BERBERIS VULGARIS
La diathèse urique.
Je n’ai pas l’intention de refaire ou recopier la Matière Médicale de Berberis. Elle se trouve dans des ouvrages autrement plus complets que ce que je pourrais vous apporter. A travers Berberis nous ferons ressortir l’importance des modalités générales pour différencier les remèdes.
Mon propos de praticien homéopathe généraliste est d’attirer votre attention sur ce merveilleux remède végétal, peu prescrit, mais dont la portée est immense.
Dans les efforts d’élimination des toxiques protidiques, uriques ou stéroliques qui engorgent toute l’économie, Berberis se retrouve à tous les niveaux, dans tous les organes, dans tous les tissus, en accidents aigus ou manifestations chroniques. Nous voyons les principaux pôles d’action du remède, sur le côté gauche du transparent numéro : 1.
De teint pâle, de constitution faible, Berberis ne resplendit pas de santé. Caractère apathique, il est ridé, il fait vieux. Il se plaint de douleurs de partout. Rhumatismes et ses raideurs, lumbagos, coliques hépatiques, néphrétiques, algies osseuses, cardiaques sont ses doléances les plus fréquentes.
Les douleurs peuvent affecter tous les types, mais elles sont surtout rayonnantes. Ainsi, dans le cas de la colique néphrétique, nous aurons une douleur irradiant en sphère autour du rein: péri-rénale. Mais encore une douleur descendante, vers le périnée, l’uretère gauche, la cuisse gauche (Key Note au degré trois). Les extensions pourront affecter le dos, le cœur, le foie, la tête et des migraines. Ces douleurs peuvent être erratiques, changeant de place facilement, mais souvent radiantes, d’avant en arrière, en croisé, de haut en bas.
Deux sensations importantes sont souvent décrites par Berberis, un engourdissement externe et un bouillonnement des organes douloureux internes. Curieuse sensation d’élargissement de la tête, en rayon, de dedans en dehors dans les migraines. Kent mentionne la sensation de calotte douloureuse sur le crâne. « Absence de la sensation qui appartient normalement à ces organes de la femme » dit encore Kent, très élégamment. Signalons enfin une key note au degré deux dans le Répertoire, le coryza chronique de longue durée de la narine gauche.
Sur la partie droite du transparent nous trouvons la latéralité gauche prédominante de Berberis et surtout ses modalités d’aggravation.
C’est là que réside la clef de la prescription de Berberis. Aggravation le matin de cinq à neuf heures, par le mouvement, la pression, la marche, les secousses, assis, allongé, le coït, au crépuscule, bref par tout. Je ne connais pas d’autre remède de la Matière Médicale avec autant d’aggravations. Il faut noter aussi la mutité des modalités atmosphériques et thermiques.
Ainsi, si le rhumatisant de Rhus Toxicodendron est amélioré par le mouvement, si Bryonia est soulagé par la pression, si Arsenicum est calmé par les applications chaudes, Berberis n’est soulagé par aucune de ces modalités.
Si un patient ne peut préciser ni des bienfaits caloriques, ni posturales modératrices, il relève de Berberis.
Ainsi, j’ai prescrit ce merveilleux remède végétal Berberis, en attendant l’apparition de modalités plus évocatrices d’un remède plus approprié. Berberis favorise l’élimination des déchets des métabolismes uriques, stéroliques, puriques. Pour cela tournons nous vers le bocal d’urines de Berberis, sur le transparent numéro 2.
J’ai relevé dans la rubrique «sédiments urinaires » du Répertoire, les degrés trois et deux de Berberis.
Ainsi, au degré trois, Berberis est présent douze fois. Au degré deux, il est encre cité neuf fois. Aucun autre remède de la Matière Médicale ne figure autant de fois dans les sédiments urinaires !
Cela évoque la puissance éliminatrice de Berberis et j’ai vu mes patients remarquer les perturbations urinaires apportées par la médication. La présence des sédiments, reprenant l’élimination psorique centrifuge prouvait l’amélioration du cas.
Un autre point négatif important est l’absence de Berberis dans les sédiments urinaires purulents. Berberis est dépassé, le sujet relève alors d’Arnica, Cantharis, Clématis et enfin Uva Ursis.
Kent insiste dans l’étude de Berberis sur les fistules anales et leurs opérations chirurgicales inopérantes et aggravantes. Neuf remèdes au degré trois figurent dans la rubrique du Répertoire. Nous étudierons, ici, pour différencier ces grands remèdes leurs modalités générales. Ces symptômes caloriques, atmosphériques ou posturaux feront un premier tri dans la voie de la détermination du simillimum. (A l’image de Kent, nous pourrons ensuite, pour finir, accrocher un symptôme mental terminal).
Berberis, n’est soulagé par rien, aussi il est utile de commencer par lui quand il n’y a pas de modalités caractéristiques.
Aurum Muriaticum est amélioré par le bain froid, il éprouve aussi un désir de grand air. La chaleur l’aggrave, comme la chaleur du lit et en s’échauffant après un effort. Pensant à ses troubles, il empire. Une marche lente le soulage, comme le mouvement modéré. Il faut redouter sa tendance suicidaire, comme son parent Aurum Metallicum et Natrum Sulfuricum.
Calcarea Carbonica est plus intolérant aux vêtements serrés, la seule pression des habits l’aggrave. Il ne supporte pas le froid, il est plus mal après le bain et les applications humides. Son aversion pour le grand air est absolu.il est mieux allongé que debout. Il affectionne particulièrement les œufs bouillis (key note au degré trois). Par contre, souvent il déteste le café et le tabac. Il digère mal le lait et le beurre, qui l’aggravent.
Calcarea Phosphorica est sensible aux changements de temps, au froid, à la fonte des neiges. Il se porte mieux à la chaleur du lit et allongé. Son aversion pour le grand air est superposable à son parent Calcarea Carbonica. Il a un désir de viandes fumées, mais moins que Causticum.
Carbo Vegetabilis aussi recherche le grand air qui le soulage un peu. Mais il est aggravé à l’air froid. Il ne supporte pas la chaleur humide. Frileux, il a pourtant tendance à se découvrir ! Il supporte mal les vêtements serrés et la chaleur du lit. Assis, il se sent mieux. Il ne digère pas non plus les aliments riches et le porc en particulier.
Causticum s’il est indifférent au bain, il s’aggrave après avoir été mouillé. Mais aussi le temps sec ne lui convient pas. L’air froid, comme le froid en général ne lui réussit pas non plus. La marche, et encore plus au grand air l’incommode. Il se plaint d’une brûlure comme par de la chaux vive. Il raffole de viandes fumées. Il est amélioré par les boissons froides. Sa transpiration, comme Berberis, ne soulage pas. Il se remarque aussi en passant ses selles en position debout.
Kalium Carbonicum est amélioré par la chaleur, le temps chaud, la chaleur du lit. La toucher lui est insupportable comme le froid. Ses troubles respiratoires l’obligent à se tenir penché en avant, les coudes sur les genoux, surtout la nuit entre deux et trois heures du matin. Son aversion pour le grand air et le moindre courant d’air sont caractéristiques. Tous ses malaises sont augmentés en se découvrant. Kalium Carbonicum transpire abondamment la nuit et en est soulagé, au contraire de Berberis.
Nitricum Acidum sensible au toucher, au froid, aux secousses, se sent mieux en allant en voiture. Cependant, la marche l’aggrave, comme le froid et l’humidité. Les applications chaudes atténuent ses douleurs. Il éprouve un désir curieux de choses étranges: chaux, craie, argile, mine de crayons, terre (seul au degré trois). Mais surtout, il aime manger gras, le gras de viande, de jambon. Par contre, le lait est très mal supporté par Nitric Acidum. Ses douleurs très vives sont comme une écharde, une éclisse, plantée dans la chair. Elles persistent même après une selle molle. On trouve toujours des lésions d’Acidum Nitricum au niveau des orifices du corps. Dermatoses, fissures ou gerçures, les lésions présentent un fond sanglant.
Silicea grand frileux est transi de froid, tout son corps est comme glacé. Il se couvre abondamment, il recherche la chaleur. Il supporte mal le toucher, comme le grand air. Il est même aggravé par des boissons froides. Ses selles sortent et remontent, rentrent dans le rectum. Sa fistule anale peut alterner avec des signes pulmonaires. Mais surtout une transpiration abondante et nauséabonde des pieds ne peut passer inaperçue.