra complètement et il resta en bonne santé.

La similarité entre Nitricum acidum et Arum triphyllum dans le deuxième stade de la scarlatine est très grande. Dans le coryza de Nitricum acidum il n’y a pas la rougeur de la langue. Les symptômes les plus indiqués pour Arum sont : l’endolorissement de la bouche, la rougeur de la langue, l’élévation des papilles, les gerçures des commissures labiales et des lèvres, l’obstruction nasale avec peu de coryza. L’urine est très abondante et pâle. Les ganglions sous-maxillaires sont enflés. Les éruptions couvrent le corps et sont accompagnées d’un intense prurit ainsi que d’agitation. Arum, très souvent, cause de l’enrouement, et alors que les autres symptômes vont s’améliorer, l’enrouement s’aggravera si le médicament est continué trop longtemps.

EB. Nous entamons une série d’articles, toujours complètement inédits, tirés de l’Américan Homoeopathic Observer. A mesure que nous lisons les microfilms, nous espérons découvrir de très nombreux autres articles de LIPPE, le grand maître absolu de la prescription. Nous aurons énormément à apprendre de lui.

Voyez ici toute la souplesse de la prescription en phase aiguë, Lippe n’hésite pas à changer dès que le médicament ne semble plus adapté aux symptômes du cas. Voilà de quoi réconcilier certaines factions de l’homéopathie: les uns ne jurant que par une prescription monolithique, les autres en administrant tout à la fois.

La vie est une adaptation constante autour d’un point d’équilibre, un mécanisme subtil de nature chaotique. Il en va de même pour la prescription qui doit suivre de très près l’évolution de chaque cas. Dans les maladies chroniques, sur une plus grand échelle de temps on aura de la même façon besoin d’une série de médicaments, chacun continuant les effets du précédent.

 
 

Commentaires

  1. Une question que je me suis toujours posée, quel impact quand le patient connait ou pas? le remède que le médecin prescrit. Il me semble en effet, que certains administrent au patient le remède au cabinet, sans dire de quel souche il s’agit. Cela est hors cadre,Pratique>prescrire mais je n’ai pas trouvé de place plus appropriée. J’aimerais bien à l’occasion que vous en disiez un mot. Merci

  2. Très bonne question bien difficile à évaluer. A part les médecins qui connaissent les propriétés, souvent sous l’angle caricatural et qui sont mécontents d’être “classifiés” tel ou tel médicament, pour la plupart des gens cela semble ne faire ni chaud ni froid d’avoir besoin de Sepia ou de Lycopodium.
    Je ne sais pas ce qu’en pensent les patients?

  3. La première fois que je suis allée voir un homéopathe pour mon fils Clément le monsieur m’a donné les granules sans nous dire ce que c’était j’ai du le cuisiner pour savoir que c’était Sulfur… Je n’ai pas trop compris pourquoi il ne fallait pas savoir ce qu’on prenait…
    Pour ma part je prefere grandement savoir ce que je prends mais ca doit être car l’homoepathie est pour moi une vraie passion donc je m’empresse d’aller voir dans le synoptic ce qu’on dit du remède prescrit… Et j’avoue souvent que je fais mon petit pari dans ma tete avant d’aller voir mon cher docteur pour voir si mes idées étaient les bonnes 🙂
    Pour les autres a ce que j’ai pu voir mes collègues par exemple ils retiennent a peine le nom du médicament et n’ont jamais l’idée d’aller voir pourquoi on leur a donné tel ou tel remède c’est surement mieux que d’aller voir sur des sites pas sérieux qui caricaturent le remède a outrance style quand Clément avait pris Aurum une copine m’a sorti mais pourquoi tu lui donne ca c’est pour les alcooliques suicidaires…

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