La loi de similitude

Dans Bases de l'homéopathie by Terrasienna2 commentaires

L’homéopathie, la thérapeutique qui guérit le mal par le mal ?

1ere partie : La loi de similitude

La loi de similitude est le principe de base qui soutient l’homéopathie. Elle est résumée par « similia similibus », ce qui signifie « les semblables par les semblables ». Parfois est ajouté le verbe « curantur », pour insister sur la notion de guérison.

Le modèle le plus proche de similitude en allopathie se retrouve de nos jours dans les vaccins et la désensibilisation, mais bien sûr sans tenir compte de la notion de totalité, de quantité et de toutes les lois associées de la prescription homéopathique.

Pour assimiler avec précision ce qu’implique ce principe, un petit voyage dans le temps s’impose. Alors attachez vos ceintures, c’est parti !

La similitude selon Hippocrate

Vous allez vite comprendre que les Anciens avaient horreur de l’approximation. Nous sommes très loin de la caricature « le mal par le mal ». Le principe de similitude est autrement plus riche !

Similia similibus a été énoncé pour la première fois par HIPPOCRATE dans le paragraphe 41 de son ouvrage « Les Lieux dans l’Homme » vers 500 avant JC. Il écrit : « “Autre procédé : la maladie est produite par les semblables et par les semblables que l’on fait prendre, le patient revient de la maladie à la santé. Ainsi ce qui produit la strangurie qui n’est pas, enlève la strangurie qui est ; la toux, comme la strangurie, est causée et enlevée par les mêmes choses.”

Ici, l’énoncé est brut. Pas de notion d’infinitésimal, ni de totalité des symptômes. Ce procédé des semblables est utilisé dans l’Antiquité à l’instar de procédé des contraires pour soigner les malades. Tout est question d’école, mais bien sûr les drogues sont administrées sous forme pondérale et pour une maladie en particulier.

Déformation de la théorie des correspondances et émergence du concept superstitieux de la doctrine des signatures.

L’Antiquité s’effondre avec l’arrivée des Barbares, et Galien est une des rares références en médecine acceptées par l’Eglise Occidentale, c’est-à-dire l’Eglise Catholique, à cause de son monothéisme. Le principe de gouvernement de droit divin de l’Antiquité ne tombe pas comme ça, il est reconduit tel quel par les hommes, même si la religion n’est plus la même, donc l’Eglise dicte ce qui est autorisé. Galien est partisan de la méthode des contraires en pharmacologie. Son autorité perdure jusqu’à la Renaissance, alors que ses traités sont truffés d’erreurs.

Heureusement, les traités d’Hippocrate et de médecine Grecque traversent les mers. Ils sont conservés dans la bibliothèque d’Alexandrie et récupérés notamment par les Arabes au 7 et 8èmes siècle après JC. L’âge d’or de la civilisation Islamique voit progresser la médecine grâce entre autres à Avicenne, inspirés par ces textes anciens grecs, alors qu’ils ne sont plus accessibles au monde occidental.

Les influences entre ces différents mondes sont difficiles à démêler à partir du Moyen Age. L’homme de l’Antiquité se devait d’apprendre l’éducation physique, l’art (musique et dessin), les lettres, la rhétorique, les mathématiques et la philosophie pour être un homme complet. Pythagore ajoutait un enseignement ésotérique. Aux traités des savants du monde arabes se sont ajoutées des notions de chimie et d’alchimie, vite reprises par le monde Médiéval. (L’objectif de l’alchimie est d’obtenir fortune, bonne santé et longévité.)

C’est de cette bouillabaisse ésotérique qu’émerge la doctrine des signatures. Elle reprend grossièrement la théorie des correspondances de l’Antiquité : « La théorie selon laquelle tout se répond dans l’univers fait correspondre à la totalité (macrocosme) une infinité de « modèles réduits » (microcosmes) qui imitent d’une manière plus ou moins parfaite la richesse du cosmos. » Encyclopedia universalis.

Pythagore fait l’énoncé de ces correspondances dans ses « Vers Dorés » :

« La Tétrade sacrée, immense et pur symbole, Source de la Nature, et modèle des Dieux (25) (…)

Tu sauras, si le Ciel le veut, que la Nature, Semblable en toute chose, est la même en tout lieu. (27) »

La Tétrade sacrée correspond aux éléments chaud, froid, sec, humide. C’est bien sûr plus complexe et symbolique, et le pentagramme (étoile à 5 branches), signature de Pythagore rejoint les graphiques de base de la médecine chinoise traditionnelle : eau/reins/salé, etc….

bois-feu

Le Moyen Age  récupère la légende d’Hermès Trismégiste et « La Table d’Emeraude », théorie simplifiée des correspondances, revient dans les conversations des alchimistes : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ».

Paracelse (1493-1541) explore à fond cette théorie et la rend « politiquement correcte ». Il considère que Dieu, Bon, a caché toute possibilité de guérison dans la nature et qu’Il nous a laissé des indices par l’aspect des plantes. Ainsi les lignes sombres des pétales de la digitale rappellent les vaisseaux sanguins, donc la digitale soigne les problèmes circulatoires. La couleur jaune de la chélidoine donne une indication pour la jaunisse des patients hépatiques…

Jakob Bohme confirme tout ceci par une vision mystique énoncée dans « Signatura Rerum » en 1621. C’est ce que l’on retiendra par « Doctrine des Signatures. »signatures

lapidem

Mais Hahnemann, homme d’une immense culture, insiste sur l’importance de faire la part des choses et rejette cette « doctrine » en bloc

Il écrit dans les Prolégomènes :

“Je ne rappellerai pas la folie de ces anciens médecins qui déduisaient les vertus curatives des drogues médicinales de leur forme et de leur couleur, en un mot la Doctrine des Signatures ; qui croyaient l’orchis propre à ranimer les facultés viriles, parce que sa racine porte deux bulbes grossièrement semblables à des testicules : le curcuma utile dans la jaunisse parce qu’il est jaune ; les fleurs du millepertuis perforé, efficaces dans les plaies et les contusions, parce qu’il en suinte un suc rouge, etc… Je laisse toutes ces futilités de côté quoiqu’on en trouve encore des traces jusque dans les Matières Médicales les plus récentes.”

 

Cette doctrine se retrouve encore trop facilement dans certains ouvrages de phytothérapie et la tentation est grande pour de trop nombreuses personnes de s’en servir comme support de réflexion en homéopathie.

 

La similitude homéopathique

Hahnemann est ferme : dehors la théorie des signatures et les pseudo sciences ! Ce grand savant appartient au siècle des Lumières et veut reconstruire la médecine sur des bases scientifiques. Il n’a que trop vu où menaient les opinions infondées et les croyances de la médecine de son siècle : purges, saignées délétères.

Son Organon fait référence à l’Organon d’Aristote, traité de logique fondateur. Pour définir le principe de similitude, Hahnemann se réfère non à l’analogie d’Aristote, utilisé en algébre et principe de raisonnement, trop vague, mais à la loi de similitude d’Euclide :

En géométrie euclidiennne, une similitude est une transformation qui multiplie toutes les distances par une constante fixe, appelée son rapport. L’image de toute figure par une telle application est une figure semblable, c’est-à-dire intuitivement « de même forme ». Wikipédia

triangles

Hahnemann asseoit son énoncé par les mathématiques, et pour qui en doutait encore, confirme sa position en parlant de Gestalt, c’est-à-dire « silhouette » pour se référer à une totalité de symptômes signifiants chez un malade.

Il ne revendique pas la paternité de la découverte de ce principe, connaissant parfaitement Hippocrate, et citant Stahl (1660 – 1734), médecin militaire, qui soignait les brûlures par l’alcool chaud et traitait les aigreurs d’estomac par de petites doses d’acide sulfurique, application exacte du principe de similitude.

Hahnemann s’attache à préciser le principe de similitude en rappelant son étymologie grecque. L’analogie n’est pas la similitude, puisque l’analogie correspond à la déduction d’un fait particulier ou un peu plus général à partir d’un fait particulier.( Exemple : un mammifère nourrit ses petits à la mamelle donc une vache est un mammifère.).La similitude n’est pas l’identique. Hahnemann souligne la différence entre « homo » qui veut dire pareil, et « homeo » qui signifie semblable : l’isothérapie n’est pas de l’homéopathie ! (iso signifie égal)

La similitude homéopathique fait référence à une totalité de symptômes .

§24 du 6ème Organon « (…) Cette thérapie (l’homéopathie) vise à chercher parmi tous les médicaments (…), celui qui possède la faculté de produire la maladie artificielle la plus ressemblante à la maladie naturelle qu’on a sous les yeux. Ce médicament est dirigé contre l’ensemble des symptômes d’un malade déterminé (…). »

§25 « (…) le médicament qui, en agissant sur des hommes bien portants a pu produire le plus de symptômes semblables à ceux de la maladie à traiter, est le seul qui convienne pour rétablir la santé.(…) »

§26 « L’expérience nous apprend encore que tous les médicaments guérissent, sans exception, les maladies dont les symptômes se rapprochent le plus possible des leurs. (…°.) »

Comme en géométrie, l’ensemble des symptômes les plus caractéristiques du patient esquissent une silhouette, que l’on va chercher à rapprocher au maximum du squelette donné par l’expérimentation d’un médicament particulier.

 carrés

Cette expérimentation d’une substance particulière (animale, minérale, végétale, chimique, etc…) s’appelle une pathogénésie. C’est l’image de référence, à laquelle on comparera l’image donnée par les symptômes particuliers du patient. Comme en géométrie l’image initiale n’est pas forcément identique, elle peut être plus grande, un carré peut donner un losange, il n’empêche que ce sont des images semblables géométriquement parlant.

Si vous tenez le choc, on continue !

Totalité versus « materia peccans »

La loi de similitude implique de fait l’élimination du concept philosophique du « materia peccans », encore en cours aujourd’hui. On traquait le résultat du « péché », le corps étranger fautif, le mal, la toxine, le microbe, le gène….La maladie était le résultat de l’erreur du patient, de ses parents, d’une erreur génétique, d’un système immunitaire déficient qui laissait entrer les microbes…Avec le principe de similitude, seul le déséquilibre initial de l’organisme est responsable de tous les troubles qui surviennent.  Le déséquilibre léger au départ, se manifestera par une désadaptation de l’organisme, au chaud, au froid, puis plus grave il donnera naissance à une maladie fonctionnelle voire une maladie lésionnelle d’apparition plus ou moins brutale.

Comparaison de la loi de similitude homéopathique avec les processus de similitudes partiels.

La vaccination, la désensibilisation correspondent grossièrement à l’utilisation du germe ou de l’antigène à l’origine de la maladie que l’on cherche à détruire ou à empêcher, l’infection ou l’allergie, et ce, à dose pondérale. C’est une forme de similitude, comme Stahl utilisait l’acide sulfurique pour soigner les brûlures gastriques. Elle n’est pas adaptée à la totalité des symptômes du malade ni à son individualité. Elle fonctionne cependant, mais au prix d’un déséquilibre encore plus grand du reste de l’économie de l’organisme. C’est comme si on utilisait simplement le bas du triangle comme similitude du triangle dans la transformation euclidienne. Cette partie-là recouvre parfaitement l’exposé initial, mais il en manque la moitié. Si l’image finale est masquée par un quelconque cache, l’illusion est parfaite.

Le pluralisme et le complexisme ont un raisonnement proche, dans le domaine de l’infinitésimal. Ils utilisent une image partielle pour une partie de la problématique du malade, une autre pour une autre partie, au final au lieu d’avoir une image globalement semblable, ils auront de petits bouts de patchworks dessinant une image finale beaucoup plus déformée, avec une économie globale du malade beaucoup plus perturbée, car la somme des vibrations énergétiques des remèdes associés affecte l’organisme de manière non cohérente.

  1. Vaccination, désensibilisation

cap-vaccination

  1. Pluralisme, Complexisme

cap-pluralisme

Voilà, prochaine partie sur les applications concrètes !

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Commentaires

  1. Je suis en 1ère année d’homéopathie à l’Irish School of Homeopathie et suis train d’écrire un essai sur la Loi de Similitude. De toutes les recherches que j’ai faites, votre publication est la plus complète, passionnante et riche !!! Merci. Cela m’ouvre de nombreuses pistes à explorer, sans oublier le retour à l’Organon de Hahnemann.

    1. Auteur

      Merci, votre commentaire me va droit au coeur! Bonne suite dans vos études, nous avons plus que jamais besoin d’homéopathes compétents et passionnés!

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