JAMES TYLER KENT, par Julia C. Loos [fidèle parmi les fidèles, elle a été la cheville ouvrière de la parution de THE HOMEOPATHICIAN. NDT]
Merci à Sophie Zbaeren d’avoir réalisé le premier jet d’une traduction difficile, Kent comme de coutume utilise les tournures indirectes et un style très dense. C’est donc avec beaucoup d’émotion que nous publions ce texte de Kent paru dans le premier numéro de sa revue THE HOMOEOPATHICIAN, en 1912. Presque un siècle d’écoulé et pourtant comme vous allez le découvrir: rien n’a changé si ce n’est l’ampleur de l’industrie qui continue de causer tant de dégâts à l’espèce humaine tout en réalisant des profits monstrueux et une société un peu plus décadente…
Si l’un de nos lecteurs pouvait s’asseoir un moment à côté du Dr Kent, sur un banc dans son jardin, pour avoir un échange professionnel avec lui, il ne lui faudrait pas beaucoup de temps pour découvrir pourquoi ce dernier est considéré comme le seul homéopathe de premier plan actuellement sur le plan mondial. Il n’y a aucune question concernant les étapes de la maladie, l’étude de Matière Médicale ou l’application des principes homéopathiques que l’on voudrait voir mis en discussion, que ce scientifique ne serait prêt à entreprendre de manière pragmatique.
En 1868, alors qu’il avait 19 ans, James Tyler Kent suivait des cours à la Madison University et c’est en 1870 qu’il obtint son diplôme de Master of Arts (A.M). Après avoir été en formation médicale à la Bellevue Medical College, il suivit encore deux cours à l’Eclectic Medical Institute à Cincinnati et commença à pratiquer la médecine à St. Louis en 1874. Pendant ce temps il fut actif non seulement dans sa propre pratique mais il écrivait, était membre de la National Society et professeur d’Anatomie à l’Université de St. Louis. C’est à cette période qu’il a eu l’occasion d’observer la différence, en procédés et en résultats, de la méthode de Hahnemann ainsi que d’autres moyens d’étudier le traitement des malades. Le Dr. Phelan guérit son épouse et amena ainsi cet étudiant motivé à investiguer les points principaux du système qui produisit ce résultat.
L’exactitude et la persévérance sont les caractéristiques de ce cerveau exemplaire. Quoi qu’il entreprenne, il maîtrise les différents niveaux de la base au sommet, comme il le démontre avec l’homéopathie. Après avoir renoncé à son appartenance au système éclectique et à ses institutions, il devint professeur de chirurgie à la faculté d’homéopathie du Missouri, jusqu’au moment ou le Dr. Uhlemeyer, professeur de Matière Médicale, démissionna et insista pour que le Dr. Kent devienne responsable de ce département pour lequel ses compétences furent reconnues. Dés lors, enseignant à St. Louis, à Philadelphie (1890-1899) ainsi qu’à Chicago, ses conférences sur la Matière Médicale, qui présentent les particularités de chaque remède de manière très claire, ont été reçues avec enthousiasme.
Il reconnaît les doctrines de Hahnemann en tant que révélations de la Vérité et les aime avec dévotion. Dans une perception très claire, au travers de son rôle d’enseignant, il ne cesse d’insister sur le fait qu’il est fidèle à ce qui a été démontré comme étant la Vérité. C’est de cette manière que ce maître compétent et médecin avisé honore le fondateur de l’homéopathie et encourage l’adhésion à ses enseignements. Ses dernières études ont porté sur les maladies mentales. Bien des cas de maladie mentale parfaitement documentés ont été améliorés par ses soins et des cas débutants enrayés, bien avant que les amis des personnes concernées n’aient jusqu’où la pathologie allait évoluer.
Un maître dans tout ce qu’il entreprend, le Dr. Kent est toujours prêt à aider ceux qui recherchent son aide, soit en tant qu’enseignant, consultant ou médecin prescripteur. Ceux qui ont bénéficié de son aide se trouvent aux Etats Unis et dans tous les pays du monde. On considère les étudiants qu’il a formés comme ayant une compréhension supérieure de l’homéopathie et de la prescription, partout où ils se trouvent à suivre ses instructions. Ces étudiants apprécient infiniment son travail et considèrent que c’est un privilège d’adhérer à la Société d’Homéopathie en ayant le Dr. Kent comme précurseur.
Conférence en préalable à l’Etude de l’Homéopathie
Par le Dr. James Tyler Kent A.M., M.D
Il n’est pas aisé d’accéder à l’Homéopathie pure ou, comme il serait plus simple de le formuler, à l’Homéopathie. Je sais que cette affirmation reconnaît qu’il y a une qualité d’homéopathie qui n’est pas strictement pure et ceci est si réel qu’il serait inutile de contre-argumenter.
Il est difficile de parler ou d’écrire avec assez d’énergie sur l’évolution de la médecine en presque cent ans pour parvenir à convaincre les esprits de la gravité de la situation, ou pour se représenter les préjudices qu’elle a infligés à la race humaine. En ce temps là, la médecine était chaotique. On ne peut pas dire qu’elle ait eu une quelconque efficacité et en ce qui concerne son histoire, elle était totalement traditionnelle. La médecine était faite de mesures drastiques et puissantes et sa seule valeur reconnue était qu’elle tuait rapidement ou guérissait lentement. Ces pratiques étaient la saignée, les ventouses, les vomissements, les cathartiques, les sudorifiques, les soporifiques, etc.
A quel point la médecine a-t-elle évolué ? Les nombreux engouements, les nombreuses illusions ont-ils fourni au monde un meilleur système médical que l’ancien qui existait en ces temps là ?
Est-ce que l’administration mortelle de mélanges concentrés d’alcaloïdes et de résineux sont plus efficaces et plus sécures ? En ce temps là, on administrait les médicaments en doses massives, actuellement les drogues sont administrées plus subtilement, de manière à diffuser dans le corps entier où elles diminuent l’énergie vitale et refoulent le processus morbide vers l’intérieur de l’économie. En ce temps là les médecins utilisaient des drogues brutes et maintenant ils utilisent des concentrés de drogues mortelles et, toujours sans lois ni principes comme par le passé.
A cette époque le médecin fabriquait ses propres médicaments ; maintenant c’est le chimiste et le pharmacien qui préparent les potions et qui informent le médecin des particularités et des indications des médicaments afin de permettre à celui-ci de prescrire ces concentrés puissants aux malades mourants. Ces nouvelles drogues sortent si rapidement des laboratoires que le droguiste n’enregistre pas leurs noms – et encore moins le médecin – ni la composition des médicaments qu’il utilise. Dès qu’un médicament est retiré, un nouveau est inventé, si bien que chaque année une nouvelle Matière Médicale sort de presse [comme le Vidal. NDT], et ceci pour le bien de cette profession supérieurement formée !
Combien ceux-ci sont différents des médicaments utilisés par la Nouvelle Ecole. Les remèdes dont la valeur a été démontrée restent valables selon les mêmes indications, et ceci durera aussi longtemps que l’homme vivra et aura besoin d’aide dans sa maladie. Les remèdes découverts par Hahnemann franchiront tous les tests de l’expérience et garderont toute leur valeur dans l’avenir puisqu’ils ne cessent de s’étoffer au gré de leur utilisation depuis leur découverte.
Cinquante ans ont fait évoluer et confirmer la Matière Médicale homéopathique, tandis que l’Ancienne Ecole en a inventé bien des nouvelles, et, ainsi que les sables mouvants, personne ne peut prédire d’ou viendra la suivante, ni la fin de celle utilisée actuellement.
La médecine traditionnelle a beaucoup changé. Ses adhérents incapables d’atteindre les résultats escomptés et énervés par l’épine dans le pied que représente le succès de l’homéopathie, se sont tournés vers la recherche dont les porte-flambeaux ont été Koch, Pasteur, et d’autres. Ce fatras chaotique qui se fait maintenant appeler « médecine scientifique » n’est que puanteur pour les narines des hommes rationnels et devrait être breveté pour réaliser un kaléidoscope médical. Telle est la vantardise de cette médecine de l’expérience !
Un microcéphale de Philadelphie a offert un prix de cent dollars il y a quelques années à qui pourrait démontrer les illusions et erreurs de l’homéopathie. La tâche est tellement ardue qu’il en offrait un prix exorbitant. Cela reviendrait si peu cher de démontrer les erreurs et illusions de la médecine traditionnelle ! La médecine dite « traditionnelle » a introduit bien des changements, aussi ridicules que nombreux parce n’étant jamais centrés sur une loi. Ses adeptes parlent de progrès. Que veulent-ils dire ? Sans principes à observer, sans lois dont il faut tenir compte, ils n’ont que la spéculation à offrir pour faire avancer cet énorme « poids lourd ».
Il s’agit d’une médecine de l’expérience sans lois et de conjectures. Ce n’est pas le résultat de découvertes mais l’opposition de mécènes dégoûtés contre les statistiques de l’homéopathie qui a attiré l’industrie dans cette soi-disant science.
En aucun cas cette démanche n’a été entreprise par amour des gens – ils se moquent de leur sort dans les chambres communes des hôpitaux – qu’ils ont changé, mais bien à cause des échecs et des désillusions provoquées par les expérimentations inutiles « à la » Koch, Pasteur, etc. sur les malades [La mémoire sélective de la médecine officielle a beaucoup de peine à se rappeler que les injections de tuberculine brute de Koch ont tués des milliers de malades tuberculeux. NDT]
Les dosages restreints en homéopathie ont provoqué tellement d’imitations que même le pseudo-homéopathe se console en pensant qu’il peut berner un public confiant avec des dosages ressemblant aux doses homéopathiques dont elles sont inspirées. Seuls les simples d’esprit ont été bernés.
Il n’y a aucune excuse valable pour ceux dans nos rangs qui ont pratiqué ces manœuvres. Ils sont connus et les raisons de leurs erreurs sont :
1) la demande croissante pour les médicaments véritables.
2) la jeunesse de la nouvelle méthode
3) la formation imparfaite
4) les livres imparfaits
5) de manière générale le manque d’occasions de pratiquer, le manque de motivation et le manque de compétence.
L’allopathie nous concerne très peu. Leurs voies se sont séparées depuis longtemps. L’homéopathie a fait des bonds en avant. Nous reconnaissons Hahnemann dans son rôle de maître supérieur, de père aimant et d’homme craignant Dieu.
Il termina son chef d’œuvre l’ORGANON en 1833 [en 1912 la 6ème édition de l’Organon était encore en train de dormir dans un grenier prussien. Il faudra attendre 1926 pour sa première publication en anglais, et 1962 pour sa version française. NDT]. Il en existe de nombreuses traductions, l’ouvrage a été réédité cinq fois, la première édition datant de 1810. Cette manière de soigner a profondément évolué et des milliers de médecins l’utilisent, sans parler des facultés, hôpitaux, dispensaires et journaux qui la font connaître dans tout le monde civilisé.
L’étude continuelle des principes de ce nouveau système en permet une meilleure utilisation et les questions du passé restées sans réponse diminuent sans arrêt. De nombreux médecins, venant d’un peu partout, sont prêts à témoigner de la valeur de ces lois et des réussites liées à l’observation des principes de l’homéopathie. Leur témoignage tend à démontrer que l’homéopathie pure représente tout ce qui est nécessaire pour guérir les malades, que ses lois sont universelles et que l’échec ou la réussite sont liés aux causes mentionnées ci-dessus.
L’obéissance démontre que l’homéopathie est fondée sur des principes – des lois – et pas simplement sur des habitudes de soins que l’on change quand quelque chose de mieux arrive ou que l’on est pris par une nouvelle lubie (Organon $ 2). Autant dire que la pomme pourrait faire autre chose que tomber de l’arbre quand sa tige est coupée.
Il n’y a qu’une seule méthode en homéopathie. Ceux qui ont accepté de s’y conformer se sont libérés des chaînes de préjugés, de l’intolérance, du sectarisme et de l’orgueil et ont suivi la lumière, ne chancelant jamais, bien qu’il leur arrive de trébucher. Ils ne se sont pas mis à railler alors qu’ils étaient souvent en proie au doute. Ils sont enfin parvenus au moment où atteignant le soleil du midi, ils ont été éblouis par la connaissance et l’amour de son usage. Tout ceci est à la portée de ceux qui possèdent l’amour de la connaissance pour se rendre utiles et qui ne sont pas à la poursuite de buts égoïstes.
L’homéopathie présente divers niveaux d’application, depuis ceux qui emploient des substances brutes en adjonction aux méthodes traditionnelles jusqu’aux plus magnifiques résultats obtenus par l’obéissance absolue aux lois connues. Chaque médecin reconnaît la valeur de la loi à travers les efforts qu’il déploie pour agir en fonction d’elle, il exerce au maximum de ses capacités et ne dévie sa pratique que lorsque sa connaissance de la loi est défectueuse. Par conséquent, ces degrés que nous avons évoqué ne sont rien d’autre que les infinités de nuances depuis l’ignorance jusqu’à la connaissance, depuis la mère de famille avec sa pharmacie familiale, au le maître compétent, chacun recherche le bien de l’humanité… ou se fait mercenaire en cherchant à vendre sa recette antidouleur pour quelques deniers [Kent parle « d’argent sale », j’ai placé ici une référence aux 40 deniers, prix de la trahison de Judas, ce qui me semble correspondre le mieux à l’esprit du texte].
Ceux qui manquent d’expérience doivent être enseignés et soutenus de manière à pouvoir pratiquer l’homéopathie sans avoir à recourir à la médecine traditionnelle. Mais le soutien n’est utile que s’il est désiré et apprécié.
Acquérir la connaissance nécessaire à la pratique sans avoir à recourir à des méthodes douteuses, exige un travail ardu et une motivation constante, le cerveau étant maintenu dans une attitude réceptive tandis que le cœur désire ardemment la recherche de la vérité, parce que cela amène à ce qui est bon et non pas à une transaction pour se faire de l’argent.
Les doctrines de l’homéopathie élèvent l’esprit et sont simple pour celui qui possède un esprit droit. Lorsqu’on les connaît, elles sont aisées à suivre tant il est plus facile de suivre des sentiers bien marqués que de patauger dans la boue de la médecine traditionnelle. Il est inutile d’affirmer que celui qui sait comment suivre des principes établis n’a aucune envie de s’en détourner. On ne peut pas ignorer le fait que beaucoup cherchent, mais peu découvrent les doctrines de l’homéopathie. Je ne conteste pas non plus que beaucoup trouvent que cela nécessite un travail ardu. Je ne doute pas non plus que le Créateur sache à qui il doit confier ses vérités sacrées. Ne doutons pas que ceux qui recherchent le bien de l’homme et sont prêts à y travailler recevront leur récompense. Il est impossible pour celui qui ignore les principes de l’homéopathie de prendre conscience des immenses bénéfices pour l’humanité que peuvent être le fruit d’une bonne connaissance et la mise en œuvre de la loi de similitude.
Ceux qui ignorent l’utilité la plus grande et plus élevée de l’homéopathie pensent qu’ils sont sages, ou alors que la connaissance de principes reconnus n’existe pas et ils déclarent que l’utilisation d’analgésiques se justifie quand le médicament homéopathique n’est pas connu. Ils utilisent souvent de tels agents au détriment du patient et d’un système dont ils professent qu’il est basé sur une loi. Ils sont incapables de percevoir que l’obéissance à la loi rend libre et partent de l’hypothèse que le droit de contourner la loi leur appartient.
L’obéissance aux principes doit passer avant le porte-monnaie, la réputation ou toute autre motivation égoïste, sinon le praticien ne peut atteindre le niveau où il fait pleine et entière confiance à la loi, et éprouve alors le sentiment de satisfaction de celui qui sait que son action est juste et bonne. L’ignorance ou l’égoïsme poussent à chaque fois à violer les lois et on s’aperçoit qu’au bout du compte c’est le patient qui rend hommage au médecin au lieu de voir le médecin servir le patient.
A la question : pourquoi ne pas se fier à la loi ? il n’y a jamais eu de réponse autre que « Je ne sais pas » ou « Cela n’est pas profitable ».
Lorsque nous comprenons le travail merveilleux qu’a accompli Hahnemann et la portée de l’Organon (qui est si complet tel qu’il nous l’a laissé que personne n’a pu y ajouter ou y retrancher quoi que ce soit, malgré toutes les grimaces de mépris) nous ne pouvons pas nous empêcher de le respecter et d’être convaincu qu’il a été aidé par une Providence toute-puissante.
Lorsque nous considérons la façon courageuse avec laquelle il a su faire face aux théories pathologiques de son temps (les théories pathologiques d’il y a cent ans, qui depuis ont été abandonnées, étaient soutenues avec autant d’assurance et de ténacité que celles actuellement à la mode, puisque l’Ancienne Ecole reconnaît et abandonne ses théories avec autant de désinvolture qu’une sirène ses amants) ; lorsque nous prenons conscience de son énorme savoir dans toutes les branches de la science, de son endurance physique qui lui permettait de veiller et de méditer une nuit sur trois, ainsi que son amour pour la race humaine et envers Dieu, et lorsque nous affirmons que l’amour de l’homme est la source de l’inspiration… alors nous pouvons comprendre la profondeur de la vérité qui se trouve dans son chef-d’œuvre l’Organon de guérir, que nous vénérons.
Depuis sa publication, tous les maîtres affirment qu’après chaque lecture de nouvelles vérités en émergent, en fonction du degré d’avancement et des progrès de chaque observateur impartial, quel que soit son âge et sa sagesse. Les maîtres de ces doctrines vivantes et de la Matière Médicale ont constamment suivi ce chef-d’œuvre. Aucun des grands prescripteurs ne s’est attribué une découverte qui n’ait déjà paru dans cet ouvrage ; tous ont dit que leur réussite était basée sur l’Organon. C’est le premier livre que l’étudiant doit lire et le dernier qui doit être consulté par le vieux médecin aussi occupé soit-il.
Lippe, Wells et bien d’autres ont recommandé la lecture continue de ce livre au cours de leur carrière. Ne devrions-nous pas, nous aussi, le consulter avec un profond respect ? Ne devrions-nous pas rechercher les vérités cachées qui ont apporté tant de succès à ces fidèles serviteurs de la loi ? Vers qui se tournerait l’homme à la recherche de lumière dans son désir de suivre la loi, dans le but de soigner les malades et être utile aux humains ? Bien sûr vers Hahnemann et ses fidèles disciples et non pas vers ceux qui se moquent de ce qu’ils pensent être les élucubrations d’un vieil homme.
Il y a certains homéopathes autoproclamés qui, en actes et en paroles traitent Hahnemann de théoricien, de fanatique, de visionnaire ; mais ceux-ci n’ont jamais guéri les gens malades comme Hahnemann l’a fait. Que chacun apprenne de lui jusqu’à égaler ses résultats ; car il a été et est encore un enseignant supérieur à tous les autres. Il a été le premier avocat de l’homéopathie et nous avons à le suivre car toute dérive de ses enseignements devrait porter une autre appellation.
Il ne devrait pourtant y avoir aucune polémique entre les hommes quand il s’agit de principes. La vérité est souvent tranchante, elle pousse à la dispute et les plaies qu’elle ouvre ainsi se referment rarement en première intention ou sans perte de sang. La polémique enseigne rarement la vérité à celui qui ne cherche pas la vérité. L’être humain rationnel accepte la vérité car il y est préparé et parce que c’est la vérité. Les malades viennent en détresse quand tous les autres soins ont échoué et ils sont donc dans une attitude de réceptivité ; tandis que les médecins endurcis, habitués de longue date aux méthodes traditionnelles ont une attitude rebelle, leur égoïsme et leur sectarisme sont difficiles à vaincre. A leurs yeux la lumière du soleil est aussi obscure que la fumée.
Hahnemann a formulé les principes thérapeutiques de l’homéopathie. Des découvertes fragmentaires avaient déjà été effectuées avant son œuvre, ce qui démontre que la vérité avait déjà lui dans le passé, mais pas avec assez d’intensité pour créer une doctrine. Il a si bien établi les lois pratiques dans l’Organon et ses Maladies chroniques, que l’on peut considérer que l’éventail des thérapies homéopathiques est complet.
L’homéopathie ne repose ni sur des théories ni sur des opinions, mais sur des faits. Les hypothèses et les raisonnements n’ont aucune place dans un traité d’où peut dépendre la vie humaine. Il est évidemment impossible au théoricien médical de se baser sur des faits médicaux car il n’a aucune connaissance des faits à considérer : il raisonne donc et pense que les vomissements sont dus à un cerveau affecté, ou à un foie congestionné ou que c’est un réflexe de l’utérus, etc. et ce « raisonnement » tourne en boucle indéfiniment. Ce théoricien est plus enclin qu’un autre à penser qu’un diagnostic exact est très important et pourtant chaque hypothèse montre la mouvance de ses conclusions erronées.
Les esprits pervertis de cette manière ne sont surpassés en nombre que par ceux dont l’opinion fluctuante empêche de penser qu’il existe une voie sûre ou des procédés fiables : leur confusion et leur évanescence mentale les empêchent d’établir un projet suivi. Pour eux il n’y a pas de médicament évident et cela engendre tout un éventail de médicaments. La chambre du malade est pleine de bouteilles et l’estomac du patient distendu par des choses bien trop nombreuses pour qu’on les énumère… de décoctions faites à la maison… jusqu’au ragout irlandais.
Plus le diagnostic est juste et possède une base solide, plus la prescription est erronée. Les diagnosticiens sont de piètres prescripteurs, mais cela ne tue pas de nommer la maladie. Nous devons simplement comprendre que le diagnostic ne révèle pas la nature de la maladie d’une façon qui pourrait nous évoquer l’image d’un remède. Le diagnostic reflète ce qui se voit à l’extérieur, les conséquences périphériques de la pathologie, alors que c’est la nature interne de la maladie qui doit être perçue à travers les signes et symptômes caractéristiques afin de découvrir le remède curateur (Organon §6-8). La capacité à développer au plus haut point cette perception particulière conduit à la sélection des médicaments présentant l’homéopathicité la plus élevée, et par conséquent aux capacités de guérison les plus hautes.
Les opinions médicales concernant une maladie donnée sont aussi nombreuses qu’il y a de médecins. Même en ce temps de plus grande connaissance, prévalent les changements éclairs d’opinion. Le pauvre mortel qui erre d’un médecin à un autre ne reçoit que leurs diagnostics inutiles et couteux. Ce ne serait pas si grave si on ne pensait pas que le traitement repose sur le diagnostic. Bien heureusement pour le patient, ainsi que pour le médecin, une supposition n’est pas criminelle. Notre collègue Chapman, avec son cas test de prescription, a démontré que même le cas le plus simple ne donne pas lieu à deux prescriptions semblables, même quand les meilleurs allopathes sont consultés. Le résultat avec la Nouvelle Ecole était tout autre puisque tous les médecins sont arrivés au même remède pour le même cas. Le même test pourra être reconduit autant qu’on voudra, avec des résultats toujours similaires.
Les épidémies des vingt-cinq dernières années ont révélé de merveilleuses similarités dans les méthodes et les remèdes. La Commission sur la Fièvre Jaune a démontré la valeur de la méthode et de ses résultats dans les rapports médicaux formant les statistiques pour Memphis et la Nouvelle Orléans. Ces hommes ne se connaissaient pas. Ils ont travaillé et ont obtenu des résultats qui ont démontré qu’ils étaient inspirés par des principes puisque les mêmes remèdes ont été utilisés dans les différentes villes, ceci pour des symptômes identiques et avec les mêmes résultats.
L’exactitude des méthodes et des remèdes semblables pour des symptômes semblables partout dans le monde, avec la bonne vieille Matière Médicale qui s’améliore au fil des années, devrait suffire à interpeller les esprits et les convaincre de nous entendre. Les statistiques fournies par Boericke & Tafel devraient être étudiées à fond avant que l’on tourne le dos à un système thérapeutique qui a fait ses preuves.
On a souvent dit que les hommes sont des couards nés ; on peut rarement s’en rendre compte avant de constater que les médecins de l’Ancienne école n’osent ni acquérir, ni lire, posséder, ni posséder dans leur bibliothèque le moindre livre écrit par Hahnemann. Ils ont peur d’être accusés de crime par leurs collègues et par les sociétés auxquels ils appartiennent.
Récemment un médecin qui dînait avec des amis s’aventura à dire du mal de l’homéopathie. On lui demanda s’il avait déjà lu un livre d’homéopathie, s’il lui était arrivé de feuilleter un livre écrit par Hahnemann, si par hasard il possédait une brochure sur le sujet. A toutes ces questions il répondit par la négative. On lui demanda ensuite s’il n’est pas habituel pour les médecins de l’école traditionnelle de se moquer de la Nouvelle Ecole, ce sur quoi il répondit par l’affirmative. Puis on lui demanda s’il connaissait un « médecin traditionnel » qui ait un livre d’homéopathie. A ceci il répondit que non. Suite à toutes ces questions, l’interrogateur releva que les réponses démontraient que cela semble être une habitude des tenants de la médecine traditionnelle de se moquer des sujets sur lesquels on a le moins de connaissances. C’est toujours le cas pour les sectaires et les ignorants. L’orgueil personnel se manifeste par le mépris à l’encontre des doctrines de l’homéopathie.
Si les cent dollars offerts par le Dr. Gould avaient été acceptés par des hommes instruits, nous aurions eu de nouvelles adhésions à la Nouvelle Ecole, car tout homme honnête, tout homme instruit qui a tenté d’exposer les erreurs ou les illusions de l’homéopathie a fini par en devenir le soutien. Le critique honnête doit lire les écrits de Hahnemann avec attention.
C’est le seul moyen pour que les livres de Hahnemann atteignent les bibliothèques de ces personnes dogmatiques et intolérantes. Plus l’essor de la Nouvelle Ecole a été rapide, plus rigide a été la mise en quarantaine des écrits de Hahnemann.
Dans la pratique de l’homéopathie, un maître, où qu’il soit, a quelque chose sur lequel il peut baser sa prescription. Hahnemann l’a brillamment démontré suite à son étude de l’épidémie de choléra, sans avoir vu un seul malade, en se basant uniquement sur les symptômes des cas qu’on lui décrivait pour les comparer avec la Matière Médicale. Il détermina que Veratrum, Cuprum et Camphora étaient les médicaments les mieux adaptés pour lutter contre cette épidémie. La nature de la maladie paraissait semblable à ce qu’il avait vu dans les provings de Camphora, Veratrum et de Cuprum. Il en conclut que ces remèdes devaient pouvoir guérir la maladie. Ils furent utilisés avec succès. Ce sont encore aujourd’hui nos références pour le choléra et ils le seront toujours. Hahnemann ne faisait pas qu’émettre un avis. Il avait simplement comparé les symptômes des provings avec ceux de la maladie. C’est de cette comparaison qu’il pu déduire que c’étaient ces remèdes qui étaient indiqués. Les homéopathes ont donc l’avantage de prévoir, ce qui ne se retrouve nulle part en médecine [en science, cette faculté est essentielle pour démontrer la validité d’un système au même titre que la découverte d’Uranus par Le Verrier et Adams ou le calcul de la récession du périhélie de Mercure par Einstein. NDT].
Des principes clairs doivent gouverner chaque médecin quand il se rend au chevet du malade (Organon §1-2). Les malades y ont droit. Avant Hahnemann une telle chose n’existait pas. Les malades étaient outrageusement maltraités. Depuis l’avènement de ce système aussi magnifique que parfait, les gens ont le droit d’exiger l’exactitude dans les méthodes et la connaissance. Mieux vaut ne rien faire que de faire quelque chose d’inutile. Mieux vaut attendre et observer plutôt que d’agir n’importe comment. La moindre action du médecin homéopathe doit être basée sur un principe indiscutable. Il devrait dire : « Voilà ce que dit le principe, de la même façon que la grammaire est présente dans les moindres tournures de votre discours. » Certains disent « Je n’y crois pas » mais soyons clairs : la croyance n’a pas sa place en homéopathie. La méthode inductive de Hahnemann ne laisse aucune place au doute ; c’est pourquoi le premier paragraphe de l’Organon affirme :
La plus haute et même l’unique vocation du médecin est de rétablir la santé des personnes malades, c’est ce qu’on appelle guérir.
Commentaires
Quand je discute avec des ingénieurs chimistes travaillant chez “big pharma”, je sens bien chez eux une nette réticence quant à la méthode de recherche par screening, qui, et tout le monde devrait le reconnaître, n’est qu’une loterie.
Je ne comprends pas que des gens soit disant intelligents ne voient pas la rationalité de la démarche homéopathique… indépendamment du problème des dynamisations, qui, lui, trouvera bientôt solution dans l’étude approfondie des propriétés physicochimiques classiques (en utilisant bien entendu la chimie quantique, mais ceci est tellement connu – je ne dis pas nécessairement compris)
Je suis une grande admiratrice de Kent. Quand j’étais ado, je lisais sa matière médicale comme un roman (je me souviens par exemple de sa description d’un vieil ivrogne qui trempait ses pieds dans un baquet d’eau glacée : Ledum si mes souvenirs sont exacts). Savez-vous pourquoi ce livre est épuisé ? J’ai essayé en vain de me le procurer sur Internet (je ne parle pas du répertoire mais de la matière médicale).
Je crains hélas que peu de monde ait intérêt à propager l’homéopathie véritable. Si mon état de santé le permet je vais publier un nouvelle traduction des conférences de Kent ici même et tout le monde pourra en profiter. A ce sujet je cherche des volontaires pour traduire de l’anglais sur des articles absolument passionnants
Il faut prendre le moins de médicaments possible et le plus tard possible et le mystère homéopathique existe:une substance diluée et dynamisée est efficace par un mécanisme probablement physique et non chimique;ce qui compte c’est le résultat.Le chemin est souvent long avant de trouver le remède,Henri Duprat écrit que l’homéopathe doit travailler la ma tière médicale jusqu’à son dernier souffle…
Au moins nous sommes surs de ne pas nous ennuyer durant nôtre vieillesse vu le monument.Que penser des nouvelles méthodes:Sankaran,Masi,elles laisseront sûrement quelque chose, je m’y interesse à travers des ouvrages:le schéma de Sankara,la perception de la sensation vitale mais je pense que les écrits des anciens restent plus sûrs:Gallavardin,Barbancey,sans parler des maitres Hannemann Kent…
HenriBrette
Pour moi, l’inspiration vint de Nash et de son Colchicum!
Quelle est la différence entre physique et chimie. Moi qui suis chimiste, je fais bien des calculs de physique quantique. C’est intimement lié à la nature même de la liaison chimique.