Homéopathie: en recherche de la vérité

Dans Organon by Edouard Broussalian3 commentaires

Une question posée par un de nos lecteurs, Didier, m’amène à des développements qui pourront être intéressants pour tous. C’est pourquoi je saisis ce prétexte pour vous écrire un petit article d’humeur ce matin de fête des pères. J’en profite pour souhaiter courage à tous les pères privés de leurs enfants, parfois depuis des années.

Bonjour,

Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle entre la P.N.L et la façon de dérouler le cas jusqu’à la conclusion pour en déduire le remède adapté. Trés amusant, le niveau de perception des intervenants, les spécifiques dominent. Ce n’est pas une critique puisque chacun privilégie sans en avoir conscience, l’un ou l’autre. Le must étant de le savoir et de passer de l’un à l’autre. Un cas “simple” avec une perception globale, devient compliqué avec une perception spécifique car chaque détail devient une occasion de s’embourber quand on omet les grands traits.

Pourtant si on prend du recul, votre description initiale brosse à grands traits arg-n: peur ,phobique, Pressé, vertiges, soucis digestif, envie de sucré. Cas d’école diront certains.

Perceptions spécifiques ou globales.
Ce que je perçois : je peux percevoir en premier le détail (spécifique) ou le tout (global) et de ce fait passer de l’un à l’autre, c’est ce que l’on appelle en PNL le champ de perception.

Désolé pour le hors sujet mais c’est troublant en utilisant seulement la distinction global/spécifique.

Vous avez raison de souligner que la relation avec la PNL s’impose car l’homéopathie nos démontre que nous fonctionnons tous selon un système qui nous est propre, profondément ancré dans le cerveau reptilien, d’où notre décodage de la réalité sera issu. Notre comportement quotidien, nos projections, seront définis dans leurs grandes lignes par cette perception “primaire”. Il y a fort à parier aussi que cela ne soit pas sans influencer directement le système nerveux autonome à un niveau des plus primitifs et qu’au bout du compte -et des années- surviennent des modifications chimiquement dosables qui mènent à leur tour à des changements anatomiques -tissulaires, tumeurs, etc.

Le savant tâchant de convaincre les aveugles volontaires

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Finalement, la simplicité et la beauté de l’homéopathie tiennent dans le fait que lorsque nous diagnostiquons un médicament qui présente une homéopathicité suffisante avec ces signes les plus profonds du patient, nous obtenons une guérison spectaculaire. Plusieurs de mes étudiants psychiatres sont venus un jour ou l’autre me trouver assez dépités pour me déclarer que là où des années de thérapies se montrent souvent insuffisantes pour faire avancer un cas, la simple prise du médicament indiqué procure un résultat brillant.

Prenez l’enfant Pulsatilla. Il est entièrement structuré par la peur de l’abandon au fond de lui-même et sa réaction c’est de chercher à attirer le maximum de gentillesse, de tendresse, d’émotions pour se sentir en sécurité. Tout son comportement se déduit de cette simple équation: il colle à sa mère, il pleure facilement, il veut qu’on le prenne dans les bras, etc.

Prenez l’enfant Hyoscyamus, lui aussi vit dans la crainte constante de l’abandon, mais sa réaction c’est de tout faire pour être vu, pour être remarqué, quitte à gesticuler et faire le pitre. Cela le conduit à une agitation insupportable, à une loquacité marquée, à des pitreries, à des crises de jalousie, etc.

L’homéopathie nous démontre que dans le domaine du biologique, les mêmes causes n’ont pas les même effets.

Mais là où l’homéopathie va plus loin que n’importe quel autre système, ce qui la rend aussi merveilleusement belle qu’un F= mγ ou E = h ω, c’est d’une part son pragmatisme qui permet d’obtenir des résultats souvent incroyables en un coup de cuiller à pot -pourvu qu’on suive les préceptes de Hahnemann- et d’autre part le fait qu’elle intègre l’homme dans toute sa dimension incarnée.

Organon § 193: Ce remède, donné uniquement à l’intérieur, et dont une seule dose suffira, si le mal est d’origine récente, guérit simultanément la maladie générale du corps et l’affection locale. Un pareil effet de sa part doit nous prouver que le mal local dépendait uniquement d’une maladie du corps entier, et qu’il faut le considérer comme une partie inséparable du tout, comme un des symptômes les plus considérables et les plus saillants de la maladie générale.

Je veux dire par là que si les signes mentaux sont importants, nous ne négligeons jamais les signes physiques qui sont eux aussi le reflet de la perturbation globale. Il nous arrive ainsi couramment de remonter depuis les signes physiques à un niveau plus général ou mental pour poser l’indication du médicament.

Organon §153: Quand on cherche un remède homœopathique spécifique, c’est-à-dire quand on compare l’ensemble des signes de la maladie naturelle avec les séries de symptômes des médicaments bien connus, pour trouver parmi ces derniers une puissance morbifique artificielle semblable au mal naturel dont la guérison est en problème, il faut surtout et presque exclusivement s’attacher aux symptômes frappants, singuliers, extraordinaires et caractéristiques (1), car c’est à ceux-là principalement que doivent répondre des symptômes semblables dans la série de ceux qui naissent du médicament qu’on cherche, pour que ce dernier soit le remède à l’aide duquel il convient le mieux d’entreprendre la guérison. Au contraire, les symptômes généraux et vagues, comme le manque d’appétit, le mal de tête, la langueur, le sommeil agité, le malaise, etc., méritent peu d’attention, parce que presque toutes les maladies et presque tous les médicaments produisent quelque chose d’analogue.

Cela pose les limites des interprétations psychologiques dont on a largement abusé dans l’homéopathie au point d’en venir presque à la dénaturer. Ainsi le système homéopathique permet d’effectuer une synthèse de l’ensemble des manifestations de l’individu déréglé et d’obtenir ce que les patients demandent depuis des siècles: une guérison.

Je vous laisse juge de l’avance de la pensée du Fondateur sur son temps mais aussi sur le notre, toujours confiné au matérialisme le plus primitif quand Hahnemann écrit “les manifestations morbides que nous nommons maladies ne résultent que du désaccordement de l’énergie vitale”.

Prenez le temps de méditer cette déclaration qui pose d’une certaine manière aussi les limites de l’homéopathie qui tiennent au recrutement des prescripteurs. Vous soulignez ainsi le niveau de perception du prescripteur et mettez le doigt sur le point clé.  Le terme n’est pas anodin, car Hahnemann souligne bien qu’il faut que le prescripteur perçoive ce qui est déréglé et qui doit être soigné dans chaque cas morbide individuel.

Il n’utilise pas le terme compréhension, qui nous confinerait dans un domaine intellectuel, il n’emploie pas non plus le verbe voir, qui impliquerait que l’on se borne à additionner des signes et des symptômes sans signification.

Non, la perception est nécessaire pour justement trouver un sens, un fil conducteur commun à un ensemble de faits que l’oeil profane verra comme disparates. C’est ici que s’évalue aisément le niveau de compétence du prescripteur. Vous parlez d’un cas d’école pour ce cas de phobies et vous avez aussi raison: pour le prescripteur armé de tous ses sens, il est facile de percevoir Argentum pour peu qu’on l’ait étudié et qu’on sache le reconnaître. L’expérience de nombreuses années d’enseignement m’a montré hélas que peu nombreux sont ceux capables de passer de la synthèse à l’analyse et inversement, du local au global, et réciproquement.

Au bout du compte, votre mot m’amène à me demander quelles sont les qualités requises pour devenir homéopathe. Cela demande à la fois de la rigueur scientifique, mais un esprit ouvert et agile. Il faut aussi beaucoup de persévérance pour surmonter ses échecs et en tirer leurs leçons. Tout cela ne peut se faire sans humilité, car les échecs sont directement imputables au prescripteur, où plutôt à son niveau de perception, lui même subordonné à sa compréhension et perception a) de la doctrine b) de la matière médicale c) du répertoire. Enfin, une bonne dose de courage sera aussi nécessaire pour faire face aux sarcasmes et autres railleries issus des membres du groupe des 90% définis par la courbe de Gauss.

Pour résumer, je pense qu’on peut dire que ce qui nous motive n’est rien d’autre que la recherche et l’amour de la vérité. Non pas celle artificielle et toujours évanescente définie par les études biaisées issues des laboratoires pharmaceutiques, mais bien celle de l’observation personnelle définie par les critères cartésiens.

Cette recherche de la vérité et du bien explique les réactions féroces, mesquines et souvent délirantes auxquelles nous nous heurtons tout au long de notre vie. Il suffit pour vous en faire une idée de parcourir les articles éructés périodiquement par des pourfendeurs professionnels de l’homéopathie. Dans chaque cas, on reste ahuri par la méconnaissance complète que ces malheureux affichent lamentablement d’un système qu’ils comptent condamner avec des arguments de la même valeur que ceux des intellectuels de l’époque de Galilée. Ces sophistes réfutaient ainsi les découvertes du génie de Pise en arguant que si la terre était ronde, les habitants du “dessous” tomberaient, ou encore que les oiseaux voleraient plus vite dans un sens que dans l’autre si la terre tournait -remarquez qu’il peut toujours sortir quelque chose de bon même de la sottise la plus crasse, parce qu’au fond cette affaire des oiseaux est peut être à l’origine de la fabuleuse découverte du pendule de Foucault, mais je m’éloigne du sujet.

En conclusion je me suis amusé à paraphraser ce texte de Tertullien dans lequel j’ai simplement remplacé le mot “chrétien” par “homéopathe”. Bien que l’homéopathie ne soit en rien une religion ni une secte, il n’en demeure pas moins que la recherche de la vérité rencontre toujours les mêmes oppositions de la part des esprits fermés.

Ignorance des juges. Nous blâmons d’abord, même si votre ignorance peut en partie l’excuser, votre haine de l’homéopathie. Elle est d’autant plus injuste et criminelle que vous ne la connaissez pas. Qu’y-a-t-il de plus inique que de haïr une chose que l’on ignore, même si elle était haïssable? On ne peut haïr que pour des raisons valables, sinon la haine est aveugle et ne peut se trouver justifiée que par hasard. Et pourquoi, motivée par ce qu’elle déteste, pareille haine ne serait-elle pas finalement tout à fait injustifiée? Aussi nous vous reprochons la sottise de nous haïr par ignorance et l’injustice de le faire avec déraison.

La preuve de leur ignorance coupable, en dépit des excuses que l’on peut trouver, est dans ce fait que ceux qui nous haïssent sans nous connaître, cessent généralement de le faire une fois leur ignorance dissipée. Il en est même qui deviennent homéopathes, en toute connaissance de cause; ils se mettent à détester leurs préjugés passés et à professer ce qu’auparavant ils honnissaient. ils sont aussi nombreux que vous constatez que nous sommes.

Aussi crie-t-on partout que la cité en est envahie, les homéopathes ont pénétré dans les campagnes, les îles, les bourgs fortifiés; tout sexe, tout âge, toute condition -même les notables- passent aux homéopathes. Et vous vous en lamentez comme d’un désastre.

Et malgré cela, il ne vous viendrait pas à l’esprit que gît là un trésor caché. On ne se croit pas le droit de vérifier cette hypothèse, on ne veut pas en faire l’expérience [souligné par moi, est que que Tertullien aurait ouvert la voie à la pensée Cartésienne?]. La curiosité est en éveil pour tout le reste. Ils aiment ignorer ce que d’autres se plaisent à connaître. Combien Anacharsis leur eût-il fait avec plus de raison le reproche à eux qui ne savent pas, de juger ceux qui savent.

Ils préfèrent ignorer car déjà ils haïssent, parce que la connaissance de l’homéopathie les empêcherait de haïr. En effet, s’il n’existe aucun motif légitime de haïr, mieux vaut renoncer à une haine injuste. Si, par contre, l’on acquiert la conviction que la haine est justifiée, la haine n’est pas atténuée mais intensifiée. Il s’y ajoute une raison de plus d’y persévérer et la satisfaction d’être dans le bon droit.

Commentaires

  1. Bonjour,

    Ayant longtemps hésité à vous faire part de cette réflexion, jamais je n’aurais pensé quelle susciterai un article.

    Laissant de coté, le zoom ou le grand angle, je suis rendu compte que vous n’aviez pas les mêmes lunettes. J’en suis venu à tenter l’homéopathie devant une toux rebelle.
    -Toux en marchant à l’air froid
    -Toux aggravé en buvant froid et en entrant dans une pièce chaude.
    -Toux avec effort pour vomir.
    C’était ma plainte. Le nez dans le guidon si j’ose dire.
    Je pensais que vous deviez avoir cela en magasin.
    Peine perdue, rumex, coccus cacti drosera, bromum, bryonia, causticum et évidement les remèdes de fond, étiologie, diathésique constitutitionnel.

    Et avec un peu de patience, l’homéopathie devait me sortir d’affaire, vous devinez ce qui arriva. Sans répertorisation et avec des matières médicales où un polychreste est décrit sur 2 pages. Pas facile.

    Diagnostiqué plus tard, BPCO bien que non fumeur, je me suis mis à lire. Remède unique que c’est étrange, force vitale…

    « De plus, par l’obligation qu’il nous impose de prendre en compte la totalité des symptômes du malade, de relier entre eux les différents épisodes de son histoire clinique et d’analyser exactement le résultat du traitement médical, Hahnemann rétablit l’unité de l’Homme dans l’Espace et le Temps, agissant ainsi une fois de plus en précurseur.
    Ce n’est qu’en maniant l’ensemble de la doctrine homœopathique face à la totalité spatio-temporelle du patient que l’on pourra obtenir le résultat thérapeutique optimal.”

    .

    Extrait du mémento homéopathique du cedh.

    “…sur le plan technique, cela amène à ne pas privilégier les signes psychiques, les symptômes particuliers ou rares comme le conseille kent ou d’autres du fait de leur engagement philosophique , mais au contraire, et c’est la position du CEDH à tenir compte d’abord des signes lésionnels ou fonctionnels, de leur localisation, des modalités quand elles sont fiables, de l’étiologie et de l’anatomopathologie si elles sont connues, et de l’état psychique du sujet s’il a changé depuis le début de sa maladie. Enfin, il faut bien vérifier qu’il existe dans la matière médicale un ou des médicaments dont les possibilités sont bien réelles dans le cas en cause”

    les répertoires informatisés:
    “de même qu’un congélateur a qui ont à confiés des aliments avariés ne rendra à la décongélation que des aliments avariés, l’ordinateur, quel que soit le logiciel auquel on le soumet, ne sortira que le noms des médicaments non fiables qu’on lui aura confiés”

    Ne sachant plus à quels saint me vouer je me risque quand même à donner,ce qui me parait étrange et moins en rapport avec la pathologie. en expérant relancer la recherche. froid avant la selle ; (à ce stade je n’avais plus peur passer pour un fou !!!) réponse il fait froid dans vos toilettes,. Ce dernier signe est balayé d’un revers de main. La canicule de 2003 me confirmera que je tenais un truc bizarre.
    J’abandonne pensant que je n’avais pas la chance de coller à un remède

    Pourtant, si on prends la peine de descendre du vélo, d’exploiter les signes et en recherchant l’exactitude plutot que l’à peu près, il y avait de la matière. J’attendais au moins un remède symptomatique ayant au moins une modalite correspondante.
    Il aurait fallu se donner la peine. Ou bien, aurais-je du faire une belle gastro avec sueur froide au frond pour être demasqué?

    Mécanisme de défense ??? J’étais certain que chaque morceau du puzzle que je voyais se dessiner devait bien correspondre à quelque chose. Malheureusement, pas d’interlocuteur capable de trier, décoder.

    Pourtant, sur le papier, c’est fou, une cohérence apparaît, comme un fil conducteur.

    Text Book of Materia Medica, – By Adolph Lippe
    Respiratory Organs.
    Coldbreath.
    Difïîcult respiration ; dyspnoea.
    Suffocative attacks, caused by a constriction in the larynx, or in the chest
    Painful spasmodic constriction of the chest
    Hoarseness.
    Dry cough, from tickling in lower bronchia.
    Deep, hollow cough, as from the abdomen, with cutting pain in the stomach ; expectoration yellow, tough, bitter or sait only during the day.
    Hooping-cough.
    Stitches in the sides of the chest, worse when coughing.
    Attacks of cough are worse in the morning, or in the evening till
    midnight ; when catering a warm room from the cold air ; in the warm room ; when getting warm in bed ; from eating and drinking, especially cold things (water) ; when the child cries ; in the spring (or fall).
    Violent, visible, anxious palpitation of the heart

    Cela ne date pas d’hier, mais c’est troublant d’exactitude.
    Idem pour cette bizarrerie que j’exprimais ainsi : j’avais l’impression que la toux venait du ventre.

    J’ai confié mon cas à un uniciste, quelques candidats possibles. De l’espoir et du sens fait place au Chaos.

    Les envahisseurs, le cauchemar pluraliste a déjà commencé.

    Merci pour votre article.

    Cordialement,

    Didier

  2. comme d’habitude , on se plait énormément à vous lire … un grand merci et ça m’encourage à perséverer. Imesch, avec mes amicales salutations

  3. A relire régulièrement, j’espère que les nouveaux venus apprécieront ce texte.

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