- 21 janv. 2021, 15:33
#65634
Est-ce l'enjeu du XXIÈME siècle?
Un jeune médecin, le Docteur Louis Fouché, s'est fait connaître en 2020. Sa vision de la santé et de la maladie va à rebours du sens commun.
Je vous souhaite donc une bonne santé en 2021 avec la retranscription d'un extrait vidéo, puis d'un commentaire.
**début de l'extrait**
Santé et maladie
----
Docteur Louis Fouché
Extrait de la vidéo youtube "Louis Fouché / Alex Ferrini & Elfi / Thierry Casasnovas : Politique de santé ou de maladie ?" https://youtu.be/zYvUL8KG8eg#t=4716s (début à 1h18'36")
13 décembre 2020
Dans notre monde moderne, la connaissance, c'est une connaissance de la tête, alors qu'il y a une grosse partie qui est dans le coeur et dans les tripes. Pour moi, il y a une idée d'expérience et d'expérimentation. Une phrase qui guide un peu ma vie c'est: "Le présent est la porte, la pratique est la clé." Si tu expliques le yoga à quelqu'un, tu peux lui expliquer pendant des heures ce qu'est le pranayama, ce qu'il devrait ressentir, mais au fond, c'est expérimental: "Fais-le! Tais-toi et vois ce qui se passe". Il y a cette idée de sortir d'un modèle théorique de la santé pour revenir à un modèle beaucoup plus ressenti et vécu de ce que c'est d'être dans une santé positive et pas seulement négative. Il y a eu un virage en psychologie et en psychiatrie: on ne parlait que des facteurs de risque d'être suicidaire ou skyzophrène, puis des gens ont dit: "et s'il y avait des facteurs de risque d'être en bonne santé psycho-affective?" C'est la naissance de la psychologie positive. C'est intéressant parce que ces facteurs de risque ne sont pas en miroir de ceux pour être malade.
Il y a plein d'autres choses qui ne sont pas explorées dans le système complexe qui fait qu'on est en bonne santé. Il faudrait sortir de l'idée de la maladie et d'aller vers l'idée qu'on est bien et de maintenir ça: cette idée d'être en bon thermostat avec le monde, d'être en lien avec le monde. Une notion qui fait partie de la santé, rarement évoquée, est la notion de joie. L'idée d'être joyeux et d'avoir cet élan créateur, quand c'est émoussé, je ne suis pas en santé. Quand il y a moins de joie, que je ne suis plus capable de rire. J'ai toujours l'espoir que la crise du Covid se résolve dans un grand éclat de rire!
Spinoza parle de la joie comme bonne unité de mesure. Cela me suggère qu'on a un problème sur ce qu'on mesure en médecine. Quels sont les paramètres que l'on regarde? On va regarder la tension artérielle, la quantité de virus, les enzymes du foie, les enzymes du coeur, etc. En fait, on a du mal à mesurer d'une manière plus large. Est-ce que ça sert à avoir plus de joie tout ça ou non? On peut tirer longtemps sur les gens à jouer sur les organes, mais sans jamais augmenter la joie. Au contraire, on crée des gens de plus en plus malades, de plus en plus dépendants, de plus en plus immuno-deprimés.
Il y a une courbe, avec en abscisse, les investissements de santé; en ordonnée la santé au sens de l'OMS de 0 à 100%. Au départ, ça s'améliore (tu as fait des centres de santé pour les femmes enceintes, les enfants, la malnutrition etc.), puis ça se met à stagner. Et puis après, il y a un deuxième point d'inflexion: si tu mets encore plus d'argent, la santé se dégrade parce que tu vas créer de plus en plus de gens qui sont malades chroniquement. Aux Etats-Unis, vous entendez cette statistique que la moitié des enfants de moins de 5 ans sont en maladie chronique. Il ne faudrait pas suivre leur chemin!
La maladie, c'est une occasion qui est donnée, comme toutes les crises à mon sens, pour remettre sur la table ce qui a conduit à cette maladie. Je n'ai plus l'impression qu'il y ait une cause des causes. C'est plus une version yogique ou bouddhique que, ce qui va m'arriver, c'est le précipité de tout ce qu'il y a autour. Un moine qui a popularisé la méditation en pleine conscience en Occident écrit dans un de ses livres: "Il n'y a pas de soi séparé, c'est une illusion. Ce que tu es à cet instant là est tout ce qui te relie à tout le reste". Et donc, chercher une cause qui permettrait que ça se transforme complètement, je ne suis pas sûr que cela puisse arriver. Je ne suis pas sûr même qu'il faille la trouver. C'est pas très grave: il faut modifier suffisamment de choses autour de toi, ou les laisser se modifier, ou modifier l'interaction avec ces choses, pour te permettre d'être en santé.
La maladie, pour moi, c'est quand il commence à y avoir trop de choses autour de toi qui cherchent à détruire ton individuation. La façon dont tu étais manifesté dans le monde (ce que j'appelle l'individuation) n'étant plus propice dans les relations qu'elle a tout autour, tout concourt à faire s'effacer la manifestation telle qu'elle est. Ça veut dire qu'il faut accepter que ton individuation doit se changer. Parce que si tu veux redevenir pareil, tu vas être en lutte avec toutes ces forces qui agissent pour que tu te transformes.
La maladie, c'est le moment de tension maximale qui fait basculer l'équilibre d'individuation. Le monde cherche à te faire devenir autre chose que ce que tu étais. Pour le meilleur! C'est pas négatif. C'est négatif dans le sens où il va te falloir abandonner un certain nombre de tes croyances, attachements, relations. Mais au fond, si tu creuses...
C'est une vision philosophique. En médecine, je continue à chercher une cause, une maladie, et puis un traitement, mais c'est une vision un peu limitative. Il y a une sorte de grand écart.
J'avais assisté à une conférence de sociologie au Collège de France il y a une dizaine d'années et c'était un professeur d'économie de la santé qui parlait,au nom de la Haute Autorité de Santé. La Haute Autorité de Santé, c'est elle qui nous dit ce qu'on doit faire. Elle est haute et autoritaire! Elle nous dicte la pratique, basée sur l' "evidence based medecine" (la médecine basée sur les preuves), la fabrique du savoir. La première phrase de son topo: "Nous sommes là pour liquider le modèle artisanal de la médecine". Sous entendu, nous sommes là pour mettre en place un système industrialisé, évalué et normé de production et de consommation de biens et services de soins. C'est le mandat de la médecine allopathique actuellement. On est dans le "process".
Mais ce "process" change en permanence. Il va plus vite que toi. C'est le principe même de ce qu'on appelle la disruption. Comme Charlie Chaplin dans "Les temps modernes" qui court après les boulons sur la chaîne de montage, les soignants sont toujours en retard. Parce que ce n'est pas eux qui fabrique le savoir, ce n'est pas eux qui décide de ce qu'ils font. Ils sont là pour appliquer un protocole. La médecine s'est complètement protocolisée à tel point qu'on cherche des robots plutôt que les humains qui font des erreurs. Chaque année, il y a une réunion à Chamonix: le CHAM (Convention on Health Analysis and Management); petits fours et Champagne avec les ministres (Santé, Finances, Transition numérique) et les investisseurs. Eux décident pour toi du futur. Il y a très peu de médecins. Toutes les vidéos sont en ligne (voir canalcham.fr ou chaîne Youtube: "CHAM Convention on Health Analysis and Management"). L'idée est d'accélérer le virage numérique. On a des gens qui sont dans un délire technique irréaliste. Pour une petite fraction de l'humanité. Mais les happy fews qui en bénéficieront continueront de souffrir et d'être malheureux.
**Fin de l'extrait**
Commentaire :
Ce n'est pas sans rapport avec cet extrait, j'ai pratiqué récemment un peu de méditation et cela a bien secoué mes croyances.
"Tu es le sans forme qui prend la forme de toute la manifestation". Une clé pour la perception directe: ne pas faire référence à la mémoire, se placer simplement ici et maintenant. Ainsi réaliser que l'on est ce que l'on perçoit (par les sens, les émotions, les pensées).
Une conséquence est de distinguer souffrance et douleur. Quand cette dernière survient, je m'en impreigne, le temps qu'elle passe. Souffrir, c'est refuser ce qui est là ici et maintenant; le corps se contracte (sinon, remarquez comme il se détend).
Le moi est une illusion (des pensées qui passent et semblent bien ancrées). On peut donc vivre sans s'approprier l'expérience: " c'est MA famille, MON histoire" devient "c'est UNE famille, UNE histoire": moins angoissant!
*****
Note: le Docteur Fouché, médecin anesthésiste, est un praticien de l'hypnose pour les patients au bloc.
Un jeune médecin, le Docteur Louis Fouché, s'est fait connaître en 2020. Sa vision de la santé et de la maladie va à rebours du sens commun.
Je vous souhaite donc une bonne santé en 2021 avec la retranscription d'un extrait vidéo, puis d'un commentaire.
**début de l'extrait**
Santé et maladie
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Docteur Louis Fouché
Extrait de la vidéo youtube "Louis Fouché / Alex Ferrini & Elfi / Thierry Casasnovas : Politique de santé ou de maladie ?" https://youtu.be/zYvUL8KG8eg#t=4716s (début à 1h18'36")
13 décembre 2020
Dans notre monde moderne, la connaissance, c'est une connaissance de la tête, alors qu'il y a une grosse partie qui est dans le coeur et dans les tripes. Pour moi, il y a une idée d'expérience et d'expérimentation. Une phrase qui guide un peu ma vie c'est: "Le présent est la porte, la pratique est la clé." Si tu expliques le yoga à quelqu'un, tu peux lui expliquer pendant des heures ce qu'est le pranayama, ce qu'il devrait ressentir, mais au fond, c'est expérimental: "Fais-le! Tais-toi et vois ce qui se passe". Il y a cette idée de sortir d'un modèle théorique de la santé pour revenir à un modèle beaucoup plus ressenti et vécu de ce que c'est d'être dans une santé positive et pas seulement négative. Il y a eu un virage en psychologie et en psychiatrie: on ne parlait que des facteurs de risque d'être suicidaire ou skyzophrène, puis des gens ont dit: "et s'il y avait des facteurs de risque d'être en bonne santé psycho-affective?" C'est la naissance de la psychologie positive. C'est intéressant parce que ces facteurs de risque ne sont pas en miroir de ceux pour être malade.
Il y a plein d'autres choses qui ne sont pas explorées dans le système complexe qui fait qu'on est en bonne santé. Il faudrait sortir de l'idée de la maladie et d'aller vers l'idée qu'on est bien et de maintenir ça: cette idée d'être en bon thermostat avec le monde, d'être en lien avec le monde. Une notion qui fait partie de la santé, rarement évoquée, est la notion de joie. L'idée d'être joyeux et d'avoir cet élan créateur, quand c'est émoussé, je ne suis pas en santé. Quand il y a moins de joie, que je ne suis plus capable de rire. J'ai toujours l'espoir que la crise du Covid se résolve dans un grand éclat de rire!
Spinoza parle de la joie comme bonne unité de mesure. Cela me suggère qu'on a un problème sur ce qu'on mesure en médecine. Quels sont les paramètres que l'on regarde? On va regarder la tension artérielle, la quantité de virus, les enzymes du foie, les enzymes du coeur, etc. En fait, on a du mal à mesurer d'une manière plus large. Est-ce que ça sert à avoir plus de joie tout ça ou non? On peut tirer longtemps sur les gens à jouer sur les organes, mais sans jamais augmenter la joie. Au contraire, on crée des gens de plus en plus malades, de plus en plus dépendants, de plus en plus immuno-deprimés.
Il y a une courbe, avec en abscisse, les investissements de santé; en ordonnée la santé au sens de l'OMS de 0 à 100%. Au départ, ça s'améliore (tu as fait des centres de santé pour les femmes enceintes, les enfants, la malnutrition etc.), puis ça se met à stagner. Et puis après, il y a un deuxième point d'inflexion: si tu mets encore plus d'argent, la santé se dégrade parce que tu vas créer de plus en plus de gens qui sont malades chroniquement. Aux Etats-Unis, vous entendez cette statistique que la moitié des enfants de moins de 5 ans sont en maladie chronique. Il ne faudrait pas suivre leur chemin!
La maladie, c'est une occasion qui est donnée, comme toutes les crises à mon sens, pour remettre sur la table ce qui a conduit à cette maladie. Je n'ai plus l'impression qu'il y ait une cause des causes. C'est plus une version yogique ou bouddhique que, ce qui va m'arriver, c'est le précipité de tout ce qu'il y a autour. Un moine qui a popularisé la méditation en pleine conscience en Occident écrit dans un de ses livres: "Il n'y a pas de soi séparé, c'est une illusion. Ce que tu es à cet instant là est tout ce qui te relie à tout le reste". Et donc, chercher une cause qui permettrait que ça se transforme complètement, je ne suis pas sûr que cela puisse arriver. Je ne suis pas sûr même qu'il faille la trouver. C'est pas très grave: il faut modifier suffisamment de choses autour de toi, ou les laisser se modifier, ou modifier l'interaction avec ces choses, pour te permettre d'être en santé.
La maladie, pour moi, c'est quand il commence à y avoir trop de choses autour de toi qui cherchent à détruire ton individuation. La façon dont tu étais manifesté dans le monde (ce que j'appelle l'individuation) n'étant plus propice dans les relations qu'elle a tout autour, tout concourt à faire s'effacer la manifestation telle qu'elle est. Ça veut dire qu'il faut accepter que ton individuation doit se changer. Parce que si tu veux redevenir pareil, tu vas être en lutte avec toutes ces forces qui agissent pour que tu te transformes.
La maladie, c'est le moment de tension maximale qui fait basculer l'équilibre d'individuation. Le monde cherche à te faire devenir autre chose que ce que tu étais. Pour le meilleur! C'est pas négatif. C'est négatif dans le sens où il va te falloir abandonner un certain nombre de tes croyances, attachements, relations. Mais au fond, si tu creuses...
C'est une vision philosophique. En médecine, je continue à chercher une cause, une maladie, et puis un traitement, mais c'est une vision un peu limitative. Il y a une sorte de grand écart.
J'avais assisté à une conférence de sociologie au Collège de France il y a une dizaine d'années et c'était un professeur d'économie de la santé qui parlait,au nom de la Haute Autorité de Santé. La Haute Autorité de Santé, c'est elle qui nous dit ce qu'on doit faire. Elle est haute et autoritaire! Elle nous dicte la pratique, basée sur l' "evidence based medecine" (la médecine basée sur les preuves), la fabrique du savoir. La première phrase de son topo: "Nous sommes là pour liquider le modèle artisanal de la médecine". Sous entendu, nous sommes là pour mettre en place un système industrialisé, évalué et normé de production et de consommation de biens et services de soins. C'est le mandat de la médecine allopathique actuellement. On est dans le "process".
Mais ce "process" change en permanence. Il va plus vite que toi. C'est le principe même de ce qu'on appelle la disruption. Comme Charlie Chaplin dans "Les temps modernes" qui court après les boulons sur la chaîne de montage, les soignants sont toujours en retard. Parce que ce n'est pas eux qui fabrique le savoir, ce n'est pas eux qui décide de ce qu'ils font. Ils sont là pour appliquer un protocole. La médecine s'est complètement protocolisée à tel point qu'on cherche des robots plutôt que les humains qui font des erreurs. Chaque année, il y a une réunion à Chamonix: le CHAM (Convention on Health Analysis and Management); petits fours et Champagne avec les ministres (Santé, Finances, Transition numérique) et les investisseurs. Eux décident pour toi du futur. Il y a très peu de médecins. Toutes les vidéos sont en ligne (voir canalcham.fr ou chaîne Youtube: "CHAM Convention on Health Analysis and Management"). L'idée est d'accélérer le virage numérique. On a des gens qui sont dans un délire technique irréaliste. Pour une petite fraction de l'humanité. Mais les happy fews qui en bénéficieront continueront de souffrir et d'être malheureux.
**Fin de l'extrait**
Commentaire :
Ce n'est pas sans rapport avec cet extrait, j'ai pratiqué récemment un peu de méditation et cela a bien secoué mes croyances.
"Tu es le sans forme qui prend la forme de toute la manifestation". Une clé pour la perception directe: ne pas faire référence à la mémoire, se placer simplement ici et maintenant. Ainsi réaliser que l'on est ce que l'on perçoit (par les sens, les émotions, les pensées).
Une conséquence est de distinguer souffrance et douleur. Quand cette dernière survient, je m'en impreigne, le temps qu'elle passe. Souffrir, c'est refuser ce qui est là ici et maintenant; le corps se contracte (sinon, remarquez comme il se détend).
Le moi est une illusion (des pensées qui passent et semblent bien ancrées). On peut donc vivre sans s'approprier l'expérience: " c'est MA famille, MON histoire" devient "c'est UNE famille, UNE histoire": moins angoissant!
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Note: le Docteur Fouché, médecin anesthésiste, est un praticien de l'hypnose pour les patients au bloc.