- 17 déc. 2018, 21:38
#57800
Pour Moschus, je vous renvoie à la matière médicale de Kent.
J'ai raté un cas d'une forme de soi disant troubles psychiatriques où la jeune fille passait son temps à se chercher des maladies sur internet. Elle a eu droit à une bon gros médicament psychiatrique. Ce n'est pas le même état d'esprit que nitric acid par exemple, qui se fait du souci pour sa santé, moschus acquiert ainsi un statut de "victime", une étiquette potentielle de compassion. Ils ont besoin d'affection, qu'on s'occupe d'eux, car l'amour des parents et de l'entourage à la naissance a été souvent un peu immature, peut être narcissique, et sans limite. La confrontation à la réalité ne peut être que brutale et cruelle dans ces conditions, et c'est comme s'ils recherchaient en permanence cet espèce de faux amour perdu. Le côté querelleur revient à chercher des limites rassurantes selon moi.
J'ai un autre cas de moschus réussi, mais comme beaucoup de médicaments psy, ces personnes ont du mal à prendre leur remède car le retour à la réalité plate et ordinaire leur est douloureux. Ils ont besoin de sortir du quotidien, d'exister en se faisant remarquer, parfois en faisant le pitre, souvent par leur intelligence, et il y a toujours un petit côté décalé, irritant, touchant, bref, vous passez avec eux par toute la palette des émotions. Leur imagination et leur fantaisie sont agréables. Chez les hommes, je n'ai aucune idée de l'expression du remède. Probablement qu'il faudrait le rechercher chez des hypochondriaques, car ils ne peuvent pas se permettre le jeu des émotions féminines.
Kent en dit:" Elles présentent non seulement une multitude des symptômes réels ou imaginaires mais elles deviennent expertes à produire à volonté un ensemble kaléidoscopique de symptômes, (...) jusqu’à ce que tous leurs désirs soient satisfaits et que le spectateur, qu’il soit infirmier, médecin, mère désorientée, soit consterné et se retire. Malgré toute la peine qu’elles se donnent pour faire semblant d’être honnêtes et dignes de foi, les sensations qu’elles expriment sont sujettes à caution. Elles ont depuis si longtemps joué de leurs sensations et de leur imagination qu’elles ne parviennent même plus à dire la vérité.(...) Le médecin ne peut prendre toute la mesure de tels cas avec son expérience et distinguer ce qui est commun de ce qui est rare et inusité"
Ce constat est sévère et jugeant, mais c'est la clef pour comprendre le remède. Pour mes deux prescriptions réussies, je n'avais aucune des rubriques du répertoire, hormis peut être quelques spasmes pour l'une d'elle. En l'additionnant au 3eme cas où je l'ai supposé mais non prescrit, je me suis rendu compte que ces personnes me rendaient complètement folles par leurs symptômes et leurs exigences. Ce mélange de gentillesse et de caprice tyrannique. Peut être pouvons nous imaginer que l'absence de limites les empêche d'avoir une conscience claire de leur corps. J'ai considéré que de rechercher les symptômes sur internet relevait plus d'un jeu de théâtre qu'autre chose, du genre "quel rôle pourrais je jouer pour exister et me permettre d'exprimer mon mal être?" Peut être existe il aussi un contexte incestuel (homo ou hétéro) sous jacent, voire une forme de maltraitance dans certains cas. Ce sont les premières victimes de leur jeu de manipulation.
Les diagnostics différentiels sont bien sûr platina et hyosciamus en premier. Mais moschus est moins hautain et "supérieur" que platina. Platine peut être hystérique, mais on pourrait dire qu'il est plus "rigoureux" dans son hystérie, presque raffiné!
Hyosciamus est très proche, et il est difficile de faire la part des choses. Il y a cependant plus de peurs dans hyosciamus, et une ambiance plus tragique dans moschus. Hyosciamus sera quelque part beaucoup plus conformiste dans son raisonnement -au sein de son milieu- que moschus. (je ne parle pas de l'habillement).Moschus cherche consciemment ou inconsciemment à se faire remarquer en jouant à la limite de la dispute lorsqu'il attire l'attention, hyosciamus ne prendrait jamais le risque de mettre en tension, de tester la solidité du lien.
Stramonium est souvent moins "évaporé" que hyosciamus, donc ils s'éloigne davantage de mochus. La transpiration n'est pas le premier symptôme donné par les jeunes filles moschus que j'ai rencontrées.
Vous pouvez vous faire avoir avec pulsatilla, sur le côté doux, touchant, affectueux et versatile de moschus. Je pense d'ailleurs qu'il le complète.
Phosphorus rentre dans cette même catégorie de sensibilité, avec le côté affectueux.
Ignatia est le diagnostic différentiel donné par Nash sur un problème cardiaque organique. Mais est ce qu'ignatia n'étiat pas le mode de décompensation hystérique le plus répandu à son époque? du coup, ne pourrait on pas imaginer que les moschus imitaient ces femmes qui leur semblaient le modèle idéal? Aujourd'hui les platina et hyos sont plus répandues qu'ignatia. Cela expliquerait peut être ce basculement.
Vous voyez, je ne manque pas d'imagination, c'est peut être ce qui me rend les patientes moschus si touchantes. Touchantes et irritantes. j'attends le résultat d'une autre prescription où la patiente a changé 5 fois d'horaire de rendez vous. Innocemment. Juste pour voir jusqu'où on pouvait l'aimer sans craquer.
Le cheminement de la prescription a été long et difficile, tout le reste échouait, mais le destin m'en a présenté 3 à la fois, ce qui a permis certains recoupements logiques.
A vous de jouer, et d'essayer de le prescrire, car vu la société où nous évoluons, il y a de grandes chances d'en trouver de nombreux cas, alors qu'il reste très mal connu!