oui a écrit : ↑13 oct. 2018, 23:52
dans les temps plus modernes, un autre homéopathe a marqué l'homéopathie allemande, le Dr. Reckeweg, fondateur du laboratoire pharmaceutique Heel. il a publiée une abondante littérature homéopathique de la plus haute importance, dont un répertoire moderne et une materia medica moderne. ses remèdes purement homéopathiques sont vendus sous la marque Reckeweg et non Heel car il fait la distinction entre l'homéopathie classique et ses propres acquisitions ou compléments.
Bonsoir Oui ! (nom de nom c'est un nom original, non ?)
Tierrasienna vous a fait, je crois, un "état des lieux" que de très nombreux membres de Planète Homéo partagent. Et pourquoi le partagent-ils ? Tout simplement parce que PH est un des derniers havres en Europe d'homéopathie purement
fondée. Quand j'emploie le terme de "fondé", j'entends par là la notion de "fondations".
Être homéopathe exige, selon moi, d'entrer en adéquation avec les lois "compréhensibles" de la Nature (je mets un grand N volontairement). Ces grandes lois, Hahnemann en a été en quelque sorte le grand archéologue qui, patiemment tout au long d'une vie, avec minutie, avec méthode, avec sens critique et une méthode rigoureusement scientifique (au sens des sciences expérimentales) a déblayé les couches de terre pour faire émerger à la vue de tous le schéma global (avec même force-détails sur de très nombreux points, ce qui démontre une acuité laissant admiratif. Nous ne sommes pas au bout de comprendre tout ce qu'Hahnemann avait compris ou pressenti avec cette géniale intuition que peut avoir le vrai scientifique ouvert ; intuition qu'il vérifie le plus objectivement possible ensuite)
D'extraordinaires praticiens ont bâti sur ces fondations : Hering, Boenninghausen, Lippe, Guernsey, Allen... dans des temps un peu plus récents, Hodiamont, Schmidt, ou les contemporains comme Vithoulkas, par exemple. J'en oublie, pardonnez-moi !
Je ne connais absolument pas le Dr Reckeweg. Je ne porte donc pas de jugement (< ou > pour employer une signalétique qui nous est connue, pour nous passionnés d'homéo) sur ce savant ("savant" : terme utilisé de façon neutre). Mais une chose est aujourd'hui, me semble t-il, à déplorer dans le "monde" de l'homéopathie : c'est ce foisonnement de théories invérifiables (ce qui ne veut pas dire nécessairement fausses ou vraies) qui accusent (ou semblent accuser) une rupture de continuité avec l'énoncé inébranlable (à l'examen et à la vérification "sur le traain" -comme on dit aujourd'hui - de tout esprit rationnel) de Hahnemann.
J'aimerais faire un parallèle ! Et, à côté de la dimension purement scientifique de l'approche hahnemanienne ce parallèle me semble démontrer que toute œuvre du génie humain fait
au moins appel à deux dimensions : celle de la technique, et celle de l'art (la Beauté ; cf. John Keats : "La Beauté est Vérité, la Vérité Beauté. - C'est tout ce que l'on sait sur terre, - Et c'est tout ce qu'il faut savoir. ").
Peut-on envisager qu'un peintre n'ayant jamais appris à peindre puisse retranscrire la totalité de ce qu'il a à exprimer ? Il va exprimer des choses, certes. Mais comment en fonction des situations sa technique lui permettra t-elle d'exprimer tout ce qu'il ressent ? Comment un compositeur qui ne possèderait pas sa technique de base pour être capable d'utiliser la partie de lui qui conçoit
mélodie et harmonie musicale pourrait-il créer un message répondant à tous ses émois intérieurs ? Émois qu'il veut rendre intelligibles
à tous ?
Avec l'homéopathie, on est (selon moi) dans la même démarche : il faut posséder une bonne "technique" (= une connaissance parfaite des bases) pour œuvrer avec art ! Aucun génie (enfin... je crois !) n'a créé d’œuvre
universelle et intemporelle sans disposer d'un bagage transmis (qui demeure, certes, à adapter ou à faire évoluer en fonction des conditions nouvelles du temps présent).
Ce qui est problématique aujourd'hui, c'est que l'on cherche à construire du "nouveau" (pourquoi pas ?) mais en remettant aussi en question (plus ou moins dicrètement) ce qui est éprouvé, ce que l'on sait qui fonctionne ! et ça, du point de vue de la Raison (grand R volontaire !) c'est un problème, selon moi...
Puisque je suis dans la comparaison avec la construction, savez-vous que beaucoup de ces magnifiques édifices construits aujourd'hui (avec renforts modélisations, etc) sont conçus sur une prévision de durée de vie de 50 ans ? ... Est-ce intemporel ? Est-ce universel ? (la notion "d’universel" recouvre selon moi nécessairement une "dimension" intemporelle). Les édifices construits "dans le but de durer" du temps d'Hahnemann sont toujours là ! Exemple par le contraire : la Tour Montparnasse ? On se demande aujourd'hui comment on va pouvoir détruire cet édifice dont le caractère (qui s'avère finalement éphémère) devient une nuisance ! ... "Être vraiment moderne, c'est être intemporel" (la citation est de moi ! enfin... je crois ! hahahahahaha)
Pour continuer sur le parallèle avec la construction... On peut aujourd'hui concevoir des édifices très audacieux avec les règles anciennes adaptées à notre époque ! Mais ceci, avec la certitude d'un savoir éprouvé.
Je crois (avec humilité) qu'il en est ainsi de tout savoir est connaissance : il faut un fondement, des fondations ; la superstructure doit être en adéquation avec la fondation ! sinon ça ne dure pas : ça s'use, ça e démode, ça tombe en ruines très vite, ou il faut démolir avant que ça nuise...
Hahnemann (et les continuateurs de son œuvre) nous ont légué un savoir inestimable : non pas un
dogme qui tenterait de répondre à tout de façon robotisée ; mais nous héritons de lui d'une façon inestimable de réfléchir puis de comprendre (ce qui est à notre portée) et qui est
universel et intemporel. Alors ! ... Si on commençait par là ? Non pas tout "expliquer" avec des théories nouvelles, mais comprendre le monde d'aujourd'hui avec des schémas logiques et rationnels ("logique" et "rationnel" n'excluant pas la dimension immatérielle des choses, contrairement à ce que veulent nous faire croire les parangons de la "science" actuels). On est là exactement dans ce qu'illustre le proverbe d’Extrême-Orient (hélas un peu galvaudé) : "Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson" ...
Mon point de vue (personnel, mais je crois qu'il est raisonnable - au sens philo de "la raison") : Le Dr Reckeweg (et la question est celle d'un candide) a t-il tout compris de ce qu'avait à nous expliquer Hahnemann ? Commençons par comprendre la base ! SI je veux aller de Paris à Sébastopol, vais -je regarder les horaires de train depuis Budapest (à mi-chemin) ou depuis Paris ?
Avec les seuls enseignements d'Hahnemann, encore aujourd'hui (et pour le reste de la durée de vie de l'humanité, parce que l’œuvre d'Hahnemann si elle est étudiée avec intelligence est intemporelle et universelle) on a tout pour œuvrer." Œuvrer", c'est différent de "faire" !
Hahnemann reste (trop) méconnu. C'est la base ! Ne cédons pas à la tentation du "tout nouveau, tout beau". Le tout nouveau ne sera compréhensible que si l'on connait (et qu'on a éprouvé) nos classiques. Ils ont encore tant de choses à nous faire piger, à côté desquelles nous sommes passés ! (ceci dit, j'insiste : je ne connais pas le Dr Reckeweg ! à vous de faire votre
libre-arbitre)
Merci de m'avoir donné l'occasion de ce post ! A bientôt (si vous le voulez bien !), les amies et amis !
"Viens ! dans l’ouvert, ami ! (…) / (…) Et au regard ouvert est ouvert le lumineux" ("Komm! ins Offene, Freund! (...) / (...) Und dem offenen Blick offen der Leuchtende sein.")
Friedrich HÖLDERLIN