Bryonia par Georges Broussalian

Dans Georges BROUSSALIAN, Médicaments by Edouard Broussalian12 commentaires

Ma préoccupation majeure, au cours de toute ma carrière a été de devenir un bon clinicien, modeste généraliste, pour tenter de soulager ou guérir, de mon mieux, les patients qui m’accordaient leur confiance.

Bryonia de NashDans cette optique, j’ai retenu de mon passage à la Faculté et je n’ai jamais renié, la valeur du signe clinique, la sémiologie en général. J’ai trouvé, ensuite dans l’homéopathie, la valorisation des symptômes humains et surtout de leurs modalités.

Ainsi, relisant une étude de Bryonia dans Nash, je fus frappé par son affirmation de la valeur de 3 modalités cliniques douloureuses de ce remède.

Nash soutient que si ces 3 modalités des parties souffrantes sont réunies, le seul remède qui convient est Bryonia.

Ces 3 modalités douloureuses sont :

1/ Amélioration par la pression.

2/Amélioration couché, sur le côté douloureux.

3/Aggravation par le moindre mouvement.

Je décidais d’étudier et soumettre ce cas au programme informatique Mélanie, ancêtre de P.C.Kent, tous deux réalisés avec le concours d’Edouard.

Le transparent qui vous est présenté ci-dessus montre sans conteste que Bryonia est bien le seul simillimum. Il ressort avec 9/9, soit 3 fois le troisième degré du Répertoire.

Nash avait raison.

Ainsi, cliniquement toute douleur qui réunit ces 3 signes bénéficiera de Bryonia.

Dans ma pratique quotidienne chaque fois que j’ai rencontré ce trio, mon malade fut toujours soulagé. Certes Bryonia n’était pas le remède de fond du malade, mais l’atténuation de la douleur était un succès partiel mais très bénéfique. Une patiente de 84 ans, soulagée de ses douleurs me demandait ce que contenaient ces petites granules de Bryonia 4 CH, alors que ses antalgiques allopathiques étaient inefficaces.

La prescription, redoutant des possibilités d’une pathogénésie réactionnelle, précisait toujours de prendre le remède à la demande et non pas en permanence.

Humblement, l’étude attentive du transparent montrait encore la possibilité de 3 autres remèdes, à côté de Bryonia. Respectivement,  Colocynthis 7/9, Pulsatilla 7/9 et enfin, un peu plus loin, Sepia 6/9.

Là, pareillement, les modalités cliniques, les localisations me permettaient d’affiner mes connaissances et mes possibilités thérapeutiques. Souvent, le contexte de Bryonia illustrait des désordres respiratoires ou rhumatismaux. Le malade Colocynthis relevait souvent d’une sémiologie axée digestive, plutôt soulagée par la chaleur et la tête penchée en avant. Pulsatilla avait ses prédominances circulatoires, frilosité, avec aggravation par la chaleur ! A l’inverse, Sepia désirait la chaleur et ses jambes croisées ou fléchies…

Du même coup, à travers ces 3 symptômes de Nash, pouvaient se profiler 3 grands remèdes, dont 2 polychrestes, qui pouvaient conduire au simillimun du cas.

En conclusion, Bryonia, se présente dans ces cas comme un simillimum partiel ou accessoire qui peut soulager certaines douleurs d’un patient.

Mais l’essentiel reste en homéopathie la valorisation des modalités qui sont des symptômes fondamentaux et éliminatoires.

Commentaires

  1. Bonsoir,
    Mon père a le chic de parvenir à condenser de nombreux points essentiels en un seul article court!

    La vérité ne s’use pas, ne change pas, elle demeure éternelle comme le montre la passion et la vivacité de nos aînés. Songez combien de confrères allopathes ont raccroché, écoeurés par leur pratique… Déjà merci pour ce magnifique témoignage.

    Je voulais donc brièvement souligner que l’homéopathie constitue LA science de la thérapeutique médicale. Ceci a été oublié et nous nous battons ici pour redresser le cap. En effet, il est désastreux de constater combien les théories les plus farfelues ont envahi le champ de l’homéopathie. Ceci doit cesser, nous devons nous recentrer sur une pratique médicale, faite de diagnostics, de pronostic et de bilans objectifs.

    Tu nous montre ici une des manières les plus efficaces de prescrire, celle qui consiste à se baser sur les généralités, à la Boenninghausen. C’est quelque chose que tous les novices en homéopathie doivent apprendre: la partie malade reflète certes le tout déréglé mais dans son langage propre. Les modalités constituent l’une des parties essentielles de la prescription, cependant il faut se rappeler (et c’est là le génie de Kent) que des modalités locales peuvent être en contradiction avec les modalités générales.

    J’en profite pour rappeler le trépied de Hering; lui aussi éternel, puisqu’il n’existe aucune autre façon de caractériser un symptôme:
    -quelle sensation?
    -quelle localisation?
    -quelle modalité?
    -quels concomitants / irradiation?

    Je pratique très souvent l’excellent technique nommée “bottom-up” que tu soulignes: en partant de quelques modalités locales, prendre du recul pour établir un diagnostic qui épouse les autres signes généraux du cas .Ceci permet de prescrire en toute sécurité et très rapidement.

    On peut aussi soulever l’excellente question de la posologie, car en effet bien des cas sont massacrés faute de gestion correcte du médicament. Et nous avons TOUS la tentation de renouveler trop tôt. Ici encore des règles simples doivent être rappelées:
    -ne rien prescrire tant que le tableau symptomatique n’est pas stabilisé
    -attendre de voir comment les symptômes évoluent, ordre inverse d’apparition, etc.
    -jauger l’amélioration générale selon la progression des symptômes du centre vers la périphérie
    -ne prescrire que lorsque les signes sur lesquels la prescription était basée refont surface
    -guetter la survenue de signes nouveaux non affectés par la prescription, qui constituent alors la base pour identifier le médicament suivant.

    Il y en a tant encore à dire. J’arrête!! On attend tous la suite!!

  2. Dans ces cas douloureux, les remèdes prescrits, Bry, Thus-T, Coloc, par exemple furent prescrits en basse dilution à 4 CH, à la demande.
    En cessant dès l’amélioration des phénomènes douloureux.

    En basse dilution, les effets des remèdes s’estompent rapidement, il n’y a pas de pathogénésie réactionnelle.

    Par contre, j’ai vu des patients donner des symptômes d’ Ars chez des utilisateurs quotidiens de la pâte gingivale SPECIA…(retirée du commerce maintenant, je crois).

    J’ai vu aussi des signes corollaires et intempestifs chez des patients ayant des prescriptions prolongées de Ham et Act-R, Sol-v-a , même à basses dilutions.

    Enfin, la répétition trop rapprochée de remèdes en hautes dynamisations m’a conduit à des échecs manifestes au début de ma carrière.

  3. Au Dr Georges Broussalian :

    Merci, docteur, pour vos exposés que je lis avec grand intérêt. Vous avez l’art de présenter des notions complexes et des nuances avec simplicité. Ce qui nous permet de mesurer (en particulier aux non médecins comme moi) toutes nos lacunes, hélas !

    J’ai une question de néophyte : hormis les signes majeurs que vous signalez ici, y a-t-il un petit signe particulier à Bryonia qui serait “phobie des abeilles” ? (“entend les abeilles la nuit, le jour et pour cette raison veut que l’on ferme les fenêtres alors qu’il fait chaud dehors” ?)
    J’ai trouvé dans le répertoire de Kent “peur des insectes” (et vois par ailleurs que Bryonia peut éprouver des douleurs piquantes).
    Avez-vous déjà vu ce cas dans votre pratique ?

    Respectueuses salutations,

    Joséphine Dedet

  4. Madame Joséphine Dedet,
    Effectivement, Il y a dans le Répertoire: peur des insectes, Bry au de gré 1, sans préciser “abeilles”.
    On trouve aussi, peur des animaux, morsures: daph, merc, Phos, puls. (Phos au degré deux)
    il faut aussi se reporter dans les rêves pour compléter les frayeurs. Ainsi nous a enseigné mon Maître P. Schmitt. vous avez, rêves de morsuresd’insectes: Phos ( au degré deux).
    Je n’ai pas de précisions sur les abeilles; peut-être des confrères trouveront-ils dans d’aitres ouvrages.
    Merci de l’intérêt que vous portez à l’homéopathie.
    Recevez Madame Joséphine Dedet l’assurance de mes hommages respectueux.
    G. Broussalian

  5. Je n’ai pas la prétention d’apporter la solution mais je n’ai pu m’empêcher de penser à ce texte tiré de la présentation du Répertoire homéopathique des maladies aiguës de Bernard Long
    Autre exemple : TOUX.
    Un petit garçon de 5 ans tousse depuis la veille ; dans la nuit, il a eu de la fièvre et s’est levé à moitié endormi pour aller aux toilettes ; là, il a eu l’impression d’être assailli par des abeilles.
    On cherche au chapitre IV (Répertoire) : peurs, illusions, rêves
    – abeilles : puis (i) (r)
    PULSATILLA : une dose 15 CH

  6. Merci, Docteur, pour votre réponse.

    Merci, Didier, pour votre éclairage.

    J’avais pensé à Bryonia car cette phobie des abeilles qui m’a été rapportée concerne une adolescente de 13 ans qui a déménagé récemment très loin de chez elle. Or cette phobie et le sentiment de “vouloir rester à la maison” se sont manifestés juste après ce déménagement. Cela n’est de toute façon pas suffisant, c’était juste une piste possible, mais comme je n’ai pas d’autres signes cardinaux (c’est-à-dire ceux dont parle le Dr Broussalian dans son article) cela reste une hypothèse très très très imparfaite, qu’il faudrait confronter avec des signes cliniques.

    Tout ce que je sais c’est que cette enfant, intelligente, n’est pratiquement jamais malade, a toujours trop chaud, et a été piquée par une abeille quand elle était en maternelle.

    J’étais juste curieuse de savoir si l’un de vous avait déjà rencontré cette phobie très particulière.

    J. D

  7. Madame Joséphine Dedet,
    Dans les quelques symptômes que vous relatez, il y a un signe capital: Sensation de chaleur.
    Dans la Section Symptômes Généraux, vous trouverez “sensation de chaleur fébrile”.
    Le remède de cette enfant se trouve obligatoirement dans cette rubrique.
    C’est une rubrique éliminatrice capitale.
    Acceptez mes salutations distinguées
    G. Broussalian

  8. Madame Joséphine Dedet,
    Dans les quelques symptômes que vous relatez, il y a un signe capital: Sensation de chaleur.
    Dans la Section Symptômes Généraux, vous trouverez “sensation de chaleur fébrile”.
    Le remède de cette enfant se trouve obligatoirement dans cette rubrique.
    C’est une rubrique éliminatrice capitale.
    Acceptez mes salutations distinguées
    G. Broussalian

  9. Bonjour à tous
    Ça chauffe sur Bryonia! Joséphine ,où avez vous trouvé ce texte concernant les abeilles dans la matière médicale? Je ne le vois pas dans Hering ni dans Allen?
    L’idée générale de rester à la maison pour y retrouver un havre de paix appartient pleinement à Bryonia. Je n’ai pas vu personnellement cette histoire de phobie des abeilles, mais dans la mesure où Bryonia est plein de peurs, c’est compatible avec l’idée générale du médicament.
    Amitiés

  10. Bonjour Edouard,
    bonjour à tous,

    Eh bien justement je n’ai pas trouvé d’abeilles dans le répertoire de Kent, mais simplement, comme le souligne votre père, la peur des insectes où Bryonia est le seul cité, au degré 1.

    Cela + le désir de s’enfermer à la maison (qui sont les deux seules infos fiables dont je dispose sur cette gamine) m’ont évoqué Bryonia. En regardant ensuite sur Internet, je vois qu’une sorte particulière d’abeille a une prédilection pour Bryonia (dioica) : drôle de coïncidence !

    Malheureusement, je n’ai que très peu de livres d’homéopathie et de matière médicale. Seulement le répertoire de Kent, un livre de Vithoulkas (que j’aime énormément), un Charette (très succinct), bref je me débrouille avec mes petits moyens du bord et en lisant vos articles. Preuve qu’il faut que je m’équipe en livres et que je travaille !
    Mais comme j’adore les petits symptômes très particuliers, je me suis permis d’exposer ce cas.

    Autre exemple (rien à voir avec Bryonia) : Il y a quelques années, j’avais rencontré une femme qui expliquait qu’à chaque fois qu’elle buvait du vin, elle était en proie à des crises d’éternuements terribles. Je n’ai jamais oublié ce détail. Je trouve que c’est extraordinairement intéressant.

    Amitiés
    Joséphine

  11. Je ne saurais dire s’il est acceptable de rapprocher une phobie d’une illusion. Par ailleurs, cette phobie n’est pas tout à fait inexplicable ni surprenante (a été piquée par une abeille quand elle était en maternelle).

    PSYCHISME /
    ILLUSIONS, imaginations, hallucinations (Voir Folie, Pensées-Persistantes; Voir Sommeil-Rêves) /
    animaux, d’ /
    abeilles, voit des
    Remède(s) du symptome ci-dessus :
    Degré des remedes (le 3 est le plus important) : degré 1 degré 2 degré 3
    puls

    Selon le Complete Repertory, cette rubriques provient des sources ci dessous:
    Rubrique: MIND; DELUSIONS, imaginations; bees, sees.
    Abréviation remède: puls, grade 2.
    Nom standard: Pulsatilla.
    Taxonomie: Règne Plantae, Division Angiospermae, Classe Dicotyledones (Magnoliopsida), Ordre Ranunculales, Famille Ranunculaceae.
    APG II taxonomie: angiosperms, eudicots, Ranunculales, Ranunculaceae.
    Sources.
    Jahr, George Heinrich Gottlieb (10) Systematisch-alphabetisches Repertorium der homöopatischen Arzneimittellehre, Herrmann Bethman (Leipzig), 1848.
    Kent, James Tyler (58) Repertory 6th Ed., 1899.

  12. Ce qui m’a été rapporté n’est pas “voit” des abeilles, mais “entend” des abeilles.
    Phobie et illusion me semblent aller de pair dans ce cas (peur panique = phobie et illusion = entend des abeilles le jour, la nuit).
    Ce qui est surprenant, c’est que cette phobie survient des années après la piqûre, et pas depuis la piqûre.
    Le mieux, c’est que je demande (si je peux et si cela vous intéresse) plus de précisions sur ce “cas” car les indications que je vous donne sont trop vagues.

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