Par le Dr. Maria Vera Moreira de Rio de janeiro
Homéopathie et choléra: Traitement
Le traitement homéopathique dans les épidémies du siècle dernier fut associé à l’hydratation orale, puisque le contrôle rapide des symptômes tels que vomissements et crampes et l’amélioration du patient permettait l’ingestion de bouillons, d’eau, de glaçons, etc. A cette époque, la médecine allopathe pratiquait les saignées et recommendait le jeun, interdisant aux malades de boire de l’eau. 6
Aujourd’hui la restitution des liquides et des électrolytes perdus dans les déjections doit être faite précocement, par voie orale chaque fois que possible ou veineuse dans les cas graves. L’usage du médicament homéopathique peut guérir la maladie principalement dans les phases initiales, peut être utile pour diminuer le temps d’hospitalisation, soulager rapidement les symptômes et écourter l’évolution de la maladie.
La prescription homéopathique doit être faite en employant un remède à la fois, en accord avec la totalité des symptômes et avec la capacité de réponse de la force vitale du patient.
La littérature préconise l’usage de basses puissances (généralement C6 à C30) du remède choisi, répétant la dose si nécessaire.
CHARGE dit que le médecin qui se prépare à traiter le choléra devra être muni des médicaments suivants (en 6C) (8:43)
Esprit de Camphora Hahnemann
Ipeca
Phos.ac
Veratrum album
Cuprum-m
Arsenicum alb.
Secale corn.
Carbo-v
Hydroc-ac.
Aconitum
Belladona
Bryonia
China
JAHR, utilise en général des puissances de 12C ou 15C et en ajoute d’autres, entre lesquels :
Cicuta
Colocynthes
Hyosciamus
Lachesis
Laurocerasus
Mercurius
Nux-v.
Opium
Phos
Rhus-t
Stram
Sulph
Ces 13 médicaments sont donnés dans l’ordre où ils sont utilisés dans les phases de la maladie. Les premiers correspondent aux symptômes de la première période et les derniers aux dernières périodes.
João Vicente Martins dit que celui qui connait bien les pathogénésies des six premiers remèdes cités (Camphora, Ipeca, Phos-ac, Veratrum alb., Cuprum-m et Arsenicum alb) pourra déjà faire beaucoup dans le choléra (20:281).
Nous chercherons ici à faire un résumé de ce qui a été cité principalement pour l’usage clinique des médicaments dans les cas de choléra.
Pour l’étude des médicaments il faudra consulter les matières médicales.
Camphora
Dans sa lettre de Koethen du 10/9/1831 Hahnemann recommande l’usage du Camphora dès les premiers signes de la maladie. Il conseille aux personnes de ne pas attendre l’arrivée du médecin et de donner le Camphora à leurs parents atteints par le choléra dès les premiers instants, car dans les stades postérieurs ce remède n’est plus aussi utile. La préparation quíl recommande est l’esprit de camphre obtenu par la dissolution de Camphora dans 12 parts d’alcool, devant être donnée à raison d’une goutte dans une cuillère d’eau toutes les cinq minutes. Hahnemann décrit la symptomologie de ce premier stade:
“La force du patient tombe subitement, il ne peut se tenir debout, l’expression est altérée, les yeux creusés, le visage bleuâtre et gelé, ainsi que les mains. Tout le corps est froid. Désespoir et angoisse avec peur d’étouffer, un peu affaibli et insensible, il gémit et crie avec un ton de voix rauque et caverneux sans plaintes distinctes, sauf quand on lui demande; brûlure d’estomac et de la gorge et crampes dans les mollets et autres muscles; il crie lorsque l’on touche la région précordiale. Il n’a pas soif, il n’y a pas de vomissements ni de diarrhées”(15:753).
Ce cadre, selon Boenninghausen, correspond aux formes graves de la maladie qui ont l’habitude d’apparaître en nombre majeur au début d’une épidémie (3:304). Il correspond à la symptomologie présentée dans les formes foudroyantes et également au tableau du choléra dit sec pour lequel le Camphora est le remède specifique.
L’expérience clinique a ensuite montré que très souvent les symptômes sont légers dans cette première phase.
L’indcation de Camphora dans la période de début ne relève pas du hasard. 90 % des malades atteints par le choléra ont ressenti pendant quelques heures des symptômes décrits dans le chapitre qui précède ainsi que d’autres signes qui se manifestent dans la pathogénèse du Camphora comme : tête lourdre, vertiges, mal de tête, pâleur du visage, nausées, vomissements, crampes, palpitations, vagues de chaleur, etc.
Les observations cliniques montrèrent que le Camphora fut également utile dans les phases plus tardives de la maladie quand les symptômes correspondaient, bien que son indication soit plus utile dans la toute première phase.
Plus tard, Hahnemann répondit à des critiques qui disaient que le Camphora administré de cette façon n’était pas un reméde homéopathique parce que le dosage était très élevée et l’administration très fréquente. Il répondit : “la loi fondamentale de l’homéopathie, similia similibus curentur ne dit rien à propos de l’importance de la dose et celle-ci a besoin d’être spécialement déterminée en accord avec l’expérience de chaque reméde et de chaque maladie”(3:306). En juillet 1831, il disait :
“Le Camphora est une drogue si particulière que l’on est facilement tenté de la considérer comme une exception : bien qu’elle cause une forte impression au corps humain, celle-ci est seulement superficielle et très transitoire comme cela ne se voit dans aucune autre drogue, de sorte que pour son usage homéopathique la dose a besoin d’être répétée presque immédiatement pour obtenir un résultat”(3:307).
Le Camphre est une substance cristallisée, aromatique qui est extraite du Laurier Camphora, arbre qui pousse en Chine et au Japon.
Ainsi, c’est d’Asie que vient le premier médicament utilisé pour la guérison de la maladie d’Asie.
Ipeca
Dans les cas légers ou au début de la maladie.
L’Ipeca affecte tout le tractus intestinal.
Nausées persistentes (qui ne sont pas soulagées par les vomissements). Aversion pour les aliments.
Si les vomissements et les nausées prédominent.
Perte rapide des forces.
Spasmes légers dans les mollets, doigts des mains et des pieds.
Grande soif.
Sensation de plénitude, douleurs coupantes dans l’abdomen.
Diarrhée jaunâtre ou aqueuse, avec ténesme très douloureux après l’évacuation.
Phosphoric Acidum
Utile dans les cas légers ou dans les lienteries après le choléra.
Langue couverte de matière visqueuse, à tel point que le doigt y adhère au toucher.
Diarrhées indolores, involontaires, nocturnes avec des restes d’aliments non digérés. La diarrhée n’est pas affaiblissante. La prostration de ce reméde est plus mentale, avec un état de stupeur, d’apathie, d’épuisement.
Distension météorique de l’abdomen. Bruits comme s’il y avait de l’eau dans l’abdomen.
Veratrum Album
Il est presque spécifique de la période colérique et même au cours de la troisième période.
Froid général de tout le corps avec sueur froide; frisson alterné avec chaleur, faiblesse excessive, évanouissement (après les évacuations). Epuisement rapide des forces jusqu’à prostration complète. Raideur tétanique du corps, crampes et convulsions; insomnies avec angoisse; pouls faible, rapide ou absent. Yeux ternes, visage décomposé, hippocratique, froid et pâle ou même bleuâtre avec transpiration sur le front. Voix rauque. Grande angoisse dans le coeur, crampes et spasmes violents dans les mollets, dans les pieds et les mains.
Mains et pieds froids et bleuâtres.
Soif violente, insupportable, avec désir d’eau froide par petites gorgées. Vomissement tout de suite après avoir mangé ou bu quoi que ce soit.
Vomissements et diarrhées violents.
Angoisse dans la poitrine, abdomen sensible au moindre toucher. Diarrhée blanchâtre comme du petit lait ou bilieuse et mélangée de flocons.
Urine insuffisante ou absente.
Cuprum Metallicum
Les symptômes sont identiques à ceux du Veratrum;
C’est également un reméde de deuxième période.
Visage pâle ou bleuâtre, yeux révulsés vers le haut. Voix rauque. Impression que l’on va mourir. Ce qui prédomine dans ce médicament sont les spasmes. Crampes dans les doigts de la main et des pieds. Crampes dans les autres muscles, elles sont douloureuses et arrachent des cris de douleur du malade.
Dans le Veratrum prédomine la diarrhée, dans le Cuprum les spasmes.
Ces deux remédes renferment ainsi dans leur sphère d’ation, les symptômes les plus essentiels et caractéristiques du choléra confirmé.
Dans les observations cliniques dont nous disposons il ne fut pas autant utilisé que le Veratrum.
Arsenicum Album
Indiqué si au cadre de la maladie décrit pour le Veratrum se joignent :
– Grande angoisse avec peur de la mort.
– Agitation extrême qui oblige le malade à bouger continuellement, à sortir du lit, à se découvrir.
– Chaleur ardente au creux de l’estomac.
L’observation de ces derniers symptômes à n’importe quel moment de la maladie indique en premier lieu l’Arsenicum (8:36).
“La prostration du Veratrum dépend directement de la profusion des évacuations alvines alors que celle de l’Arsenicum est plus profonde, c’est un effet destructeur de la substance du malade dans les recoins les plus intimes de la vie”(5:51).
Il est utilisé dans les cas plus graves, dans la période algide. En général, les symptômes sont graves depuis le début. Sa principale caractéristique est l’appréhension associée à une grande faiblesse.
Secale Cornutum
Quand le Cuprum n’arrive pas à soulager les crampes.
Quand les vomissements ont cessé mais que les évacuations continuent incolores.
Douleurs dans les extrémités, membres froids.
Individus faibles, cachectiques à cause de souffrances antérieures. Tête étourdie, sens émoussés, principalement l’ouïe.
Découragement soudain et préoccupation constante avec la mort.
Faiblesse soudaine des extrémités.
Froid sur toute la superficie du corps, mais le malade veut se découvrir (ce symptôme rappelle le Camphora).
Sensation de chaleur vive, bien que la surface du corps soit froide.
Carbo vegetabilis
C’est un reméde de la période du collapsus. Il n’est pas d’action rapide – il sert dans les cas où le collapsus s’installe graduellement. Il est spécialement utile quand il y a distension tympanique à l’abdomen et que les déjections deviennent fétides. Le corps est froid et couvert de sueur visqueuse. La prostration est si grande que le malade est couché comme s’il était mort sans signes d’irritabilité, le corps froid, l’haleine froide, le pouls éteint, la respiration faible, déjà sans vomissements, sans diarrhées, sans crampes ou autres douleurs et sans urine (5:55).
Hydrocyanic acidum
Le malade semble être mort. Le pouls éteint. Si le Carbo-v ne fait pas d’effet. Le malade est bleu, froid, le regard terne, les pupilles dilatées. La respiration lente, faible ou spasmodique. Les centres qui gouvernent la respiration et la circulation deviennent chaque fois plus affectés, l’arrêt du coeur devient imminent et la respiration profonde et lente (5:56).
Aconitum
Quand dans la période de réaction apparaît une fiève inflammatoire avec chaleur sèche, pouls dur et rapide.
Belladona
Généralement employé dans la période de réaction, quand celle-ci se fait ou dans la forme irrégulière avec symptôme d’encéphalite qui correspondent aux symptômes au médicament. Congestion, délire, agitation ou stupeur.
Faire un diagnostic différentiel avec Hyosciamus et Stramonium.
Bryonia
Dans les symptômes typhoïdes. Stupeur, constipation. Les malades répondent difficilement aux questions. Délire tranquille. Quand l’état léthargique est très prononcé penser à l’Opium.
China
Il convient surtout pour les suites du choléra.
Découragement et prostration. Faiblesse persistente après la cessation du choléra principalement quand le sommeil est très agité.
Anorexie avec sensation de plénitude continue. Aversion pour les aliments. Vomissements fréquents d’aliments non digérés.
Diarrhée violente avec lienterie principalement la nuit.
Durant l’épidémie de choléra qui attaqua Rio de Janeiro en 1855, le Directeur de la Santa Casa de Misericórdia accepta l’offre faite par le Docteur Maximiano Marques de Carvalho de se charger gratuitement du traitement des malades. L’Infirmerie N.S. da Conceição fut ouverte à partir du 26 septembre 1855 et c’est là que furent accueillis et traités par l’homéopathie 433 malades. Les cas, résumés, furent publiés en 1856. Nous transcrivons ici quelques-unes de ces observations cliniques, en conservant les mots de l’auteur.
Obs. N.7: Alexandre José Ribeiro, originaire de São Paulo, âgé de 55 ans, veuf, livreur du Mercantil, de tempérament sanguin, constitution forte, est entré à l’infirmerie le 27 à 2 heures du matin, souffrant de fortes coliques, crampes dans les jambes, diarrhée bilieuse; on changea ses vêtements et lui administra le Camphora sous la forme déjà dite (une goutte dans une once d’eau de demi-heure en demi-heure); à 10 heures du matin, il allait mieux, on lui donna Nux-vomica en 4 doses de deux heures en deux heures. Le 28, il reçut l’autorisation de sortie.
COMMENTAIRE : La malade fut hospitalisé au degré 1. (symptômes légers, phase initiale de la maladie). La présence de bile dans les selles est un bon signe. Il faut noter qu’il y a eu une amélioration en quelques heures et que le malade put sortir après un jour d’hospitalisation.
Obs. N.47: Jacinto Rosa, portugais, 26 ans, habitant rue do Cano nr. 42, est entré à 6 heures du soir le 8 octobre; d’un tempérament lymphatique, il se plaignait de douleurs à l’estomac et au ventre, avait des vomissements, une diarrhée bilieuse, les extrémités froides, le pouls faible, la langue saburrale; on lui administra le Camphora. Le 9 il allait mieux; on lui donna Nux. Vomica. Le 10 il était guéri, et reçut l’autorisation de sortie.
COMMENTAIRE : Degré 1; sortie en deux jours.
Obs. N. 18: João, africain noir, esclave de Francisco José Leite, habitant rue do Cano nr. 11, est entré à six heures du matin le 30 septembre, il avait des vomissements et une diarrhée blanche comme de l’eau de riz, des coliques et des crampes, le pouls faible, la voix molle, les extrémités froides. On lui donna Nux-vomica: la nuit, il se plaignit de douleur du côté gauche, on lui donna Digitalis; à minuit il vomissait toute l’eau qu’il buvait, on lui donna l’Ipecacuanha. Le 1er, on lui donna l’arsenic. Le 2 il était en convalescence. Le 3, il reçut l’autorisation de sortie à une heure de l’après-midi.
COMMENTAIRE : Le malade présentait le cadre classique de la période cholérique (degré 2) avec vomissements et diarrhée en eau de riz, crampes, etc..
Obs. N. 19: Antonio, noir affranchi, africain, sommelier, habitant rue Pedreira dans une habitation commune, est entré le 3 à 4 heures de l’après-midi, faible, refroidi, il avait des vomissements, diarrhée et coliques, la voix molle, le pouls faible et il y avait deux jours qu’il souffrait; on lui donna Nux-vomica; le 1er octobre, il avait moins de coliques mais la diarrhée continuait; on lui donna de l’Arsenicum. Le 2 il allait mieux. Le 3, il allait bien et il reçut l’autorisation de sortie.
COMMENTAIRE : Degré 2. Nux-vomica comme dans le cas antérieur n’a pas amélioré le cadre dans cette phase où généralement on obtient de meilleurs résultats avec Veratrum ou Arsenicum.
Obs. N. 32: Cezar Augusto de Magalhães, portugais de 18 ans, habitant rue do Can nr.14, souffrait d’attaques épileptiques et fut atteint de choléra morbus. Il est entré à l’infirmerie le 2 octobre. Il avait des coliques, vomissements, diarrhée, douleurs dans les jambes, voix molle et éteinte, suppression de l’urine, répugnance pour les aliments, soif intense, on lui donna le Nux-v, à huit heures du soir il eut une attaque épileptique; on lui donna de la Belladona. Le 4 il était très affaibli; on lui donna Phosphorus. Le 5 il avait des crampes, on lui donna Cuprum. Le 6 les symptômes du choléra avait disparu en partie et pourtant le malade était dans un collapsus qui se rapprochait de la mort, aspect cadavérique, yeux enfoncés et couverts d’une taie, peau visqueuse froide et languissante. Commença pour le malade un état impossible à décrire : sans pouvoir parler ni bouger, avec des évacuations spontanées en grandes quantités, il ne manifestait de la vie qu’au travers de quelques palpitations du coeur; on lui donna Ignatia; il continuait dans le même état, alors un de nos collègues qui était de service ce jour-là, lui donna de l’Opium en doses répétées; c’était le médicament homéopathique qui lui convenait; ce fut une inspiration divine, le malade commença à donner des signes de vie, laissant le sommeil de la mort. Le 7 il alla mieux et on répéta l’Opium. Le 8 encore très bien. Il reçut l’autorisation de sortie le 12 octobre.
COMMENTAIRE : Le malade fut hospitalisé en degré 2, évoluant par la suite vers un degré 3 (collapsus). L’effet de l’Opium fut réellement surprenant, comme un reméde couvrant la totalité des symptômes. En étudiant la pathogénèsie de l’Opium par Hahnemann nous trouvons les symptômes décrits de forme succinte dans l’observation de ce patient.
Les auteurs s’accordent à dire que dans la majorité des cas de choléra, le malade conserve sa lucidité jusqu’à la fin.
Ce qui suggère l’Opium plus spécifiquement dans ce cas, c’est la léthargie, le “sommeil de la mort”, la “brume terne” qui couvre les yeux ouverts qui ne voient pas.
Nous trouvons les symptômes du patient dans la Matière Médicale Pure (Opium) :
Engourdissement avec les yeux émoussés et faiblesse excessive (Hah-20)
Visage pâle, creusé (Hah-82)
Diminution de la température (Hah-549)
Refroidissement avec engourdissement (Hah-560)
Pouls faible, absent ou petit (Hah-546)
Enrouement (Hah-305)
La voix est faible quand il parle (Hah-141)
Soif intense (Hah-160)
Perte de l’appétit(Hah-174)
Diarrhée aqueuse (Hah-257)
Urine supprimée (Hah-277)
Convulsions (Hah-413)
Epilepsie (Hah-416)
Grande prostration, évanouissement de tout l’esprit vital (Hah-472)
Tous les muscles relâchés (455)
Il se couche avec une énorme faiblesse (451)
Vomissements constants (198)
Douleur abdominales (232)
Si nous ne prenons que les symptômes généraux non modalisés, nous trouverons plusieurs médicaments. Ce cas met en évidence l’importance de l’observation du tableau mental du patient.
Obs. N. 58 : Cecilia, noire affranchie, 23 ans est entrée le 12 à une heure du matin. Elle reçut immédiatement l’extrême-onction du chanoine. Elle venait d’une maison où étaient déjà morts un ou deux cholériques. De constitution faible, tempérament nerveux, elle était épouvantée. Elle se plaignait de nausées, douleurs aigües d’estomac, douleurs au ventre, crampes dans les jambes, avait des vomissements et une diarrhée blanche comme de l’eau de riz, elle était algide, sans pouls, la peau flasque formant de grandes marques sous la pression des doigts, sans voix, angoissée et agitée de grands mouvements dans son lit, se tournant des pieds à la tête et vice et versa. Elle était en état mortel, avait une soif insupportable, la langue blanche et pointue. Elle était bien quand elle s’était couchée, fut surprise par le choléra à minuit du 11; à 1 heure elle était déjà dans l’état décrit ci-dessus. On lui donna le Camphora 4 doses de demi-heure en demi-heure jusqu’à midi du 12. L’après-midi on lui donna Pulsatilla. Le 13 elle était mieux, ses règles étaient réapparues. On répéta le Pulsatilla. Le 14 les symptômes les plus graves avaient disparu, elle se plaignait de douleurs au ventre, on lui donna Arsenicum. Le 15 elle était mieux, en convalescence. Le 17, elle reçut l’autorisation de sortie.
COMMENTAIRE : Degré 3. En moins d’une heure d’évolution, la patiente était déjà en état de collapsus.
Obs : Florêncio, noir africain, 36 ans, esclave de Antonio Domingos Bastos, habitant rue da Quitanda nr. 104, cuisinier et servant dans cette infirmerie; il était en parfaite santé, sain, joyeux, employé dans mon service. Tout d’un coup, à 9 heures du matin, il se plaignit de violents maux de tête et douleurs au ventre, fut immédiatement s’aliter; suivirent d’énormes vomissements d’aliments, de bile, d’eau vert-foncée, d’eau de riz et des diarrhées de la même espèce; une demi-heure plus tard après être tombé, il était un parfait algide : sans pouls, sans voix, la peau ridée comme un vieillard de 80 ans, une sueur froide et gélatineuse couvrant toute la peau, avec des mouvements convulsifs et demandait seulement de l’eau avec une voix faible et lointaine; on lui donna le Camphora; puis après une heure Veratrum plusieurs fois; à 3 heures de l’après-midi Phosphorus et à 5 heures, il mourut. C’était le deuxième noir de l’infirmerie qui tombait foudroyé par le choléra, bien que le premier ait échappé à la mort. Entre-temps, les infirmiers blancs, qui se comptaient au nombre de 4 n’avait souffert aucun malaise. Ces deux faits m’encouragèrent à ne plus admettre d’esclaves noirs pour servir à l’infirmerie mais seulement des hommes blancs.
COMMENTAIRE: Cas d’évolution foudroyante qui laissa l’équipe consternée. Plusieurs de ces cas graves (le précédent 27/9/1855) commencèrent selon l’observation du docteur Maximiano avec un fort mal de tête.
Il faut noter que cet esclave en même temps servant et cuisinier de l’infirmerie était probablement en contact avec les déjections des malades et manipulait au même moment les aliments.
Obs. N. 66: Antonio, noir, africain, esclave de Fulano de Tal Lima, habitant rue D. Manoel nr. 50. Ce noir s’est réveillé bien, est sorti pour aller à son travail et fut attaqué par le choléra dans la rue et ramené à la maison de son maître déjà algide; là ils employèrent tous les moyens pour le sauver, lui ayant déjà donné les gouttes anti-cholériques et je le vis enfin avant de l’envoyer à l’infirmerie; il y arriva à 4 heures de l’après-midi, reçut l’extrême-onction du chanoine et mourut une demi-heure plus tard.
Obs. N.98: Maria da Glória, portugaise, couturière, mariée, 21 ans, élevant une fille, habitante de la rue do Cano nr. 32, où deux jours plus tôt était morte une compagne de chambre, est entrée à l’infirmerie le 22 octobre le matin; elle avait des coliques, des vomissements, diarrhées, crampes, et d’extrême faiblesse. Il y avait deux jours qu’elle ne s’alimentait pas. Elle était dans une habitation digne de pitié, là il lui manquait tout; ayant été conduite à l’infirmerie avec sa petite fille, on lui donna le Camphora. Le 23, elle allait mieux, on lui donna Nux-vomica. Le 24, elle était libre. Le 25, elle reçut son autorisation de sortie.
RAPPORTS CLINIQUES
Aussi bien les rapports individuels des médecins que les relevés faits par diverses entités de l’époque sont unanimes pour confirmer l’efficacité du traitement homéopathique du choléra morbus.
Les allopathes perdaient un pourcentage élevé de malades. Le rapport de la Commission Médicale de l’Académie de Science de Lisbonne (1833) dit :
“De toutes les tentatives thérapeuthiques que les médecins ont appliquées dans le traitement du Choléra Morbus de l’épidémie de Londres et Paris, ressort une vérité dominante : à savoir qu’il n’existe aucun traitement spécifique ni méthode exclusive dans le traitement de cette terrible maladie”(1:29).
Pendant ce temps, le Docteur Margaret Tyler (30:XVI) cite les résultats homéopathiques venus de plusieurs villes d’Europe et commente à propos de Londres :
“En 1854, le choléra est apparu violemment autour de notre Hôpital de Londres, dont 25 lits furent réservés pour le traitement du choléra et de la diarrhée cholérique. Le résultat fut de 61 cas de choléra avec 10 morts et 341 cas de diarrhée cholérique avec 1 mort. 1200 bouteilles de Camphora furent données aux pauvres qui accoururent en masse pour les chercher.
Des rapports détaillés devaient être faits par tous les hôpitaux et pratiquants sur le traitement et les résultats du choléra. Quand ils furent présentés au Parlement , il manquait les statistiques homéopathiques qui furent demandées. La justification donnée par le Corps Médical fut que si l’on publiait les rapports des homéopathes ceux-ci donneraient “une sanction injustifiable à une pratique empirique opposée à la conservation de la vérité et au progrés de la science”.
British Journal of Homeopathy XIII p. 466
João Vicente Martins nous donne un extrait du Journal de La Médecine homéopathique publié par la Société Hahnemann de Paris Tome III n°4 de 1848, page 242:
“Résumé d’un cadre synoptique des différentes parties du continent européen dans lequel la comparaison peut être établie (entre les résultats du traitement homéopathique et allopathique): Ce sont la Russie, la Prusse, l’Autriche, la Hongrie, la Pologne, Hambourg, la Moravie, Paris, Bordeaux, Marseille, Toulon et plusieurs autres. Il résulte de ce cadre que sur 901.413 malades, l’allopathie en perdit 462.581, c’est à dire 51,5% et que sur 16.436 l’homéopathie perdit 1448, c’est à dire 8,5%”.(20:277).
Jahr nous donne la statistique de 5 à 8% de mortalité sur le traitement homéopathique alors que l’allopathie perdait de 50 à 80% des malades :
Des différents rapports des médecins à propos de leurs expériences dans le traitement du choléra, nous choisissons l’Obs. 42 du Dr. Gerstel que nous devons malheureusement résumer.
“Au cours de l’un de mes voyages, je suis arrivé dans un village où j’ai trouvé un grand nombre de cholériques sans un médecin pour les soigner. En cinq jours et demi j’ai vu 47 malades dont 42 furent guéris et les autres moururent…Parmi ceux que je soignis quelques-uns étaient arrivés au 3ème degré et tous avaient des doutes quant à leur rétablissement. Ce village s’appelait Maria-hilf.
Les succés obtenus attirèrent l’attention publique. Je fus ensuite à la ville de Brunn et peu après je fus appelé au district voisin Tichnowitz, où le choléra était violemment présent. J’y restai cinq semaines. Je soignis un grand nombre de malades avec des résultats dépassant mes espoirs…
Je traitai 200 cholériques et en perdis 24 (dont un grand nombre avait 60 et 70 ans). Je dois observer qu’ils habitaient à des distances variables quelques fois de 2 lieues et que j’avais beaucoup à faire pour pouvoir rester très longtemps auprès de chacun d’eux. Ainsi, quelques-uns moururent faute de soins, et d’autres si subitement que je n’avais pas le temps de les secourir.Dans cette situation sont compris 47 malades de ceux dont j’ai parlé ci-dessus et desquels 42 furent guéris. Tout ce que j’avance est justifié par des pièces officielles”.(20:228).
ANALYSE DE 102 CAS
Le livre du Dr. Maximiano M. Carvalho présente la conclusion suivante:
“Jusqu’à ce jour, nous avons accueilli 433 cholériques, dont 45 furent recueillis déjà en état mortel, beaucoup moribonds et décédèrent de 5 minutes à 6 heures après être entrés; et même quelques-uns décédés sur le chemin et arrivés morts… Le total des morts est de 83. Sont sortis guéris 350. Ce furent donc moins de 20% de morts bien qu’aient été recueillis de nombreux moribonds qui vinrent augmenter le nombre de morts. Si nous en faisions abstraction, nous aurions sur 388 cholériques à peine 10% de morts… alors que dans les infirmeries allopathiques la mortalité était de 40 à 80%”(6:99).
Les 102 premiers cas décrits dans le livre apportent un résumé des symptômes et avec ces données nous avons fait l’étude suivante, prenant en considération les facteurs théoriques d’analyse suivants : âge, couleur, sexe, s’il était esclave ou non, le degré de la maladie au moment de l’hospitalisation, les jours d’hospitalisation et les principaux remédes utilisés.
Le degré de la maladie fut classé de 1 à 4 en accord avec les symptômes et l’évolution de la maladie au moment de l’hospitalisation, ainsi qu’il est exposé au chapitre 5.
Les cas cliniques décrits au chapitre 6.3 donnent l’exemple du critère adopté.
Les résultats furent les suivants :
Des 102 malades, 19 moururent et 83 furent guéris.
18,6% morts
81,4% guéris
Des 19 malades qui moururent 3 furent des cas foudroyants (Obs. 65,66 et 90) et 9 entrèrent moribonds, décédant en moins de 6 heures d’hospitalisation. Si nous éliminons les moribonds nous aurions un total de 97 cas avec 10 morts – mortalité 10,3%.
Des 19 malades qui moururent, aucun n’avait été hospitalisé pendant la première période de la maladie.
Du degré 2 – 1 mort (cas foudroyant)
Du degré 3 – 17 morts
Du degré 4 – 1 mort
Guérison et mortalité selon le degré de la maladie auquel le malade a été hospitalisé :
Degré | Nombre de cas | Mort | Guérison | % mort |
1 | 22 | 0 | 22 | 0 |
2 | 52 | 1 | 51 | 1,9 |
3 | 27 | 17 | 10 | 62,9 |
4 | 1 | 1 | 0 | 100 |
Du total des cas de degré 3 (27) 21 étaient noirs et 6 blancs. De ces 27 malades moururent 17 dont 16 esclaves et un blanc qui était un mendiant.
En relation à l’âge
Tranche-âge | Total-cas | % en relation au total | Morts | % |
1-20 ans | 19 | 18,6% | 2 | 10,5 |
21-40 ans | 44 | 43,1% | 6 | 13,6 |
41-60 ans | 12 | 11,8% | 1 | 8,3 |
61-80 ans | 5 | 4,9% | 3 | 60 |
81-100 ans | 2 | 2,0% | 1 | 50 |
Inconnu | 20 | 19,6% | 6 | 30 |
Des patients dont l’âge ne fut pas enregistré ( 20 cas) il y avait 16 noirs dont 14 esclaves sur lesquels 8 furent hospitalisés en état grave dont 5 morts.
En relation au sexe :
8 cas de sexe féminin – 7,8%
94 cas de sexe masculin – 92,2%
Des cas des femmes, 6 étaient noires desquelles 5 furent hospitalisées en état grave dont 4 mortes.
En relation au temps d’hospitalisation :
Degré 1 – 2,5 jours
Degré 2 – 3,7 jours
Degré 3 – 4,7 jours
Degré4 – 7 jours
Entre les 27 cas hospitalisés au troisième degré, 16 moururent avant de terminer une journée d’hospitalisation, ce qui réduit la moyenne ci-dessus. Si nous retirons ces cas de la moyenne de jours d’hospitalisation au degré 3 nous aurions 11,4 jours.
Les numéros ci-dessus nous donnent quelques indications mais ne peuvent être pris de manière absolue comme nous l’avons vu dans l’exemple juste au-dessus. L’analyse compréhensive des données nous montre que :
Le résultat du traitement homéopathique (item1) fut bien supérieur au traitement allopathique de l’époque ou des cas laissés sans traitement dont la mortalité par les statistiques de l’époque était de plus de 50%.
La précocité du traitement est un facteur fondamental pour l’issue. Il n’y eut aucune mort chez les malades hospitalisés au cours de la première phase (où le remède principal fut le Camphora) et chez ceux du 2ème degré il y eut à peine une mort sur 52 cas, dont une forme foudroyante qui évolua en quelques heures (obs.65).
La mortalité fut supérieure chez les personnes d’âge avancé et les esclaves noirs. Les esclaves furent emmenés à l’hôpital déjà en phases tardives de la maladie.
Le nombre d’hospitalisation chez les femmes fut très réduit, mais la mortalité fut de 50%, car la majorité fut emmenée à l’hôpital en phases avancée de la maladie. Les blanches vinrent à l’hôpital plus tôt (ce furent 2 cas guéris)
Le nombre de jours d’hospitalisation augmente beaucoup chez les malades hospitalisés en 3ème période.
Hormis la scarlatine, la seule autre maladie pour laquelle Hahnemann recommanda une prophylaxie fut le choléra. Dans la lettre du 10/09/1831, il conseille la prophylaxie avec un globule de Cuprum pris le matin à jeun une fois par semaine et seulement quand la maladie est en train d’attaquer dans un certain endroit. Plus tard, dans une lettre à l’éditeur, il conseilla l’alternance de Cuprum avec Veratrum album de semaine en semaine comme préventifs du choléra. Ensuite Hahnemann avertit que le Camphora ne doit pas être utilisé comme prophylactique, ce qu’il confirme plus tard, attirant l’attention sur ses effets et sur le fait d’antidoter l’action prophylactique du Cuprum. Il avait auparavant observé qu’un reméde capable de combattre une maladie à ses débuts doit être son meilleur prophylactique.
Les homéopathes du siècle dernier utilisèrent en général ces médicaments comme prophylactiques. Beaucoup utilisèrent seulement Veratrum album. JAHR ajouta Arsenicum album 30C, alternant les 3 médicaments- Veratrum, Arsenicum et Cuprum dans cet ordre- de 4/4 ou 6/6 jours “durant le temps que le choléra règne dans l’endroit où l’individu se trouve”(8:79).
Nous ne trouvons pas de travaux conclusifs à propos de la prophylaxie ce qui est facilement compréhensible étant donné la difficulté du sujet, principalement à une époque où il y avait peu de connaissances sur la maladie.
La terreur que le choléra répandit auprès de la population fut de tel ordre que tout ce qui était conseillé comme préventif était mis en pratique par les personnes et même par les gouvernements sans aucune méthode. Une de ces mesures préventive fut ainsi décrite par Garcia Marquez dans son roman “L’amour au temps du choléra” : “A partir du moment que l’on fixa l’édit du choléra, à la caserne de la garnison locale commença le tir du canon à chaque quart d’heure du jour et de la nuit, selon la superstition que la poudre purifie l’ambiance”(19:141).
Bien qu’il y ait de nombreux rapports favorables à l’utilisation des remédes homéopathiques comme prophylactiques, aucun d’eux ne fut effectué avec un contrôle suffisant pour être utilisé comme preuve, au contraire de ce qui arriva avec le traitement pour lequel l’efficacité de l’homéopathie fut incontestable.
Un des meilleur travaux sur la prophylaxie par les remédes homéopathiques fut fait par Boenninghausen pour une rencontre de médecins homéopathes de Rhénanie et Westphalie le 10/08/1849. D’ailleurs, cette rencontre eut lieu sans la présence de quelques-uns des homéopathes les plus expérimentés de l’époque parce qu’ils étaient occupés à soigner les malades attaqués par l’épidémie de choléra qui avait lieu en Europe.Un des médecins étrangers se vit refuser sa demande de passeport par les autorités de son pays qui ne souhaitaient pas priver le peuple du bénéfice du traitement homéopathique (3:300). Boenninghausen souligne la terreur que le choléra inspirait à la population dûe à la grande mortalité sous traitement allopathique qui était de plus de 50% et le fait qu’un cas dans une famille était suivi de nombreux autres, ce qui comme nous l’avons vu est habituel dans les épidémies reliées au type classique du Vibrion Cholerae (3:301). Il conseillait aux autorités et aux médecins d’éviter toute mesure qui produise auprès de la population du désespoir, de la peur ou de l’angoisse (3:302) (les études actuelles montrent que ces facteurs sont réellement en relation avec une baisse de l’immunité).
Enfin, il dit :
“Nous, homéopathes, sommes convaincus de ce que nous possédons des prophylaxies capables de prévenir l’attaque de choléra. Certainement celles-ci sont et seulement peuvent être les remèdes capables de guérir la maladie après sa manifestation, ce qui constitue la première et indispensable condition de tous les prophylactiques, sans laquelle ils ne mériteraient pas la moindre confiance. Malgré la circonstance que des milliers d’hommes échappèrent au choléra grâce à l’usage de ces prophylactiques homéopathiques comme cela vient de l’être actuellement prouvé, ceci n’apporte pas la preuve qu’ils offrent une protection absolue, puisqu’il est possible que ce soit ces mêmes personnes qui n’auraient de toute façon pas été atteintes par la maladie. Quoiqu’il en soit, ces faits s’expriment au minimum en faveur d’une action salutaire et rendent plus facile pour les homéopathes la préservation du calme et de la vigueur nécessaires”(3:303).
Le texte montre le sérieux et l’esprit scientifique de Boenninghausen qui, plongé dans le climat chaotique de l’épidémie de 1849, eut le soin de ne pas affirmer ce qui n’était pas démontrable à l’époque sur l’efficacité de la prophylaxie des remèdes homéopathiques, et ceci en dépit des rapports favorables.
En réalité, les observations de l’époque, même sans les méthodes de contrôle actuelles, indiquent une grande efficacité de l’homéopathie dans la prophylaxie du choléra ainsi que l’on peut le voir dans la 48ème observation du livre de João Vicente Martins, qui attire encore notre attention sur le cadre de choléra artificiel entraîné par Veratrum album en doses faibles :
“Il y eut quelques cas isolés où on avait administré ce remède à raison d’une dose un peu forte de 30 une fois par semaine à des individus qui semblaient être en bonne santé et qui entraîna des vomissements, diarrhée et tous les symptômes du choléra. Toutefois, ces symptômes disparaissaient immédiatement sous l’action de remèdes adaptés ce qui est admirable si on ne l’attribue pas au remède préventif.
J’ai appliqué un jour comme prophylactique Veratrum 30 à tous les domestiques d’une maison; il y en avait 100. Deux heures après, un vieux de 60 ans commença à ressentir les symptômes suivants : vertiges, pertes de sens, vomissements deux fois, et diarrhée dans l’après-midi. Le lendemain, il était guéri. Ceci s’est passé dans une localité où il y avait déjà eu l’épidémie. Cette fois, les envies de vomir furent rapidement éliminées par le Veratrum. Des quatre-vingt-dix-neuf qui avaient également pris le médicament avec le même dosage, et entre lesquels certains étaient de constitution délicate, un seul ne s’en ressentit pas. J’ai également appliqué dans le village Veratrum 30 une fois par semaine. Tous ceux qui tombèrent malades à la suite de l’administration de ce remède ne souffrèrent pas beaucoup et furent rapidement guéris, par contre furent attaqués avec violence tous ceux qui ne l’avaient pas pris. Les mêmes paysans s’en aperçurent”.
Toujours dans le même livre à la 38ème observation, le docteur Schrater dit : “Je donnais comme préventif à chaque 15 jours Veratrum 30; seulement une fois m’est apparue, en dépit du préventif, une attaque, toutefois petite”(30:223).
Et encore dans la réflexion du Dr. Duplat :
“Dans tous les cas pour lesquels je fus appelé lors de l’invasion des symptômes du choléra, Veratrum produisit d’excellents résultats; comme préventif je l’ai appliqué à plus de 300 personnes et aucune ne fut atteinte par ce fléau.
En ce qui concerne l’épidémie actuelle, l’étude faite par le groupe homéopathes Sans Frontières dans une communauté des environs de Lima, semble indiquer l’efficacité de la prophylaxie homéopathique. Ils utilisèrent comme prophylactique pour la population exposée simplement Veratrum album 7 CH et observèrent la diminution du nombre de cas de choléra en à peine 15 jours. On passa de 5 à 10 malades hospitalisés par jour à moins d’un malade à chaque deux jours alors que la maladie continuait à attaquer la communauté voisine (13). Du coup, les médecins et les parents des malades de ces communautés vinrent demander le même type d’aide pour eux, comme en Europe au siècle dernier. Cependant, ainsi que le signalent les propres auteurs du travail “il y a besoin de démontrer ceci d’une façon plus objective par une étude statistique bien faite” (12:12).
Cette observation des homéopathes Sans Frontières semble répéter les paroles de Boenninghausen. Nous autres homéopathes savons qu’il y a de bons résultats dans la prophylaxie du choléra avec les remèdes homéopathiques, mais nous avons besoin de développer des méthodes de recherche adéquates à notre spécialité qui soient en même temps acceptées par le milieu académique.
Les épidémies du siècle dernier, probablement reliées au biotype classique du Vibrion cholerae furent bien plus graves que l’actuelle. Le traitement homéopathique donna un bon résultat, principalement quand il était commencé tôt, avant que ne s’établissent les troubles hydro-électrolytiques graves. Le temps d’hospitalisation des malades comme nous l’avons vu dans l’étude de l’infirmerie N.S. Conceição, était de 1 à 2 jours, largement inférieur même au temps d’hospitalisation des malades du choléra aujourd’hui, sachant que l’hydratation à l’époque était faite à peine par voie orale. Le contrôle des crampes et vomissements avec les remèdes homéopathiques apporte un plus grand confort au malade et permet la restitution orale. Ceci fut obtenu, dans plusieurs cas, en quelques heures. Nous croyons que l’usage des remèdes homéopathiques dans l’épidémie actuelle peut avoir une grande valeur dans le traitement du choléra, améliorant rapidement l’état du patient, permettant l’hydratation orale, diminuant le temps d’hospitalisation et la nécessité de restitution parenterale qui serait réservée aux cas les plus graves. L’hydratation orale est plus simple, comporte moins de risques pour le patient, n’exige pas de personnel spécialisé, pouvant être apprise rapidement à toute la population atteinte, comme cela est arrivé actuellement dans plusieurs campagnes. Ceci permet un traitement précoce, même dans les zones de carence, à partir du moment qu’il existe un projet adéquat.
En relation à la prophylaxie, les rapports des anciens médecins justifient une recherche de terrain, puisque le vaccin n’est pas efficace et que la maladie n’accorde qu’une protection temporaire. Si les médicaments homéopathiques se montrent efficaces dans la prévention de la maladie et tout tend à croire qu’ils le soient, cela aurait une valeur incalculable dans la situation d’urgence à laquelle nous sommes actuellement confrontés. Nous rappelons que l’unique prophylaxie qui résoudra réellement le problème du choléra est l’amélioration des conditions de vie de la population. Aucun remède ne peut remplacer l’assainissement de base, une alimentation adéquate, l’éducation et les habitudes d’hygiène. Dans tous les rapports, anciens et actuels, le plus grand nombre de cas et les formes les plus graves de la maladie furent associées aux basses conditions d’existence.
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