ERYNGIUM AQUATICUM
Par L. S. Morgan, M .D, AHO V1N12
Traduction de Cathy MEYER
J’ai trouvé la plante d’Eryngium dans les prairies du Kansas en 1856. C’était une nouveauté pour moi, mais alors que j’examinais ses caractéristiques botanique, j’étais assez attiré par ses propriétés olfactives et gustatives pour la considérer comme un agent médicinal curatif de grande valeur et me suis dit : « Si la loi de similitude d’Hahnemann est exacte, elle se montrera très efficace dans le catarrhe ainsi que dans les affections laryngées. » J’ai gardé un spécimen de la plante afin de l’analyser avec mon rassemblement botanique et un peu de racine.
A mon retour à New-York, mes spécimens étaient manquants, on les avait laissés à Wyandotte. J’ai cependant préparé une teinture mère de la racine, secundum artum et l’étiquetais « Kansas » tout en lui faisant une place parmi mes médicaments.
Le temps passa et ma teinture restait à l’abandon jusqu’en janvier 1858. Il y avait alors une épidémie de grippe a travers la partie sud de Erie county, à New-York, lieu de ma résidence. Je me suis réveillé dans la nuit la maladie ayant jeté son grappin dans ma gorge. Je commençais alors à ressentir une série de symptômes entièrement nouveaux dans l’historique de mes maladies personnelles. Mon médicament du Kansas me revint à l’esprit et décidais d’en faire une expérimentation clinique. Je commençais par dix gouttes de la teinture mère dans deux onces d’eau, à raison d’une cuillère toutes les quinze à vingt minutes, jusqu’à ce que la douleur cuisante et les autres sensations anormales soient soulagées. L’influence était manifeste, cependant « une hirondelle ne fait pas le printemps » Il nous fallait plus de preuves quand à l’efficience de ce médicament. Pour être bref, j’ai fait l’expérimentation clinique de ce remède comme pour me prouver son efficacité et sa fiabilité dans les irritations laryngées et les affections des muqueuses en général. Le remède a fonctionné comme un charme sur la toux hachée présente dans l’épidémie chez un bon nombre de sujets. « Je n’ai jamais été autant libéré de la toux et dormi aussi tranquillement depuis longtemps » était l’expression de plus d’un patient sujet aux affections laryngées chroniques. Je l’ai employé depuis comme un de mes plus sûr remède dans cette indication. J’aimerais ici déclarer qu’un voleur s’est introduit dans ma maison et, parmi les forfaits accomplis, a pillé le contenu de ma poche dans lequel se trouvait mon carnet qui contenait les notes élémentaires d’Eryngium et autres remèdes. Mon mémoire n’a pas été renouvelé depuis. Je voudrais toutefois déclarer avoir utilisé Eryngium dans la diarrhée muqueuse des enfants avec grand succès. Il a une influence spécifique dans la leucorrhée ainsi que la gonorrhée. Il agit avec certitude sur la libido masculine, la supprime, comme plusieurs cas de priapisme soignés par ce remède ont pu le prouver, à mon entière satisfaction.
Le Dr Bradley, un éclectique de Roseville, Illinois, m’informe que le Dr… de Springfield, Illinois, gradué de Yale a fait bon usage de ce remède dans les morsures de serpent à sonnette. Il utilisa l’infusion jusqu’à ce produire son effet sur l’estomac et les intestins : la nausée, les efforts pour vomir puis, la tendance à la selle. Je tiens à faire remarquer que j’ai employé la teinture mère ainsi que la 1ère et 3ème dynamisations avec succès, ordinairement la 3ème dynamisation. Je recommande le remède à l’attention du monde homoéopathique. Eryngium devrait bénéficier d’un proving vaste et méticuleux. Je n’avais pas tant l’intention d’écrire autant dans cet article et je n’ai pas assez de temps pour le condenser ni l’abréger mais juste pour me relire. Je voudrais rajouter qu’à mon retour dans l’ouest en 1860, j’ai trouvé ma plante du Kansas qui poussait en abondance dans les prairies de l’Illinois, dans le county de Warren ou les anciens racontent qu’elle était appelée « l’herbe aux serpents » et qu’ils l’utilisaient comme anti venin du serpent à sonnettes. En analysant ses caractéristiques botaniques, j’ai trouvé que ma plante du Kansas était « Eryngium Aquaticum », comme l’a décrit Eaton.
EB. Le « grappin » dans la gorge. Très belle expression pour nous rappeler les signes douloureux du larynx chez ce médicament rarement aussi employé qu’il le mérite, notamment dans la grippe. Cette irritation cuisante dans la gorge et le larynx est très pénible et c’est la keynote d’Eryngium dans les cas de grippe qui le présentent comme l’un des premiers signes de l’atteinte. La toux donne une sensation de constriction.
Ainsi il faut se rappeler qu’Eryngium est synonyme de constriction et de ténesme, le tout avec des écoulements muqueux épais et jaunâtres. D’où son indication dans la gonorrhée.
C’est un médicament qui a une affinité particulière pour l’appareil urinaire, où l’on retrouve la sensation de constriction spasmodique, ce qui en fait une belle indication dans les coliques rénales. Douleur sourde dans le dos (région rénale) irradiant dans les uretères et dans les membres inférieurs : voilà une keynote qui m’a servi assez souvent lorsque j’étais interne aux urgences !
La miction est difficile et fréquente, il y a du ténesme : voilà de quoi proposer Eryngium dans les troubles prostatiques. Je n’ai pas d’expérience là-dessus mais la littérature abonde de cas guéris.
Une dernière petite chose, mais combien pénible pour certaines femmes. Souvenez vous du trio Eryngium, Cannabis sativa et Staphysagria dans les cystites qui suivent les rapports sexuels.