- 19 févr. 2015, 08:00
#39648
Et oui, c'était bien CINA!
Merci à ceux qui ont trouvé : Athelas, Jeannine, Mariline, Fred. Certains autres l’ont évoqué. Je commençais à douter de la pertinence de présentation du cas !
Jeannine a fait une excellente présentation de l’argumentation. Athelas vous a ensuite mâché le travail.
Voici les symptômes importants:
Toux/ éternuement avec
Capricieux
Désire être porté
Grincer dents pendant le sommeil
Si l’on tient absolument à répertoriser, avec ces symptômes, il ne vous reste plus que
Kali carb, cina, bell et sulfur. Si on enlève la valorisation relative, cina arrive en tête.
Vous pouvez ajouter la rubrique : haut le cœur avec la toux, ne restent guère que kali carb et cina, ou frapper chez les enfants : cham et cina
Mais à ce niveau là, mieux vaut aller rechercher dans la matière médicale de Hering.
Vous retrouverez le côté obstiné et contrariant sur un enfant gentil initialement, le côté pleurnicheur, le besoin de plein air, le prurit du nez, les terreurs nocturnes, l’aspect maladif avec les cernes, la toux aggravée le soir, coqueluchoïde et permanente.
J’aime beaucoup aussi la rubrique « aversion à être regardé », très utile chez les enfants en aigu, mais ici, ce n’était pas mentionné explicitement.
L’autre manière de procéder, celle utilisée par Mariline, simple et efficace : diagnostic d’oxyurose, donc cina comme remède de routine chez les enfants.
L’oxyurose selon les médecins, est à suspecter devant un enfant qui devient agité, présente un prurit anal vespéral, éventuellement vaginal chez la petite fille.
Ce tableau est très incomplet, et les femmes autrefois avaient l’habitude de vermifuger un enfant dès qu’il commençait à se tortiller de trop et se gratter le nez. Je dois mon premier cas de Cina à une jeune maman. Son enfant était terriblement agité, de plus en plus au fur et à mesure de mes consultations car j’échouais plusieurs fois. Le tableau évoquait un TDHA. La dernière consultation a été épique, il était devenu Zébulon sorti de sa boite, sautait de partout, touchait à tout, un véritable cauchemar. Sa maman était remarquable, je n’aurais pas pu tenir plus d’une heure avec ! Jusqu’à ce qu’elle me sorte : mais enfin, Docteur, il ne pourrait pas avoir les vers ? Et là, révélation ! Je me suis sentie bête… Il a eu droit à son globule de Cina M K directement dans la bouche, et s’est calmé instantanément. Incroyable.
Les douleurs piquantes de Louna(cas 2) ne sont pas un symptôme homéopathique en soi, mais révélatrices de l’oxyurose, et apparaissent cohérentes une fois qu’on a trouvé la clef.
CINA est un remède fréquent chez les enfants, on n’y pense pas assez souvent. Les Indiens le donnent très facilement, à juste titre, même si sulfur, spigelia, et silicea sont également très indiqués. (J’ajouterai bien psorinum)
Les diagnostics différentiels ont tous été évoqués
Chamomilla
Sulfur
Belladonna
Carcinosin, Stramonium et Kali carb sont pour la bonne bouche. Tuberculinum, Arsenicum et Hyosciamus se discutent aussi.
Kali carb est beaucoup trop calme et posé pour ressembler à un enfant cina.
Chamomilla est le gros diagnostic différentiel de Cina : remède d’enfant pénible, capricieux, voulant être porté, pleurnicheur. Mais il ne grince pas des dents pendant le sommeil, et n’a pas ces terreurs nocturnes. Dans les 2 cas, ce sont des enfants dont on a envie de se débarrasser le plus vite possible quand ce ne sont pas les nôtres !
Sulfur a été donné à Louna et Jonas quelques heures avant la majoration de la crise, les symptômes étaient parfaitement nets ensuite….Ce remède se donne très facilement chez les enfants, Hahnemann le conseille en routine pour les femmes enceintes, afin d’améliorer la psore. Un enfant jovial, aux pommettes rouges, glouton pour son biberon ou gros mangeur, pour peu qu’il ait tendance à enlever ses chaussures dès qu’il le peut, est un sulfurien en puissance. En l’occurrence les olives et la charcuterie chez Louna appelaient sulfur de prime abord. Mais sulfur est beaucoup plus facile à vivre et indépendant.
Stramonium avait été donné par une autre homéopathe à Louna, à cause des terreurs nocturnes. Sans effet. Stramonium aurait plus de violence dans ses caprices.
Carcinosin avait été évoqué pour Louna, à cause des olives justement, et du côté petite poupée. Mais carcinosin n’est pas un médicament de parasitose, et n’a pas la réputation d’être pénible.
Belladonna est l’autre gros diagnostic différentiel. Mais belladonna ne couvre pas la verminose. Il se met les doigts dans le nez comme cina.
Les 3 en ont bénéficié avant avec des résultats partiels, ou dans d’autres situations. Le 3ème tombait malade quand il avait les cheveux mouillés pourtant.
Le trio des solanacées stram, bell et leur ami hyos est en tête pour les enfants présentant un TDHA. A cause de l’agitation et des terreurs nocturnes notamment, le grincement de dents. J’espère que les neurologues recherchent une éventuelle oxyurose avant de mettre les gamins sous ritaline, mais c’est peut être trop vulgaire pour eux!
Pour tuberculinum, il aurait fallu d’autres symptômes. (Au passage, ce n’est pas rare de voir des enfants dévorer de la charcuterie, tuberculiniques et psoriques, même combat !) Les enfants tub sont pénibles, mais ils ne réclament pas les bras et sont beaucoup plus autonomes.
Arsenicum a la peur d’être seul, les terreurs nocturnes, mais il est plus anxieux qu’agité/énervé.
On pouvait également se faire avoir avec pulsatilla, notamment pour le 3eme, si l’on ne tenait pas compte du discours de la maman. Enfant doux, gentil, pleurnicheur, se lovant dans les bras de sa mère. En regardant bien, les enfants cina ne recherchent pas tant les câlins qu’être au milieu des bras, même quand ils ne sont pas portés, comme s’ils voulaient être enveloppés.
Les pièges :
1. « Les vers c’est d’une autre période, c’est sale, c’est sous d’autres latitudes, donc mon enfant ne peut pas avoir les vers. »
C’est l’histoire du petit bout de lard d’Athelas ! Dans la campagne, la tradition était d’approcher un petit bout de lard pour en faire le diagnostic et éliminer le plus de vers possible. Plus tard, les fratries d’une famille étaient vermifugées régulièrement, besoin ou pas, et c’était un diagnostic réflexe face à un enfant pénible.
Aujourd’hui avec la civilisation, les vers ont disparu de notre imaginaire, et donc de notre réalité. Pourtant, plus d’une mère pourrait utiliser avec profit le cina au lieu du Fluvermal si besoin.
D’autre part, certains tableaux sont abâtardis : les vers sont là, mais le prurit est minime, ou il n’y a plus de vers, car l’enfant a été vermifugé, mais les symptômes persistent.
2. « Je suis un parent bienveillant, donc je ne veux pas blesser mon enfant en le critiquant. »
C’est difficile pour certains parents d’avouer qu’ils n’en peuvent plus face à leurs enfants, ils ont peur d’être de mauvais parents. Certains grands parents adorent porter leurs petits enfants, donc un petit enfant demandant les bras, c’est le bonheur suprême.
A contrario, imaginez : l’une des mères des cas était la seule à se plaindre de son enfant, et cette mère a besoin de sepia…Faire la part des choses est une démarche subtile !
3. « Sans prurit, je ne donne pas cina. » C’est pour cela que j’ai ajouté le 3eme cas, avec une symptomatologie extrêmement fruste. C’est un remède d’enfants, en particulier pénibles, il n’y a pas grand risque à donner cina.
Pour info, cina avait été donné à Jonas un an auparavant, sans succès selon les parents. En fait, il était déjà bien indiqué. Il continue de s’améliorer avec cina XM actuellement.