Eventualité 13
Pas le moindre changement.
Niveaux : A à D.
Diagnostic : Dose accumulée encore insuffisante. Médicament altéré. Dynamisation incorrecte. Antidotage. Homéopathicité nulle.
Dans la discussion de cette éventualité, nous partons du principe que nous ne sommes pas devant un patient timide, réservé, ou très secret, ni contrôlant ses émotions (type Kali). Cette situation sera traitée avec l’Eventualité 15.
Commençons par les niveaux les plus altérés. Faites ici bien attention à réétudier le cas avec la plus grande attention, à la recherche par exemple d’une légère amélioration de l’état émotionnel qui signe le fait que le médicament a bien commencé d’agir, surtout si celle-ci s’accompagne d’une irritabilité accrue.
Votre premier réflexe ici doit être de ne pas perdre les pédales et courir changer de médicament. Commencez par augmenter la dose car la plupart du temps vous êtes juste en dessous du seuil qui va déclencher une réaction. N’oubliez pas qu’avec la dose liquide nous fleuretons continuellement avec cette limite. Bien souvent, à la troisième prise, que vous avez rendue un peu plus corsée, vous allez soudainement déclencher une aggravation. Et là, bien sûr : stop.
Dans le cas où rien ne change, vous pourrez commencer à avoir des doutes sur la qualité de la préparation. Combien de fois ai-je répété que vous devez être absolument sûrs de la provenance de vos doses. Tout praticien sérieux devrait posséder une diluthèque afin d’avoir à sa disposition la dose dont on a cruellement besoin devant telle ou telle urgence. Dans mon travail, cette éventualité est exclue du fait des doses Schmidt, Fincke, Chowdhury.
Reste alors la possibilité que la dynamisation était trop faible (je pars du principe que vous êtes prudents et avez administré plutôt une dynamisation raisonnable qu’une bombe au delà de la 10m) Cela vaut toujours la peine de monter d’un cran et de voir si quelque chose se produit.
Pendant ce temps bien sûr vous devez absolument vous assurer que la dose n’a pas été antidotée d’une manière où d’une autre. Une enquête serrée, notamment concernant l’environnement du travail peut suffire à découvrir le facteur responsable (corticoïdes, café, odeurs fortes, etc.)
Vous constatez ici mon aversion à quitter un médicament. Ne le faites jamais avant d’y être vraiment obligé, quand vous avez épuisé toutes les autres possibilités. Quand donc les différentes hypothèses ci-dessus ont été explorées, il reste une conclusion logique (hormis celle d’un patient qui ‘en est pas un et qui cherche délibérément à se moquer de vous) : le médicament est erroné.
Mais alors là il faut admettre qu’il y a quelque chose d’énorme qui vous a échappé. Pour qu’il n’y ait aucune réaction il faut vraiment que la similitude soit loin de celle escomptée. En somme : vous vous êtes mis le doigt dans l’œil, vous avez carrément raté la cible au lieu d’être plus ou moins près du centre. Il va falloir de bonnes raisons pour expliquer cette situation, car il faut qu’une caractéristique importante ne vous soit pas apparue et que le cas qui vous semblait simple ne l’était pas du tout.
Typiquement ici vous prescrivez un polychreste d’après un tableau qui va bien avec, mais vous avez forcément négligé un symptôme qui ne cadrait pas du tout et pouvait représenter la partie émergée d’un tout autre médicament, moins fréquent, avec lequel vous avez fait la confusion.
Dernier cas de figure : les cas vraiment difficiles, souvent de nature familiale, où tous les membres vont vous poser des problèmes. Heureusement c’est fort rare, mais vous verrez que vous n’arriverez que très difficilement à trouver un médicament correct chez le père, la mère ou les enfants.