- 01 janv. 2019, 21:01
#57903
Le texte suivant, écrit par Hering, a été traduit en français pour paraître en pages 296 à 308 du tome premier de la Bibliothèque homœopathique. Cette revue (« publiée à Genève par une société de médecins ») fut la première revue homéopathique publiée en langue française en 1832. Sous l’impulsion de Dufresne et Peschier et grâce à la qualité de ses articles elle eut un fort retentissement pour le développement de l’homéopathie en Europe. Pour donner un repère chronologique la traduction française de la quatrième édition de l’Organon paraît la même année. Hahnemann publie son cinquième Organon l’année suivante.
https://books.google.fr/books?id=O3V1iWQvl3cC
(PDF p. 301-313)
Ce n’est pas souvent qu’on lit directement Hering en français, et même en anglais ou en allemand d’ailleurs. La rigueur et l’exigence du professeur émanent du début jusqu’à la fin, vis à vis de l’élève qui débute, du praticien confirmé en charge de guérir son patient d’une maladie chronique, et vis à vis du malade lui-même. Le premier paragraphe est une courte introduction au texte de Hering par la rédaction de la revue. J’ai laissé tels quels les quelques emplois vieillis de la traduction française.
DE LA METHODE A SUIVRE POUR TRACER LE TABLEAU DES MALADIES
Fragment d'un cours sur l'homœopathie, par le Docteur Constantin Hering, correspondant de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie.
(Archiv. f. d. homœop. Heilk. t. XI, cah. 3.)
Le docteur Hering s'est placé au premier rang des médecins homœopathistes (*) par ses travaux sur la lèpre, ainsi que par ses expériences sur le venin des serpents, observations infiniment curieuses, et que nous ferons bientôt connaître. Le premier, il a transporté l'homœopathie dans le nouveau monde ; et pendant un séjour de plusieurs années à Paramaribo et à Surinam, il a éprouvé et reconnu l'efficacité des remèdes de la classe des antipsoriques contre la lèpre, cette maladie monstrueuse qui, jusqu'à présent, avait bravé tous les efforts de l'art. C'est là encore une belle et grande victoire remportée par la nouvelle doctrine, une preuve imposante de la vérité de ses principes. La science a beaucoup à attendre des travaux du docteur Hering. Tout ce qu'il a écrit et publié jusqu'à présent porte le cachet d'un esprit tout à la fois fin et profond, d'un penseur original et d'un excellent observateur. Chez aucun des disciples de Hahnemann, le véritable esprit de l'homœopathie ne se montre sous des formes plus pures et plus philosophiques que chez lui, et nous croyons qu'il contribuera puissamment à la réforme de la médecine. Le fragment suivant, moins important que bien d’autres, nous a paru devoir être utile à ceux qui commencent à s'occuper d'homœopathie, et c'est pour cela que nous le choisissons de préférence, comme répondant mieux au but de notre journal. Nous reviendrons plus tard avec détail sur les autres publications du Dr Hering.
Le premier pas à faire pour le traitement, c'est de tracer le tableau de la maladie. Les règles données par Hahnemann, à cet égard, sont admirables, aussi concises que neuves et solides. Que l'on compare tout ce qui a été dit antérieurement sur l'examen des malades, et l'on reconnaîtra la supériorité incontestable de la nouvelle méthode sous ce rapport. C'est d'après les relations de maladies de la plupart des médecins de l'ancienne école, et même de ceux qui veulent nous imiter à cet égard, que l'on peut le mieux juger tout ce qu'exige de talent, de connaissances, de pratique, un examen de malade fait dans le véritable esprit de Hahnemann. La difficulté de la chose apparaît aussi par les rapports provenant de malades pleins d'instruction, et guidés outre cela par des directions particulières ; elle se montre encore par le travail de ceux qui débutent en homœopathie, et qui éprouvent des obstacles inattendus, même avec tout le zèle possible.
Ce qu'il y a d'abord de neuf et de spécial dans la méthode de Hahnemann, c'est d'écouter le malade. On devrait croire à première vue que cela s'est toujours fait ainsi, et cependant rien n'a été plus rare depuis Hippocrate ; on l'a fait du moins sans y attacher d'importance. Le plus grand nombre des médecins ont été, et sont encore, comme le juge qui prononce avant d'avoir entendu. Si quelques-uns, çà et là, ont suivi la règle, c'est qu'ordinairement ils se trouvaient avoir devant eux quelque cas embarrassant dont ils ne savaient que faire. Ils appelaient hystérie et hypocondrie tout ce qui leur semblait trop singulier, et ils n'avaient presque point égard à ce qu'ils regardaient comme des imaginations du malade. D'ailleurs, les tableaux de maladie les mieux tracés n'auraient après tout servi à rien, puisqu'on ne savait trop qu'en faire. On s'en tenait à la portion de la maladie la plus palpable, la plus grossière ; mais en revanche, on ne se faisait pas faute (**) d'hypothèses fort subtiles. Aucun médecin, pas un seul, ne s'est avisé de considérer le malade dans la totalité de son existence, avec toutes ses aberrations de l'état de santé normale ; aucun n'a regardé les accidents morbides divers comme formant un ensemble et un ensemble déterminé. Comment s'étonner après cela qu'aucun médecin n'ait reconnu le droit du malade d'être entendu sur tout ce qu'il doit savoir mieux que personne, sans que l'interrogateur vienne mêler à cet examen les théories et la sagesse de l’école ?
Il est très important d'écouter le malade sans l'interrompre, et cela non-seulement au début, mais jusqu'à la fin. L'image de la maladie perd toujours en netteté lorsque le médecin interroge trop tôt, ou mêle ses propres observations au récit du patient. Beaucoup de malades, il est vrai, ne savent pas dire grand-chose, et il faut bien dans ce cas venir à leur aide par quelques questions. L'essentiel alors, c'est, tout en les faisant cheminer dans leur récit, de n'en point troubler la marche naturelle, et de les observer dans toutes leurs révélations spontanées sur la maladie. C'est ainsi seulement, et en se bornant au rôle de fidèle observateur, que nous verrons le malade dans toute son individualité. Il n'est pas rare que le médecin homœopathiste apprenne des choses très importantes en se trouvant avec son malade en société, ou en causant d'objets tout différents.
Pendant l'examen, aussi bien qu'à chaque visite, le médecin doit toujours avoir son carnet à la main. La seconde règle donnée par Hahnemann est de tout écrire, et cela de préférence avec les expressions même du malade. Il est possible, il est vrai, de faire une série de visites sans rien écrire, et lorsqu'on est revenu chez soi, de noter quelques observations sur chaque malade. Mais c'est en vain que l'on cherchera à retenir ces détails de nuances qui contribuent le plus à une caractéristique achevée jusque dans ses traits les plus fins. Même pour un seul malade, on n'écrira jamais une heure après ce que l'on aurait écrit tout de suite, et les notes prises après coup seront toujours les moins utiles. Un homme doué d'une mémoire extraordinaire pourrait bien peut-être se souvenir mot pour mot de ce que chaque malade aurait dit, mais il faudrait outre cela qu'il eût arrêté son attention sur chaque cas, et qu'il se rappelât ses observations particulières pendant chaque examen. Or, c'est là un tour de force inexécutable pour la plupart des hommes. Le système des notes écrites devient d'ailleurs indispensable pour tirer parti à l'avenir des observations faites pendant le traitement. Quelque brillante que soit donc la mémoire, elle ne saurait jamais remplacer les notes écrites ; et d'ailleurs n'a-t-elle pas un champ d'exercice assez vaste dans la classification des symptômes thérapeutiques d'après leurs caractères distinctifs ?
Le médecin homœopathiste doit surtout écrire, parce qu'il lui importe de saisir les nuances les plus délicates, et de prendre en considération tous les faits de la maladie, sans exception aucune. Celui qui croit pouvoir s'en passer ressemble à un dessinateur qui travaillerait de souvenir. Prenez le peintre de fleurs le plus exercé, et présentez-lui quelque plante nouvelle qu'il dessinera après l'examen le plus soigné, mais sans l'avoir sous les yeux. L'image n'en sera sûrement pas bien fidèle. Il en est de même des maladies. Le dessinateur aura toujours un penchant à idéaliser la plante qu'il reproduira de souvenir : il en sera de même des médecins, et leurs tableaux de maladies auront à peine quelque valeur pour les cas les plus communs et les plus journaliers. Ce que nous voulons, ce que nous devons vouloir, ce sont des copies scrupuleusement exactes. Un dessinateur pourra-t-il, après s'être promené dans une serre, prendre ses crayons et retracer, à la satisfaction d'un botaniste, les formes caractéristiques de vingt ou trente plantes qu'il aurait vues ? Or le médecin se trouverait dans le même cas après sa série de visites quotidiennes, eût-il même tous ses malades réunis dans un hôpital. Il faut, dans tous les cas, non seulement écrire, mais écrire à l'instant même. Un médecin léger et superficiel, et un tel ne fera jamais rien en homœopathie, peut seul en appeler à sa mémoire pour se dispenser de ce petit travail. Il est même de notre devoir d'avertir les malades en général que ne point écrire pendant l'examen est une négligence qui doit paraître suspecte, même chez le génie le plus brillant. Les cas d'exception sont en fort petit nombre ; ce sont ceux de danger extrême et pressant, d'épidémies générales, de petits maux sans importance, etc.
Le médecin le plus exercé ne saurait à la fois apporter toute l'attention nécessaire à l'exploration des détails, et réfléchir sur l'ensemble de la maladie : même quand on se traite soi-même, il devient nécessaire de noter les faits de détail, pour pouvoir saisir l'ensemble d'un seul coup d'œil. Et enfin, là où il faut, comme dans les maladies chroniques, revenir en arrière sur un traitement prolongé quelquefois pendant plus d'une année, une mémoire même prodigieuse serait à coup sûr insuffisante.
Nous nous sommes arrêtés à dessein à ces considérations, parce qu'un grand nombre de médecins, qui de l'ancienne école passent à la nouvelle, éprouvent une sorte de honte de nous imiter en cela, et que cet exemple pourrait être pernicieux pour les jeunes praticiens. Quelques-uns craignent de se rendre ridicules, en ayant sans cesse leur carnet à la main. Qu'ils se contentent donc d'écrire bien proprement quelque ordonnance ; cela ne donne pas autant de peine, et n'est point encore devenu un texte de plaisanterie.
Les notes que le médecin prend pendant le récit du malade, ne sont encore qu'une esquisse qu'il faut compléter. Il y manque tous les traits plus délicats, et la plupart des détails que le malade ne sait pas indiquer de lui-même. Il faut disposer le brouillon en conséquence, laisser entre chaque symptôme quelques lignes blanches, surtout si le malade fait des sauts de narration un peu brusques, ce qu'il ne faut pas lui interdire. On peut se servir aussi de feuilles doubles, et se ménager le verso pour les additions. C'est maintenant que commence l'examen proprement dit. Toutes les questions faites jusqu'alors ne devaient avoir pour but que de faire cheminer le récit ; il s'agit maintenant de compléter celui-ci, sans s'embarrasser encore de l'importance plus ou moins grande à attacher à telle ou telle fonction, à tel ou tel organe.
Chaque symptôme en particulier reçoit toutes les additions nécessaires pour le bien caractériser. On s'enquiert avec soin du lieu et de la nature spéciale de la sensation, de ses rapports avec l'ensemble de la vie organique, des circonstances de temps, de mouvement, de repos, de sommeil, etc., qui peuvent exercer quelque influence à cet égard. Il faut sans cesse avoir tous ces rapports divers présents à l'esprit. La difficulté en ceci, c'est d'interroger le malade sans lui suggérer les réponses. L'art de l'homme de loi, dans un interrogatoire, consiste à poser des questions de manière à provoquer les aveux du coupable ; le médecin, tout au contraire, doit s'efforcer de ne rien déterminer par son mode d'interrogation, et de faire arriver le patient, par des questions toutes générales, à caractériser lui-même les faits particuliers. Cela exige bien quelque travail de la part du malade, qui est souvent peu accoutumé à s'observer lui-même. Les malades qui souffrent d'affections chroniques arrivent quelquefois, pendant un traitement prolongé, à une grande habitude d'observation ; ils facilitent alors infiniment la tâche du médecin, et leur traitement offre le plus de chance de succès. Mais, chez le plus grand nombre, le médecin doit interroger de manière à faire sentir clairement et exprimer de même, au patient, tout ce qui se passe réellement dans la sphère de sa conscience.
On ne saurait assez rappeler combien l'art d'interroger est difficile, et quelle importance il faut y attacher. Il est si commode, il est si tentatif d'amener par une question bien déterminée une réponse également précise, et cela surtout quand le malade répond d'une manière vague et générale à une demande qui ne lui suggère rien, et lorsqu'il est si facile d'abréger en posant la question d'une certaine manière. C'est précisément parce que le procédé est commode qu'il faut s'en défier. Il faut bien viser à nous rendre facile ce qui d'abord nous offre le plus de difficultés, mais il ne faut pas dès le commencement nous faire la besogne trop aisée. C'est non-seulement par l'imperfection des tableaux de maladies, mais encore, plus tard, chez les malades eux-mêmes, que l'on voit la fâcheuse influence d'un mode d'interrogation qui tend à suggérer les réponses. Le devoir du médecin est d'exercer son malade à s'observer lui-même avec attention ; et jamais il ne doit imprimer aux réflexions du patient une direction plus ou moins fausse, par cela seul qu'elle lui vient du dehors. On peut beaucoup apprendre de Socrate sous ce rapport, et l'étude de Platon est aussi importante pour nous que celle d'Hippocrate. Le praticien qui débute se gâte infailliblement s'il ne s'observe pas avec soin cet égard. Il doit s'attendre à n'avoir jamais que des tableaux de maladies faux et mensongers. Qu'il s'attache donc dès le début à mettre la plus grande attention à son mode d'examen, et que, dans ce but, il interroge vingt ou trente malades avec tout le soin possible, pour bien se rendre compte, et de la difficulté de la chose, et des défauts contre lesquels il lui importe de se tenir en garde.
Quand les symptômes particuliers sont complets en eux-mêmes, et ont reçu toute la précision nécessaire, il faut achever le tableau de la maladie, en allant aux informations sur toutes les fonctions ou tous les organes dont il n'a point encore été question. Aucune fonction principale ne doit être négligée, bien que, suivant la nature du cas, l'une puisse paraître plus importante que les autres. Quant à ce qui concerne les fonctions sexuelles, on peut, dans bien des cas, chez les femmes presque toujours, les passer sous silence ; mais on ne doit jamais, chez ces dernières, négliger ce qui a rapport à la menstruation. Chez les hommes, où les mêmes motifs de retenue n'existent pas, l'état des fonctions sexuelles aura toujours de l’importance. A-t-on négligé dans l’origine de faire les questions nécessaires sous ce rapport, il ne faut pas tarder à compléter l'examen à la première occasion. Que l'on ne se contente point, pour des questions de ce genre, d'une réponse vague, comme par exemple : cela va bien ; mais que l'on exige des détails plus précis. On découvre souvent alors des symptômes d'une haute importance, que le malade ne considérait point comme des accidents morbides, tels que : le mode d'expulsion et la qualité des urines, la nature des selles, les pollutions, les sueurs locales, etc., etc. Comme chaque médecin forme ses malades, sous ce rapport, dans la sphère de son influence, à mesure que l'homœopathie s'étendra, le public apprendra mieux à distinguer de l'état de santé normale les accidents morbides, et la physiologie gagnera indirectement, par la méthode de Hahnemann, tout autant que la pathologie a déjà gagné d'une manière directe.
Le tableau de la maladie, tracé comme nous l'avons dit, et tel que le médecin le rapporte chez lui, n'est encore qu'une grossière ébauche. Il comprend toutes les parties d'un ensemble, mais cet ensemble n'existe pas encore. La première chose à faire maintenant, c'est de coordonner ces matériaux. Le commençant doit aussi faire ce travail par écrit, jusqu'à ce qu'il ait acquis assez d'habitude pour se passer de ce secours. Dans des cas importants, difficiles, intéressants, il vaudra toujours mieux écrire. Quand il s'agit de maladies chroniques, le médecin le plus exercé doit, à chaque nouveau choix d'un remède, se rendre, par écrit un compte clair et méthodique de l'état de son malade. Quant à la coordination des symptômes, c'est là une question importante, sur laquelle nous reviendrons un jour avec détail. Voici à cet égard quelques considérations préliminaires.
L'homme est toujours malade tout entier, et toutes les aberrations dans ses fonctions vitales, tous les accidents de son organisme, se lient les uns aux autres d'une manière plus ou moins cachée. Mais dans chaque maladie, on voit prédominer les accidents d'un système d'organes, les aberrations d'une fonction particulière. C'est autour de ce point central qu'il faut réunir et coordonner les symptômes rassemblés pour former le tableau de la maladie. Il y aurait une grande ineptie à s'en tenir à des symptômes isolés, et à vouloir de même chercher leurs analogues un à un. Il importe donc de les disposer d'abord dans l'ordre de leur valeur. Nous verrons plus tard jusqu'à quel point les enseignements de la pathologie peuvent être utiles sous ce rapport. On choisira en premier lieu les symptômes qui se groupent autour du centre de la maladie, en s'attachant à ceux qui sont saillants et caractéristiques ; on fera suivre de plus loin les symptômes vagues, généraux, et de moindre importance.
Pour bien choisir le remède à appliquer, il faut non-seulement que la substance présente tous ces symptômes, ou du moins la plupart, dans le nombre de ses effets pathogénétiques, mais encore qu'elle les présente dans le même ordre, sous le rapport de leur importance. Les symptômes caractéristiques de la maladie doivent être aussi les symptômes caractéristiques du remède, et tous, pris isolément, doivent occuper le même rang dans le tableau de la maladie et dans la sphère d'action de la substance. C'est là ce qui donne une si grande importance à la disposition méthodique des symptômes morbides dans l'ordre de leur valeur. Quelque difficile que puisse paraître au premier coup d'œil une telle exigence, il est presque toujours possible d'y satisfaire, quoique le nombre des maladies soit infini, et celui des remèdes encore assez restreint. Dans chaque maladie en effet, il n'y a que peu de symptômes bien saillants et caractéristiques, tandis que chaque substance pathogénétique en renferme un grand nombre dans la sphère de son action.
Nous ne nous étendrons pas plus longtemps ici sur ces questions importantes qui exigeraient des développements particuliers. Il nous suffit, pour le moment, d'avoir indiqué comment le médecin homœopathiste doit s'y prendre pour obtenir de bons tableaux de maladies. Les préceptes donnés à cet égard peuvent se résumer en quatre mots : écouter, écrire, interroger, coordonner.
* Cet adjectif peut vous paraître étrange mais ce n’est pas spécialement une expression genevoise ou suisse. Le supplément au Dictionnaire de l’Académie française de 1842, consacré aux sciences, aux arts et à la technologie, indique bien en page 580 :
HOMŒOPATHISTE : Médecin qui traite ses malades d’après les règles de l’homœopathie.
Pour le terme « homœopathe » il indique « partisan du système de l’homœopathie ».
https://books.google.fr/books?id=VnlFAAAAcAAJ
Le précédent supplément daté de 1835 indiquait seulement :
HOMŒOPATHE : Partisan de l’homœopathie. – médecin qui suit le système homœopathique.
(p.437)
Avec donc les deux acceptions.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50855g
C’est dans ce premier supplément qu’apparaît pour la première fois dans un dictionnaire de langue française le mot « homœopathie » et ses dérivés.
Or Granier dans son Homœolexique paru en 1874 n’est pas du tout d’accord avec la définition et donc l’emploi du mot « homœopathiste ». Il écrit :
Homœopathiste : HOMŒOPATHISTE. Qui a rapport à l'homœopathie, qui est conforme à l'homœopathie. — Ne se dit que des choses et nullement des personnes ou des agents médicamenteux. Dites donc un journal, un almanach homœopathiste, mais ne dites pas un médecin, un médicament homœopathiste.
— On doit dire : doctrine homœopathiste.
La rigueur a bien des exigences …Quoi qu’il en soit c’est bien évidemment le terme « homéopathe » qui est resté en usage.
** syn. : ne pas se priver de
https://books.google.fr/books?id=O3V1iWQvl3cC
(PDF p. 301-313)
Ce n’est pas souvent qu’on lit directement Hering en français, et même en anglais ou en allemand d’ailleurs. La rigueur et l’exigence du professeur émanent du début jusqu’à la fin, vis à vis de l’élève qui débute, du praticien confirmé en charge de guérir son patient d’une maladie chronique, et vis à vis du malade lui-même. Le premier paragraphe est une courte introduction au texte de Hering par la rédaction de la revue. J’ai laissé tels quels les quelques emplois vieillis de la traduction française.
DE LA METHODE A SUIVRE POUR TRACER LE TABLEAU DES MALADIES
Fragment d'un cours sur l'homœopathie, par le Docteur Constantin Hering, correspondant de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie.
(Archiv. f. d. homœop. Heilk. t. XI, cah. 3.)
Le docteur Hering s'est placé au premier rang des médecins homœopathistes (*) par ses travaux sur la lèpre, ainsi que par ses expériences sur le venin des serpents, observations infiniment curieuses, et que nous ferons bientôt connaître. Le premier, il a transporté l'homœopathie dans le nouveau monde ; et pendant un séjour de plusieurs années à Paramaribo et à Surinam, il a éprouvé et reconnu l'efficacité des remèdes de la classe des antipsoriques contre la lèpre, cette maladie monstrueuse qui, jusqu'à présent, avait bravé tous les efforts de l'art. C'est là encore une belle et grande victoire remportée par la nouvelle doctrine, une preuve imposante de la vérité de ses principes. La science a beaucoup à attendre des travaux du docteur Hering. Tout ce qu'il a écrit et publié jusqu'à présent porte le cachet d'un esprit tout à la fois fin et profond, d'un penseur original et d'un excellent observateur. Chez aucun des disciples de Hahnemann, le véritable esprit de l'homœopathie ne se montre sous des formes plus pures et plus philosophiques que chez lui, et nous croyons qu'il contribuera puissamment à la réforme de la médecine. Le fragment suivant, moins important que bien d’autres, nous a paru devoir être utile à ceux qui commencent à s'occuper d'homœopathie, et c'est pour cela que nous le choisissons de préférence, comme répondant mieux au but de notre journal. Nous reviendrons plus tard avec détail sur les autres publications du Dr Hering.
Le premier pas à faire pour le traitement, c'est de tracer le tableau de la maladie. Les règles données par Hahnemann, à cet égard, sont admirables, aussi concises que neuves et solides. Que l'on compare tout ce qui a été dit antérieurement sur l'examen des malades, et l'on reconnaîtra la supériorité incontestable de la nouvelle méthode sous ce rapport. C'est d'après les relations de maladies de la plupart des médecins de l'ancienne école, et même de ceux qui veulent nous imiter à cet égard, que l'on peut le mieux juger tout ce qu'exige de talent, de connaissances, de pratique, un examen de malade fait dans le véritable esprit de Hahnemann. La difficulté de la chose apparaît aussi par les rapports provenant de malades pleins d'instruction, et guidés outre cela par des directions particulières ; elle se montre encore par le travail de ceux qui débutent en homœopathie, et qui éprouvent des obstacles inattendus, même avec tout le zèle possible.
Ce qu'il y a d'abord de neuf et de spécial dans la méthode de Hahnemann, c'est d'écouter le malade. On devrait croire à première vue que cela s'est toujours fait ainsi, et cependant rien n'a été plus rare depuis Hippocrate ; on l'a fait du moins sans y attacher d'importance. Le plus grand nombre des médecins ont été, et sont encore, comme le juge qui prononce avant d'avoir entendu. Si quelques-uns, çà et là, ont suivi la règle, c'est qu'ordinairement ils se trouvaient avoir devant eux quelque cas embarrassant dont ils ne savaient que faire. Ils appelaient hystérie et hypocondrie tout ce qui leur semblait trop singulier, et ils n'avaient presque point égard à ce qu'ils regardaient comme des imaginations du malade. D'ailleurs, les tableaux de maladie les mieux tracés n'auraient après tout servi à rien, puisqu'on ne savait trop qu'en faire. On s'en tenait à la portion de la maladie la plus palpable, la plus grossière ; mais en revanche, on ne se faisait pas faute (**) d'hypothèses fort subtiles. Aucun médecin, pas un seul, ne s'est avisé de considérer le malade dans la totalité de son existence, avec toutes ses aberrations de l'état de santé normale ; aucun n'a regardé les accidents morbides divers comme formant un ensemble et un ensemble déterminé. Comment s'étonner après cela qu'aucun médecin n'ait reconnu le droit du malade d'être entendu sur tout ce qu'il doit savoir mieux que personne, sans que l'interrogateur vienne mêler à cet examen les théories et la sagesse de l’école ?
Il est très important d'écouter le malade sans l'interrompre, et cela non-seulement au début, mais jusqu'à la fin. L'image de la maladie perd toujours en netteté lorsque le médecin interroge trop tôt, ou mêle ses propres observations au récit du patient. Beaucoup de malades, il est vrai, ne savent pas dire grand-chose, et il faut bien dans ce cas venir à leur aide par quelques questions. L'essentiel alors, c'est, tout en les faisant cheminer dans leur récit, de n'en point troubler la marche naturelle, et de les observer dans toutes leurs révélations spontanées sur la maladie. C'est ainsi seulement, et en se bornant au rôle de fidèle observateur, que nous verrons le malade dans toute son individualité. Il n'est pas rare que le médecin homœopathiste apprenne des choses très importantes en se trouvant avec son malade en société, ou en causant d'objets tout différents.
Pendant l'examen, aussi bien qu'à chaque visite, le médecin doit toujours avoir son carnet à la main. La seconde règle donnée par Hahnemann est de tout écrire, et cela de préférence avec les expressions même du malade. Il est possible, il est vrai, de faire une série de visites sans rien écrire, et lorsqu'on est revenu chez soi, de noter quelques observations sur chaque malade. Mais c'est en vain que l'on cherchera à retenir ces détails de nuances qui contribuent le plus à une caractéristique achevée jusque dans ses traits les plus fins. Même pour un seul malade, on n'écrira jamais une heure après ce que l'on aurait écrit tout de suite, et les notes prises après coup seront toujours les moins utiles. Un homme doué d'une mémoire extraordinaire pourrait bien peut-être se souvenir mot pour mot de ce que chaque malade aurait dit, mais il faudrait outre cela qu'il eût arrêté son attention sur chaque cas, et qu'il se rappelât ses observations particulières pendant chaque examen. Or, c'est là un tour de force inexécutable pour la plupart des hommes. Le système des notes écrites devient d'ailleurs indispensable pour tirer parti à l'avenir des observations faites pendant le traitement. Quelque brillante que soit donc la mémoire, elle ne saurait jamais remplacer les notes écrites ; et d'ailleurs n'a-t-elle pas un champ d'exercice assez vaste dans la classification des symptômes thérapeutiques d'après leurs caractères distinctifs ?
Le médecin homœopathiste doit surtout écrire, parce qu'il lui importe de saisir les nuances les plus délicates, et de prendre en considération tous les faits de la maladie, sans exception aucune. Celui qui croit pouvoir s'en passer ressemble à un dessinateur qui travaillerait de souvenir. Prenez le peintre de fleurs le plus exercé, et présentez-lui quelque plante nouvelle qu'il dessinera après l'examen le plus soigné, mais sans l'avoir sous les yeux. L'image n'en sera sûrement pas bien fidèle. Il en est de même des maladies. Le dessinateur aura toujours un penchant à idéaliser la plante qu'il reproduira de souvenir : il en sera de même des médecins, et leurs tableaux de maladies auront à peine quelque valeur pour les cas les plus communs et les plus journaliers. Ce que nous voulons, ce que nous devons vouloir, ce sont des copies scrupuleusement exactes. Un dessinateur pourra-t-il, après s'être promené dans une serre, prendre ses crayons et retracer, à la satisfaction d'un botaniste, les formes caractéristiques de vingt ou trente plantes qu'il aurait vues ? Or le médecin se trouverait dans le même cas après sa série de visites quotidiennes, eût-il même tous ses malades réunis dans un hôpital. Il faut, dans tous les cas, non seulement écrire, mais écrire à l'instant même. Un médecin léger et superficiel, et un tel ne fera jamais rien en homœopathie, peut seul en appeler à sa mémoire pour se dispenser de ce petit travail. Il est même de notre devoir d'avertir les malades en général que ne point écrire pendant l'examen est une négligence qui doit paraître suspecte, même chez le génie le plus brillant. Les cas d'exception sont en fort petit nombre ; ce sont ceux de danger extrême et pressant, d'épidémies générales, de petits maux sans importance, etc.
Le médecin le plus exercé ne saurait à la fois apporter toute l'attention nécessaire à l'exploration des détails, et réfléchir sur l'ensemble de la maladie : même quand on se traite soi-même, il devient nécessaire de noter les faits de détail, pour pouvoir saisir l'ensemble d'un seul coup d'œil. Et enfin, là où il faut, comme dans les maladies chroniques, revenir en arrière sur un traitement prolongé quelquefois pendant plus d'une année, une mémoire même prodigieuse serait à coup sûr insuffisante.
Nous nous sommes arrêtés à dessein à ces considérations, parce qu'un grand nombre de médecins, qui de l'ancienne école passent à la nouvelle, éprouvent une sorte de honte de nous imiter en cela, et que cet exemple pourrait être pernicieux pour les jeunes praticiens. Quelques-uns craignent de se rendre ridicules, en ayant sans cesse leur carnet à la main. Qu'ils se contentent donc d'écrire bien proprement quelque ordonnance ; cela ne donne pas autant de peine, et n'est point encore devenu un texte de plaisanterie.
Les notes que le médecin prend pendant le récit du malade, ne sont encore qu'une esquisse qu'il faut compléter. Il y manque tous les traits plus délicats, et la plupart des détails que le malade ne sait pas indiquer de lui-même. Il faut disposer le brouillon en conséquence, laisser entre chaque symptôme quelques lignes blanches, surtout si le malade fait des sauts de narration un peu brusques, ce qu'il ne faut pas lui interdire. On peut se servir aussi de feuilles doubles, et se ménager le verso pour les additions. C'est maintenant que commence l'examen proprement dit. Toutes les questions faites jusqu'alors ne devaient avoir pour but que de faire cheminer le récit ; il s'agit maintenant de compléter celui-ci, sans s'embarrasser encore de l'importance plus ou moins grande à attacher à telle ou telle fonction, à tel ou tel organe.
Chaque symptôme en particulier reçoit toutes les additions nécessaires pour le bien caractériser. On s'enquiert avec soin du lieu et de la nature spéciale de la sensation, de ses rapports avec l'ensemble de la vie organique, des circonstances de temps, de mouvement, de repos, de sommeil, etc., qui peuvent exercer quelque influence à cet égard. Il faut sans cesse avoir tous ces rapports divers présents à l'esprit. La difficulté en ceci, c'est d'interroger le malade sans lui suggérer les réponses. L'art de l'homme de loi, dans un interrogatoire, consiste à poser des questions de manière à provoquer les aveux du coupable ; le médecin, tout au contraire, doit s'efforcer de ne rien déterminer par son mode d'interrogation, et de faire arriver le patient, par des questions toutes générales, à caractériser lui-même les faits particuliers. Cela exige bien quelque travail de la part du malade, qui est souvent peu accoutumé à s'observer lui-même. Les malades qui souffrent d'affections chroniques arrivent quelquefois, pendant un traitement prolongé, à une grande habitude d'observation ; ils facilitent alors infiniment la tâche du médecin, et leur traitement offre le plus de chance de succès. Mais, chez le plus grand nombre, le médecin doit interroger de manière à faire sentir clairement et exprimer de même, au patient, tout ce qui se passe réellement dans la sphère de sa conscience.
On ne saurait assez rappeler combien l'art d'interroger est difficile, et quelle importance il faut y attacher. Il est si commode, il est si tentatif d'amener par une question bien déterminée une réponse également précise, et cela surtout quand le malade répond d'une manière vague et générale à une demande qui ne lui suggère rien, et lorsqu'il est si facile d'abréger en posant la question d'une certaine manière. C'est précisément parce que le procédé est commode qu'il faut s'en défier. Il faut bien viser à nous rendre facile ce qui d'abord nous offre le plus de difficultés, mais il ne faut pas dès le commencement nous faire la besogne trop aisée. C'est non-seulement par l'imperfection des tableaux de maladies, mais encore, plus tard, chez les malades eux-mêmes, que l'on voit la fâcheuse influence d'un mode d'interrogation qui tend à suggérer les réponses. Le devoir du médecin est d'exercer son malade à s'observer lui-même avec attention ; et jamais il ne doit imprimer aux réflexions du patient une direction plus ou moins fausse, par cela seul qu'elle lui vient du dehors. On peut beaucoup apprendre de Socrate sous ce rapport, et l'étude de Platon est aussi importante pour nous que celle d'Hippocrate. Le praticien qui débute se gâte infailliblement s'il ne s'observe pas avec soin cet égard. Il doit s'attendre à n'avoir jamais que des tableaux de maladies faux et mensongers. Qu'il s'attache donc dès le début à mettre la plus grande attention à son mode d'examen, et que, dans ce but, il interroge vingt ou trente malades avec tout le soin possible, pour bien se rendre compte, et de la difficulté de la chose, et des défauts contre lesquels il lui importe de se tenir en garde.
Quand les symptômes particuliers sont complets en eux-mêmes, et ont reçu toute la précision nécessaire, il faut achever le tableau de la maladie, en allant aux informations sur toutes les fonctions ou tous les organes dont il n'a point encore été question. Aucune fonction principale ne doit être négligée, bien que, suivant la nature du cas, l'une puisse paraître plus importante que les autres. Quant à ce qui concerne les fonctions sexuelles, on peut, dans bien des cas, chez les femmes presque toujours, les passer sous silence ; mais on ne doit jamais, chez ces dernières, négliger ce qui a rapport à la menstruation. Chez les hommes, où les mêmes motifs de retenue n'existent pas, l'état des fonctions sexuelles aura toujours de l’importance. A-t-on négligé dans l’origine de faire les questions nécessaires sous ce rapport, il ne faut pas tarder à compléter l'examen à la première occasion. Que l'on ne se contente point, pour des questions de ce genre, d'une réponse vague, comme par exemple : cela va bien ; mais que l'on exige des détails plus précis. On découvre souvent alors des symptômes d'une haute importance, que le malade ne considérait point comme des accidents morbides, tels que : le mode d'expulsion et la qualité des urines, la nature des selles, les pollutions, les sueurs locales, etc., etc. Comme chaque médecin forme ses malades, sous ce rapport, dans la sphère de son influence, à mesure que l'homœopathie s'étendra, le public apprendra mieux à distinguer de l'état de santé normale les accidents morbides, et la physiologie gagnera indirectement, par la méthode de Hahnemann, tout autant que la pathologie a déjà gagné d'une manière directe.
Le tableau de la maladie, tracé comme nous l'avons dit, et tel que le médecin le rapporte chez lui, n'est encore qu'une grossière ébauche. Il comprend toutes les parties d'un ensemble, mais cet ensemble n'existe pas encore. La première chose à faire maintenant, c'est de coordonner ces matériaux. Le commençant doit aussi faire ce travail par écrit, jusqu'à ce qu'il ait acquis assez d'habitude pour se passer de ce secours. Dans des cas importants, difficiles, intéressants, il vaudra toujours mieux écrire. Quand il s'agit de maladies chroniques, le médecin le plus exercé doit, à chaque nouveau choix d'un remède, se rendre, par écrit un compte clair et méthodique de l'état de son malade. Quant à la coordination des symptômes, c'est là une question importante, sur laquelle nous reviendrons un jour avec détail. Voici à cet égard quelques considérations préliminaires.
L'homme est toujours malade tout entier, et toutes les aberrations dans ses fonctions vitales, tous les accidents de son organisme, se lient les uns aux autres d'une manière plus ou moins cachée. Mais dans chaque maladie, on voit prédominer les accidents d'un système d'organes, les aberrations d'une fonction particulière. C'est autour de ce point central qu'il faut réunir et coordonner les symptômes rassemblés pour former le tableau de la maladie. Il y aurait une grande ineptie à s'en tenir à des symptômes isolés, et à vouloir de même chercher leurs analogues un à un. Il importe donc de les disposer d'abord dans l'ordre de leur valeur. Nous verrons plus tard jusqu'à quel point les enseignements de la pathologie peuvent être utiles sous ce rapport. On choisira en premier lieu les symptômes qui se groupent autour du centre de la maladie, en s'attachant à ceux qui sont saillants et caractéristiques ; on fera suivre de plus loin les symptômes vagues, généraux, et de moindre importance.
Pour bien choisir le remède à appliquer, il faut non-seulement que la substance présente tous ces symptômes, ou du moins la plupart, dans le nombre de ses effets pathogénétiques, mais encore qu'elle les présente dans le même ordre, sous le rapport de leur importance. Les symptômes caractéristiques de la maladie doivent être aussi les symptômes caractéristiques du remède, et tous, pris isolément, doivent occuper le même rang dans le tableau de la maladie et dans la sphère d'action de la substance. C'est là ce qui donne une si grande importance à la disposition méthodique des symptômes morbides dans l'ordre de leur valeur. Quelque difficile que puisse paraître au premier coup d'œil une telle exigence, il est presque toujours possible d'y satisfaire, quoique le nombre des maladies soit infini, et celui des remèdes encore assez restreint. Dans chaque maladie en effet, il n'y a que peu de symptômes bien saillants et caractéristiques, tandis que chaque substance pathogénétique en renferme un grand nombre dans la sphère de son action.
Nous ne nous étendrons pas plus longtemps ici sur ces questions importantes qui exigeraient des développements particuliers. Il nous suffit, pour le moment, d'avoir indiqué comment le médecin homœopathiste doit s'y prendre pour obtenir de bons tableaux de maladies. Les préceptes donnés à cet égard peuvent se résumer en quatre mots : écouter, écrire, interroger, coordonner.
* Cet adjectif peut vous paraître étrange mais ce n’est pas spécialement une expression genevoise ou suisse. Le supplément au Dictionnaire de l’Académie française de 1842, consacré aux sciences, aux arts et à la technologie, indique bien en page 580 :
HOMŒOPATHISTE : Médecin qui traite ses malades d’après les règles de l’homœopathie.
Pour le terme « homœopathe » il indique « partisan du système de l’homœopathie ».
https://books.google.fr/books?id=VnlFAAAAcAAJ
Le précédent supplément daté de 1835 indiquait seulement :
HOMŒOPATHE : Partisan de l’homœopathie. – médecin qui suit le système homœopathique.
(p.437)
Avec donc les deux acceptions.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50855g
C’est dans ce premier supplément qu’apparaît pour la première fois dans un dictionnaire de langue française le mot « homœopathie » et ses dérivés.
Or Granier dans son Homœolexique paru en 1874 n’est pas du tout d’accord avec la définition et donc l’emploi du mot « homœopathiste ». Il écrit :
Homœopathiste : HOMŒOPATHISTE. Qui a rapport à l'homœopathie, qui est conforme à l'homœopathie. — Ne se dit que des choses et nullement des personnes ou des agents médicamenteux. Dites donc un journal, un almanach homœopathiste, mais ne dites pas un médecin, un médicament homœopathiste.
— On doit dire : doctrine homœopathiste.
La rigueur a bien des exigences …Quoi qu’il en soit c’est bien évidemment le terme « homéopathe » qui est resté en usage.
** syn. : ne pas se priver de
"But alas! sir, we do not keep this thing in the Houses of Healing, where only the gravely hurt or sick are tended. For it has no virtue that we know of, save perhaps to sweeten a fouled air, or to drive away some passing heaviness." LotR, RotK, chapter VIII