Les réactions à l’interview de Lyon Capitale continuent et c’est très bien que le loup sorte de sa tanière! Le jour où les malades vont réaliser à quel point on se moque d’eux, il ne fera pas bon d’être responsable de labo pharmaceutique…
Nous répondons ici à l’article paru dans les Entretiens de Monaco sous la plume de M. Halm, pharmacien, fondateur du GIRI, Groupement de International Recherche sur l’Infinitésimal. Vous avez ici le lien sur le texte de M Halm. Et ma petite prose, que voici, avec demande d’insertion dans leur site en tant que droit de réponse. Cher Monsieur Halm, Puisque vous me faites l’honneur de me citer dans l’un de vos récents articles, je me suis cru autorisé à émettre quelques commentaires. J’ai en effet trouvé vraiment trop d’interprétations de votre part sur les travaux de Hahnemann et de trop nombreux poncifs sur l’homéopathie en général pour les passer sous silence. La situation dramatique de la médecine à l’heure actuelle n’autorise pas la moindre querelle entre ceux qui s’intéressent à la démarche homéopathique. Aussi, veuillez recevoir ma démarche comme une simple réflexion pour apporter ceux des éclaircissements qui me semblent les plus nécessaires. Je ne peux que respecter une personne de votre érudition, déclarée libre de tout intérêt partisan, et qui cite volontiers mon épistémologiste favori Karl Popper. Chacun pourra mesurer la difficulté de votre tâche, en tant que trésorier du GIRI, pour conserver, je cite, votre « totale neutralité », notamment quand on sait que le laboratoire Boiron est le sponsor du symposium 2012 de votre association . Je tiens aussi à vous féliciter pour vos qualités de communiquant hors pair, qui ne me permettent pas de rivaliser avec vous. Nos vues convergent beaucoup, notamment dans le rejet des « unicistes » chercheurs d’une sorte de Saint Graal ésotérico-mystique et des grotesques caricatures de l’homéopathie qu’on trouve dans les modes lancées par Sankaran et Scholten. Vous écrivez avec raison et j’applaudis :
L’approche plus ou moins « ésotérique » présente sous des formes diverses dans les nouvelles théorisations, ne peut que faire retourner l’homéopathie dans le monde obscur des médecines dites « traditionnelles » et la rejeter hors du monde de la médecine
Le problème est malheureusement que l’industrie, que vous avez tendance à présenter en victime à mon goût, présente bien d’autres vues que de seulement faire du marketing :
Et si les laboratoires partout dans le monde font de la publicité pour certaines formules complexes, où est le mal ? Et, en 2013, quel industriel désireux de survivre, peut se passer de marketing ?
Leur volonté inexorable consiste à détruire l’homéopathie de Hahnemann, par tous les moyens possibles : enseignement, contrôle des publications, poncifs éculés sur ce que vous appelez « l’unicisme ». Votre position sur la disponibilité des dynamisations est incompréhensible et semble dictée par le seul fait de garder une présence moléculaire dans la préparation afin de cadrer avec votre compréhension. Libre à vous, mais comprenez que les hommes sur le terrain ont besoin des médicaments bien plus hautement dynamisés, seuls capable de faire taire une affection aiguë un peu important ou une affection chronique installée. Pour vous qui êtes scientifique, il est clair que d’ici peu d’années les germes multi résistants feront une percée que rien ne contiendra sauf les rares homéopathes compétents encore en circulation. Il me semble bien imprudent de les laisser ainsi sans munitions.
De fait, vous concluez à mon sens trop vite pour justifier la réduction du nombre des souches disponibles. Belladonna et bien d’autres médicaments classiques ne se trouvent plus ni en 200 ni en 1m. Il ne s’agit pourtant pas de médicaments sortis de l’imagination débridée de ces faiseurs de système. Je prends donc ici la défense de l’excellent Dr. Grandgeorge quand il parle de fast-food de l’homéopathie : au rythme ou vont les choses, ne seront bientôt plus disponibles que les médicaments choisis par le laboratoire Boiron, selon ses propres critères. Et ce dernier aurait donc le monopole de la représentation de l’homéopathie auprès des instances officielles ? Si nous médecins ne dénonçons pas maintenant cette outrageante simplification de la pharmacopée, les générations futures nous dénonceront comme complices. Nous sommes donc dans la position de passer pour des mécontents aujourd’hui ou des lâches demain, alors que nous nous battons dans le seul intérêt des malades, comme ils ont été nombreux à le comprendre. Votre article résume en soi toute la difficulté de faire coexister la médecine et la recherche scientifique. Nos buts ne sont pas les mêmes : nous médecins sommes constamment « au front », dans les tranchées, confrontés à la détresse sans nom de la multitude de malheureux sous la coupe de la médecine classique, ballotés souvent d’un charlatan à l’autre en tentant de sortir du système. L’homéopathe véritable est avant tout celui qui souscrit au texte du premier paragraphe de l’Organon. Victor Hugo a décrit mieux que tout autre dans ses vers immortels l’exemple que nous a donné Hahnemann :
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont Ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front. Ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime. Ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime.
Notre but sublime, Hahnemann l’a décrit, consiste à rétablir la santé des gens malades de sorte que « l’esprit doué de raison qui habite cet organisme [puisse] ainsi librement se servir de cet instrument vivant et sain, pour atteindre au but élevé de son existence. » [Organon 9] L’exploration scientifique, quant à elle, vise à nous éclairer dans notre compréhension de certains mécanismes. Comme toute connaissance, elle est bonne en soi, mais un médecin, pour réussir dans la voie royale de l’homéopathie doit souscrire à ce que demande Hahnemann [Organon 1] en définissant notre travail :
Sa vocation n’est pas de forger de prétendus systèmes, en combinant des idées creuses et des hypothèses sur l’essence intime du processus de la vie et de l’origine des maladies dans l’intérieur invisible de l’organisme (ambition qui fait gaspiller à tant de médecins leurs forces et leur temps). Sa vocation ne consiste pas non plus à chercher par d’innombrables tentatives d’expliquer les phénomènes morbides et la cause prochaine des maladies, etc., qui leur est toujours restée cachée. Son but ne vise pas davantage à se prodiguer en paroles inintelligibles et en un fatras d’expressions vagues et pompeuses, qui veulent paraître savantes afin d’étonner l’ignorant, tandis que les malades réclament en vain des secours ! Nous en avons assez de ces savantes rêveries que l’on appelle médecine théorique et pour lesquelles on a même institué des chaires spéciales et il est grand temps que ceux qui se disent médecins cessent de tromper les pauvres humains par leur galimatias et commencent enfin à agir, c’est-à-dire à secourir et guérir réellement.
En somme, pour étudier les phénomènes morbides du vivant, Hahnemann nous demande de renoncer au réductionnisme. C’est exactement l’opposé de votre démarche. Vous écrivez vous-même en préambule de votre article sur « Les premiers travaux » :
Ce n’est que par l’expérimentation pharmacologique de laboratoire, en acceptant la simplification de son approche, que l’on est capable de démontrer et d’étudier l’activité biologique de ces remèdes. La notion de maladies chroniques engendrée par des miasmes et celle de l’énergie vitale sont des interprétations théoriques établies à partir d’observations empiriques qu’il est impossible de vérifier aujourd’hui par l’expérimentation scientifique induite par une explication mécanistique des phénomènes.
Cette dénaturation, aussi bien réductionniste que mécanistique, porte en elle les échos lointains des dissections d’André Vésale, et de toute la médecine qui lui a emboité le pas : le vivant ne saurait s’extrapoler à partir du cadavre. Ni l’organe, ni la cellule ne nous donneront les clés pour comprendre le vivant. Si la démarche peut s’appliquer aux atomes inchangés depuis la création, le réductionnisme s’avère être une dangereuse illusion quand on l’applique au monde du vivant, fruit de plusieurs milliards d’années d’évolution constante. Votre position mérite donc d’être précisée car vous ne détenez pas non plus le monopole de la science : on est soit chercheur (comme le Pr. Montagnier par exemple), soit soignant, et il est difficile en étant dans un camp de prendre position au sujet de l’autre. En ce qui me concerne, je me garderais bien de m’exprimer sur les travaux de recherches publiés : je sais pertinemment que je n’ai en rien les compétences pour le faire. D’approximation en simplification, on aboutit finalement à des recherches de plus en plus nombreuses comme la suivante que vous citez, ni allopathique ni homéopathique :
Binsard, Guillemain et coll., de 1978 à 1980, étudient l’activité de type anxiolytique de Gelsemium et Ignatia sur le rat. Les deux remèdes sont confrontées à trois produits allopathiques de référence: chlordiazepoxide, diazepam, méprobamate.
On y retrouve le jargon de l’allopathie, et purement la démarche allopathique qui consiste à prescrire ceci contre cela. Où est passée l’homéopathie ? Faut-il renoncer à l’homéopathie pour étudier l’homéopathie ? Une démarche qui consiste à sélectionner puis dénaturer les phénomènes qu’elle prétend éclairer mérite-t-elle encore l’épithète de scientifique ? Si vous voulez faire de la recherche dans l’homéopathie, alors il me semble essentiel d’étudier correctement l’enseignement de Hahnemann. Ainsi que vous le faites justement remarquer, tout le monde –même vous– se réclame de celui-ci. Il est pourtant très simple de déterminer la véracité de ces positions : l’Organon comprend un peu moins de 300 aphorismes. Combien de ces aphorismes sont-ils respectés par celui qui déclare parler au nom de Hahnemann ? En procédant ainsi, on réalise bien vite que peu nombreux sont ceux qui se rapprochent des 100%. La plupart des praticiens qui exercent n’ont même jamais lu l’Organon. Sans connaissance claire des principes et des lois, des stratégies de prescription, on est conduit à des résultats médiocres, lesquels poussent à toujours chercher « ailleurs » des solutions absurdes comme les lamentables errements à la Scholten ou Sankaran. Les contresens dans votre texte sont simplement trop nombreux pour être tous corrigés : il paraît difficile de croire que vous ayez étudié l’Organon. Or il me semble que si les prémisses sont faussées, il y a peu de chance de parvenir à un résultat exact, ou alors autant renoncer tout de suite à toute science inductive. Vous parlez de la similitude en homéopathie comme du « pilier de la théorie hahnemannienne », ce qui est un propos totalement incongru et même insultant envers Hahnemann qui a rejeté toute hypothèse durant l’ensemble de sa carrière. Bien au contraire, dès le §1, toute son attitude –et il ne fait rien de moins que de réformer entièrement la thérapeutique– est fondée sur la démarche purement expérimentale et le renoncement à toute théorie (rappelons qu’il a été le premier a introduire l’expérimentation comme base de toute connaissance en médecine, bien avant Claude Bernard). Vous déclarez qu’il « serait donc plus raisonnable ici, de parler de principe de similitude. » Si tel était le cas, alors nous médecins homéopathes mériterions vraiment l’appellation de charlatans. Il n’y aurait donc aucune loi médicale, tous les coups seraient permis, toutes les extravagances autorisées, toutes les opinions seraient égales. Vous parlez de « la similitude telle qu’elle est définie par Hahnemann » sans malheureusement jamais nous préciser quelle est justement la similitude telle qu’il l’a définie. Vous ne cessez de citer Aristote qui n’a rien à faire dans l’homéopathie, et vous confondez similitude et quantité de symptômes similaires, ce qui vous fait ensuite quelque peu divaguer sur des notions d’analogie dont il n’a jamais été question non plus en homéopathie :
Les symptômes d’une personne saine ayant reçu une substance à étudier, sont recueillis pour être comparés ensuite à ceux d’une personne malade : la présence des points de correspondance suffisamment nombreux, amène à ce qu’elle puisse être considérée comme en similitude avec le trouble présenté. Parler de loi d’analogie n’a, en fait, pas de sens ; mais peut-être peut-on pardonner aux homéopathes, cette imprécision de langage : ils ne sont pas contraints à la précision absolue des terminologies, imposée aux chercheurs pour leurs travaux
En somme, selon vous, la similitude proviendrait d’une simple adéquation comptable entre la correspondance de nombre de signes et symptômes pathogénétiques et ceux du malade. Or Hahnemann écrit dès le §136 que le médicament est appliqué à un malade dont les symptômes principaux sont semblables à ceux qu’il possède. Ce qui implique que notre travail n’est pas de couvrir une totalité théorique mais bien les symptômes principaux. C’est tellement fondamental que vous me pardonnerez de prendre un peu de temps pour clarifier. Dans le fameux §153 Hahnemann résume toute la démarche homéopathique :
153.— Dans cette recherche du médicament homéopathique spécifique – établie par la comparaison de l’ensemble des symptômes de la maladie naturelle avec la liste des symptômes des médicaments connus afin de trouver parmi ceux-ci un agent morbifique artificiel correspondant par similarité à l’affection à guérir – ce sont les signes et symptômes les plus frappants, singuliers, rares et particuliers (caractéristiques) dont il faut tenir compte principalement et presque exclusivement. C’est particulièrement à ces symptômes que doit correspondre très précisément la liste des symptômes du médicament sélectionné afin qu’il soit celui convenant le mieux pour effectuer la guérison. …
Bien que vous ne soyez pas prescripteur, il est utile pour saisir le concept de noter la contradiction apparente entre l’aphorisme 18 et le 153. L’un parle de l’ensemble, l’autre demande de se focaliser sur une partie. En effet, nous lisons :
18.— En dehors de la totalité des symptômes, et c’est là une vérité indubitable — en tenant compte des circonstances concomitantes (§ 5) — il n’y a vraiment rien d’autre à découvrir dans les maladies qui puisse nous apporter de plus amples indications thérapeutiques. On peut affirmer irréfutablement, que l’ensemble de tous les symptômes (§ 6 et 7) et circonstances observés dans chaque cas individuel, est la seule, l’unique indication qui puisse guider dans le choix du remède.
La claire compréhension de cette apparente opposition est l’une des clés pour maîtriser l’homéopathie et prescrire efficacement, c’est à dire rigoureusement. Il est souvent impossible de couvrir avec un seul médicament tous les symptômes du cas que l’on peut recueillir à l’examen clinique et lors de l’entretien avec le malade. C’est justement le prétexte à la polypharmacie, qui a conduit à la triste situation de l’homéopathie française. Toute la médecine est construite sur la notion de syndrome : c’est parce qu’il existe une ensemble particuliers de symptômes chez tous les patients atteints de la même maladie chez qui on va poser un même diagnostic. La nature a le bon goût de se présenter à nous sous les mêmes aspects dans chaque maladie. Et même dans le cadre du diagnostic des maladies, est-il seulement possible de découvrir l’absolue universalité, la « totale totalité » des symptômes présentés par le patient ? La réponse est évidemment non. En raisonnant ainsi il devient clair qu’il y a une sorte de quantité minimale de symptômes à partir de laquelle la description commence à devenir pertinente. Cela se rapproche de la notion de résolution telle que l’informatique nous a habitués à gérer depuis une quarantaine d’années. La question se ramène à ceci : quelle image devons nous composer avec précision ? Si nous lisons l’aphorisme 1, la réponse est évidente : c’est bien l’image du malade qui va importer le plus et non celle de la maladie, partagée par tous ceux qui souffrent du même syndrome. En réalité l’aphorisme 18 a été écrit pour représenter une notion générale, à savoir que lorsqu’on tombe malade c’est bien un ensemble de symptômes qui apparaît, reflétant le désaccord de la force vitale. Que pouvons nous connaître de la maladie ? Seulement les symptômes nous répond l’aphorisme 18. Les symptômes représentent tout ce que nous pouvons et devons connaître de la maladie. C’est la solution au problème posé en note du §1 : nous ne pourrons jamais comprendre l’intérieur de l’organisme humain, comment il est maintenu en état de vie, ce qu’est la vie, etc. Notre seul travail, c’est de nous focaliser sur ce qui est compréhensible pour nous : les symptômes et non pas les différents systèmes inventés par une approche réductionniste qui viole la notion élémentaire d’intégration des entités biologiques. L’aphorisme 18 nous invite en somme à regarder le patient comme une totalité indissociable, maintenant le 153 va nous expliquer comment y parvenir dans la pratique. Il y a donc un monde entre vos vues de la similitude, et le raisonnement de Hahnemann. Il est très grave de déclarer que la similitude n’est qu’un principe et pas une loi universelle. Voudriez vous me citer un autre « principe » en médecine qui procure des guérisons véritables ? La seule et unique définition de la loi des semblables se trouve au §26 et elle repose uniquement sur la vision dynamique des pathologies en tant que désaccordement de la force vitale. Retirez la notion fondamentale de force vitale et l’homéopathie s’écroule, sans colonne vertébrale, véritable mollusque de la médecine comme peut l’être le pluralisme :
26.— L’expérience nous apprend encore que tous les médicaments guérissent, sans exception, les maladies dont les symptômes se rapprochent le plus possible des leurs, qu’aucune ne leur résiste . Ceci repose sur la loi naturelle de l’homéopathie, loi parfois pressentie, mais méconnue jusqu’ici, bien qu’elle ait été dans tous les temps la base de toute guérison véritable, à savoir que: Dans l’organisme vivant, une affection dynamique plus faible est éteinte d’une manière durable par une plus forte, si celle-ci (différente d’espèce) lui ressemble cependant beaucoup dans sa manifestation…
Le Fondateur déclare l’homéopathie universelle. En effet, l’homéopathie représente l’ensemble des équations qui décrivent les phénomènes mis en jeu dès qu’une substance active est introduite dans l’organisme. C’est l’unique voie qui permette la guérison avec l’usage des agents médicamenteux. Pourquoi l’homéopathie est-elle universelle, en agissant aussi bien sur les hommes, les animaux que les plantes ? Parce qu’elle repose sur une loi naturelle comme le dit Hahnemann : « parfois pressentie, mais méconnue jusqu’ici, bien qu’elle ait été dans tous les temps la base de toute guérison véritable. » Avec Hahnemann, la médecine sort enfin des spéculations, des théories physiopathologiques pour rentrer dans le domaine des sciences grâce à une loi thérapeutique. Elle n’a plus besoin pour exister, de détourner les lois qui régissent le monde inorganique comme la chimie, ou la physique. Elle repose enfin sur ses propres lois, déduites de la seule observation d’un génie comme il en naît un par siècle. Elle n’a plus besoin d’appareillages toujours plus sophistiqués et onéreux pour paraître efficace. Elle est parfaitement claire et intelligible. Elle est accessible à tous. Elle ne coûte rien ; et c’est bien là son seul problème. Dans sa préface à la seconde édition de l’Organon, Hahnemann écrit :
« Dans les pures sciences de l’expérience, en physique, chimie et en médecine, une raison uniquement spéculative ne peut par conséquent être entendue ; ici, livrée à elle-même, elle dégénèrent en spéculation creuse et fantaisie tout en ne produisant que des hypothèses hasardeuses, qui sont par leur nature même, fausses et trompeuses. »
L’historien de l’homéopathie, Ameke , souligne brillamment la lourde signification du paragraphe qui précède, il dit :
« La grande différence entre Hahnemann et les écoles naturelles développés ensuite s’exprime d’elle-même en un seul mot de deux lettres : ET. Hahnemann parle de physique, chimie ET de médecine. On a déclaré que la médecine n’est rien d’autre que la physique et la chimie appliquées, la médecine a été fondée sur ces deux sciences. Hahnemann a fondé la médecine, non pas sur la physique ou la chimie, mais sur les lois universelles de la vie et du mouvement. »
La médecine devient à la fois une science et un art ; la prescription devient rationnelle et quasi mathématique, ce qui dérange les milieux industriels. Il n’est plus question de marketing ni de publicité pour vanter telle drogue plutôt qu’une autre : seule la plus ressemblante avec le cas pourra le traiter. Une science dans son développement consiste en 1) Une collection de faits observés avec exactitude 2) Une corrélation ou une généralisation des ces faits, formant un système 3) Une formulation de ces généralisations en tant que lois 4) Cette science se ramène à un principe ou une force qui permette de rendre compte de ces lois. Une loi, dans son acceptation la plus large consiste en l’observation d’ordre ou de relation entre les faits ; elle permet d’établir un lien qui connecte deux séries de phénomènes, en montrant leur relation mutuelle. Il y a deux tests de validité pour toute loi qui se déclare être une loi naturelle : 1) Elle est capable de connecter et d’expliquer deux séries de phénomènes naturels 2) Elle est en harmonie avec les autres lois connues. En optique par exemple nous avons le phénomène ou les propriétés des corps lumineux et le phénomène des corps recevant la lumière. Ces deux séries de phénomènes sont connectées et expliquées par la loi de la diffusion de la lumière. En physique les phénomènes du soleil, en relation avec la densité et le volume sont connectés au phénomène de la terre par la loi d’attraction universelle. En chimie, les propriétés du potassium sont connectées aux propriétés de l’acide sulfurique par la loi d’affinité chimique à travers la formation d’un nouveau composé, le sulfate de potassium . En homéopathie nous avons le phénomène des drogues connecté au phénomène des maladies par la loi d’action mutuelle, la loi de similitude, et l’infinitésimalité. L’homéopathie repose donc sur la méthode inductive et consiste en deux séries de phénomènes observés, colligés et étudiés indépendamment, mais connectés par une loi sous-jacente ou si vous préférez un principe de la nature : 1) Le phénomène de la maladie 2) Le phénomène produit par les drogues quand on les administre aux personnes saines 3) La loi générale d’action-réaction, la 3ème Loi de Newton, qui devient en médecine la Loi des Semblables, et qui connecte les deux séries de phénomènes. Le phénomène de la maladie constitue la Pathologie. Le phénomène des drogues, déduit expérimentalement, constitue la Matière Médicale. L’application de la Matière Médicale en suivant les principes et les lois de l’homéopathie constitue la Thérapeutique.
La définition de la loi ne requiert en rien que la cause de l’ordre ou de la relation soit connue. Ceci nous montre la relativité de la question du pourquoi, car la science se contente surtout du comment ou bien transforme les questions en d’autres . La loi de similitude, la loi de gravitation, l’électromagnétisme, les forces nucléaires fortes et faibles appartenant à ce que l’on appelle des théories de jauge . Ainsi, en physique, les lois de Newton, formulées voici trois siècles, permettent de décrire avec quelle intensité deux corps célestes s’attirent : c’est la loi de l’attraction universelle. Personne n’explique pourquoi ces corps s’attirent . Bien qu’actuellement personne n’explique clairement pourquoi le remède guérit, la loi de similitude de Hahnemann, formulée voici deux siècles, permet de déterminer le remède curateur. En dénaturant ainsi la loi thérapeutique pour la ramener à un simple principe, vous vous permettez ensuite les interprétations les plus libres, qui me semblent étonnantes de la part de quelqu’un dans votre position :
Le « Bon remède » est celui qui va agir sur l’énergie vitale ; c’est cela « la Vraie et Grande homéopathie ». C’est là ; exprimé ou non de manière claire, le credo fondamental de tous les « unicistes ».
Comme l’implique la loi, il n’y a malheureusement qu’un seul médicament à la fois qui corresponde au patient dans l’expression de ses symptômes du moment. Je condamne cependant comme vous les prétendus homéopathes, aux antipodes de la méthode hahnemannienne qui demande souplesse et adaptation, et qui nous font dans bien des congrès, le « coup du bon médicament », prescrit après des années d’errance (décidément les patients seraient bien patients…) et qui est supposé guérir le cas comme par enchantement. Il s’agit ici d’une fraude manifeste car l’Organon nous enseigne –et la pratique démontre– qu’il faut savoir appliquer le médicament, le doser correctement et le renouveler au moment approprié pour obtenir un résultat. Je mets dans le même sac l’illusion de croire qu’un malade demande toute sa vie un unique médicament supposé guérir tous ses maux : on aura bien du mal à trouver une telle affirmation dans Hahnemann ou dans Kent ou n’importe lequel des véritables homéopathes. Autre contresens grave : il ne s’agit en rien d’un credo. Votre texte est en effet bien tendancieux : il y aurait d’un côté les gentils « pluralistes » scientifiques, tandis que vous ne cesser d’amalgamer « unicistes » et religion, avec un désagréable sous-entendu sectaire. Vous citez la conférence de Kent sur le péché originel, tirée de ses Conférences de Philosophie, en omettant de replacer cela dans le contexte d’un puritanisme américain typique de l’époque et partagé tout aussi bien avec les allopathes du temps. C’est d’ailleurs le seul endroit où Kent se permette de telles digressions, sans le moindre impact sur la pratique médicale.
Qui empêchera de penser qu’il existe une forme de « merveilleux » chez les unicistes et une forme de rationalité chez les pluralistes qui, de leur coté, n’attendent pas qu’un des médicaments répertorié agisse par hasard, mais le choisissent parfois en complémentarité avec d’autres, dont l’action est synergique et aussi à partir de ce qu’ils tirent de leur bonne connaissance de la matière médicale !
Emerveillement chez l’homéopathe je n’en doute pas, oui les résultats sont merveilleux et incroyables si l’on se donne la peine d’assimiler les principes de prescription. J’ai présenté lors d’un congrès pluraliste des vidéos montrant les résultats quasi instantanés sur les patient atteints du choléra en Haïti et j’ai été accusé de tricherie par des supposés homéopathes ! Pourtant vous avez des masses de résultats semblables qu’il suffit d’aller retrouver dans les textes de nos Maîtres, ce sont précisément ces résultats fulgurants qui ont attiré le soutien sans faille des patients en faveur de l’homéopathie. Vous remarquerez que l’enthousiasme d’un véritable homéopathe ne cesse de grandir au cours de sa carrière tandis que curieusement on ne trouve pas cela chez les pluralistes et encore moins chez les malheureux allopathes. Ainsi, puisque vous vous autorisez à déclarer qu’il n’existe pas de loi, il devient permis d’adapter ses traitements à ses envies, à ses fantaisies. Comment est établie la complémentarité des médicaments ? Sur quelle base détermine-t-on la synergie des médicaments ? Comment prouvez vous que leur action s’ajoute et se complète ? Nous avons la preuve dans la correspondance de Hahnemann et de Bönninghausen que ces derniers ont testé durant des mois la prescription de plusieurs médicaments et ont reconnu que cela ne fonctionne pas. Comment parler de rationalité quand on se permet d’interpréter de manière purement arbitraire l’enseignement de Hahnemann ? Justement le même arbitraire que Hahnemann a rejeté toute sa vie et qui fait le quotidien de la médecine classique que mime la pluralisme.
Vient ensuite la caricature de « l’uniciste », tel qu’on pourrait le découvrir dans n’importe quel texte issu de la littérature du laboratoire Boiron ou de mon défunt ami Max Tétau :
Un « uniciste » pur confronté à un rhume, des troubles digestifs ou des troubles nerveux se doit d’attendre que le remède unique, basé au maximum sur ses signes mentaux agisse. Si cela peut être efficace rapidement, avec une action à long terme, dès lors que le médicament couvre des symptômes autres – dont, le rhume, les troubles digestifs ou nerveux ne sont qu’une des expressions – cela peut aussi être long ; ceci d’autant plus si le médicament choisi n’est pas « le Bon médicament » qui, de plus est souvent choisi par les « puristes » sur des critères mentaux parfois bien difficiles à évaluer
Le médicament n’est établi que d’après la concordance du maximum de signes caractéristiques, selon la croix de Hering, et il n’a jamais été question de se baser exclusivement sur les signes mentaux. Cette attitude centralisant le mental représente une grave dérive de l’homéopathie que je combats depuis toujours. Cela repose sur une incompréhension de la valeur des symptômes et sur l’oubli du §15 qui nous rappelle que nous sommes une intégration d’énergie et de molécules pesantes. Le véritable médecin homéopathe est ainsi capable de prescrire la substance requise devant l’épisode aigu, telle que les caractéristiques l’appellent. Que donne la « merveilleuse » méthode pluraliste par exemple devant le choléra ? Où sont les cas guéris de pneumonie, de paludisme, de polyarthrite rhumatoïde, d’hémorragies cérébrales, etc ? S’ensuit la justification du viol en règles des principes, car on peut se demander pourquoi il faudrait observer certains des aphorismes de l’Organon et pas les autres ? Selon quels critères s’effectue la sélection ? En quoi cela constitue un progrès dans les résultats cliniques :
Moins coincé dans diverses contraintes d’ordre idéologique et plus adapté à la clinique au quotidien, s’il reste tout à fait ouvert à la prescription d’un seul médicament -dans le cas où un traitement synergique n’est pas nécessaire-, apparu peu à peu, le « pluralisme » soigne des symptômes bénins, tout comme des problèmes plus profonds. Il utilise dans ce but des remèdes agissant à différents niveaux. Ces derniers sont parfois strictement locaux, si aucun autre symptôme ne le nécessite. Il n’est pas nécessaire de connaitre la mentalité du sujet pour traiter chez lui une blessure ou une infection occasionnelle, sauf si celle-ci se répète, traduisant sa fragilité…Cela peut ne justifier qu’un seul médicament, mais cela peut aussi nécessiter un traitement plus complexe, avec divers médicaments donnés en alternance, pour permettre à l’énergie vitale d’accomplir sa fonction.
La tragédie humaine qui se perpétue repose sur la méconnaissance des principes et des lois de l’homéopathie. Il est ainsi facile de couvrir la paresse et l’incurie des prescripteurs en la faisant passer pour de la tolérance et de l’ouverture d’esprit… En ce sens j’ai un esprit très fermé puisque je me contente de suivre les lois incontournables de la nature, et je tiens le vilain rôle du père fouettard en le rappelant à cette masse d’homéopathes malgré eux :
Ils se refusent en fait à de se limiter à la connaissance des médicaments et d’appliquer le principe de similitude, tel qu’il a été élaboré par Hahnemann
Comme c’est merveilleux ! On se refuse d’observer les lois ? Pouvez vous refuser d’observer les effets de la gravitation ? A vos risques et périls si c’est au bord d’un précipice. Toute cette glose nous fait oublier un fait incontournable : l’existence d’une totalité de symptômes chez tout patient. Là où la médecine classique s’arroge le droit de tripoter tel ou tel symptôme, l’évidence de l’observation montre une totalité, ce qui prouve aisément l’aspect anti-scientifique de la médecine actuelle. En amont de la totalité, l’intelligence déduit l’existence d’une force vitale désaccordée responsable de l’ensemble des symptômes observés. En aval, il n’existe donc que deux manières de s’adresser à la totalité : soit avec un médicament présentant une similitude avec celle-ci soit avec une substance énantiomère. Le pluralisme fait joyeusement abstraction du fait que c’est tout l’organisme qui ressent et réagit à l’effet d’une substance. Le pluralisme est basé sur le même arbitraire de la médecine classique, celui d’un prescripteur dont l’égo désire que le médicament agisse ici, et l’autre ailleurs. C’est un fantasme, une pure illusion, que nous combattrons farouchement. Le pluralisme c’est la répétition insensée de tas de doses à tort et à travers : pourquoi en prendre toutes les semaines, ou un jour sur deux ? Où sont les règles ? Avez-vous notion du ridicule que cela soulève, à juste titre, chez les confrères allopathes qui se demandent en quoi cette « soupe » peut avoir la moindre justification ? Le pluralisme c’est oublier que deux substances proches par leurs effets, prescrites en même temps vont donc s’antidoter (s’homéodoter) naturellement. Pourquoi sélectionner 5 médicaments et pas 3 ou 30 ? Pourquoi ne pas mettre un globule de chaque médicament connu dans une fiole et administrer une goutte à tout le monde ? L’absurdité du pluralisme saute aux yeux dès qu’on a un minimum de culture homéopathique. Votre cocorico final en parfaite contradiction avec la réalité qui fait des homéopathes français la risée du monde homéopathique international ne peut que laisser pantois :
Notons que l’école française d’homéopathie s’est construite autour de cette conception pluraliste et qu’elle a su s’imposer dans le monde, là ou l’homéopathie n’est pas décriée…C’est elle qui assure sa pérennité. C’est donc à ce titre, qu’elle se doit de se développer et refuser tout amalgame
Comment osez-vous écrire cela ? Où sont les guérisons de la méthode pluraliste ? Quel est le niveau des prescripteurs ? Telle une moisissure qui progresse de proche en proche, le pluralisme a été imposé dans tous les pays où le laboratoire Boiron a cherché à s’implanter, en s’entourant à chaque fois de « penseurs » à sa solde pour faire passer son message insoutenable d’homéo-allopathie. Toute personne munie d’un minimum de bagage scientifique sera d’accord pour rejeter les délires actuels de Sankaran et autre Scholten, fondés sur des illusions et la manipulation d’une audience parfaitement étrangères aux connaissances de bases de l’homéopathie. Mais au final c’est bien le même mal qui ronge le monde homéopathique, en créant les fruits vénéneux du « déviationnisme. » Car la question finale est toujours : qui guérit le maximum de malades, suivant des principes clairs et intelligibles, selon la voie la plus rapide, et la plus sûre ?
Tout ce fiasco intellectuel justifie pleinement le magnifique propos du Dr. Philippe Servais, dont je tiens à souligner ici la justesse, largement démontrée par vos propos, opinions et préjugés :
« Deux tendances inconscientes ont toujours été présentes dans l’histoire de l’homéopathie : une consistant en une totale harmonie avec une profonde compréhension de la similitude vraie et une autre plus superficielle nous obligeant au retour vers le scientisme… »
Aussi, n’ayant pour ma part aucune envie d’être amalgamé ni avec les tenants d’une médecine classique dont la dérive criminelle devient plus évidente chaque semaine, ni avec les supposés homéopathes unicistes chasseurs de Graal mental, je maintiens avec fierté que :
Nous baptiser « unicistes », c’est laisser croire qu’il existe plusieurs tendances d’égale valeur. Alors que nous seuls faisons vraiment de l’homéopathie en individualisant complètement nos traitements. En somme, il y a un monde entre être homéopathe et distribuer des produits homéopathiques.
L’immense majorité des médecins pluralistes a subi un enseignement volontairement tronqué et faussé. Ils sont rapidement désabusés devant les résultats pitoyables et deviennent de véritables homéopathes passionnés dès qu’ils accèdent à l’étude de l’Organon. Boiron n’est donc pas victime mais bien responsable d’avoir forgé cette caricature d’homéopathie au nom de la rentabilité de la prescription. C’est une déviation insupportable puisqu’elle contribue à perpétuer la souffrance du genre humain. Hahnemann et tous ceux qui l’ont suivi réprouvent toute opinion pour se placer sous la stricte observance des lois. Telle doit être l’humilité du véritable homéopathe. Laissons le mot de la fin à notre grand Adolph Lippe :
La coupable négligence du grand nombre de médecins à ne même pas jeter un coup d’œil sur les découvertes de l’Organon peut seulement être mise sur le compte de l’indolence d’une corporation se reposant sur la crédulité du malade et de l’humanité souffrante. Ces hommes ont vu dans le dernier demi-siècle des gens voyager grâce à la vapeur, parler grâce à l’électricité, peindre grâce au soleil ; les Arts et les Sciences ont connu des progrès inimaginables ; les générations futures ne comprendront pas pourquoi ils ont refusé la lumière qui leur était offerte, préférant rester des aveugles à tâtonner dans le noir tout en infligeant une misère indicible aux malades.
Commentaires
Ce monsieur Halm écrit:
“De plus, il ne faut pas oublier que, par leur essence même, les instances officielles se doivent de respecter les critères mis en place par la communauté scientifique. Or, nous sommes dans un paradigme mécaniste, paradigme retenu actuellement par toutes les instances officielles. Il ne saurait, de ce fait, être admis pour une substance d’autres effets que celui, moléculaire ; donc, de ce fait, aucun scientifique consulté par des décisionnaires politiques, ne pourra se permettre de défendre à ce jour, une autre position. Il est important de le savoir.
Certes, les propriétés des très hautes dilutions sont actuellement étudiées, mais elles ne sont pas officiellement reconnues pour l’instant.” Et en attendant…, oui, c´est formidable qu´il y ait un Dr Broussalian courroussé, l´épée à la main! Merci.