Échec de la mission en Haïti

Dans Actualités by Edouard Broussalian15 commentaires

Extraits du rapport du Dr. Frederic Rérolle, Président d’Homéopathes Sans Frontières

Chers amis,

Voici des nouvelles de l’équipe “Haïtienne”. Accepter ses échecs fait partie de la vie de tout honnête homme. La situation est d’autant plus rageante que les cas examinés montraient des signes très clairs de deux médicaments bien connus… Nous attendons vos idées, vos suggestions, merci d’avance pour la discussion!

HAITISamedi 8 janvier : Nous sommes accueillis à l’aéroport de Port au Prince par Jocelyn et Emmanuel, nos deux jeunes correspondants haïtiens. Transport dans un bus jusqu’à Pétionville, quartier populaire sur les hauteurs de Port au Prince. Nous découvrons la ville encore marquée par de nombreux bâtiments effondrés, des camps de tentes sur toutes les places ou logent des milliers de personnes. Nous sommes logés dans une petite maison accessible par un dédale d’escaliers et de petits sentiers, dans un enchevêtrement de baraquements, cabanes et ruines…
L’eau n’est pas rétablie depuis le séisme, 2 fois par semaine possibilité de remplir les cuves et bidons, l’électricité aléatoire éclaire les deux ampoules de la maison. Une chambre fille et une chambre garçon, nous trouverons le lendemain un vieux réchaud à pétrole pour faire cuire les aliments que nous avons apportés…

Dimanche 9 janvier : Tous nos contacts sont indisponibles un dimanche et proposent de les rappeler le lendemain lundi…
Quoique ce ne soit pas notre objectif de mission, ayant une journée de libre, Jocelyn organise une consultation pour les gens du « bidonville » voisin dans la tente du centre de réhydratation orale qui, faute de « clients » n’est pas utilisée. Rapidement une centaine de personnes se pressent à cette consultation homéopathique ou nous traiterons des cas variés (dermato, infectieux, psycho dont 2 cas de dépression catatonique ancienne qui réagiront bien aux médicaments prescrits).

Lundi 10 janvier : RV début de matinée, avec le Dr Audie Métayer, vice doyen de l’enseignement et de la recherche à la faculté de médecine – Université Notre Dame d’Haïti.
L’Université Notre Dame d’Haïti gère un gros centre hospitalier et des centres de traitement du choléra (CTC). Nous y accédons en une heure de transport laborieux et réaliserons tout au long du court séjour que tous les déplacements sont difficiles à cause des distances, des embouteillages monstres et des imprécisions des adresses…
Nous sommes très bien accueillis et le Dr Métayer semble intéressé par notre démarche mais assez vite on se heurte à un problème d’autorisation d’introduire un nouveau traitement dans le protocole officiel instauré par l’OMS.
Il propose de nous mettre en relation avec les autorités compétentes pour nous délivrer cette autorisation pour intervenir dans les CTCet pense que nous pourrions aussi travailler directement avec des ONG qui gèrent d’autres CTC…
– On file donc, sur les conseils de DrBernadette Foucher médecin de santé publique au ministère de santé d’Haïti, vers un CTC proche de PaP, dont le médecin est OK pour essayer l’homéopathie. En fait de proche, il nous faut 2 heures de trajet et beaucoup de dollars… et une fois sur place nous découvrons que ce médecin (Dr Jeucroix) n’a pas le pouvoir de nous autoriser l’exercice dans son CTC car c’est une ONG anglaise (MERLIN) qui a financé et qui gère. Malgré de longs pourparlers avec des administratifs, il a été impossible d’y arriver : « On ne peut se permettre d’introduire de nouveaux intrants dans le protocole sans l’aval de l’OMS »… Grosse déception…
– RV chez le Dr Saussage, responsable de l’Association Médicale Haïtienne et du plan de lutte contre le choléra, malheureusement celui ci était absent d’Haïti pour 2 jours.
– 2 heures de route plus tard j’avais pu obtenir un rv avec le Dr Alix Lassègue, directeur de l’Hôpital général d’Haïti. Toujours un accueil sympathique et prêt à nous ouvrir les portes de l’hôpital à condition d’avoir l’autorisation du ministre…

Enfin le soir, après avoir fait le pied de grue au ministère de la santé, je rencontre le Dr Gabriel Thimothé, Directeur général de la santé auprès du ministre de la santé. Même accueil sympathique, même discours… Il demande des documents (qu’on lui transmet par mail dans la nuit) et promet une réponse en quelques jours après discussion avec le ministre.

Mardi 11 janvier : Le découragement commence à se faire sentir car il faut vraiment pouvoir travailler 3 jours minimums avec des locaux dans un CTC pour que cela ait du sens…
Par l’intermédiaire de Stéphanie de Loos, infirmière coordinatrice pour AMI Portugal, je vais au cluster de santé où se réunissent chaque semaine, sous l’égide de l’OMS, toutes les ONG de santé pour coordonner leurs actions. Après un point sur la situation et l’épidémie de choléra, chacun peut prendre la parole pour faire une demande ou proposition.
L’épidémie : les chiffres statistiques ne sont pas tous concordants mais il semble que nous sommes dans une phase descendante en tout cas dans la capitale. 12 000nouveaux cas par semaine. Mais la souche du vibrion responsable de cette épidémie ne semble pas très virulente. 80% des cas restent moins de 24 heures dans le CTC et les autres rarement plus de 2 jours à PaP. Globalement le système d’organisation des centres de réhydratation orale et des CTC fonctionne bien avec un bon maillage du pays surtout en ville.
De fait on en voit beaucoup et toutes les grosses ONG sont la, de gros 4*4 rutilants siglés de leur logo avec du personnel en uniforme sillonnent la ville.
Il y a un gros travail d’information, d’affichage, d’éducation, de prévention et dépistage par de nombreuses ONG qui est efficace. Sauf à la campagne ou persistent les cas les plus graves et ou la population refuse d’aller dans les CTC par peur d’être empoisonnée… La rumeur qui circule : le choléra a été importé par l’ONU et on veut nous empoisonner car on a trouvé du pétrole en Haïti.

J’ose prendre la parole devant une soixantaine de personnes représentant toutes les ONGde la santé, sur le terrain en Haïti. Et bien sur je n’ai comme réponse que sourires moqueurs voir méprisants…
Nous avons quand même eu un bon contact avec une ONG américaine : Healing Art Mission. Ils sont présents depuis plus de dix ans et leur but est de former des médecins haïtiens. Ils nous disent être intéressés par notre démarche et nous invitent dans leur centre de santé mais ce n’est possible pour eux que le vendredi suivant, soit la veille de notre départ donc un peu court pour démontrer l’intérêt de notre apport…

Mercredi 12 janvier : Jour anniversaire un an du séisme…On décide de rentrer…

Discussion :
Malgré l’impression d’avoir de bons contacts aurait on du contacter de France avant le départ le ministère de la santé ou l’OMS ?
Nous n’avions pas réalisé que nous serions en Haïti juste à la date anniversaire du séisme et que cela compliquait les contacts très occupés par ailleurs.
Est ce raisonnable de faire des missions courtes ? Avons-nous les moyens de faire des missions longues ?
Cette épidémie n’est pas très virulente et les temps d’hospitalisation sont relativement courts ce qui rend plus difficile de démontrer l’intérêt de l’apport de l’homéopathie.
L’abondance d’aide et d’ONG, une assez bonne maitrise de l’épidémie ne nous rendait pas du tout indispensables.

Faut il se battre, faire du lobbying auprès de l’OMS pour une meilleur reconnaissance ? Est ce notre rôle ? En avons-nous les moyens ?

Toute l’équipe est rentrée bien déçue et sous le choc de la misère avec l’impression d’un pays occupé (Voitures blindées de l’ONU et multiples ONG qui sillonnent Port au Prince, pouvoir décisionnel remis aux mains de l’OMS et des ONG).
Mais tous, nous avons envie de faire quelque chose pour ce peuple magnifique, très digne et plein d’une force de vie malgré le malheur.
Tous, nous sommes convaincus que l’homéopathie a toute sa place en Haïti et que nous devons œuvrer pour avoir les autorisations pour créer une formation officielle en homéopathie.

Commentaires

  1. Bonjour Edouard,

    Pendant que vous vous efforciez d’ obtenir les autorisations vous permettant d’ aider ces pauvres gens bien réels, certains d’entre nous recherchaient des médicaments pour les personnages imaginaires comme dans un devoir de classe.
    Au nom de Veratrum album proposé par certains j’ai pensé un moment au choléra, sans me douter un seul instant de votre situation en Haïti. Je réalise quelle peut être alors votre frustration et votre déception de n’avoir pu rendre service par vos immenses compétences, sans commune mesure avec les miennes pour avoir été sec sur un cas clinique virtuel.

    Gardez votre enthousiasme l’avenir vous appartient sans nul doute!

  2. Bravo et merci Fred! Un grand point positif une deuxième pierre posée grâce aux efforts de la petite équipe motivée qui a mis tout en oeuvre pour rencontrer les responsables et les autorités en si peu de temps et pendant la période d’anniversaire! pour mettre sur pied ce merveilleux projet homéopathique en Haïti si cher à tous! Un véritable challenge! Soyons patients en attendant l’autorisation.Gardons espoir pour nos amis qui ont tant besoin de notre soutien et de notre aide! Un grand merci à tous pour vos encouragements! et encore merci à Jocelyn et Emmanuel pour l’organisation des transports et des contacts et votre hospitalité! Courage! En pensées avec vous! Cordialement Michèle bg

  3. Désolant .
    Soit vos interlocuteurs sont ignorants des vertues de l’homéo et vs prennent pour de doux rêveurs . soit, ils ne veulent pas prendre le risque de devoir partager la médiatisation d’un sauvetage et peut etre une partie d’ influence et de prestige.
    Il faut beaucoup de temps et une grande patience.Beaucoup de préparation Et ss doute qlq contacts en amont .. Comme toujours .Meme lorsqu’on déborde de compétences et de bonne volonté .!
    bises
    et bravo tt de meme
    isbl

  4. Pourquoi parlez- vous d’échec? Vs venez de vibre une expérience riche et ce n’est pas l’homéopathie qui est en cause. Vs avez défriché le terrain, travail préalable indispensable; Par ailleurs, il semble bien que les Haïtiens avaient raison, le choléra a bien été importé par les népalais de l’ONU,; c’est un médecin français spécialiste du choléra qui l’a démontré.
    Bravo à vous pr votre initiative et votre courage à poursuivre malgré les difficultés.

  5. Une déconvenue, cependant, je retiendrais, la consultation ou une centaine de personne ont pu bénéficier de soins. Je pense à eux et c’est comme cela que l’homéopathie a sa place dans ce pays, par une action concrête.
    On voit aussi ce que cela donne un pays aidé de l’extérieur “perfusé” si j’ose dire. Les protocoles décidés en haut lieu tiennent très peu comptent de la réalité de terrain. L’O.M.S, les ONG diverses et variées occupent le terrain. Les Haîtiens auraient-ils perdu à ce point leur capacité à se prendre en charge ? J’en doute quand on constate par ailleurs, la dignité dont ils font preuve, étant donné leurs conditions de vie.
    Ils ne manquent pas d’élan vital…

  6. Bonsoir,
    C’est simplement rageant de ne rien pouvoir faire, de perdre du temps pour des raisons bureaucratiques, mais pas seulement : l’homéopathie n’est pas la bienvenue dans le système médical mondial.
    En tous cas, félicitations pour votre dévouement.
    F.

  7. Bonjour à tous,
    Il est toujours aussi décourageant et frustrant de voir les portes se fermer à son nez…surtout quand on vient apporter son aide avec compétence et générosité.
    Ceci dit, que de passe-t-il à chaque fois ? A titre “personnel”, ceux que l’on recontre ne sont pas forcément hostiles puis… les portes de referment.
    Je pense, pour ma part, que l’homéopathie aura bien du mal à se faire “reconnaitre”, à faire s’ouvrir les portes, tant qu’elle le revendiquera uniquement en raison de son utilité et efficacité pratique.

    je suis convaincu, à tord peut être, que la bataille et, avant tout, conceptuelle, théorique. J’ai, à la fin de mes études de médecine, effectué des études de philospohie, et notamment de philosophie des sciences, et il m’est apparu relativement “évident” que les batailles scientifiques sont très largement des batailles théoriques et conceptuelles.
    J’ai donc tendance à penser qu’il convient de formuler l’originalité et l’intérêt de l’homéopathie en termes modernes, compréhensibles par tous, en sortant de notre jargon, etc. Rien ne dit que cela sera suffisant mais, sans doute, est-ce le préalable nécessaire.
    En tout cas, bravo pour votre enthousiasme et votre générosité.

    Philippe

  8. Pour rentrer dans la fourmilière, les fourmis soldats qui gardent l’entrée, touchent avec leurs antennes celles des prétendants à l’entrée. Si le message ne convient pas , les visiteurs sont immédiatement détruits. Pour pénétrer la fourmilière des ong, le langage des ong est requis. Il en est de même dans tous les systèmes de pensées. Qui pourrait croire que alors que nous nous pensons si évolués, nous sommes si proches de la société des fourmis.
    Bien amicalement,
    Pierre

  9. bravo pour votre engagement total et malheureusement infructueux .Courage et persevèrence ma
    lgré tout !

  10. Bonsoir à tous,
    Je tiens à féliciter nos amis pour leur courage et leur dévouement pour notre cause.
    Je crois que ce problème est celui de tous les homéopathes du monde. À chaque fois que nous tentons d’apporter notre aide dans le milieu « officiel », on nous barre la route soi-disant à cause de quelques protocoles à respecter etc. Justement notre association vient d’en faire l’expérience ici à Madagascar il y a à peine un mois.
    Voilà pourquoi il faut unir nos forces. C’est pour cette raison qu’on a fondé la fédération internationale des associations HSF (Homeopaths World Wide) dont la HSF France est un membre fondateur. Mais cette fédération est encore actuellement au début de son installation et à la sélection des candidats qui peuvent y adhérer. Je crois que Fred et Nary (notre membre dans le bureau) peuvent nous apporter quelques explications. En tout cas, c’est à peu près le schéma, et nous avons encore un long chemin à faire.
    Dans l’état actuel des choses, l’OMS, après l’intervention des étudiants britanniques à propos de l’Homéo et des maladies infectieuses, ne voudra jamais cautionner les résultats des actions des homéopathes dans une grande épidémie très médiatisée d’une maladie infectieuse comme le choléra.
    Bravo et courage les amis.
    Mamy

  11. Yeap! c’est comme d’hab’. La médecine est un ça sert d’os ….
    La misère des uns est malheureusement souvent utile pour valoriser (et engraisser) certains autres. Bien évidemment, quand on est au milieu du fromage, on ne laisse pas volontiers sa place.
    Posons-nous la question de l’utilisation des fonds octroyés aux diverses ONG qui “oeuvrent” dans le monde entier. Une récente émission télé sur le sujet faisait état d’une très forte “évaporation” des sommes allouées aux ONG pour aider Haïti. Une grande partie de ces fonds servant à payer les “frais d’exploitation” des ONG. Le reste — moins de la moitié — servant aux besoins de la “cause”.
    Vous pensez bien que dans ces conditions, personne n’est prêt à laisser faire des intervenants extérieurs qui ont d’autre règles du jeu !
    Ah, qu’il est difficile d’être “non conventionnel”.
    Bravo à toute l’équipe. Votre voyage n’a certainement pas été inutile, ne serait-ce que parce que vous avez enrichi votre expérience sur le genre humain en général et sur l’humanitaire en particulier.

  12. bonjour
    j’étais conseillère régionale lorsque JY Jason, Maire de P aux Princes est venu à la rochelle l’an dernier (juste avant Xynthia)
    Il était avec l’une de ses adjointes, Nadège Joachim [nadegejoachim@yahoo.com] à laquelle je viens d’adresser 1 message pour lui donner l’information …
    A suivre
    bon courage

  13. complément d’info :
    Nadège Joachim Augustin, première adjointe de Port aux Princes

  14. nous sommes tres content par les miracles faisaient les homeopathes en haiti dans le cholera .un grand merci pour le seminaire cela nous aide a sauver la vie de nos freres haitiens par le guide pharmacie familiale

    Jocelyn et Emmanuel

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