Les remèdes des enfants
Introduction Gros père
Calcarea carbonica; Hepar sulfur; Magnesia carbonica; Baryta carbonica; Carbo vegetabilis; Kali sulphuricum
Nerveux / Agité / Effrayé
Tendre / Sensible / Anxieux_ 33
Autoritaire / Irritable / Agressif 42
Hyosciamus (voir Belladona) 45
Stramonium (voir Belladona) 45
Troubles digestifs des tout petits 47
Introduction
Notre société est tout sauf saine dans l’optique de santé des enfants, pourtant bien à l’abri des manques essentiels.
Les nombreuses prescriptions allopathiques, et notamment les survaccinations jouent un rôle majeur dans le développement de certaines pathologies, mais il ne faut pas tomber dans le travers des « destructeurs de barrages » qui prescrivent n’importe quoi n’importe comment sous prétexte de combattre les supposés effets du vaccin. A ce sujet, comment peut on faire confiance aveuglément à des laboratoires ? Comment peut on se permettre de penser que la science en sait déjà tellement long sur l’immunité que nous pouvons faire subir à nos patients le maximum supportable sans le moindre désagrément ? Comment faire moins que se bagarrer dans l’intérêt de nos petits patients selon notre conscience plutôt que nos intérêts juridiques ?
Le système éducatif quant à lui tend à développer les plans physiques et intellectuels, mais rien ne prépare les enfants à une vie émotionnelle saine, ce qui sera le gage de bien des catastrophes plus tard, notamment dans le choix du conjoint.
L’enfant hérite de certaines racines de la part de ses parents, qui pourront suivant les circonstances marquantes se développer ou pas. Tout traumatisme laissera sur cette cire vierge des marques profondes qui dicteront toute son existence, parfois le choc a même lieu in utero. Ainsi nous retrouverons fréquemment la notion d’abandon qui commande l’indication des venins de serpents, des Aurum et Platine, des Pulsatilla, des Cyclamen, etc.
Comme la société encourage la suppression des émotions, nous ne serons pas étonnés de trouver Natrum muriaticum aussi fréquemment indiqué chez des enfants dont les parents eux-mêmes ont souffert du même comportement.
Finalement, si on leur apporte néanmoins de l’amour et de la sécurité en quantité suffisante, c’est surtout la carence de limites qui produit des enfants difficiles et agités. Nous avons une vaste panoplie homéopathique pour aider les enfants mais dans ce cas une prise de conscience est indispensable chez les parents. L’écoute active selon Gordon me semble être la seule alternative crédible dans la formation au métier difficile de parents, mais là encore, l’homéoopathie nous aidera considérablement.
Chez l’enfant on peut accorder une grande valeur aux désirs et aversions alimentaires et par contre limiter au strict minimum les modalités thermiques inexploitables en dessous de 12 ans. Les signes mentaux sont souvent de la plus haute importance.
Nous serons souvent aidés par le diagnostic du remède constitutionnel chez les parents. Tout comme on ne prescrit pas un remède aigu sans avoir estimé l’état chronique, on ne devrait jamais prescrire chez un enfant sans connaître le remède du parent « controlatéral ». Comme le Dr. Schmidt l’avait noté, le remède des petits garçons est proche de celui de la maman, celui des petites filles de celui du papa. Les tout petits forment souvent avec la maman une seule entité, chacun pouvant présenter des signes différents du même remède. Tout se tient donc : le remède de l’état du post partum chez la maman est un aigu de son remède chronique. Ce dernier permet aussi de se faire une idée du conjoint. Je rédigerai une prochaine fois une étude sur les couples homéopathiques, mais retenons par exemple la fréquence des couples Pulsatilla / Nux ; Sepia / Carcinosin ; Sepia / Natrum muriaticum ; Arsenicum / Carcinosin ; Pulsatilla / Lycopodium, etc.
Sachant qu’une vie entière peut être radicalement changée grâce à la prescription du remède constitutionnel, on ne peut que se réjouir de la chance des petits privilégiés qu’on nous amène et déplorer que le plus grand nombre demeure condamné à pousser sans « tuteur » homœopathique.
Toute classification est arbitraire, néanmoins, pour échapper à un inventaire à la Prévert, j’ai essayé d’aborder les remèdes sous l’angle le plus frappant par lequel ils se présentent en général, sachant qu’un remède pourrait être classé sous plusieurs des groupes présentés ici :
- Le type « Gros père » est incarné par le très courant Calcarea carbonica. On est frappé en voyant ces enfants par leur côté robuste et bien en chair. J’ai inclus ici les remèdes d’enfants lents.
- Le type « Nerveux / Agité / Effrayé » résume bien ce que je veux dire. Ce sont des enfants qui ont la bougeotte, qui ont un système nerveux hypersensible, qui sont impressionnables.
- Le type « Tendre / Sensible / Anxieux » frappe dès le premier regard anxieux que l’enfant vous jette. C’est le type d’enfant chez lequel l’agitation ne prédomine pas.
- Le type « Autoritaire / Irritable / Agressif » comprend des comportements nuancés depuis le Causticum autoritaire, « bougeaillon » mais très gentil, au Medorrhinum agressif qui grimpe partout.
Gros père
Calcarea carbonica
Groupe : Calc, Lyc, Sulph. Un réflexe salutaire : devant toute prescription de Calc (ou de Sil), penser à Sanicula.
Affections : Polychreste. Otites à répétition. Eczéma. Asthme. Verrues. Retard de développement. Phobies. Enurésie. Epilepsie. Impétigo récidivant.
C’est un polychreste immense que Belladona précède volontiers et certainement l’un des remèdes de l’enfant les plus souvent
prescrits dans la mesure où la coquille d’huître protège le tendre et sensible animal du monde extérieur agressif. A mi chemin entre la problématique d’un remède animal et minéral, Calcarea représente le prototype de la structure de défense contre l’agression du dehors.
ðA ce titre, le calcium est représenté dans toute une série de médicaments adaptés face au traumatisme de l’abandon :
a) Calcarea carbonica : vit dans la peur et se replie dans sa coquille ; c’est le chef de file de la famille des carbones. Comme il a toujours l’espoir de s’adapter, c’est le représentant psorique de la famille.
b) Baryta carbonica : la peur est encore plus amplifiée du fait de la conscience de ses difficultés intellectuelles ; l’enfant ne lâche plus ses parents. C’est certainement le plus cancérinique du groupe.
c) Magnesia carbonica : celui du groupe le moins peureux et le moins sur la défensive, grâce à l’association avec le magnésium, hautement réactif chimiquement ; il peut accepter jusqu’à un haut degré de faire taire sa colère de peur d’être abandonné, mais souvent il sera très irritable. Cette façon de faire taire son sentiment est typiquement sycotique.
d) Kalium carbonicum : connaît peu de peurs aussi, et compense son vécu d’abandon par le besoin de suivre des lois, d’adhérer à des règlements stricts. La perception manichéenne des choses et le suivi des règles est ici l’apport du radical potassium. Ce vécu du danger constant qui doit être évité en permanence grâce aux règles qu’on s’impose en fait un remède de la lignée paludéenne.
Si un cas comporte plus de trois peurs il faut penser à Calc dit Kent. On reconnaît d’un coup d’œil l’enfant Calcarea : teint pâle, grosse tête, surpoids, regard fuyant, timidité, mollesse. Il reste alors à chercher les terreurs nocturnes (souvent l’enfant voit des figures qui lui font peur sur le mur), l’onychophagie, les sueurs du cuir chevelu < en dormant ou au mouvement, les ganglions. Les envies alimentaires sont souvent bien marquées : désir de sel, d’œufs, de chocolat, de viande.
Ces enfants ont toujours très peu d’énergie, ils font tout à leur propre rythme, qui est lent. Cependant, ils sont capables de réaliser de longs travaux et surprendre ainsi l’entourage qui peut les trouver bêtes du fait de leur lenteur d’apprentissage. Plus grands, ils peuvent devenir de type « bull-dozer », capables de ne jamais se fatiguer dans un travail harassant. Endurants, ils ne brillent pas par l’inventivité ni l’esprit d’initiative, en somme c’est tout le contraire de Phosphorus.
Ils ont tendance à être maladroits dans leurs mouvements, et pour toutes ces raisons se mettent en retrait des jeux avec les autres dans la cour. Ils abandonnent volontiers au moindre problème au lieu de s’accrocher pour y parvenir. En classe, ils n’osent bien sûr pas prendre la parole de peur qu’on se moque d’eux.
Si on prend la peine de le chercher, on rencontre assez volontiers un signe vraiment étrange. Ces enfants constipés réagissent très mal à un médicament laxatif, s’ils ont un jour une diarrhée, ils sont au plus mal, alors qu’ils vont mieux lorsqu’ils sont constipés !
Ils souffrent de tout ce qui peut les accélérer : pression des parents bien sûr mais même les trajets en voiture ou tout autre forme de mouvement rapide (mal des transports).
Bien que leur naturel soit calme et craintifs, ils peuvent présenter des colères explosives, quand leur saturation est atteinte.
Diagnostic différentiel :
ðHep. Le morphotype est très semblable, et chaque remède présente des signes animaux (problématique victime / agresseur) aussi bien que des signes minéraux (problématique de structure). Même si l’enfant Calc. Connaît des colères lorsqu’on le pousse a bout (au point d’être confondu parfois avec Lycopodium), ce n’est en aucun cas un enfant aussi hypersensible que Hepar qui est bien plus irritable et moins peureux. L’enfant Calcarea est anxieux pour l’avenir, pour des petits riens, avec la crainte d’avoir mal fait, il anticipe tout et se sent coupable ; celui d’Hepar est soucieux pour les autres (à la façon de Baryta carbonica), il pense que l’un de ses parents est malade ; il se met en colère contre lui même s’il a quelque chose à se reprocher, il est capable de faire des colères monstres et même d’être violent envers les autres. Les deux remèdes ont des céphalées : celles de Calcarea sont en rapport avec l’effort mental ou le temps humide, alors que l’enfant Hepar a mal à la tête dès qu’il est exposé au vent froid. Un petit signe qui m’a parfois rendu service : Calcarea cligne des yeux en lisant, alors que la matière médicale recense c signe chez Hepar après la lecture seulement. Le ventre de l’enfant Calcarea gonfle après manger, celui d’Hepar rien qu’en buvant. Calcarea peut avoir les pieds froids et moites mais présenter aussi une chaleur brûlante des pieds qu’il sort du lit, alors que Hepar a les pieds gelés et ne
veut pour rien au monde les découvrir.
ðMag-c.
Bien entendu, le type « pépère » permet de confondre aisément les deux remèdes. Par rapport à Calcarea carbonica, Mag-c est beaucoup plus irritable, ne transpire quasiment pas (notamment pas de la tête), est sujet aux diarrhées (verdâtres, précédées de fortes crampes à se plier en deux). Tout en lui sent l’aigre. C’est un enfant qui souffre de l’abandon, bien plus que Calcarea qui a peur qu’on le laisse seul. En cela, il est très sensible aux querelles, ne supportant pas les disputes, ou bien ayant souffert de disputes parentales. L’enfant Calcarea apprend tardivement à parler et fait des erreurs en parlant ; celui de Magnesia carbonica se trompe souvent en écrivant. L’enfant Calcarea présente une forte aversion pour le mouvement et se trouve mieux en s’asseyant, alors que Magnesia est souvent mieux en bougeant, en marchant, ne présente en tout cas pas d’aversion pour l’effort physique et n’aime pas rester assis. La tête de Calcarea transpire souvent le soir ou lors du coucher, alors que l’on retrouve ce type de transpiration seulement le matin chez Magnesia. Les deux remèdes aiment beaucoup la viande. Magnesia peut aussi aimer beaucoup les légumes, ce qui est inhabituel chez les enfants, donc de grande valeur. Calcarea présente un désir de fruits acides, alors que Magnesia les déteste souvent. Les enfants Calcarea ont souvent mal à la tête depuis les vertèbres cervicales, alors que chez Magnesia on observe que la douleur cervicale irradie vers le bas le long du dos. Dans ses rêves, Calcarea peut avoir faim, alors que Magnesia rêve d’avoir soif ou de voir décédés des gens de sa famille.
Hepar sulfur
Groupe : Merc., Nit-ac., Hep.
Affections : Polychreste. Bronchite asthmatiforme (alternant avec éruptions). Bronchiolite. Laryngite. Dentition. Diarrhée. Otite. Eczéma. Verrues.
Hepar Sulfuris Calcarea se prépare par la calcination en vase clos d’un mélange à parties égales de la partie calcaire de l’écaille d’huître réduite en poudre fine, et de fleur de soufre très pure. Le mélange est placé dans un creuset neuf que l’on porte au rouge pendant dix minutes. On coule la masse liquide sur une plaque de marbre et on la recouvre d’une capsule pour arrêter la combustion. Après refroidissement, le produit est conservé à l’abri de l’air et de la lumière, en un flacon hermétique. On procède par la suite aux triturations selon le mode habituel en homéopathie.
Cela fait de Hepar Sulfur un curieux remède animal. L’abréviation Hepar fait oublier trop souvent le radical Calcarea bien présent dans le médicament. Si on l’avait appelé Hepar Calcareum la compréhension de ce remède aurait été bien améliorée…
Pour dépister facilement Hepar il faut se souvenir que c’est avant tout une sorte de Calcarea du moins dans le morphotype des enfants et dans la vulnérabilité qu’évoque le radical calcaire. Les bébés Hepar sont parfaitement décrits par Hering comme « gras, mous, et bien en chair ».
En méconnaissant Hepar, on se trouve bien ennuyé en pratique devant un enfant qui semble avoir tout du Calcarea : bien gras, une grosse tête, des gros ganglions, un visage rouge écarlate ou avec une rougeur des joues mais qui ne transpire pas de la tête, et qui fait des infections bronchiques répétées (bronchiolites), des otites ou des laryngites. Dans ce cas, tous les voyants passent au rouge et vous devez rechercher les odeurs acides qui sont souvent la marque du remède chez un bébé volontiers constipé, qui a tendance à s’infecter les yeux (ophtalmies), et de mauvaise humeur.
La peau est souvent le siège de nombreuses affections qui ont tendance à faire des croûtes, ou à suppurer (adénopathies). Classiquement on rencontre une fissure derrière l’oreille, ou bien l’eczéma a pu démarrer dans la région de l’oreille pour s’étendre au visage ou au cuir chevelu. L’autre localisation élective des éruptions est le creux axillaire où l’on rencontre de l’eczéma, des furoncles, et des éruptions aussi bien sèches qu’humides. Hepar est aussi un remède de zona et d’herpès.
L’hypersensibilité est présente dans tous les symptômes selon leur localisation : le petit est nerveux, coléreux, sensible à la moindre contradiction, ses éruptions sont sensibles au moindre toucher. Hepar souffre d’un moindre rien à cause de son hypersensibilité et cherche à expulser violemment la cause de sa souffrance ; d’où mon terme « éruption » qui qualifie son mécanisme de défense aussi bien contre les agressions psychiques (insultes) que contre les corps étrangers (suppuration).
La précipitation est un autre signe fréquent facile à retrouver si l’on regarde le bébé s’alimenter : il se jette précipitamment sur son biberon, boit aussi en toute hâte. Ceci permet de le différentier de Nux-v qui ne supporte pas de se remplir trop l’estomac. Les goûts alimentaires sont parfois marqués : désir de choses acides, de vinaigre et de cornichons.
Signe rare mais caractéristique si on le rencontre : la pyromanie.
Diagnostic différentiel :
ðMerc.
L’enfant Mercurius ne supporte pas moins la contradiction, il est spontanément violent, meneur, présente des sueurs nocturnes, et des signes de la langue et de la muqueuse buccale faciles à identifier.
ðCalc :
voir Calcarea carbonica.
Magnesia carbonica
Groupe : Calcarea
Affections : Dentition. Otites. Eczéma. Gastro entérites. Troubles du sommeil. Troubles du comportement.
Pour mémoriser ce remède il suffit de rappeler le slogan de Canada Dry : il ressemble à Calcarea, il a un goût de Calcarea, mais ce n’est pas Calcarea. En effet, on se trouve en présence d’un enfant nerveux (qui sursaute facilement après un toucher inattendu par exemple) mais tout mou sur le plan musculaire, peu endurant à l’effort, bien en chair, à la grosse tête, et qui vous fera irrésistiblement penser à Calc. Mais… il n’y a pas de transpiration, la tête ne sue pas en dormant. Tout au plus, le visage s’empourpre et transpire si l’enfant boit chaud.
Sur le plan mental, on assiste à la même fatigabilité : l’enfant rentre épuisé de l’école et fait une céphalée de type névralgique (Calc-p, Tub, etc.), qui les empêche de dormir la nuit. Ce sont des enfants toujours très fatigués le matin au réveil, il est très difficile de les sortir du lit.
C’est un enfant qui a besoin de mouvement, ce qui contraste bien avec Calc et surtout qui est très irritable. Certes, certains Calcarea peuvent être irritables et mal tolérer la contradiction au point qu’on peut hésiter à prescrire Lycopodium, mais cela n’atteint pas le degré de Mag-c. Cette irritabilité, ce tempérament explosif sera progressivement éteint à mesure que l’enfant grandira. Une fois grand il dissimulera sa réaction pour essayer contre vents et marées d’éviter les conflits, quitte à avaler bien des contrariétés. C’est pourquoi Mag-c appartient au miasme sycotique.
C’est un remède de routine dans les diarrhées des enfants, lors de la dentition notamment, surtout si les selles sont décolorées, et en général d’odeur acide (Rheum).
L’odeur acide nous rappelle que le lait semble incomplètement digéré, il y a souvent une intolérance pour le lait avec des vomissements acides et des selles claires, pâteuses et lientériques. Dans les formes entéritiques, on a des selles aqueuses et excoriantes. C’est dans ce contexte que l’enfant développe volontiers des troubles respiratoires (bronchites).
Sur le plan alimentaire, nous sommes aidés par des envies souvent bien définies : il y a un désir très marqué pour la viande et une aversion pour tout ce qui concerne les végétaux.
Enfin, la peau est souvent très sèche, au point d’avoir des éruptions squameuses, au niveau du cuir chevelu.
Diagnostic différentiel :
ðLes autres enfants irritables
ðCalc : voir Calcarea.
Baryta carbonica
Groupe : Calcarea.
Affections : Végétations adénoïdes. Angines. Difficultés scolaires. Verrues des mains ou des doigts.
Encore un remède marqué par les caricatures qu’on en a fait dans l’école française. Certes, ils ont toutes les peines à retenir leurs leçons. Ce qui domine dans leur mentalité c’est la crainte de mal faire et qu l’on se moque d’eux. Sans la moindre arriération, on rencontre fréquemment ce genre d’enfants très peureux, qui pensent qu’on se moque d’eux, se cachent le visage de leurs mains, ou bien se réfugient derrière un meuble pour que le médecin ne les regarde pas. Ils ne supportent pas de rencontrer des gens qu’ils ne connaissent pas et se mettent à s’agiter désespérément pour échapper à leur vue ou à leur présence. Notez bien le distinguo avec les Antimonium qui ont un caractère bien plus bagarreur et qui n’hésiteront pas à vous menacer ou vous donner des tapes de la main.
C’est un remède de la lignée Cancérinique, centré sur la crainte de la perte du contrôle, en quoi il ressemble beaucoup à Carcinosin.
L’enfant Baryta carbonica anticipe beaucoup, est très anxieux, surtout pour les personnes dont il dépend (parents ou personnes qui s’occupent de lui).
Ils n’aiment pas aller à l’école de crainte de laisser leurs parents, ils ont besoin de la présence de leurs parents pour le moindre rien. Cette crainte de la séparation repose sur deux mécanismes :
a) La parentalisation de l’enfant, à cause de la carence de l’un des deux parents.
b) La peur d’être livré à lui même car l’enfant se sent incapable de s’assumer seul.
Une fois encore, on constate combien le radical carbone est impliqué dans les mécanismes de défense et de protection.
Ce sont des enfants qui comprennent lentement (PSYCHISME: Lenteur de compréhension, difficulté à penser ou à comprendre, enfants, chez les). Le manque de concentration est absolument étonnant : ils ne restent jamais bien longtemps à jouer à la même chose ; ils attrapent un objet et le tripotent un moment, puis le laissent tomber ; on peut capter leur attention une minute ou deux et ensuite ils s’en retournent vers leur mère. Une fois plus grands, on rencontre le même problème à l’école : ils ne se concentrent pas sur leurs leçons, ils ont l’air d’avoir parfaitement appris une leçon et le lendemain ils sont tout à fait incapables de s’en rappeler. Leur mère peut leur faire revoir le même texte une dizaine de fois durant deux heures, de sorte que l’enfant semble tout connaître par cœur. On lui fait alors faire une petite pause et à son retour, il a tout oublié.
Ils apprennent à parler et à marcher lentement. Ils ont de volumineux ganglions (ce qui le rapproche ici de Calc), et font volontiers des angines à répétition. Souvent les amygdales ou les végétations sont tellement hypertrophiées qu’ils ne peuvent respirer par le nez.
Très souvent : onychophagie. La transpiration nauséabonde des pieds est retrouvée fréquemment et contrairement à Calcarea, à qui ils ressemblent beaucoup du fait de la grosse tête et de la bouche ouverte, ils ne transpirent pas de la tête. Il y a souvent de la sécheresse de la peau et de l’eczéma, une blépharite chronique est volontiers rencontrée. Enfin, on peut trouver une salivation abondante chez certains enfants qui présentent de façon marquée le problèmes ORL décrits ci-dessus.
ðBaryta muriatica est apparenté à Baryta carbonica, mais dans ce sel c’est le radical muriatique qui domine. Ce sont des enfants qui souffrent plutôt d’un manque de développement physique alors que leur cousin Bar-c est affecté sur la sphère intellectuelle. Ils frappent par leur maigreur, leur teint pâle, et sont souvent amenés dans un état de véritable marasme. Le déficit immunitaire de Bar-c se traduit par des angines, alors que chez Bar-m on rencontre des toux sèches chroniques (souvent un motif de consultation). Enfin, les allergies sont très fréquentes, comme chez Nat-m, avec ceci de particulier que l’enfant éternue dans son sommeil.
Carbo vegetabilis
Groupe : Calc., Sulph.
Affections : Asthme. Troubles digestifs. Constipation.
Souvent c’est un état qui se développe à la suite de conditions particulières qui ont pu marquer l’enfant qui appelle Carb-v :
§ Circulaire du cordon, et autres état asphyxiques à la naissance,
§ Suites d’une maladie dont l’enfant s’est mal remis : rougeole, bronchite ou pneumonie (souvent dans une grippe), ou encore coqueluche (Sang.).
Le morceau de bois qui n’en finit pas de se consumer dans une ambiance raréfiée en oxygène vous donne l’image parfaite de Carbo
vegetabilis. Tout le patient tourne au ralenti, il semble ne pas s’oxygéner suffisamment, la chaleur l’aggrave sous toutes ses formes, il ne peut supporter le manque d’air : besoin d’ouvrir les fenêtres, besoin de plein air, désir d’être éventé. C’est un antipsorique proche de Sulfur, il faut absolument s’en souvenir devant un enfant qui ne répond pas aux remèdes indiqués et chez lequel on connaît l’antécédent de double circulaire du cordon.
Dans un tel état général le moindre travail supplémentaire demandé à l’organisme entraîne des troubles, voie une défaillance générale (respiratoire, circulatoire) :
§ la digestion : le moindre écart de régime sera suivi de troubles dyspeptiques importants avec des fortes flatulences ; le moindre aliment trop riche sera interminablement digéré ;
§ les extrêmes de température :
o l’exposition à l’air froid de la nuit surtout après avoir eu chaud, ou le fait d’être resté tout habillé dans une pièce chauffée en hiver pour sortir à nouveau au froid donne à tous les coups une diarrhée au bébé.
o mais aussi le temps chaud, lourd et humide, qui va accroître encore la défaillance du système et produire des coryzas ou des gastro entérites.
La moindre bouchée rassasie très vite l’enfant, qui se met à gonfler d’air, et qui se trouve obligé de desserrer ses vêtements en
attendant de pouvoir évacuer quelques gaz qui lui font du bien. Chez les bébés, la plénitude est telle qu’il se produit une forte dyspnée. Les extrémités sont facilement bleues et froides. La stase capillaire est souvent marquée sur la peau du bébé de sorte que l’empreinte du doigt demeure après qu’on ait appuyé dessus.
L’effort mental l’aggrave considérablement, c’est bien entendu un enfant qui présente une lenteur de l’intellect, une lenteur de réaction, un manque d’allant. L’enfant Carb-v est facilement découragé, devient grincheux si on le pousse un peu, mais même dans ce cas il n’est pas vraiment dans une colère noire. Lorsque les parents le prennent en charge et s’occupent de le faire travailler, il développe vite une céphalée qui a ceci de particulier qu’elle siège en général au niveau occipital.
Les cauchemars accentuent la ressemblance avec Calcarea : l’enfant voit des visages, des fantômes, de sorte qu’il a très peur du noir et ne veut pas aller au lit.
Ces enfants souvent frileux se mettent à avoir trop chaud au lit, et transpirent alors abondamment. Contrairement à Calc, il s’agit d’une transpiration généralisée, qui prédomine aux extrémités. L’odeur est acide, mais moins marquée que chez Mag-c ou Rheum. Souvent on rencontre des épistaxis durant le sommeil, qui jouent véritablement le rôle de soupape dans cet organisme qui accumule tout et tourne au ralenti.
L’accumulation se constate aussi au niveau rectal avec une forte constipation, associée à la fameuse flatulence. Le moindre courant d’air va cependant faire apparaître une diarrhée, mais l’enfant retombe ensuite bien vite au stade de constipation.
Le plan alimentaire nous fournit souvent des signes bien marqués : il y a un désir de sucreries, mais aussi un goût très marqué
pour le sel. Bien entendu, le appareil digestif fragilisé e supporte pas les aliments gras, ni riches, et il existe souvent une aversion pour le lait.
Diagnostic différentiel :
Carb-v est indiqué dans les suites d’une agression aigue de l’organisme.
ðCalcarea
carbonica : les deux remèdes conviennent à des gros bébés, ou du moins des enfants dont le ventre est proéminent. Carb-v transpire de tout le corps dans le lit, alors que les sueurs de Calc. sont localisées. Les deux remèdes ont peur de l’obscurité, et font des cauchemars, mais l’enfant Calc ne présente pas la même peur d’aller au lit, il grince des dents en dormant, il n’a pas la flatulence aussi marquée que Carb-v.
ðLycopodium :
peut être envisagé à cause des troubles digestifs. Mais la ressemblance s’arrête là. L’enfant Carb-v est poussif, lent, fatigable pour des riens alors que celui de Lycopodium est irritable, veut se mesurer avec tout le monde, etc.
Kali sulphuricum
Groupe : Calc., Sulph.
Affections : Asthme. Eczéma. Rhinos. Otites.
Kali sulph est le moins gras de notre groupe « pépère ». L’enfant Kali-s a souvent trop chaud, cette modalité thermique est suffisamment rare chez les enfants pour qu’on y accorde de l’attention. Kent dit de ce remède que c’est une sorte de Pulsatilla intensifié, cela est vrai sous certains angles seulement.
Avant tout Kali-s est un enfant qui a toujours trop chaud, on peut donc le confondre avec Pulsatilla et Sulphur, l’enfant a besoin d’être dehors, et ne supporte pas une atmosphère confinée. Qui plus est, un peu à l’instar de Mag-c, l’enfant a besoin de bouger, d’où l’amélioration par l’exercice en plein air. Pour pousser la ressemblance avec Pulsatilla, il existe souvent une aggravation par les aliments gras.
Mais l’enfant Kalis est bien plus mou et « pépère » que l’enfant Pulsatilla. Il est facilement épuisé par l’effort musculaire. L’enfant Pulsatilla peut piquer une colère puis c’est fini, mais Kali sulphuricum est obstiné, ira jusqu’au bout et tiendra tête, ce qui ne se voit en aucun cas chez Pulsatilla.
Pulsatilla et Kali-s correspondent à des enfants timides, le second manquant beaucoup de confiance en lui ; les deux ont peur du noir, sursautent facilement, ou sont vite apeurés par un bruit inattendu par exemple.
Mais les enfant Kali-s ont une tendance très « sulfurienne » au laisser aller, à la paresse. Ils n’ont aucun intérêt à l’apprentissage, ils n’aiment pas travailler, et sont vite épuisés par le travail scolaire alors que l’enfant Pulsatilla possède un intellect acéré et travaille souvent bien ne serait-ce que pour plaire aux parents.
Le tableau que l’on rencontre fréquemment chez Kali-s est celui d’un enfant souvent malade, le teint pâlichon, avec les joues qui peuvent présenter des rougeurs circonscrites comme Puls. Mais l’enfant Pulsatilla a souvent un teint floride, qui respire plus la santé que celui de Kali-s.
A l’examen, on retrouve quasiment toujours la langue recouverte d’un enduit jaune. Cet enduit affecte spécialement la base de la langue mais peut parfaitement se répandre sur toute sa surface. L’écoulement nasal est assez aqueux, filamenteux et jaunâtre. Chez Pulsatilla, l’écoulement est plutôt épais et crémeux, non irritant.
Diagnostic différentiel :
ðPulsatilla : voir le texte ci-dessus.
ðSulfur : voir le texte ci-dessus.
Nerveux / Agité / Effrayé
Staphysagria
Groupe : Ars, Phos, Thuj ou Caust, Coloc.
Affections : Troubles du sommeil. Troubles du comportement. Verrues. Cystites et infections urinaires. Eczéma.
L’un de mes tout premiers cas était celui d’une fillette de 10 ans amenée jadis par sa grand mère pour des cystites à répétition depuis deux ans. A l’époque, je consultais bénévolement les familles du personnel soignant de l’hôpital dans une petite pièce et mon expérience n’était pas encore bien grande, mais suffisante pour que je remarque qu’il était rare que ce soit l’un des grands parents qui m’amène un enfant. Je m’informais donc de la situation familiale. Le début des cystites coïncidait avec la séparation des parents. La fillette n’était pas triste de la situation, mais en l’interrogeant plus avant il s’avérait qu’elle trouvait injuste qu’on ne lui ait pas demandé son avis pour savoir avec quel parent elle voulait aller. Elle était vraiment révoltée de cette injustice. Staph. 200 je crois n’a jamais eu besoin d’être renouvelé.
Staphysagria est l’un des remèdes qui nous font découvrir la dimension transgénérationnelle dans l’apparition des troubles des enfants. Le cas du petit Robin est édifiant à ce propos. Agé de 8 ans, il était amené par sa mère qui ne pouvait plus le supporter. L’enfant était carrément odieux, son comportement provocateur m’était déjà assez insupportable en quelques minutes pour réaliser ce que sa mère endurait. Il entrait aussi dans des colères noires, et jetait à la figure de ses parents tout ce qui lui tombait sous la main. Il avait un besoin de consommer de la viande, et réclamait toujours des steaks ; en outre il ne cessait de se masturber dès qu’il avait un instant. Le tableau de l’enfant était si marqué que je recherchais un facteur causal. Le couple parental fonctionnait bien, et l’enfant était aimé de ses parents. Aussi je m’informais des circonstances ayant entouré la grossesse, y avait-il eu des évènements désagréables vécus par sa mère par exemple ? A ma surprise, celle-ci se mit à dépeindre avec une grande émotion, la gorge nouée par la rancœur, une situation invraisemblable de conflit avec leurs voisins durant toute la grossesse. Apparemment le conflit de voisinage était allé au point que les habitants de la maison d’à côté avaient saboté les freins de leur voiture pour essayer de causer un accident. L’affaire avait été portée devant les tribunaux, etc., etc. Staphysagria transforma l’enfant et fit le plus grand bien … à la mère.
Nous retiendrons donc le comportement provocateur, « à chercher la baffe » car il n’y a pas d’autre façon de mieux décrire la chose, de l’enfant Staphysagria. L’hypersensibilité en fait une plaie ouverte. A ceci il faut ajouter les colères, caractérisées par le besoin de jeter des choses au loin (Tub), les désirs alimentaires souvent bien marqués sur la viande et les choses relevées. On trouve parfois une transpiration nauséabonde de la tête, des caries précoces. La masturbation est retrouvée dans les deux
sexes. Chez la fillette on a souvent une vulvite ce qui fait qu’on ne sait plus bien ce qui relève du prurit ou de la masturbation.
Il n’est pas rare, une fois l’action de Staphysagria terminée, d’avoir à prescrire Causticum qui le complète souvent très bien.
Calcarea phosphorica
Groupe : Calc, Lyc, Sulph. et aussi Phos, Tub.
Affections : Troubles ORL à répétition. Marasme. Troubles digestifs. Croissance. Céphalées.
Sel résultant de la combinaison de deux opposés que sont Calcarea carbonica et Phosphorus. Cliniquement, le morphotype est à rattacher à Phosphorus, c’est un remède qui convient aux personnes fines, élancées et qui ne parviennent jamais à prendre de poids.
Kent disait de ce genre de remèdes qui résultent de la combinaison de deux éléments qu’ils possèdent des signes de chacun d’entre eux. C’est une manière intéressante d’étudier la matière médicale car il faut toujours avoir à l’esprit que le sel peut présenter un symptôme connu pour appartenir à l’un des constituants.
De l’héritage Calcarea carbonica, on trouve
– La lenteur intellectuelle, la perte de motivation (situation classique de ne plus “avoir la pêche” à l’issue d’une maladie affaiblissante, un long souci, un chagrin, une déception sentimentale, une croissance trop rapide).
– Les troubles osseux (douleurs de croissance, dentition lente ou troubles lors de la dentition, fractures répétées, ou cal osseux lent à se former, caries précoces), le phosphate de calcium étant l’élément constitutif essentiel de l’os.
– Les tuméfactions ganglionnaires.
– Les sueurs de la tête, notamment en dormant.
– L’aggravation par le lait (même le lait maternel n’est pas supporté).
De l’héritage Phosphorus :
– Une prédominance de signes tuberculiniques : désir de voyage, insatisfaction et mécontentement. Le radical phosphore l’emporte sur le calcaire : Calc-p est un remède tuberculinique.
– Une fatigabilité exagérée, surtout à l’effort mental (alors que Phos redoute surtout le manque de sommeil).
– L’appétit sans grossir.
Les désirs alimentaires rappellent ceux de Tuberculinum : envie de jambon fumé, de saucisson, de sel, de gras, de sucreries. Un seul évoque Calcarea, c’est le désir de choses indigestes, qui se retrouve fréquemment chez l’enfant qui mange des crayons, des gommes, voire des insectes ramassés dans la cour de l’école.
Outre le tissu osseux, c’est aussi un immense remède glandulaire, il affecte les ganglions, et surtout les seins. Calc-p est souvent indiqué à la puberté chez les garçons. Le symptôme Tumeur de la taille d’une noix dans le sein gauche chez un homme (Calc-p remède unique au premier degré dans la rubrique) constitue un excellent point d’appel.
On amène un enfant tout maigrichon, le teint clair, avec une pâleur maladive du visage et les yeux cernés. Le regard anxieux et un peu suppliant évoque bien Pulsatilla par exemple, mais ce serait un Pulsatilla qui aurait fait une sacré cure d’amaigrissement et il n’y a pas la tendance aux larmes. Le visage exprime l’anxiété, ou même la tristesse (Ars, Carc).
Cependant il faut se méfier de l’eau qui dort, et le même enfant est capable d’avoir en dehors de la présence du médecin un caractère grincheux, irritable et mécontent.
On ne tarde pas à découvrir à ses dépens qu’un tel enfant est agité qu’il crie très souvent, qu’il est emporté et ne supporte pas la contradiction. Il critique volontiers tout le monde et est très jaloux. Ce sont des enfants très sensibles et révoltés un peu comme dans Staphysagria. A l’occasion on rencontre le symptôme Indignation au sujet de rêves désagréables qui est une véritable key note : par exemple l’enfant Calc-p rêve que ses parents emmènent son petit frère avec eux en voyage et que lui est obligé de
rester à la maison.
Il suce son pouce ou met carrément la main dans la bouche. Il pousse mal, prend peu en taille ou en poids (parfois c’est le contraire, on peut prescrire Calc-p chez l’adolescent qui prend 6 cm par mois).
Il y a fort à parier que l’enfant présente une ou plusieurs des trois douleurs suivantes :
– Douleurs osseuses, mal aux jambes, aux hanches, dans les chevilles ; souvent au point qu’on a pris l’habitude de lui donner de l’aspirine ou d’autres cachets, et que l’on a pratiqué un bilan radiologique.
– Douleurs de la tête. C’est un enfant fatigué par ses cours. Il a ce que l’on appelait la céphalée des écolières : l’attention en classe le fatigue, lui donne mal à la tête, et toutes les après midi en rentrant à la maison il faut lui donner un antalgique.
– Douleurs abdominales. C’est le grand classique de l’enfant Calc-p : il se met à table et au cours du repas, voire après les premières bouchées, il s’interrompt d’un coup en se tenant le ventre, et doit quitter la table.
L’état de faiblesse motive souvent la consultation. L’enfant est inattentif, anormalement fatigable, il ne parvient même pas à se tenir droit, il est tout voûté, avec une nuque très maigre. Kent prenait l’image de la silice qui fait tenir droite la tige de blé, la métaphore s’applique aussi à Calc-p. Bien sûr, devant une telle déminéralisation il est facile de deviner qu’il a marché tard, mis les dents très tard ou bien qu’à chaque dent il a fait une affection ORL (otite, rhino, bronchite) ou bien qu’il a commencé à se couvrir d’eczéma. Comme Phosphorus, Calc-p présente des taches blanches sur les ongles, ce qui est logique au vu du miasme tuberculinique. Parfois les choses vont encore plus loin et on rencontre des enfants qui font de très nombreuses caries malgré une hygiène dentaire assez irréprochable.
On rencontre volontiers chez les petites filles des vulvo-vaginites, ou bien des pertes blanches. Il faut penser à le demander aux parents.
L’enfant présente souvent une grosse tête et contrairement à Sil ou à Calc, il n’y a pas d’agrandissement de l’abdomen, mais un ventre tout maigre, avec les côtes saillantes. Au point où en sont les choses, on peut facilement étonner les parents en prédisant que l’enfant transpire de la tête en dormant. En tâtant le cou, on trouve bien évidemment de nombreuses chaînes ganglionnaires.
Il reste à s’assurer des envies alimentaires qui font le désespoir des parents : il ne mangerait que du saucisson si on le laissait faire, il ne veut manger que de la viande, il met du sel dans tout il faut se gendarmer.
Tuberculinum
Groupe : Calc-p, Phos. Complémentaire : Sulph.
Affections : Polychreste. Troubles ORL à répétition. Terreurs nocturnes et troubles du sommeil. Troubles respiratoires. Tics. Toux chronique. Pollinose. Eczéma.
Je cède à la tentation de vous donner ce cas clinique que regroupe presque tous les signes que l’on rencontre chez l’enfant. Le petit Kevin P. est né en 1991. Je l’ai vu pour la première fois en août 93. Pas d’antécédents particuliers personnels. On retiendra sur le plan familial que les deux grands-parents maternels ont été tuberculeux et que la sœur de sa grand-mère maternelle est morte de tuberculose à l’âge de 14 ans.
C’est un garçon extrêmement turbulent, il ne reste pas en place. Tout le temps de la consultation, il va et vient, saute, monte sur la chaise, le bureau, etc. Pas calme, c’est le moins qu’on puisse dire, d’ailleurs il crie énormément, pour des riens, quand il désire quelque chose ou même quand il joue.
Il est en opposition avec ses parents, dès qu’il a su parler c’était pour dire “non”. Cela va bien au-delà de ce qui est habituel pour les enfants de son âge. Il dit toujours “non avant de répondre” comme le dit si joliment sa mère. Il se vexe facilement, pique de fortes
colères et va jusqu’à se frapper la tête contre les murs. Pourtant, il a aussi des périodes où il peut être adorable.
Les désirs alimentaires sont nettement marqués : il aime tout ce qui a du goût, surtout le salé (il lui arrive de manger du sel pur).
Il a fallu attendre l’âge de 28 mois pour qu’il commence à faire ses nuits. Quand il veut bien dormir, Kevin dort non seulement sur le ventre, mais carrément à quatre pattes, la tête bien calée contre le bord du lit.
Tub. M. Revu en Octobre. Tous les symptômes se sont estompés progressivement en une quinzaine de jours. Ses colères sont devenues très rares, il ne frappe plus sa tête, et surtout il dort très bien. Il a pris du poids (environ 3 kg) alors qu’il stagnait. Comme quelques troubles du sommeil reviennent, je lui répète Tub M.
J’ai revu Kevin en septembre 99, âgé de 8 ans, pour des cauchemars suite à l’arrivée d’une petite sœur. Entre-temps, il a fait quelques rhumes à l’occasion qui se sont guéris d’eux mêmes en deux ou trois jours. Comme Tuberculinum est un grand remède de terreurs nocturnes, je n’ai eu qu’à le renouveler sans vraiment me fatiguer, mais cette fois en LM2 du fait de la révolution introduite par la dose liquide dans ma pratique. La dernière consultation en 2001 a duré quelques minutes pour lui donner deux grains de Tuberculinum LM3 qui lui ont fait à nouveau beaucoup de bien.
L’insatisfaction est toujours au centre du comportement de l’enfant Tuberculinum, au point que cela conduit à une véritable instabilité. Il a toujours le besoin de changer, de bouger, d’aller d’ici à là. L’enfant a rapidement assez de ce qu’il est en train de faire, il peut avoir désiré une chose très longtemps et dès qu’il l’obtient, il n’en veut déjà plus. De ce fait, les parents désespèrent de parvenir à trouver quelque chose qui lui aille, puisque il n’est jamais content : par exemple dans la façon de s’habiller, il veut se changer, mettre ceci puis cela, etc. Il arrive même de voir le petit changer d’école.
Cet enfant au teint pâlichon et aux joues rouges se réfugie alors volontiers dans un monde idéal, qu’il se plait à imaginer parfait, par exemple « quand je serai grand ma vie sera comme ceci ou comme cela » et ils vont vivre des années durant dans l’attente de cet idéal. Cela fait de Tuberculinum un médicament fréquent chez les jeunes filles qui écrivent des poèmes et se trouvent déçues par la vie.
De la déception naissent les colères. Elles sont souvent violentes, au point de les tourner contre soi, se frapper la tête contre le sol, etc. Cent ans après l’observation de Kent, j’ai pu vérifier que l’enfant Tuberculinum peut refuser d’entrer dans le cabinet de consultation, au point qu’il faudrait parfois le traîner par les cheveux…
L’irritabilité le matin au réveil (Lyc.) est un signe fréquemment retrouvé, la nuit l’enfant a des cauchemars, grince des dents, transpire de la tête, dort à quatre pattes et a toutes les peines du monde à se lever, alors que le soir il « pète la forme ».
Tuberculinum est souvent en retard pour la dentition, mais souvent en avance sur le plan intellectuel. Les peurs sont nombreuses : la peur des chiens, des chats (y compris allergie aux chats), des insectes.
On retrouve souvent des désirs alimentaires très marqués : sel, viande, gras (au point d’aller manger celui laissé par le voisin dans son assiette), jambon, saucisson, glaces. Bien entendu, le terrain allergique extrêmement développé ne se limite pas aux pollens, on observe fréquemment une allergie au lait de vache avec de l’eczéma atopique ; bien qu’il y ait un désir marqué de lait froid.
Enfin, ne manquons pas de parler du BCG, qui aggrave considérablement les enfants Tuberculinum, puisqu’on leur apporte en dose massives sous cutanées une substance qui les fait déjà bondir sous forme dynamisée. Très souvent le BCG reste négatif malgré toutes les tentatives.
ðBacillinum ressemble beaucoup à Tuberculinum. Je n’ai pas de diagnostic différentiel clair, mais je l’ai donné avec succès chez un enfant qui avait tous les signes de Tuberculinum et qui consultait pour une alopécie.
Diagnostic différentiel :
ðLycopodium est le rival de Tuberculinum, tous deux remèdes hautement tuberculiniques. Tous deux se réveillent de mauvaise humeur (3 points de valorisation relative), transpirent de la tête en dormant et se mettent en position génupectorale au lit. Tous deux ont un morphotype proche, le teint plus clair cependant chez Tub. (pâle aux joues et aux lèvres rouges), les membres grêles, et mangent sans prendre de poids. Les goûts de Lycopodium sont centrés sur les sucreries, ceux de Tuberculinum vont très nettement vers le salé.
Lycopodium met un certain temps d’observation en entrant dans le cabinet, temps durant lequel il est très sage, et observe tout ce qui se passe, tout en fronçant souvent les sourcils. Un peu plus tard il se met à poser des questions du type « et ça c’est quoi ? », « et sur ton écran ya quoi ? », etc. Puis il commence à n’en faire qu’à sa tête, jusqu’à ce qu’on hausse le ton pour remettre les limites. Il y a une transpiration désagréable des pieds et un intolérance pour les vêtements serrés qu’on ne retrouve pas chez Tub.
Tuberculinum est pénible d’entrée de jeu. Il n’est pas rare de le voir arriver en hurlant, traîné par sa mère, il refuse de vous regarder, croise les bras, se cache finalement pour bouder derrière la chaise de sa mère. Très agité, il finit par se mettre à aller partout, voire à escalader les meubles. Bien entendu, il n’a cure des remarques que pourront lui faire ses parents, et tout cela finira souvent par des cris et des corrections…
ðCalcarea phosphorica est non seulement confondu avec Tuberculinum mais il arrive fréquemment que ces remèdes alternent, ou que l’on doive donner Tuberculinum comme intercurrent. Rien ne se ressemble plus en effet que deux enfants pâlichons et tout maigres, sujets aux rhumes et malades tous les hivers. Les deux remèdes peuvent avoir des maux de tête. Ceux de Tub. sont périodiques une fois par semaine (ou le week end comme Sulfur) ou liés au travail scolaire comme chez Calcarea phosphorica. Les deux remèdes adorent la viande, le jambon et le saucisson, ainsi que le sel. Chez Calcarea phosphorica il n’y a pas l’irritabilité du matin, et souvent on retrouve les maux de ventre en mangeant qui force à quitter la table, et bien entendu les douleurs « de
croissance ».
ðVoir Kali bromatum page 21 pour une discussion détaillée des terreurs nocturnes.
Sanicula
Groupe : Calc, Sil
Affections : ORL. Troubles du sommeil (terreurs). Eczéma. Agitation.
Du fait d’une pathogénésie restreinte, on a du mal à prescrire Sanicula et on le confond avec d’autres plus connus que lui. Résultat : on reprend mois après mois bon nombre de cas où Calcarea, Tuberculinum ou Lycopodium ont lamentablement échoué et on trouve que Sanicula est indiqué et fonctionne remarquablement.
Comme Carcinosin, Sanicula possède des tas de symptômes qui changent sans arrêt. Comme Calcarea carbonica, il transpire de la tête en dormant. Comme Sulphur il a besoin de sortir les pieds du lit. Comme Silicea, Lycopodium ou Tuberculinum, il a beaucoup de « caractère ». Comme Carcinosin, Calcarea, Tuberculinum ou Sulphur, il aime ajouter du sel dans ses plats. Plus encore : comme Natrum muriaticum, il ajoute du sel et peut rêver à des voleurs ou avoir peur d’eux.
L’eau de Sanicula contient de nombreux éléments minéraux qui vous donnent une idée de la complexité de ses effets : chlorure de sodium, chlorure de calcium, chlorure de magnésium, bicarbonate de calcium, sulfate de calcium, sulfate de potassium, bicarbonate de sodium, bromate de sodium, bicarbonate de fer, iodure de sodium, silice, alumine, bicarbonate de lithium, phosphate de sodium. Littéralement, on dirait que ses symptômes divers sautent de ceux d’un sel à l’autre.
Le premier signe de Sanicula est l’instabilité. Il est vrai que les enfants surtout petits fixent rarement leur attention sur une même chose bien longtemps mais chez Sanicula c’est carrément l’instabilité : il font ceci quelques instants, autre chose ensuite, etc. D’ailleurs, les parents n’en peuvent plus et c’est souvent la première chose qu’ils vous disent ou le motif de la consultation. Tout le comportement d’ailleurs peut devenir « erratique », un peu comme un bateau sans gouvernail. Cela vous explicite le sens de la rubrique Errer, partir à l’aventure, se promener au hasard qu’il faut savoir donc prendre dans un sens plus large. Les trois grands remèdes de ce type de comportement sont sans doute Calc-p., Sanic., et Tub.
Le second est l’irritabilité. C’est l’un des remèdes d’enfants les plus irritables, tout comme Chamomilla, Silicea, Lycopodium, ou
Tuberculinum.
ðSilicea ressemble énormément à Sanicula. Cette ressemblance est d’autant plus notable que l’enfant a appris à marcher tard, mange beaucoup sans grossir. D’abord, Sil est un enfant hyper-consciencieux, soucieux de bien faire, etc. Cela fait tout de suite un contraste avec Sanic. Ensuite la transpiration de la tête en dormant : Sil transpire souvent dès l’endormissement ou pendant le sommeil, mais de toute la tête, alors que Sanicula de la nuque ou de l’occiput. Frans Vermeulen explicite fort bien ce point qui n’est pas un détail. Sanicula transpire en fait à cause du contact (rubrique Transpiration, Localisation Parties sur lesquelles on est allongé). Si le patient dort sur le côté, la sueur sera sur le côté de la tête, pour avoir la transpiration de la nuque, il faut que le patient dorme sur le dos. Alors que Calc ou Sil transpirent de toute la tête indépendamment du contact ou de la pression. Sanic est recensé dans la rubrique mentale Touché, aversion à être. Cette aggravation par le contact va donc très loin puisque ce sont des gens qui ne supportent pas qu’un membre touche l’autre ou bien de dormir près d’une autre personne. Vermeulen me cite ainsi le cas d’un kiné dont le tableau ressemblait fort à Silica et qui commençait à transpirer de la paume des mains en massant les gens.
Pour séparer Sanic et Sil, notons que le premier a besoin de voyager (comme Tub, Carc et compagnie) alors que ce n’est pas le cas de Sil qui possède même la nostalgie. Sanicula aime la viande et le sel, alors que Sil c’est juste le contraire. L’un et l’autre sont des remèdes d’abcès, furoncles, etc. Souvent dans ce cas, les douleurs sont > par la chaleur dans Sil. De façon très caractéristique Sanic peut affecter le bord des paupières (ulcération, suppuration, etc.) alors que Sil attaque la surface conjonctivale. D’une façon générale Sil est mieux au chaud et par la chaleur, c’est le contraire pour Sanic qui est > en plein air, < dans une pièce chauffée, etc. Dans la même optique les extrémités de Sil sont glacées alors que chez Sanic cela brûle, il faut les découvrir, comme dans Sulph. Pour finir, je cite un point amusant : les deux remèdes rêvent à des voleurs. Mais Sil rêve de se battre contre eux, alors que Sanic, tout comme Nat-m, doit vérifier une fois réveillé qu’il n’y a personne dans la maison.
Le troisième : les peurs. Il y a la peur de l’obscurité, les terreurs nocturnes, la peur des mouvements vers le bas (Bor, Calc-p).
ð Calcarea s’impose comme diagnostic différentiel du fait des peurs très marqués. La ressemblance est ici étroite entre ces remèdes : les sueurs, le goût pour la viande, le sel, le même appétit sans grossir, le même retard à l’apprentissage de la marche, les terreurs nocturnes, souvent aussi mêmes éruptions de la région des oreilles (excoriations, fissures). Evidemment, si l’enfant est très rond, soude ses fontanelles en retard et adore les œufs, on ne discutera pas Calc, mais il faut se rappeler que Calc convient aussi à des enfants maigres. Dans les cas de Calc il est rare de ne pas trouver de ganglions, il faut penser à les chercher, souvent ils sont saillants dans la région du cou.
Ces deux remèdes se ressemblent tellement qu’il est parfois impossible de les séparer avec les éléments que nous fournissent l’observation d’un enfant (c’est à dire souvent peu de choses) ou l’interrogatoire des parents.
Une planche de salut tout de même : si l’enfant est assez grand on pourra déterminer que Calc est > par la chaleur et n’aime pas le plein air, alors que c’est le contraire dans Sanicula.
En pratique, on risque de voir échouer Calc dans un cas qui semble typique si ce n’était que l’enfant n’est pas aussi rond que d’habitude, alors vraisemblablement, Sanicula fera merveille. Ces modalités se retrouvent sur le plan alimentaire : les deux aiment le lait, mais typiquement Sanicula le boit froid, alors que Calc l’aime chaud.
Les désirs alimentaires sont souvent bien marqués, l’enfant ayant un excellent appétit et ne « profitant » pas. Désir : de sel, de viande. Moins souvent : le désir de lait (froid), de jambon et choses fumées, et de gras. Vous aurez compris que l’envie de manger le gras du jambon est une indication du remède. C’est un grand remède, aux côtés de Sil, des bébés qui vomissent le lait. Ce sont des vomissements en jet très spectaculaires comme dans Aeth.
Les écoulements sont excoriants et ont une odeur prononcée de saumure ou de vieux fromage. Les pieds puent (comme Sil), les selles puent, etc. L’odeur des selles de Sanicula est telle que c’est souvent impossible de la faire partir, elle colle littéralement au patient. Cela se voit chez certains bébés qui font dans ce cas le désespoir de leur mère. Pour ce qui est des selles, les livres décrivent la constipation comme typique. En fait l’enfant peut avoir des selles normales ; et même aussi la diarrhée. Dans la constipation, les selles sont souvent énormes (comme Calc), parfois peuvent se réduire en miettes en sortant de l’anus (comme Nat-m).
Les pieds sont souvent brûlants de sorte que l’enfant veut les sortir du lit.
ðIci, le remède est très ressemblant à Sulph : même appétit vorace sans grossir, etc. Mais vous voyez que sur le reste on fait facilement la différence.
La peau est souvent excoriée, à plus forte raison s’il existe un écoulement.
C’est un grand remède d’eczéma, pour peu que les autres symptômes soient présents. Très souvent, c’est une fissure derrière l’oreille, avec un écoulement irritant. Dans ce cas, bien que Sanicula ne figure pas dans la rubrique, il peut aussi exister l’odeur de poisson que le remède possède d’une façon générale. Cela rend possible la confusion avec Tellurium.
Kali bromatum
Groupe : Spongia -> Kali bromatum.
Affections : Terreurs nocturnes. Eczéma. Laryngites.
Rien de tel qu’un petit cas clinique pour planter le décor.
Le cas du petit Martin R., né en 1987 est typique :
Je le vois pour la première fois le 26 Avril 1995 pour des troubles du comportement. Ses parents se sont séparés. Il en est bien entendu très affecté. Il grignote ses affaires, frappe les autres enfants, etc.
Comme antécédents, on retiendra un impétigo vers l’âge de cinq ans, qui s’est développé sur de larges surfaces en moins de 48 heures, avec des croûtes très épaisses et des ulcérations profondes (ecthyma), ayant nécessité l’hospitalisation. Il transpire de la tête, peut être un peu plus en dormant. Il a de nombreux ganglions dans le cou.
Surtout, ce qui frappe le plus, c’est son côté “chien battu”, c’est sa mère qui parle, lui ne dit rien hormis se tripoter les mains et pousser de gros soupirs.
Les symptômes me semblant peu clairs, j’adopte la stratégie la plus prudente qui consiste à donner d’abord un remède végétal qui souvent améliorera la situation tout en laissant les symptômes “décanter” afin de voir ensuite un remède mieux visé. Prescription : Ign. M.
Revu le 27 Novembre 1995 : il va bien mieux, il s’est amélioré dès le troisième jour suivant la prise. Puis la dose a été répétée vers le début Juin. Une prise de Ign. XM au mois de Juillet.
Pour résumer, le comportement s’est bien amélioré mais persiste un sentiment d’abandon très marqué : l’enfant ne quitte pas sa mère, exprime clairement qu’il a peur qu’elle le laisse, etc.
Le second point important : des réveils la nuit en hurlant de terreur. Enfin, il se tripote constamment la “zézette”.
Ceci forme la triade Kali bromatum enfant, le groupe de symptômes le plus souvent rencontré :
1. Abandon
2. Terreurs nocturnes
3. Excitation sexuelle (je pense que l’on peut sans grand risque d’erreur ajouter Kali-br. à la rubrique Masturbation).
On remarquera que Kalium bromatum présente plein de signes d’agitation surtout des mains, et que c’est un important remède de peau (psoriasis) mais surtout d’impétigo dans sa forme ulcéro nécrosante, ce qui couvre du même coup les antécédents de notre petit Martin.
Prescription : Kali-br 200 le 27 11 95. Résultat étonnant : il est changé en tout, etc. Retour de quelques symptômes fin janvier 96 : Kali-br 200. Mars 96 : Kali-br M pour retour de quelques cauchemars. Je n’ai pas revu cet enfant depuis 1999, pour un certificat, il se portait bien.
A l’époque des doses sèches, mais cela est toujours vrai en phase liquide, lorsqu’une basse dynamisation comme 200 dont la durée d’action moyenne est d’environ 3 semaines fonctionne aussi bien pendant presque deux mois, c’est un critère de très bon pronostic qui atteste qu’on tient un remède bien ciblé.
Pragmatiquement, on est amené souvent à prescrire Kali-br dans les suites d’une laryngite aiguë traitée avec succès par Spongia (le radical Brome est très proche de Iodum). On aura affaire à des enfants très nerveux, pâlichons, assez maigres, agités, faisant volontiers des gestes sans arrêt (les mains, les doigts, tripoter, etc.). De tels enfants dorment mal, d’un sommeil agité, et souffrent de terreurs nocturnes (Kali-br est un grand remède de toux sèche chronique, < la nuit, chez des enfants au sommeil agité, ou mieux, qui font des cauchemars ou des terreurs).
nLa terreur nocturne est un trouble du sommeil de la même nature que les rythmies, le somnambulisme. La terreur survient une seule fois par nuit, au cours du premier sommeil (une à trois heures après l’endormissement). Elle s’accompagne de troubles neurovégétatifs divers : mydriase, sueurs, hypothermie, troubles digestifs et souvent d’hallucinations. Ce qui différencie bien du cauchemar, c’est l’absence de souvenir de la crise, la survenue unique par nuit ; dans la terreur l’enfant a les yeux grands ouverts comme dans une crise hallucinatoire, on ne parvient pas à l’éveiller.
Le symptôme terreur nocturne se trouve dans le répertoire à Peur, nuit, enfants (Pour être vraiment à l’abri des mauvaises surprises que réserve une rubrique incomplète, pensez à regarder aussi dans la section Sommeil, Réveil, frayeur, suite de).
Notez combien ce symptôme de terreur nocturne est extrêmement valorisé pour Kalium bromatum : une énorme valorisation relative de trois points. Les terreurs nocturnes sont tellement marquées dans le remède que vous les retrouverez même chez l’adulte, avec des histoires de somnambulisme, de sursauts pendant le sommeil, etc. Le bruxisme confirme l’importante activité cérébrale pendant le sommeil. Il est fréquent de le rencontrer associé à la terreur nocturne.
ÞTuberculinum présente un sommeil très agité, reflet de son activité diurne. L’enfant crie, parle, sursaute, ou grince des dent en dormant. Surtout il bouge la tête, il la roule en dormant ou la tape contre le lit avec des mouvements rythmiques lors de l’endormissement. En dormant les chocs dans les membres sont typiques, il y a aussi des clonies musculaires lors de l’endormissement. L’enfant se réveille terrifié de son cauchemar, la tête en sueur. Rappelons la position génupectorale et l’humeur le matin au réveil.
ÞBorax est un remède classique des terreurs nocturnes, l’enfant s’agrippe à ceux qui sont proches, sans reconnaître personne tout comme Stramonium. Ce besoin de s’accrocher relève de la peur intense dans Stram, qui est > dans les bras, alors que le besoin de s’agripper et les sursauts se retrouvent dans toute la pathogénésie de Borax. Ce sont des enfant très peureux, sensibles au moindre bruit, qui sursautent très facilement. Le bruit les rend très anxieux. Le bébé écarte les bras, très effrayé d’un coup, quand on le pose dans le berceau, ce qui le distingue de Calc ou Calc-p qui ont peur quand on les soulève soudainement, et de Cham qui demande a être bercé et agité dans les bras. Les peurs de Borax sont limitées au bruit et à certains mouvements alors que celle de Kali-br est plus diffuse, accompagnée souvent d’illusions (fantômes, thèmes de poursuite, entend des voix qui l’appellent, etc.). Les sursauts sont très violents dans Bor, et réveillent le patient, alors que Kali-br peut sursauter dans son sommeil sans que cela ne le réveille.
ÞStramonium possède les terreurs nocturnes au point qu’il en devient le remède de première intention un peu comme on donne Arnica dans les contusions. Stram possède surtout une peur intense de l’obscurité que ne présente pas Kali-br. Il a un fort désir de lumière et de compagnie. Suites de peur : contes ou films qui impressionnent beaucoup l’enfant, avec terreurs la nuit. Très peu de douleur, enfants très ” durs “. Tendance aux spasmes, contractions, tics, bégaiement. On rencontre volontiers la violence (enfants frappeurs, même si éventuellement la violence peut manquer au tableau), la jalousie chez Stramonium, ce qui le démarque facilement de Kali-br.
ÞChloralum, est un candidat qui ne se conçoit pas sans éruptions, tout au moins, je n’ai jamais eu à le donner en dehors d’un contexte d’affection cutanée. Le sirop de chloral a été largement utilisé en médecine classique comme somnifère. Le grand point d’appel de Chloralum est l’insomnie telle qu’on en voit dans les surmenages. Le sommeil est alors très léger, avec parfois des hallucinations. A ma connaissance c’est le seul remède qui ne cherche pas à fuir ses hallucinations et qui les combat activement. Classiquement le malade jette sa bouillotte sur l’illusion qui lui fait peur au pied de son lit ; l’enfant quant à lui saisit les peluches et les jette contre ce qui l’effraie (volontiers durant la dentition). J’ai eu l’occasion de le donner chez des enfants souffrant d’eczéma sans autre caractéristique qu’une < nocturne du prurit, au point de les empêcher de dormir. Il s’installe alors très vite un état de fatigue intense à la suite de manque de sommeil, le sommeil devient semi éveillé et des crises hallucinatoires surviennent (souvent l’éruption est de type urticarien, en larges plaques sur les membres, avec un prurit invraisemblable).
ÞKalium phosphoricum est un remède tellement proche chimiquement de Kali-br qu’il faut avoir en tête sa grande modalité : l’effort mental. Boericke dit que c’est l’un des plus grand remèdes nerveux. C’est un remède du grand enfant qui est épuisé par le travail scolaire. Les crises de terreur surviennent d’ailleurs le plus souvent en fin de trimestre, lorsque l’enfant devient épuisé, irritable, devient somnambule, gémit en dormant.
ÞCina est un remède intimement associé aux verminoses bien que parfois l’irritabilité extrême et les colères en soient dissociées. Voir au chapitre Cina page 37 le cas clinique du petit Billy. Il griffe ceux qui viennent l’aider à se réveiller.
Tub, Bor, Stram cherchent à fuir l’hallucination, Chloralum jette des choses dessus, alors que Cina garde son tempérament coléreux et cherche à mordre, griffer, frapper. On trouvera dans toutes les matières médicales la description de l’irritabilité, > par le bercement, l’enfant devient raide et donne des coups de pieds si on le prend dans les bras.
Cet état nerveux rappelle Chamomilla mais ici s’ajoutent des signes vermineux caractéristiques (d’ailleurs Cina agira aussi bien même si l’on ne peut apporter la preuve de l’infestation, pourvu que les symptômes agréent) : cris, sursauts, pendant le sommeil, grincement des dents en dormant, se frotte le nez sans cesse, sautes d’humeur et d’appétit, toux spasmodique nocturne sine materia. Notez que même si Kali-br grince aussi des dents en dormant, le reste du tableau permet de séparer facilement les deux
remèdes.
L’enfant est toujours de mauvaise humeur, ne supporte pas qu’on le touche, ni qu’on le regarde, avec les yeux cernés.
ÞSanicula est l’un de mes remèdes favoris. Sa composition chimique complexe en fait un remède de prescription difficile. Sanic ressemble à Calc et à Sil. Ne pensez jamais à l’un ou l’autre de ces deux polychrestes sans avoir une arrière pensée pour Sanicula. Les signes courants sont la transpiration du cuir chevelu pendant le sommeil, l’instabilité dans les occupations (l’enfant ne peut se fixer plus de quelques minutes sur la même chose), l’extrême irritabilité. Sur le plan alimentaire on dispose de signes faciles à relever : désir de sel, de choses fumées, jambon, saucisson, etc.
ÞCela nous conduit tout naturellement à parler de Calcarea carbonica, mais tant de signes séparent ce remède de Kali-br que la discussion devient inutile.
ÞArsenicum album. Cet immense remède est adapté aux enfants qui souffrent de cette peur particulière, qui peut les obséder : la mort. D’ailleurs le décès d’un être proche est volontiers un point d’entrée dans le remède. La peur de l’obscurité d’Ars n’existe pas chez Kali-br, de plus Ars possède un comportement bien typique avec le besoin de ranger les objets à leur place et le besoin de compagnie.
ðCarcinosin présente aussi l’indication de terreurs nocturnes. C’est le premier remède à envisager en cas d’insomnie des enfants. On a des sueurs nocturnes du cuir chevelu, une position génupectorale, des grincement des dents. C’est un enfant perfectionniste qui ressemble à Arsenicum du fait de son anxiété constante. Mais dans Carc, l’anxiété est dirigée sur autrui, l’enfant redoute qu’il n’arrive quelque chose à ses parents ou à ses petits frères et sœurs. C’est le prototype de l’enfant parentalisé.
nL’excitation sexuelle est la marque du remède, le prolongement de son action sur le tissu nerveux. Dans l’un ou l’autre sexe on rencontre fréquemment des phénomènes de masturbation très prononcés. Chez le petit garçon il n’est pas rare de rencontrer des érections à tout moment. La caractéristique étant que ces érections sont très prolongées, les parents racontent que l’enfant vaque à ses occupations, joue pendant longtemps tout en restant dans cet état qui confine au priapisme.
nLes troubles du comportement : Kalium bromatum est très proche de Tuberculinum pour l’agitation incessante chez les enfants.
nLa coqueluche : encore une indication de notre Kali bromatum méconnue de nos jours. Ce remède est d’autant plus précieux qu’il s’adapte aux cas qui sont dépourvus de signes généraux, avec peu de signes caractéristiques.
Dès que l’enfant menace de convulser, il faut absolument penser au remède. C’est parfois le seul signe d’appel sur ce genre de coqueluche ou de toux coqueluchoïde. En général il est sage de donner devant un cas de toux débutante sans autre symptôme une prise de Carbo vegetabilis, souvent cela permet de traiter une bonne moitié des cas.
Malheureusement celui qui appelle Kali-br ne sera pas affecté par Carb-v. Le patient va avoir une toux de plus en plus sèche et
suffocante au point qu’il ne parvient pas à reprendre son souffle et qu’apparaissent des signes convulsifs ; la quinte peut donner aussi des vomissements. L’aggravation nocturne ou en position allongée ne vous apportera rien de significatif pour confirmer le remède. Ce qui est le plus frappant c’est l’absence de tout autre signe, pas de rougeurs, pas de modalités liées à la température ou aux boissons. Ce paysage symptomatique désert associé à l’irritation cérébrale donne l’indication de Kali-br.
nLa toux, les signes laryngés : Kali bromatum est un remède de laryngite, comme son parent Bromium. Kali-br ne possède pas la virulence qui fait prescrire Bromium, Spongia ou Hepar mais convient à certaines formes aiguës néanmoins. Devant toute laryngite qui a cédé en aigu à Spongia, vous devez systématiquement étudier Kali-br dans les suites, soit pour compléter l’action du remède aigu, soit parce que l’épisode aigu Spongia révèle un état chronique Kali-br.
Voici la description que l’on trouve dans Hering, une fois de plus il est difficile de donner mieux en restant plus concis :
Croup spasmodique ; dans les stades précoces lorsque l’enfant se porte encore bien dans la journée ; il est agité la nuit, le visage tout rouge, les yeux injectés ; au bout de plusieurs heures il dort en respirant facilement et de façon naturelle mais il se réveille bientôt en pleine crise ; hyperesthésie des nerfs du larynx suivie dans un stade plus tardif d’une réaction naturelle [anesthésie] ; perte de la sensibilité du larynx ; exsudation d’une substance ferme, blanchâtre depuis la trachée et les bronches ; voix enrouée, voix rauque et douloureuse [à ajouter dans le répertoire] ; toussotement avec confusion et bradypsychie ; se réveille soudainement d’un sommeil profond avec une sensation de suffocation, une toux sèche claironnante de sonorité particulière et une respiration accélérée.
Il existe un signe pathognomonique qui fait donner volontiers Kali-br en aigu : “Enfants faibles et nerveux réveillés par un toux sèche spasmodique qui les amène à hurler de terreur” (seul et unique remède, premier degré).
Voici comment vous rencontrerez ce signe. Il arrive bien trois ou quatre cas par hiver où la mère d’un enfant vous appelle en disant : “il allait bien aujourd’hui, et il s’est réveillé complètement perdu, il avait très peur et ne savait pas où il était en se réveillant, et s’est mis à tousser très rauque”. En d’autres termes lors d’une laryngite : l’enfant semble aller bien pendant la journée mais la nuit se retrouve tout agité, le visage rouge et transpirant, avec les classiques signes du sommeil.
ÞAconit présente des signes très proches avec la peur et l’aggravation nocturne. Dans Aconit les troubles sont très soudains, chez un enfant de type solide et vigoureux, constitution qui est l’opposée de celle des enfants Kali-br. La laryngite de Kali-br ne s’installe pas avec autant de soudaineté et de violence qu’Aconit. Différence subtile, dans Aconit la peur est engendrée par la violence et les phénomènes algiques alors que dans Kali-br c’est un état de peur sans rapport avec l’affection, mais à cause d’un état nerveux particulier. Gardez à l’esprit que Acon est un remède hyperalgique, le tableau est dominé par la douleur, ça hurle, ça crie tant on a mal, le larynx est très endolori, la toux est très douloureuse. Dans Kali-br vous aurez la surprise de constater l’absence de douleur malgré une toux de sonorité aboyante digne d’un vrai chien. La différence n’est parfois pas facile à faire et parfois seul l’échec d’Acon (qui doit agir en quelques minutes) fait penser ensuite à Kali-br.
Il arrive souvent qu’un remède aigu ouvre la voie du médicament plus indiqué « en profondeur ». D’où l’importance de pouvoir traiter les cas urgents !
nLes troubles digestifs : crampes et diarrhées, coliques des nouveau-nés sujets aux aphtes, les douleurs reviennent périodiquement, surtout vers 17 heures (Hering). Cette indication est tout simplement royale. Les enfants présentant ce genre de coliques ont souvent eu du Lycopodium sans résultat, pensez à Kali-br.
Souvent les selles sont de couleur verdâtre, aqueuses. Pendant la selle on peut voir l’abdomen devenir dur, avec de fortes douleurs et des contractions des muscles abdominaux.
Dans Hering on trouve la description d’irritation réflexe du cerveau avec les yeux révulsés, les pupilles dilatées, etc. Ce n’est plus le
type de cas que l’on rencontre sous nos latitudes.
En été on peut voir des cas de diarrhée qui surviennent brutalement, avec une forte prostration, les mains et les pied froids, la tête chaude, les pupilles dilatées. Si surviennent là dessus quelques signes d’excitation nerveuse, Kali bromatum est le remède indiqué.
ÞVous voyez ici comme le remède se distingue des classiques comme Cuprum qui présente des crampes musculaires liées à la déshydratation, et non pas à une irritation neurologique.
Coffea
Groupe : Acon.
Affections : Dentition. Situations hyperalgiques.
C’est un remède très proche de Nux-v, avec l’hyperesthésie et l’acuité des sens, on peut considérer Coffea comme le Doliprane homéopathique au même titre qu’Aconit. Ces deux derniers remèdes doivent en effet être systématiquement évoqués devant toute situation algique aiguë et se complètent mutuellement.
La douleur est intolérable, il y a aussi de la rougeur des joues et une chaleur du visage, une dilatation des pupilles, qui nous place devant un tableau très proche de Belladona. Mais dans la fièvre, Belladona devient de plus en plus apeuré face à des hallucinations effrayantes et menace de convulser alors que Coffea présente une exaltation des pensées, parle de plus en plus à propos de sujets les plus variés.
Coffea est insuffisamment prescrit lors de la dentition quand l’enfant a les joues rouges, trépigne de douleur, mais ne présente pas le tableau habituel de Chamomilla.
Insomnie par suite d’excitation (départ en vacances, joie soudaine, émotion soudaine, etc.), avec réveil au moindre bruit (Bor, Carc).
Bébés fins, nerveux, délicats, insomniaques.
Diagnostic différentiel :
ðEn pratique, on fera un distinguo très simple entre le bébé Coff et Cham : celui de Chamomilla réclame les bras, alors que celui de Coffea ne supporte pas qu’on le touche.
Borax
Groupe : Nat-m.
Affections : Eczéma. Terreurs nocturnes. (Aphtes).
C’est un remède très proche de Nat-m, de part sa composition chimique (borate de sodium). Souvent il faudra l’évoquer devant l’un des parents de l’enfant de type Nat-m. ou Sep. Ce sont des enfant très peureux, sensibles au moindre bruit, qui sursautent très facilement. Le bruit les rend très anxieux.
Le bébé écarte les bras, très effrayé d’un coup, quand on le pose dans le berceau, ce qui le distingue de Calc ou Calc-p qui ont peur quand on les soulève soudainement, et de Cham qui demande a être bercé et agité dans
les bras.
ðL’enfant Pulsatilla voudra qu’on le balade en douceur, lentement, alors que l’enfant Arsenicum demande a être porté presque en courant.
Grand remède de terreurs nocturnes, l’enfant s’agrippe à ceux qui sont proches, sans reconnaître personne. Stram présente les même symptômes, mais l’enfant de Stram est impressionné par ce qu’il a vu dans la journée.
ðVoir Kali bromatum page 21 pour une discussion détaillée des terreurs nocturnes.
Enfin, Bor présente classiquement des aphtes, qui peuvent aller jusqu’à la stomatite par bouche sèche. L’inflammation aphteuse de la bouche est un concomitant des autres symptômes, notamment la diarrhée. La bouche ets chaude, ce qu eremarque la maman quand elle donne le sein. Le petit rejette le sein et crie de douleur et de contrariété ou bien refuse tout simplement de téter.
ðBryonia est aussi indiqué dans les inflammations de la bouche chez les bébés. L’enfant refuse à cor et à cris de prendre le sein, mais que l’on mouille un peu sa bouche, il se jette sur le sein et tète énergiquement.
ðMercurius est tout le contraire et présente une bouche humide et une salivation importante. C’est aussi un remède indiqué dans la mammite.
ðArum tryphillum se distingue de Borax par la violence de symptômes et par les croûtes autour de la bouche et des narines, ainsi que la muqueuse à vif.
Iodum
Groupe : Bromium ; Puls->Lyc->Sulph
Affections : Rhinos. Troubles du comportement. Rhinites allergiques et asthme.
Contrairement aux enfants Bromium, ceux de Iodum ont un teint foncé, les cheveux noirs. Ils sont maigres, très nerveux, agités, ne tenant jamais en place.
L’enfant Iodum possède par définition la bougeotte, au degré le plus intense, un besoin d’occupation au dernier degré, et est très « touche à tout ». Ce sont des enfants qui vont trop vite, et ne peuvent se fixer, d’où les difficultés scolaires. Ils ont souvent le comportement de la mouche du coche, courant ici, puis là. En fait ce sont des enfants qui sont carrément anxieux s’ils restent tranquilles. Par exemple il ne restent pas assis à table mais en font plutôt le tour tout en mangeant. Ou bien ils prennent un aliment, sortent en courant pour faire autre chose, puis reviennent prendre autre chose, etc. L’impulsion à courir est caractéristique, dans le même ordre d’idée : gestes brusques.
Très irritable, violentes colères, surtout s’il doit attendre pour manger ; il y a une amélioration générale en mangeant. L’enfant joue par exemple tranquillement avec les autres, et d’un coup, sans rime ni raison, il se met en colère, entre dans la violence et se met à frapper. C’est le genre de cas où l’on hésitera avec Lyc (surtout que les deux remèdes mangent bien sans grossir pour autant) : faute de signes supplémentaires, il sera sage de commencer par donner Iodum qui précède bien Lycopodium.
Ces impulsions soudaines, cette irritabilité qui explose soudainement et sans raison sont la marque même du médicament. On dirait tout à fait que l’enfant est incapable de contrôler son énergie, et qu’au contraire c’est son énergie qui le contrôle ; énergie pour laquelle il a toutes les peines du monde à trouver un exutoire. Il n’est pas rare qu’après de tels accès, l’enfant se retrouve carrément déprimé, il reste silencieux, sans pleurer, et perd tout intérêt aux choses. Aversion pour la compagnie, ne supporte pas qu’on le regarde, qu’on l’approche.
L’appétit est très important, non seulement en arrivant à table mais aussi entre les repas. On les dirait complètement à court de batteries s’ils restent trop longtemps sans manger. Ils se retrouvent alors épuisés ou commencent un fort mal de tête. Malgré cet appétit, l’enfant reste mince (Lyc, Tub, etc.).
C’est un remède de sinusite et de rhinopharyngite : Iodum possède le catarrhe aigu de toutes les muqueuses. Le moindre rhume se propage aux sinus, avec un écoulement aqueux, irritant la peau. Si l’enfant est assez grand il se plaindra d’avoir le nez bouché et désigne la racine du nez. Souvent d’ailleurs cet endroit se trouve objectivement tuméfié et sensible à la pression. Les yeux coulent aussi beaucoup et l’enfant éternue sans cesse. On retrouvera des accès de ce type dans l’anamnèse d’enfants amenés pour de l’asthme des foins. Iodum est un grand remède d’asthme quand la crise fait suite à un rhume.
La muqueuse du larynx est aussi sujette au catarrhe. Le larynx est sensible, douloureux, avec de l’enrouement. Il existe des toux croupales, avec des accès suffocants durant lesquels la peau est très chaude, l’enfant lui même ne supportant absolument pas la chaleur. Durant ces accès, l’enfant est terrifié.
ðArsenicum présente le même genre de croup. Il y a la même sensation de chaleur, la même douleur brûlante du larynx, la même agitation, la même anxiété, l’enfant terrifié avec la suffocation. Mais l’enfant Arsenicum a froid et veut toujours de la chaleur, sa peau est légèrement moite, alors que l’enfant Iodum a trop chaud et veut avoir de l’air, sa peau étant sèche et brûlante.
Au niveau digestif, l’enfant Iodum est sujet aux diarrhées, avec des selles mousseuses, et décolorées, parfois avec des signes de défaillance du pancréas avec des selles grasses et huileuses. Dans les cas< de rhumatisme, Borland signale que les crises rhumatismes sont souvent précédées par une diarrhée. Cliniquement Iodum rend souvent service chez les enfants atteints de mucoviscidose.
Borland note que les enfants Iodum de type pléthorique, aux joues colorées sont souvent sujets à des accès de rhumatisme aigu avec des douleurs améliorées par le mouvement et très aggravées par la chaleur. Dans ce genre de cas il peut y avoir aussi des signes de péricardite dont les modalités sont opposées aux modalités générales (< mouvement et > chaleur).
Comme son nom l’indique, il a une affinité particulière pour la thyroïde. Les glandes en général sont affectées, avec hypotrophie et indurations, sauf les végétations et la thyroïde qui sont volumineuses (c’est un moyen mnémotechnique, puisque les végétations adénoïdes ne sont pas constituées de tissu glandulaire).
L’aggravation par la chaleur est difficile à mettre en évidence chez les enfants, mais le petit Iodum ne supporte pas une pièce chauffée, la chaleur du soleil, un bain chaud, etc.
Aggravation très marquée au bord de mer.
Diagnostic différentiel :
ðBromium est corrélé avec Iodum, comme tous les halogènes, mais le type d’enfant est radicalement opposé.
ðSulfur peut être aisément confondu avec Iodum, mais Sulfur présente des signes cutanés bien plus marqués avec du prurit et de nombreuses éruptions. Iodum présente de véritables impulsions meurtrières alors que Sulfur redoute de se mettre en colère de peur de tueur quelqu’un. Sulfur possède un ego développé, il est tout fier de ses vêtements usés, alors que Iodum présente beaucoup de compassion, et est très consciencieux dans tout ce qu’il fait. Iodum est un médicament de coryza allergique associé à de l’asthme, le coryza de Sulfur est associé à une laryngite. Les muqueuses de Iodum sont sèches le matin (nez, larynx), alors que
Sulfur présente un écoulement catarrhal et des mucosités laryngées le matin. La plupart des symptômes, dont la dyspnée de Iodum sont > après manger (et même après avoir mangé à satiété), alors que l’asthme de Sulfur est < après manger (tout comme Nux-v, Sulph est < en mangeant à satiété).
Fluoric acidum
Groupe : Sil (son complémentaire), Thuj, autres halogènes (Iodum, Bromium).
Affections : Caries. Dépression. Céphalées. Gastro entérites. Douleurs articulaires.
Un remède fréquemment sous prescrit dont je dois la connaissance à Borland. Si on fait abstraction de l’amélioration par le mouvement et du besoin de bouger constamment, on peut dire de Fl-ac que c’est une sorte de Silicea réchauffé.
Le fluor joue un rôle antagoniste par rapport à l’iode et provoque de nombreux troubles thyroïdiens. Ce n’est qu’à partir des années 1950 aux Etats Unis que l’on a commencé à décrire les syndromes d’inattention et hyperactivité. Ce qui fait coïncider le début de ce genre d’affection désormais fréquemment répandu chez les enfants avec la fluoration de l’eau potable, sachant que l’on a démontré que presque tous les enfants porteurs de ce trouble de l’inattention et d’hyperactivité sont porteurs d’une dysthyroïdie.
La plupart des enfants Fl-ac sont de teint clair, plutôt minces, voire maigres, les membres grêles et l’ossature fine ; mais on rencontre des sujets relativement bien en chair. Ils ont une tendance à être doux et aimables, et ne présentent pas l’irritabilité de l’enfant Silicea. Ils sont même d’une patience à toute épreuve, et présentent une vrai joie de vivre de sorte que les choses les plus ordinaires leur procurent un réel plaisir. Ceci ressemble aussi énormément à Sulphur.
Tout comme Silicea, ils sont tout de suite épuisés par la concentration intellectuelle. Les maux de tête à la sortie de l’école sont aussi fréquents que dans Calc-p ou Tuberculinum. Se manifeste alors une modalité très nette : l’enfant a besoin de se mettre de l’eau froide sur la tête ou de la baigner dans de l’eau froide ou encore de se passer le visage à l’eau froide. Les maux de tête surviennent aussi quand ils sont constipés ou encore quand ils ont dû se retenir d’aller uriner.
L’effort physique ait toujours du bien à l’enfant Fluoric acidum : il aime jouer, courir partout, cela le tonifie.
Le signe particulier qui doit vous diriger sur le remède est que cet enfant tout calme et heureux peut présenter une véritable haine apparemment sans raison aucune, a l’encontre tel ou tel à l’école. Ce mécanisme est tout à fait inhabituel chez l’enfant et se retrouve aussi chez l’adulte.
Bien des cas de Fl-ac seront amenés pour des histoires de :
nGastro entérites : la crise de diarrhée surviennent après que l’enfant ait bu quelque chose de chaud. Souvent il y a une fièvre élevée, l’enfant ne supportant aucune forme de chaleur et se découvrant de ses draps. Les selles sont excoriantes, et il y a quasiment toujours une irritation péri anale, ou des fissures anales (Carc, Nat-m).
nDépression scolaire : tout comme Silicea, si l’enfant doit soutenir le moindre effort, intellectuel ou bien rester debout longtemps, il se trouve mal, a mal à la tête et se trouve épuisé. L’enfant Fluoric acidum se met alors à avoir très faim, il a volontiers faim entre les repas, avec ce fameux mal de tête s’il a faim. De nombreux enfants Fluoric acidum ont besoin d’une ration supplémentaire dans leur cartable le matin, sinon ils ne tiennent pas la matinée et se retrouvent à midi avec un gros mal de tête. Ils peuvent même se réveiller la nuit en ayant faim, incapables de se rendormir tant qu’ils n‘ont pas mangé quelque chose. Malgré cet appétit, l’enfant reste mince (Iod, Lyc, Sulph, Tub, etc.). Un désir alimentaire fréquent est celui de manger des choses très épicées (Pulsatilla).
La concentration fait souvent défaut, les enfants Fl-ac font des erreurs en écrivant, ils transposent les mots, les lettres, etc. Les fautes sont tellement incompréhensibles que l’on se rend compte qu’elles proviennent d’une importante inattention, on se gendarme donc contre l’inattention, mais l’enfant ne peut rien y faire.
Autre signe courant de Fluoric acidum : dès que l’enfant est fatigué il a tendance à s’engourdir des bras ou des jambes. Cet engourdissement a ceci de particulier qu’il n‘a rien à voir avec une position ou la pression.
nDouleurs articulaires : comme on peut s’y attendre, les douleurs sont aggravées à la chaleur et améliorées par le mouvement. Il faut savoir évoquer le remède devant des « douleurs de croissance », ou un rhume de hanche, voire une maladie de Schlatter.
Ces enfants aux cheveux fins, tout comme Silicea, peuvent avoir des zones d’alopécie, mais la plupart du temps on observe des surfaces où les cheveux deviennent plus fins. Dans le même ordre d’idée, les phanères sont déformés, les ongles se fissurent, se cassent facilement. Les dents se carient rapidement, il y a même des abcès des racines.
Ce type d’enfant qui a souvent trop chaud transpire beaucoup des paumes, qui sont volontiers rouges, et aussi des pieds, avec une très forte odeur. La transpiration est excoriante, les pieds sont souvent à vif.
Diagnostic différentiel :
ðPulsatilla : l’enfant Pulsatilla est plus robustement charpenté et bien en chair (du moins le type gras du remède), alors que l’enfant Fluoric acidum est bien plus frêle. Il y a chez Pulsatilla une absence de tension, une douceur à la fois physique et mentale associée à une certaine passivité ou dépression. Chez Fluoric acidum on a une très forte activité physique, et intellectuelle. L’enfant Pulsatilla est épuisé par l’effort physique alors que l’enfant Fluoric acidum est littéralement regonflé par la dépense physique. Pulsatilla est aggravé par l’humidité et l’exposition au froid humide, devenant tout bleu et grelottant alors que Fluoric acidum va plonger dans l’eau glacée et s’en trouver revigoré.
Fluoric acidum peut se retrouver d’un coup en colère, et se mettra à frapper là où l’enfant Pulsatilla se mettra à pleurer après sa crise.
Zincum
Groupe : Ign
Affections : Otites. Troubles du comportement. Cauchemars. Somnambulisme. Toux.
J’ai commencé à comprendre l’indication de Zincum chez les enfants à partir du moment où je l’ai comparé à Ignatia. En effet, les deux remèdes conviennent à des enfants à qui on a demandé un surcroît d’usure nerveuse.
Là où Ignatia se tient sur le qui vive, prêt à répondre vite et efficacement à toute nouvelle situation, Zincum est usé, fatigué à la fois physiquement et mentalement à force d’avoir trop sollicité ses facultés intellectuelles.
Sans toucher à l’épuisement de Phosphoric acidum, Zincum convient à des enfants qui réagissent lentement, qui ont une mauvaise mémoire, apprennent difficilement et qui n’ont pas la tendance instable d’un Ignatia, qui peut changer d’humeur à tout moment.
On trouvera chez Zincum des antécédents de retard du développement, notamment la dentition, et un retard pubertaire est souvent une bonne indication du remède.
Le propre de Zincum est ce que malgré cet épuisement nerveux, l’enfant ne cesse de s’agiter, comme si les muscles avaient leur volonté propre. J’ai encore en mémoire un jeune homme de 16 ans, sur le point de passer son bac cette année. Il était amené par se parents pour un état dépressif très avancé. Lors du premier entretien, étant incapable de lui extraire le moindre mot, j’ai demandé un rendez vous urgent avec une structure d’écoute des adolescents en difficulté et prescrit Nat-m au jugé d’après le morphotype grand et maigre. Devant l’échec flagrant de la prescription au bout de 2 jours, je le convoque à nouveau. Cette fois il parle un peu plus. Je découvre qu’il s’est donné à corps perdu dans de très nombreuses activités, assumant entre autres la responsabilité de l’entraînement d’une équipe, menant de front ses études en vue du bac, etc. Tandis qu’il parlait j’étais fasciné par sa jambe. Elle tressautait avec une ampleur comme je ne l’avais encore jamais vu. Tout le corps suivait le mouvement de cette jambe. Zinc LM1 produisit un effet immédiat qui dura environ une demi journée avant une rechute. Je donnais donc l’instruction de renouveler deux fois par jour, ce qui nous conduisit à une amélioration stable en 2 jours. En une semaine le mieux était acquis, et finalement il n’a pas eu besoin de se rendre en psychothérapie.
Autre signe de la fatigue chez Zincum : la douleur cervicale, souvent associée à des sensations brûlantes du rachis. On repère ainsi facilement l’enfant ou l’adolescent qui se frotte la nuque tout en remuant sa tête d’un côté à l’autre pour essayer d’étirer ses cervicales. La tendance à avoir des crampes la nuit au lit est à rechercher dans un tel contexte.
La sensibilité au bruit est une autre caractéristique du remède. Il s’agit surtout d’une sensibilité aux bruits des voix qui dérangent particulièrement l’enfant, alors que le bruit du jeux des petits enfants ne semble pas le déranger spécialement.
Le signe minute qui permet de dépister Zincum chez l’enfant est la blépharite ou la conjonctivite chronique. La maman confirme alors que l’œil s’enflamme dès qu’il fait froid ou que l’enfant s’est exposé à un courant d’air.
Absinthium
C’est un remède rarement prescrit, qui a été cependant très profitable au fils de ma voisine (j’avais le cas sous les yeux !), extrêmement agité en grande maternelle. Le remède fonctionne tellement bien chez le petit Loïc que sa maman en a toujours un tube chez elle, pour le cas ou il redevienne pénible.
L’indication majeure : agitation, en classe comme à la maison, l’enfant n’est pas désagréable, il est simplement surexcité. Tellement surexcité, qu’il ne parvient pas à s’endormir la nuit. A ce tableau s’ajoutait la tendance à rapporter à la maison des jouets qu’il « glanait » ici et là (kleptomanie).
Les enfants Absinthium ont une imagination galopante qui ne manque pas d’être remarquée des parents. C’était aussi le cas chez Loïc.
Faute de meilleure indication, c’est un joker qu’il faut savoir jouer parfois.
Tendre / Sensible / Anxieux
Pulsatilla
Groupe : Lyc, Sulph ; Sil. ; Nux-v.
Affections : Polychreste. Toux. Otites. Angines. Cystites. Conjonctivites. Sinusite. Leucorrhée. Bronchites. Gastro entérites.
Comprendre la matière médicale c’est réaliser la notion de famille de médicaments. Ceci est essentiel non seulement lors du choix initial d’un remède, mais plus encore lorsqu’un médicament ne produit plus d’effet et qu’il convient de trouver un remède complémentaire. L’étude de Pulsatilla nous nous rapproche du grand trio Sulfur, Calcarea, Lycopodium.
En aigu, la notion de complémentarité ou les relations médicamenteuses seront précieuses pour établir rapidement le diagnostic de Pulsatilla. Il arrive très souvent qu’un cas chronique Lycopodium ou Sulphur présente des signes de Pulsatilla en aigu. De la même manière, un cas chronique de Pulsatilla risque souvent de demander Lycopodium, voire Sulphur dans une état aigu. Devant une petite fille dont on pense que les signes indiquent Pulsatilla, il est facile de poser des questions concernant son père qui risque d’être de type Lycopodium, Sulphur, ou Nux vomica. Nux-v et Puls sont deux remèdes intimement liés, et s’avèrent être complémentaires bien qu’opposés sur bien des points. Comme le montre le schéma ci-dessus, l’un comme l’autre sont des satellites de Sulfur, l’un des plus grands remèdes de la matière médicale.
A mesure qu’on se familiarise avec les remèdes, ces connections paraissent évidentes. Retenons ici que l’on observe souvent la série PulsèLycèSulph. Dans une prescription chronique Puls peut mener ensuite à Sulph. En somme, une fois la première prescription établie avec succès, les chemins suivants possibles sont souvent balisés grâce à la notion de complémentarité. Seule l’observation attentive de l’évolution des symptômes permet de suivre ainsi l’évolution du cas, c’est l’apparition de nouveaux symptômes qui décidera de la prescription d’un complémentaire. Avoir ces notions à l’esprit permet de ne jamais être pris au dépourvu.
Peu d’enfants suivis en homœopathie échappent à la prescription de Pulsatilla, c’est un euphémisme de dire que ce remède est l’ami des enfants. Il présente en lui même bien des traits que l’on rencontre à l’âge où la personnalité n’est pas encore figée. L’enfant fait taire ses propres colères pour tenter de faire plaisir et d’obtenir l’attention des parents, car le besoin de présence et d’affection est tel qu’il prime par dessus tout. C’est aussi un âge ou l’on exprime son désarroi par des pleurs qui sont l’expression même du désarroi. Le mécanisme de Pulsatilla est donc éminemment sycotique : la colère existe bel et bien mais elle est refoulée pour échapper à l’abandon et capter l’affection. L’enfant demande souvent à sa mère « est-ce que tu m’aimes ? » ou bien « maman, dis moi encore si tu m’aimes fort ? ». Si par malheur la mère est occupée à ce moment et qu’elle e prête pas l’oreille à ce que dit le petit, il va se sentir instantanément rejeté pour aller s’asseoir dans un coin et pleurer en silence. A la suite de cela, l’enfant reviendra vers sa mère pour lui dire « tu ne m’aimes plus ! ». Cette attitude est l’un des multiples reflets de la personnalité changeante et contradictoire.
Il existe deux types d’enfants Pulsatilla, le graphe ci-dessous résume leurs propriétés, et les remèdes vers lesquels ils tendent ensuite. Les deux types ont en commun la réaction d’aggravation par la chaleur, le besoin d’être dehors, en plein air. C’est plus souvent le type gras qui va suivre sa mère comme leur ombre, l’enfant reste littéralement collé à sa mère. Dès qu’il y a une compagnie, l’enfant fait tout pour capter l’attention des gens présents. Si sa mère parle, il l’interrompt pour vérifier qu’il peut obtenir son attention. On se doute aisément que Pulsatilla est un gros remède de jalousie.
Les enfants Pulsatilla sont tout ramollis dès que le temps passe au chaud, perdant tout de suite leur énergie. Ils sont sujets à tomber malades (diarrhée, coryza, sinusite, otite, bronchite, etc.) s’il ont eu froid par temps chaud (après s’être mouillé, notamment les pieds). Dans le même ordre d’idées, l’enfant tombe malade après avoir mangé une glace, ce qui combine deux facteurs d’aggravation :
1. Par le refroidissement en ayant eu trop chaud
2. Par les aliments gras, riches, qu’ils détestent d’ordinaire. Les enfants Pulsatilla épluchent le gras sur la viande (pour commencer, ils n’aiment pas la viande…)
Parfois on peut manquer Pulsatilla lorsque durant la fièvre, les modalités thermiques sont inversées, l’enfant ayant alors très froid, des frissons et désirant des couvertures. Néanmoins, malgré la frilosité, il ont toujours le nez bouché dans une pièce chauffée et ils se sentent la tête « dégagée » en étant en plein air. De même, on décrit classiquement l’absence de soif pendant la fièvre alors que bien souvent l’enfant Pulsatilla boit beaucoup pendant l’hyperthermie.
Le facteur humidité est toujours retrouvé dans les affections de Pulsatilla : exposition à la pluie, cheveux mouillés, etc. Se déclenche alors un accès aigu souvent caractérisé par l’abondance de l’écoulement muqueux (constitution sycotique), épais, jaune, jaune vert, par le nez, les yeux, les oreilles si l’otite a percé, ou les muqueuses génitales.
Le catarrhe existe même au niveau de l’estomac, l’enfant se mettant très souvent à avoir de la nausée pour finir par vomir des « glaires ». En aigu, le tableau mental se décompense très vite et l’enfant ne peut absolument pas supporter d’être seul, réclame les bras, est très abattu.
Pulsatilla est par excellence le remède des états contradictoires. Ainsi dans les conjonctivites, les yeux sont très sensibles à l’exposition à un courant d’air et larmoient abondamment en plein air. Il y a une importante photophobie avec un fort prurit des paupières. Souvent, il existe une nette tendance aux orgelets, préférentiellement de la paupière inférieure. Ces états, s’ils se reproduisent, indiquent volontiers un glissement vers Silicea.
On ne compte plus le nombre d’otites que Pulsatilla a guéri. Elles siègent souvent à l’oreille gauche, la douleur est très intense, elle
irradie souvent à toute la face et même dans la gorge. La douleur est souvent paroxystique, elle apparaît soudainement ou pas ,mais en général elle s’éteint progressivement. L’otalgie est souvent < la nuit, après une exposition au froid, surtout le froid humide. Paradoxalement, la douleur est < par la chaleur et l’enfant a besoin de mettre du frais là où il souffre. Bien entendu, comme avec tout trouble relevant de Pulsatilla, l’enfant est très abattu, réclame la présence de sa mère, a peur du noir, etc.
Comme on s’y attend devant un enfant aussi sensible, il a peur de l’obscurité, peur qu’on le laisse seul, et la nuit il tarde à s’endormir, en risquant de faire une terreur nocturne, un cauchemar, et ce d’autant plus qu’il a pu entendre une histoire de fantômes la veille. L’enfant se réveille toujours plus ou moins fatigué et passe une journée de plus en plus animée à mesure qu’elle s’avance. C’est plus tard, dans la soirée, alors que la nuit commence à tomber que le petit peut devenir nerveux.
Souvent, une fois plus grand il lui faut des chaussettes et une couette pour se coucher, quitte à avoir trop chaud au bout d’un moment et découvrir les pieds du lit pour se rafraîchir. Bien entendu, au bout d’un moment les pieds ont trop froid, alors il faut les rentrer, etc. Dans le sommeil, il n’est pas rare de trouver l’enfant endormi les mains en l’air. Souvent aussi l’enfant dort sur le ventre, ce n’est que bien plus grand qu’il prend une position sur le côté (droit), les genoux remontés.
Les désirs alimentaires sont très marqués : aversion pour la viande et le gras, désir de choses relevées (moutarde).
Bromium
Groupe : Iodum
Affections : Catarrhe postérieur (végétations). Rhume des foins.
C’est encore un médicament que l’on oublie souvent. Bromium est un enfant sensible, nerveux, anxieux, qui a souvent des peurs le soir (comme dans Pulsatilla). Il a peur de marcher dans l’obscurité en ayant le sentiment que quelqu’un le suit, ce qui accentue la ressemblance avec Pulsatilla.
Cette similitude entre Puls et Brom est d’autant plus frappante si l’on considère que les deux médicaments sont :
§ sensibles à la chaleur,
§ ne supportent pas bien le soleil,
§ améliorés par le mouvement et k’exercice,
§ améliorés en plein air
Ce qui doit tout de suite attirer votre attention sur Bromium est que cet enfant qui pourrait évoquer Pulsatilla par son physique rondouillard au teint clair, par son comportement gentil, et tout content peut se mettre soudainement en colère et se fâcher tout rouge. Cela entraîne d’ailleurs une sensation de chaleur et de tension à la tête. S’ils sont tristes, les enfants Bromium affichent un air des plus malheureux mais ne pleurent pas aussi activement que les enfants Pulsatilla qui déversent des larmes à chaque occasion.
nLe catarrhe chronique des voies aériennes supérieures. Est l’une des deux formes que l’on rencontre. L’enfant présente une hypertrophie chronique des amygdales, pas du type Baryta qui a tendance à s’enflammer, mais plutôt une tendance à l’infiltration et à l’induration des tissus, y compris des glandes sous maxillaires.
Contrairement à Iodum où les crises rhinos aiguës évoluent en sinusite frontale, ce sont des inflammations de la gorge et surtout du larynx qui se développent rapidement une sinusite. La ressemblance est néanmoins grande avec Iodum du fait de la sensation d’obstruction et de gonflement à la racine du nez. La douleur est très intense. L’écoulement est épais, jaune, purulent et irrite le nez et la lèvre supérieure. A force de se moucher, il n’est pas rare de voir l’écoulement teinté de sang.
ðL’aspect de l’écoulement permet de différentier de Pulsatilla, qui n’irrite pas la peau, et de Iodum qui est plutôt aqueux.
Bromium est un remède fréquent de toux croupale, spasmodique, sèche, < le soir jusqu’à minuit, suffocante, soudaine, sans expectoration, < à l’inspiration profonde (« comme si on respirait à travers une éponge » ), en entrant dans une pièce chaude ; après s’être échauffé pendant la journée. La toux est soulagée par des boissons froides. En outre on rencontre souvent dans ces cas une sensation de pression ou de constriction de la gorge et du larynx qui est sensible au toucher. La voix est typiquement enrouée.
nLe rhume des foins chez les enfants du type trop chaud, sensibles, aux amygdales hypertrophiées. Le rhume des foins survient assez tard dans la saison, plutôt en Juin Juillet. La grande caractéristique dans ces cas est l’extrême sensibilité de la muqueuse laryngée, de sorte que la moindre poussière inhalée déclenche une crise (ouvrir un vieux livre, poussière de maison, etc.).
Il n’est pas rare que les crises de rhinite soient accompagnées d’asthme, avec une sensation de forte constriction (c’est une sensation générale du remède) du thorax, et une grande difficulté à déglutir. Souvent, même si le rhume des foins peut persister, l’asthme est amélioré au bord de la mer.
Diagnostic différentiel :
ðIodum, qui est un autre halogène.
Arsenicum album
Groupe : Ars, Carc, Staph
Strates : Phos ->(deuil)-> Ars
Affections : Polychreste. Insomnie. Otite. Angine. Eczéma. Etats infectieux graves.
Arsenicum est un de nos plus immenses polychrestes, il est certain que plus de 200 ans après que Hahnemann en ait posé les indications, nous n’avons pas encore fait le tour de ses possibilités. Ce sont des enfants sérieux, tristes. Ils sont inquiets pour les autres par projection, de crainte qu’il ne leur arrive quelque chose.
C’est l’un des premiers remèdes qui m’ont confronté à la notion d’héritage transgénérationnel. Nous avions vu en séminaire clinique une fille âgée d’environ 8 ans, couverte d’eczéma. Elle était très pâle et nerveuse, assez agitée. J’avais donné un médicament qui avait échoué, et ce jour là en reprenant l’anamnèse du cas, la maman explique spontanément qu’elle n’avait pas fait le deuil de sa mère, décédée au début de sa grossesse. Avec
une symptomatologie réduite strictement à zéro pour le reste du cas, c’est à dire sans le moindre autre signe caractéristique, Arsenicum balaya le cas en une seule prise, réglant du même coup les troubles du comportement et l’affection cutanée.
Retenons donc que les indications d’Arsenicum proviennent la plupart du temps de l’héritage de la notion de deuil à travers les parents. Parfois on retrouve un deuil chez la mère lors de la gestation, parfois un enfant de la fratrie est né avant celui qui nous consulte et le deuil n’a jamais été fait par les parents ou la notion de deuil était très tabou dans la famille, etc. Parfois c’est l’enfant lui même qui a vécu des situations effrayantes qui amène à la situation Arsenicum : deuil soudain par exemple. La périodicité inhérente à Arsenicum album renforce sil en est besoin cette notion de deuil qui lui est intimement associée.
Cette insécurité se révèle par une foule de symptômes. Comme Chamomilla, l’enfant Arsenicum est agité et réclame les bras. L’agitation mentale est aussi forte que l’agitation physique (Nash). Avant tout, l’enfant a peur, pour des tas de raisons différentes, surtout en rapport avec la mort. Un tel enfant est très souvent < la nuit (après minuit), a peur du noir, est sujet à des terreurs nocturnes, grince des dents en dormant. Il a une grande sensibilité pour les films tristes ou qui font peur, il s’en ronge les ongles, ne supporte pas qu’on le laisse seul, vérifie que les portes sont bien fermées, etc.
Ces phobies sont gérées du mieux possible par de nombreux rituels : portes fermées, objets rangés à leur place, etc.
Arsenicum est un remède de choix dan la crise d’asthme, qui survient après minuit, avec une forte agitation, de l’angoisse, des douleurs brûlantes des poumons. Souvent ce type d’asthme survient après qu’une éruption ait été supprimée par des traitements locaux.
La plupart des symptômes sont aggravés par le froid, l’exposition au froid. Le patient est toujours mieux en aigu en buvant chaud, en étant bien couvert. Lors des états fébriles, la soif est quasiment toujours rencontrée, par grande quantités mais aussi par petites gorgées et souvent. Les douleurs sont brûlantes et presque toujours améliorées par la chaleur. Le patient est prostré, il est frappant de constater comme les états aigus s’accompagnent très vite d’un effondrement de l’état général.
Cela fait tout naturellement d’Arsenicum un grand remède des états septiques graves. La plupart du temps le diagnostic se fait alors de soi même, sans avoir à poser la moindre question, juste en observant le malade.
Une petite enfant de 6 ans est amenée par sa mère qui la porte dans ses bras. Nous sommes au cinquième jour d’une angine, traitée dès le début au Clamoxyl, le confrère ayant rapidement établi cliniquement puis biologiquement le diagnostic de scarlatine. L’état de la petite est des plus alarmants, sa maladie n’ayant cessé d’empirer de jour en jour au point qu’aujourd’hui elle ne tient plus sur ses jambes. Son air accablé par la douleur, son teint pâle, la langue blanche, la soif constante pour de petites quantités d’eau indiquaient formellement Arsenicum album qui transforma le tableau en quelques heures.
Diagnostic différentiel :
ðEn plus de l’anxiété pour les autres, le côté méticuleux et tatillon renforce encore la ressemblance avec Carcinosin, ce qui est normal dans la mesure où les deux remèdes sont de nature cancérinique. Cependant Arsenicum étant un médicament minéral, c’est sur un problème de structure qu’il est centré, en l’occurrence la peur de manquer de biens.
Carcinosin anticipe à cause de son côté très mature, « petit papa » ou « petite mère ». Arsenicum projette sa peur de perte d’une situation de confort : et si ma mère mourait, que se passerait-il ? Si la notion de deuil est souvent retrouvée chez Arsenic, c’est la notion de contrôle parental excessif ou de situation « parentalisante » pour l’enfant qui fera évoquer Carcinosin, obligé de se responsabiliser à la place de ses parents. Carcinosin aime les aliments salés, ou assaisonnés, les cornichons, le chocolat, ce qui permet souvent de trancher. Les deux remèdes grincent des dents en dormant la nuit, mais Carcinosin transpire de la tête et pas Arsenic. Il est fréquent de rencontrer la position génupectorale la nuit chez Carcinosin. Enfin, c’est très souvent que l’on peut situer l’un des parents dans Carcinosin, ce qui nous aide beaucoup chez le petit.
Ignatia
Groupe : Sep, Nat-m
Affections : Troubles nerveux, du comportement, du sommeil.
Ignatia est certainement l’un des remèdes de la matière médicale les plus difficile à prescrire puisque pas essence même, les signes sont cachés refoulés, niés par le petit patient, qui va extérioriser autre chose à la place de sa véritable souffrance.
Pour prescrire Ign, il faut sortir du cadre éculé de la femme sensible hystérique. Ign est un remède profond, qui va bien au delà des signes « superficiels » ou fonctionnels qu’on lui attribue souvent. Cet immense remède s’adapte à toute émotion (chagrin, frayeur, jalousie) refoulée,
et par les temps qui courent, même les enfants ne sont plus à l’abri.
ðOn peut confondre souvent Ign avec Chamomilla quand les petits sont hurleurs, difficiles à calmer, coléreux, désirent être promenés. Ces bébés sont en fait < par la consolation, pouvant même devenir odieux quand on est gentils avec eux ; on leur fait des « gouzi-gouzis » mais ils vous donnent une claque, ils sont provocateurs, ils ont littéralement une perte du contrôle émotionnel. Spasme du sanglot (tout comme Nux, Ign contient de la strychnine ce qui explique les multiples spasmes) à la suite d’une réprimande, ou d’une contrariété (Cupr, Ign)
Je voudrais vous faire partager le suivi du cas du petit Florian, né en 93, depuis 1996 jusqu’à ces derniers mois. Ma prescription est une longue histoire de rafistolages, d’améliorations transitoires et limitées jusqu’à ce que je pense enfin à demander les bonnes questions, à savoir les conditions dans lesquelles s’est déroulée la grossesse.
Or, ce mois de Mai 1996 je note dans mon style télégraphique d’origine :
Dort pas. Mange salé. Irritable au réveil. Me frappe. Toujours chaud. Transpiration de la tête < en dormant. Dort sur le ventre ou même à 4 pattes. Eu deux Monovax. A beaucoup transpiré des pieds à une époque.
Et je prescris Lycopodium, sans grande conviction car le tableau est loin d’être cohérent et j’ai pu commettre l’erreur de surévaluer ou sous évaluer des symptômes. Pourtant Lycopodium fera du bien depuis la 200 jusqu’à la XM, soulageant les signes les plus ennuyeux jusqu’à la rechute car la dose de LM ne fera que l’aggraver.
Je note en février 95 : A été très << par la LM. Très instable, ne se fixe pas sur quelque chose ; Transpiration de la tête, en dormant, du côté sur lequel il est allongé. Terreurs nocturnes, dort avec une lampe. Dort en fait sur le côté, parfois sur le ventre les bras en arrière. Fait des bêtises devant moi, frotte le meuble, mais ne me regarde pas dans les yeux en même tps, comme le ferait un Lyc. Il est absolument intenable. Aversion viande, on ne sait pas quoi lui faire manger.
J’admets volontiers que le comportement de l’enfant est très difficile à gérer et que j’ai d’une part peu de signes caractéristiques et d’autre part que les signes semblent eux aussi fluctuer. Aujourd’hui je me rendrai compte que la situation que je viens de décrire est caractéristique d’Ignatia et je chercherais quelle émotion a pu être refoulée.
Bref, Sanicula ne donnera pas grand chose, puis Tuberculinum arrangera quelque peu le cas pendant un an. A chaque fois les doses semblent faire quelque chose mais l’effet ne dure jamais. Encore un signal en faveur d’Ignatia que j’ai été incapable de voir.
Je note pourtant ici où là : Transpire en dormant, la tête. Très autoritaire, il faut négocier pour avoir quelque chose. Dort avec les fesses en l’air. Il est carrément jaloux du chien. Jaloux de tout. Il doit être le centre d’intérêt. Désobéissant +++. Refuse de grandir, il dit qu’il ne veut pas mourir. Il en fait voir de toutes les couleurs à ses parents. Grince des dents en dormant. Provocateur+++. Il cherche la baffe. Aversion viande.
Il fait voir son zizi à l’école. Cela va prendre une ampleur énorme : masturbation, érections. Ne pense qu’à cela. Une fois il a voulu aller avec le petit voisin se mettre tout nu dans le lit. Il veut toucher les seins de sa mère, etc. Altercation avec les voisins car il s’est mis à tripoter leur fille (en 2000). Parents désespérés, la psychologue perd son latin aussi et pense qu’elle ne peut rien faire pour Florian. Origanum va juguler le trop plein de ces signes sexuels mais l’enfant reste le même.
Toise sa mère. La nargue, la cherche. Insolence extrême. Regard méprisant. Peur de l’abandon. Saute, ne tient pas en place roulades, impossible de le tenir en place. Papillonne, ne reste pas 5 min à la même chose. Trempé de sueur, la tête est mouillée, aussi en dormant il trempe l’oreiller. Salive en dormant ++. Echec de Mercurius.
Bref, ce ne sont que les antécédents familiaux qui vont nous aider. La mère de Florian était traitée comme une véritable bonne par sa propre mère. Elle a fait pipi au lit sans arrêt et sa mère lui donnait des coups de ceinture. Elle dit : « je ne le digère toujours pas ». Sa mère s’est retrouvée enceinte de lui alors qu’elle travaillait encore avec son ex mari. Elle voulait absolument lui cacher sa grossesse. Puis, comme il a fini par s’en rendre compte, elle a culpabilisé, « je ne voulais pas lui faire de la peine ».
Depuis que ces circonstances se sont éclaircies, Ignatia a fini par m’apparaître comme évident. Le résultat a été à la hauteur de mes espérances. Il exprime enfin pourquoi il est en colère, il « sort » ses colères, il a fait un changement complet d’attitude et de résultats à l’école, etc. Le résultat dure depuis maintenant début 2002.
On retrouve les soupirs, souvent involontaires. L’enfant Ignatia est agité car il n’arrive pas à exprimer ce qu’il ressent autrement. Sautes d’humeur, stress (examens), fous rires alternant avec larmes, etc. Caractère erratique des symptômes. Paradoxes, par exemple mal de gorge > en avalant, digère les aliments les plus indigestes mais ne digère pas les plus légers, fatigue > par l’effort physique, forte inflammations non douloureuses, frileux > dehors. Hypersensibilité à la douleur (Cham, Coff), particulièrement pendant la dentition.
Sursauts, grincements des dents, gémissements, cris, taper des pieds, en dormant. Somnambulisme…etc.…
Ce sont des enfants coléreux, < par la consolation et par la contradiction. Ils ont souvent l’esprit vif, « ils pigent vite et réagissent très vite ».
Carcinosin
Groupe : Sep, Nat-m, Carc.
Affections : Troubles nerveux, anxiété, insomnie, épilepsie. Tics musculaires. Molluscum contagiosum. Affections cutanées. Allergies.
Trop mûr et trop responsable, voilà comment les parents définissent eux même l’enfant Carcinosin. Bien que le médicament soit un polychreste, c’est en effet souvent l’anxiété qui motive la consultation. Le petit est souvent « parentalisé » et prend en charge les plus petits d’une façon irréprochable. Avec l’habitude, vous reconnaîtrez au premier coup d’œil le petit Carcinosin : il est très pâle, les yeux souvent cernés, volontiers mince (il a peu d’appétit en général). C’est surtout le regard qui frappe : les yeux sont vifs et expriment l’intelligence, on y lit une très grande anxiété.
ðL’enfant Phosphorus ressemble beaucoup à Carcinosin. Son regard n’exprime pas une telle anxiété, on y lit surtout un intellect pétillant, beaucoup de curiosité, et le désir d’entrer en contact avec son interlocuteur. La mine pâle, et les yeux cernés se rencontrent souvent. Dans Phosphorus à cet âge, il est fréquent de rencontrer des épistaxis que Carcinosin n’a pas autant, beaucoup s’en faut. Le petit Phosphorus a un gros appétit et ne profite pas, alors que Carcinosin mange souvent peu. Les deux remèdes aiment beaucoup le sel et le chocolat. Phosphorus demande beaucoup de boissons froides, ce n’est pas aussi marqué chez Carcinosin, qui peut même avoir un goût marqué pour la soupe, ce qui est peu banal. L’envie de cornichons, très présente dans Carcinosin, n’est pas un signe courant de Phos qui demande plutôt des choses relevées.
ðL’enfant Calcarea phosphorica se présente sous le même aspect : pâleur, traits tirés, minceur. L’anxiété n’existe pas au point de celle de Carcinosin, notamment il n’y a pas d’anticipation. Les goûts alimentaires sont ceux des tuberculiniques : sel, saucisson, jambon, charcuterie, viande. Il n’y a pas d’envie de chocolat ni de cornichons. Les deux remèdes transpirent de la
tête en dormant, et dorment souvent en position génupectorale. Cependant, on repère très vite l’enfant Calc-p en recherchant la trilogie classique du remède : mal de tête, mal au ventre, douleurs de croissance. Le retard dentaire, ou de l’acquisition de la marche complètent le tableau d’autant que l’enfant Carcinosin est souvent en avance dans son développement, notamment pour parler (il fait vite de belles phrases).
L’enfant cherche à contrebalancer son anxiété par l’anticipation et le contrôle (c’est le maître mot du miasme cancérinique, miasme issu de
la sycose). Chez l’adulte, l’anticipation pour arriver à l’heure à un rendez-vous est un classique du remède, et déjà l’enfant ne cesse de poser des questions : « Maman, tu as fait le plein de la voiture ? », « Maman, à quelle est le rendez-vous chez le docteur, il ne faut pas que tu oublies ? », « Maman qu’est-ce qu’on fait après ? », etc.
Voici le cas du petit Jérémie, né le 30 novembre 1994. Je vous conseille de l’étudier et de bien établir les parallèles notamment avec Natrum muriaticum qu’on donnerait faute de connaître Carcinosin. Sa mère l’amène le premier novembre 2001, il est alors âgé de 7 ans, parce qu’il ne veut plus manger et qu’il présente une véritable anorexie. Il a été opéré à l’âge de 15 mois d’un kyste thyréoglosse, et depuis sa sortie de l’hôpital, il n’est plus le même et a perdu l’appétit. Toutes ces années sa mère a eu beau le montrer à une multitude de médecins, psychologues, nutritionnistes, rien n’y fait, il dépérit.
Il a d’ailleurs la mine de l’emploi : tout mince, très pâle, les yeux cernés. Tics des paupières. Il paraît qu’il peut tenir une journée entière avec juste un yaourt dans le ventre. Tout l’écoeure, rien que de voir un plat lui fait « mal au ventre ».
Il a fait ses premières dents à 12 mois, mais il a parlé tôt, en construisant de belles phrases.
Le sommeil est perturbé, il dort mal, se réveille assez souvent. Il n’a jamais bien dormi, il fait encore « pipi au lit ». Il transpire énormément de la tête en dormant. Jérémie dort avec plusieurs coussins sous la tête, ce qui étonne sa mère qui ne comprend pas pourquoi son enfant s’entête à rester la tête très relevée dans cette position inconfortable.
La maîtresse le dit apathique et distrait, il part dans la lune et on ne sait plus où il est. Un jour il n’a pas répondu pendant deux minutes d’affilée, il semblait déconnecté. Le bilan était normal, EEG sans particularité.
Jérémie est très émotif, mais il ne veut rien laisser paraître, il est peu expressif. Il peut parler des mois après de quelque chose qui l’a chiffonné.
Il anticipe beaucoup : il faut lui expliquer tout à l’avance, il est capable de répéter 15 fois une même question tant que la réponse ne le satisfait pas.
Il a de nombreux grains de beauté.
Sa mère dit : si on l’écoute ; il ne mangerait que du chocolat. Il adore le sel, il en met 3 fois sur les pommes de terre.
Il est très allergique : rhume des foins, courant mai et juin (allergies connues au peuplier, etc.).
L’enfant répondra très bien à Carc LM1. 3 secousses et un verre de dilution. Avec une prise par semaine, il ne cesse de s’améliorer. Son état aura changé du tout au tout en un mois, avec la régression de tous les symptômes, sauf l’énurésie. Ce n’est qu’avec la dose de LM2 que celle-ci finira par céder lorsque nous augmenterons la quantité de dynamisation.
Au plan alimentaire, le remède présente des envies très marquées (il peut se rencontrer exactement le contraire, c’est à dire une aversion marquée pour le même aliment). Les envies sont très périodiques : l’enfant peut réclamer la même chose qui lui plait pendant des mois et soudainement s’en désintéresser, puis y revenir quelques mois après. Désir marqué de cornichons, de sel, de chocolat. On rencontre aussi souvent le désir de graisses que l’aversion pour la moindre trace de gras.
ðPulsatilla est l’un des grands diagnostics différentiels. L’enfant Pulsatilla est certes anxieux mais pas au point d’anticiper comme le ferait Carcinosin. A cet âge, Pulsatilla est déjà sensible aux malheurs des autres, tout comme Carcinosin, mais quand il est placé devant un tel cas, il se met à pleurer à chaudes larmes, alors que le petit Carcinosin agira pour aider, cherchera à s’interposer, et demandera à ses parents « ça ne risque pas de vous arriver ? ». Les deux remèdes ont une aversion pour le gras, l’enfant Carcinosin demande des cornichons et du sel. Le petit Pulsatilla peut dormir sur le ventre, mais pas en génupectoral. En se mettant au lit, il a plutôt froid et se couvre, puis il transpire de partout et a trop chaud ; l’enfant Carcinosin ne transpire en général que de la tête. Il découvre alors ses pieds du lit pour les rentrer à nouveau quand il a trop froid. La marque de l’instabilité est partout dans Pulsatilla, mais existe aussi dans Carcinosin. Enfin, Pulsatilla déteste la moindre trace de gras dans son assiette, alors que c’est souvent le désir de graisses qui caractérise Carcinosin.
Le sommeil est riche de nombreux symptômes : transpiration de la tête, position génupectorale, grincement des dents, cauchemars (remède de terreurs nocturnes), bavardage.
En règle générale, un remède est hérité du parent de sexe opposé, c’est à dire que le remède d’un petit garçon a souvent à voir avec celui de sa mère. Cette règle énoncée par le Dr. Schmidt m’a permis de prescrire un nombre incalculable de fois dans des situations où les signes du seul petit étaient trop vagues.
Les relations entre Carcinosin, Sepia et Natrum muriaticum deviennent ainsi évidentes. Une mère Sepia risque fort de donner le jour à un garçon Carcinosin.
Cependant, vous pouvez être assuré que lorsque vous rencontrez un cas de Carcinosin, il en existe déjà au niveau des générations antérieures. Ne cherchez pas forcément les antécédents cancéreux, de diabète, de maladies psychiatriques, ou d’affections cardiaques : leur absence ne contre indique en rien le remède (c’est un remède de prescription courante, je le donne certainement aussi souvent que Pulsatilla par exemple).
Un autre point m’a frappé : dans les fratries composées de deux frères, il n’est pas rare que si l’un a besoin de Carcinosin, l’autre a besoin de Medorrhinum, et vice versa. En général c’est l’aîné qui répond à Carcinosin.
Phosphorus
Groupe : Arsenicum – Phosphorus – Staphysagria ; Phosphorus – Natrum muriaticum ; Carcinosin ; Tuberculinum.
Strates : Phos -> (deuil) Ars ; Phos -> (Indignation) Staph ; Phos -> (Parentalisation) Carc ; Phos -> (Chagrin) Nat-m.
Affections : Un de nos plus grands polychrestes. Céphalées. Epistaxis. Bronchites répétées. Angines répétées. Eczéma. Hyper émotivité. Suites de chagrin (Nat-m). Fatigabilité. Epuisement nerveux.
Je renvoie le lecteur à mon cours sur Phosphorus où on trouvera la description du remède en détail, afin de ne développer ici que les signes rencontrés fréquemment chez l’enfant.
Le morphotype frappe dès le premier abord : maigre, voûté, des taches blanches sur les ongles, la pâleur du visage contraste avec quelques taches de rousseur (notamment sur le nez), des pommettes qui peuvent rougir facilement à la moindre émotion. C’est surtout le regard qui attire l’attention : fin, intelligent, il cherche à entrer en contact avec les autres. On n’y lit pas la même anxiété que chez Carcinosin, ni la tendance à pleurnicher aisément de Pulsatilla. Devant de tels prémisses on sera frappé souvent aussi par l’attitude de l’enfant qui présente une grâce toute naturelle, les mouvements étant déjà très fins.
Chez le grand enfant, il sera opportun de s’enquérir du penchant pour les arts : ce sont des enfants passionnés par le dessin, la musique (piano), les belles choses. Le terme passion convient bien car l’enfant s’enflamme pour un sujet, mais cet élan dure peu, et cela se retrouvera durant toute sa vie. Cela nous conduit à la fatigabilité de l’enfant qui a du mal à tenir les rythmes scolaires, le moindre manque de sommeil l’aggrave terriblement. Le sommeil lui même est souvent très agité, le somnambulisme est monnaie courante, le petit dort volontiers sur le ventre.
Ce sommeil agité constitue le prolongement logique d’une activité cérébrale qui n’a de cesse. L’enfant parle souvent beaucoup, montre une vive intelligence et s’intéresse à tout. Il console tout le monde autour de lui, il ressent les souffrances des autres et au premier chef celles des ses frères et sœurs et des parents (on aperçoit déjà la porte ouverte sur Carcinosin). Il a les nerfs à fleur de peau et peut sursauter facilement, et présente deux phobies très fréquentes : la peur du tonnerre et la peur de l’obscurité. Cette dernière se manifeste dès le coucher du soleil, c’est plus particulièrement à ce moment que l’enfant désire la présence d’un adulte auprès de lui pour le rassurer. Il n’est pas rare que l’enfant parle de sa crainte de la mort, et désire qu’on le quitte pas pour qu’il puisse s’endormir.
Les signes hémorragiques sont toujours ou presque au rendez-vous : certains enfant saignent du nez jusqu’à 4 ou 5 fois par semaine, d’autres font d’importantes ecchymoses pour des chocs peu marqués, d’autres encore trouvent volontiers du sang dans chacune des excrétions, etc.
Au plan alimentaire, les désirs sont bien marqués : sel, boissons froides (par grandes quantités), choses assaisonnées (cornichons, etc.), chocolat.
Diagnostic différentiel :
ðArsenicum ressemble énormément à Phosphorus. Comme nous le verrons plus loin, Ars, Phos et Staph forment une entité indissociable. A cause de cette étroite ressemblance, on comprend mieux comment il existe des connections aussi subtiles entre les remèdes. Les deux remèdes sont sensibles au bruit, sursautent, dorment mal, et sont agités. Les deux se font du souci pour autrui, mais chez Arsenicum c’est la crainte qu’il arrive quelque chose à ses parents et ne se retrouve démuni, alors que l’enfant Phosphorus ressent réellement les souffrances des autres et présente un comportement plus altruiste (jugez de la ressemblance avec Carcinosin). Arsenicum est souvent plus coléreux que Phosphorus (hormis les moments où l’enfant a faim et alors il y a intérêt à lui donner vite à manger), et s’énerve quand on le console alors que Phosphorus désire la consolation. Attention cependant car les deux aiment se trouver dans les bras.
Si on ne retrouve pas la notion de deuil qui puisse orienter vers Arsenicum, il faudra s’aider des signes parentaux, mais aussi des signes physiques. L’enfant Arsenic aime manger ou boire tout ce qui est chaud, c’est le contraire chez Phosphorus. Les deux vite, en grandes quantités : Arsenic fait un bruit de « glouglou » quand les liquides descendent, alors que Phosphorus fait ce même bruit dans l’estomac après avoir bu seulement. Arsenicum enfant aime beaucoup manger du pain, c’est un signe souvent retrouvé. Classiquement le petit Phosphorus aime les choses salées, mais il existe des cas où Arsenic présente ce même désir (le remède est dans la rubrique Goût, Aliments ne sont pas assez salés). Phosphorus saigne souvent du nez, c’est plus rare chez Arsenic sauf en cas de colère.
ðCarcinosin. Le distinguo peut être extrêmement difficile. Les désirs alimentaires sont très voisins, même si Carcinosin aime les cornichons et Phosphorus plus les boissons froides. Les deux dorment sur le ventre, voire en génupectoral pour Carcinosin. Le sommeil est agité : somnambulisme chez Phosphorus, terreurs nocturnes et insomnie chez Carcinosin. Seul Carcinosin transpire de la tête en dormant. La tendance hémorragique est plus marquée chez Phosphorus, l’enfant Carcinosin pouvant présenter d’occasionnelles épistaxis la nuit.
Relations : J’ai pu voir souvent Phosphorus indiqué après Arsenicum, Carcinosin, Staphysagria, ou Natrum muriaticum. On ne peut s’empêcher d’évoquer le modèle des strates que Hahnemann a développé dans le traitement des maladies chroniques. Tout se passe comme si par exemple un enfant initialement Phosphorus pouvait se retrouver « dans la case » Staphysagria à la suite de contrariétés et d’indignations. Ou dans d’autres cas on traitera avec succès un enfant marqué par un deuil avec Arsenicum, pour voir apparaître ensuite l’indication de Phosphorus qui termine le cas.
En somme, Phosphorus se trouve au centre d’un vaste complexe de remèdes qu’il faut absolument connaître. Ces relations entre les remèdes s’avèrent être une véritable boussole surtout lorsqu’on est placé devant un cas pauci symptomatique. Elles sont non seulement une aide à la prescription du remède lorsqu’on cherche des signes chez le patient mais elles permettent aussi en général de conforter le diagnostic au vu des signes chez les parents. Par exemple, si on suspecte l’indication de Phosphorus chez une fillette, on pourra regarder son père et constater qu’il est lui aussi longiligne, réservé, qu’il a besoin de sport, et qu’il est très sensible à la musique. Le fait d’établir ainsi une corrélation avec un papa Natrum permet de prescrire en toute sécurité Phosphorus chez la fille même si elle ne présente qu’un tableau partiel. Pour bien comprendre ces interconnections, je vous propose d’étudier le diagramme suivant, fruit de quelques réflexions et de nombreuses observations accumulées.
- Au centre on trouve Phosphorus et son indéfectible compagnon Tuberculinum. Ces deux remèdes sont si étroitement liés qu’il n’est pas rare de les voir alternativement indiqués. Parfois la situation est confuse devant un enfant sans cesse malade, qui rechute bronchite après bronchite. Cet enfant mince, pâlichon, aux lèvres souvent rouges, est très sensible et pleure à la moindre contrariété (Caust, Lyc, Tub, Nit-ac). Il y a des épistaxis, un désir de sel important, parfois de chocolat ou de viande. L’enfant transpire éventuellement de la tête en dormant, et dort dans une position que les parents ne peuvent pas vraiment préciser. Ce tableau est relativement peu développé et on aura alors intérêt à prescrire d’abord Tuberculinum qui régulera les choses, apaisera les plus gros symptômes et fera apparaître un tableau plus clair. Bien je ne puisse pas en apporter la preuve, il est probable que ce genre de cas correspond à ceux qui ont subi des injections souvent itératives de BCG (il n’est pas rare de dénombrer sur un carnet de santé 2, 3 ou 6 rappels ne provoquant toujours pas de réaction au test tuberculinique).
- Rapports avec Carcinosin et son groupe.
- Nous évoquerons ici les effets de la parentalisation. Souvent un enfant initialement redevable de Phosphorus va évoluer vers Carcinosin s’il est placé dans un contexte familial où les parents ne jouent pas leur rôle. La seule façon pou l’enfant de gérer son anxiété consiste alors à entrer dans le schéma anticipation / contrôle qui définit le miasme cancéreux. A cet égard j’attire votre attention sur le fait que Phosphorus est entouré d’une véritable ceinture de remèdes cancériniques : Carc, Staph, et Ars. L’échappée vers la psore se fait volontiers via le passage par Calcarea phosphorica qui débouche souvent sur Calcarea carbonica.
- Le second point d’entrée vers ce groupe sera le chagrin. Je veux parler ici de Natrum muriaticum qui représente l’adaptation du sujet à une situation de souffrance dans laquelle sa sensibilité ne lui permet pas d’autre issue que la fermeture sur soi. Sankaran dit que le sentiment principal de la personne Nat-m est qu’elle « sera délaissée, trahie ou déçue par la personne en qui elle a confiance ou par ceux qu’elle aime ». Les chocs affectifs subis poussent le sujet à se retirer, à ressasser dans son coin, à s’isoler des autres.
- Les suites d’indignation ouvrent la voie à Staphysagria et aux médicaments appartenant à son cycle. Bien souvent chez l’enfant deux étiologies mènent dans cette direction.
- L’héritage transgénérationnel. On ne soulignera jamais assez l’importance de la façon dont la grossesse s’est déroulée. Tout ce que perçoit la mère est ressenti par le fœtus, et probablement à un point que nous sous estimons encore. Les contrariétés, les colères contenues, et autres vexations subies par la maman s’impriment sur le sujet sensible. Et quel sujet serait plus sensible que ce bébé qui serait probablement demeuré dans l’orbite de Phosphorus sans les contrariétés de sa mère, le faisant basculer ainsi dans Staphysagria. Bien entendu, le raisonnement est réversible, c’est à dire qu’un parent qui relève de Staphysagria donnera probablement le jour à un enfant Phosphorus, en tenant compte toujours de la « décussation » père – fille et mère – fils.
- Les conflits familiaux, et divorces génèrent un grand nombre de cas de Staphysagria. Ce type de cas acquis évolue assez souvent vers Causticum. L’un de mes premiers cas de Staph a été celui d’une fillette d’une dizaine d’années que m’avait amenée sa grand mère. Je consultais à l’époque dans un coin de bureau dans le service des Urgences à l’hôpital d’Aix les bains, et le bouche à oreille m’avait déjà forgé une vaste « clientèle ». Or donc, cette petite présentait des cystites en si grand nombre que de nombreux spécialistes avaient été consultés, et qu’en désespoir de cause on proposait de la mettre sous une antibiothérapie prolongée, et peut être de l’opérer.Je n’avais pas encore de grande expérience en patientèle mais j’étais surpris que ce soit sa grand mère qui me l’amène. J’appris ainsi que les parents avaient divorcé depuis peu. La grand mère était surprise que je pose des questions sur la situation familiale et s’est trouvée encouragée à me confier au risque du ridicule (elle n’osait plus en parler car elle s’était fait rabrouer par un confrère à qui elle s’était confiée) que la petite avait commencé ses cystites peu après la séparation des parents.A la recherche de l’émotion qui se dégageait du cas, il était évident que l’enfant était en pleine révolte, mais contre quoi ? « On ne m’a pas demandé mon avis pour savoir avec qui je voulais aller ! ». Staph 200 fit mouche.
- Le groupe Phos, Ars, Staph forme une entité que je vais finir par considérer comme un méta-médicament si l’on me passe l’expression. Les signes communs sont si abondants entre ces remèdes que je ne puis jamais faire autrement que de les étudier tous les trois devant un cas qui appelle l’un d’entre eux. Combien de cas aigus traités par Arsenicum ont abouti ensuite à la prescription de Phosphorus ? Combien de patients Phosphorus relèvent d’Arsenic en aigu ? Combien de cas de Phosphorus réagissent en ayant besoin de Staphysagria s’ils subissent une contrariété ? Quelle confort nous apportent ces notions ! Si un enfant Phosphorus prend froid, on a toutes les chances d’avoir à lui donner Arsenicum, avant même qu’on nous décrive le tableau.
- Le deuil conduit souvent à Arsenicum quand il a frappé un enfant dont la sensibilité initiale le prédestinait à Phosphorus.
- Cet enfant qui présentait déjà des peurs dont la crainte de l’obscurité et du tonnerre devient alors insomniaque, agité, fait des terreurs nocturnes ou du bruxisme. Il a besoin d’une présence pour le rassurer. Constatez comme le tableau est proche de celui de Phosphorus, mais c’est Arsenicum qui sera indiqué car il couvre parfaitement la notion de mort qui est désormais au centre du tableau. L’esprit du prescripteur doit toujours rester souple et agile, il faut se représenter les relations entre les remèdes comme une infinie variations de nuances de couleurs qui définissent insensiblement la transition d’un remède dans l’autre.
- Les situations que l’on rencontre sont parfois complexes. Un enfant peut souvent bénéficier de Thuja après une vaccination. Il arrive alors souvent qu’Arsenicum le complète et que pour finir surgisse l’indication de Phosphorus.
- Calcarea phosphorica et Pulsatilla forment une véritable charnière qui réunit Phosphorus avec les médicaments du cycle Calc, Lyc, Sulph. Le phosphate de calcium entre pour une bonne part dans la composition de Pulsatilla, il n’est pas étonnant d’avoir à les étudier souvent ensemble.
- Pulsatilla est un remède fréquemment appelé en aigu chez un certain nombre de sujets Phosphorus. Il s’agit, d’une otite, d’une rhinopharyngite dans laquelle les caractéristique du sujet s’exacerbent : besoin de présence au point qu’il faille constamment les bras de la maman, pleurs, gémissements, etc. Au bout d’un certain nombre de cas où Pulsatilla aura agi avec succès, on se rendra compte que l’état de l’enfant a évolué.
- Il peut commencer à transpirer de plus en plus de la tête, et ses maux de tête sont allés en s’amplifiant. A ceci s’ajoute souvent des douleurs de la croissance. En un mot, l’indication de Calcarea phosphorica apparaît. Cela nous fait raccrocher les wagons sur le cycle Calcarea, Lycopodium, Sulphur – d’autant que Calcarea phosphorica présente des parentés bien évidentes avec Calcarea carbonica.
- Il peut changer ses habitudes alimentaires, avoir toujours une envie de chocolat mais encore plus de sucré. Son envie de mets relevés existait déjà mais cette fois elle a pu évoluer au point de mettre de la moutarde sur la viande que l’enfant aime de plus en plus. Sur le plan thermique, l’enfant a de plus en plus chaud, il aime aller dehors se dépenser, ne supporte pas ses draps sur lui la nuit, grince des dents. Quelques éruptions apparaissent, bref on s’installe dans un tableau de Sulphur.
- Calcarea phosphorica peut être indiqué en première intention mais il arrive souvent qu’on l’on ait dû faire face auparavant aux urgences avec Phosphorus (bronchites). Il n’est donc pas rare qu’un enfant qui a bénéficié de Phosphorus évolue vers ce sel. En général, on retrouve chez les parents des constitutions diamétralement opposées : souvent la mère est de type carbonique et le père proche de Phosphorus ou Natrum muriaticum.
Natrum muriaticum
Mère nat-m ou sep
Eczéma tout petit peau très rouge et sèche, maigre et agité. Gaidet Tom
Diagnostic différentiel :
ðBar-m : voir Baryta carbonica.
Silicea
Cicuta
Thuya
Autoritaire / Irritable / Agressif
Nux-vomica
On donne souvent Nux devant un tableau ou manquent des signes pour Lycopodium (qui a de toutes façons une portée bien plus profonde), c’est pourquoi nous les comparons.
C’est un grand coléreux : colères à devenir tout rouge (les bébés font les « gros yeux » et sont très impatients et se mettent en colère si le biberon se fait attendre). Voilà la grande caractéristique. Il y a le goût pour les aliments très corsés.
On a chez le bébé : obstruction nasale (< la nuit), difficulté à faire le rot, régurgitations, coliques (Lyc, Arg-n), la constipation avec des besoins fréquents inefficaces, même au sein.
Lachesis
Pitreries, grimaces, contorsions
Parle sans arrêt
Dès qu’elle ouvre un œil, elle raconte son rêve, etc. Ne parvient pas à déjeuner en moins de ¾ d’heures le matin, parce qu’elle cause, etc.
Aversion pour tout ce qui est serré
Toujours chaude, visage avec les joues rouges
Ronge ses ongles
Nombreuses otites, laryngites ou angines
Autoritaire
Medorrhinum
Volontiers confondu avec Lach
Position volontiers genupectorale sur un siège ou dans un canapé, pas seulement en dormant
Dort avec beaucoup de couvertures sur la tête, tête bien coincée contre un coin du mur
Parle beaucoup
Inquiète pour la santé des parents, vont-il mourir, etc.
Ronge ses ongles
Autoritaire
Asthme et troubles respiratoires volontiers, plutôt que les angines ; troubles respiratoires sans avoir eu d’antécédents cutanés.
Suites de vaccination.
Mercurius
Lycopodium
Groupe : Calc, Lyc, Sulph.
Affections : Immense polychreste. Otites, angines, ou troubles ORL répétés.
L’enfant aux deux visages : adorable à l’école, mais tyrannique à la maison. Classiquement, c’est un enfant qui manque de confiance en lui et qui va surcompenser en faisant le chef (surtout avec les plus faibles que lui où les familiers), la compétition (veut être le premier dans tout ce qu’il fait), etc.
Il est très autoritaire, coléreux (fronce les sourcils), l’irritabilité le matin au réveil est caractéristique (Tub). Très susceptible (offensé facilement). Anticipation, c’est le grand remède avec Carc, Sil, et Med. Remède du trac auquel il faut penser à coté des classiques Gels et Arg nit entre autres. Voilà, le minimum de signes mentaux à retenir sur cet immense polychreste. Besoin de présence : l’enfant Lyc joue seul, à condition de sentir une présence dans la pièce à côté (l’enfant Carc quant à lui joue à l’écart des autres, Pulsatilla aura besoin d’une réelle présence). Dyslexie.
Très couramment, on a aussi : la transpiration de la tête en dormant, en position génupectorale, une odeur désagréable des pieds. Les goût alimentaires sont sucrés, très fortement. Il y a soit un appétit féroce, sans prise de poids, soit des enfants qui disent avoir très faim en arrivant à table et qui sont tout de suite rassasiés au bout des premières bouchées.
Aggravation de la fin de l’après midi, latéralité droite, régurgitations, très fort ballonnement intestinal.
Signes d’orientation chez les bébés (Rémy Beau) : acné, hernie (inguinale droite), enchifrènement, notion d’ictère intense (ayant nécessité une photothérapie).
Aurum
Chamomilla
Rheum
Kreosotum
Causticum
Cina
Voici le cas du petit Billy, amené à l’âge de deux ans pour des terreurs nocturnes. Le tableau est effrayant: il ne reconnaît personne. Il griffe son père qui essaie de la prendre dans les bras, d’ailleurs ils y a des grandes traces de griffure sur le visage de celui-ci.
Le tableau s’est très < voici trois ou quatre jours. En regardant mon agenda, je fais constater que c’était la pleine lune. Ses parents répondent à cela, qu’ils s’en sont déjà rendus compte mais n’osaient pas me le dire, d’ailleurs ils se disent eux-mêmes très sensibles à la pleine lune car c’est une période où ils se chamaillent. S’agit-il d’une coïncidence, j’avoue que beaucoup d’observations finissent par me mettre un doute.
Billy a fait quelques otites l’hiver 1997-98. C’est un enfant très agité, il ne tient pas en place, se tortille comme un ver. Depuis sa naissance, il n’a jamais fait une nuit complète, il grince des dents la nuit, ca fait un bruit affreux. Il lui arrive de transpirer en dormant, une fois il a complètement trempé les draps. Il est toujours énervé, avec des paroxysmes, il se met alors à frapper les autres, hurler, griffer. Quand il a ses crises d’énervement, il se frotte furieusement le nez.
Les selles sont pleins de petites particules blanches, sa mère d’origine australienne dit “like unpopped corn”.
Cina 200 balayera le cas.
ðVoir Kali bromatum page 21 pour une discussion détaillée des terreurs nocturnes.
China
Sepia
Mylène
Muguet
Fronce les sourcils
Constipée
Bcp de gaz
Reflux
Hoquet après la tétée
Prévoir Lyc ou Sep
Passé à Nux LM3
Volontiers vulvite
Transpire bcp de la tête en dormant
Adore les bisous et les calins mais c’est elle qui doit décider quand, c’est si je veux
Belladona
Bien que l’enfant Belladona soit sujet aux colères et à des crises de violence, il faut toujours s’en souvenir en tant que remède qui prépare l’action de Calcarea.
On néglige trop souvent sa très grande action chronique. Ainsi, un cas à l’aspect floride, « costaud » avec les sueurs, les ganglions, une peur de l’obscurité, des fantômes, des chiens, va certainement demander Calcarea pour être définitivement soulagé, mais on rate quelque chose si l’on ne donne pas une ou deux doses de Belladona auparavant. Souvent Bell va > l’hyperexcitabilité et la plupart des symptômes les plus saillants, laissant la place ainsi à Calc pour une action profonde et en douceur.
En somme il faut se rappeler son indication chez des enfants de type Calcarea mais bien plus nerveux, et agités. Faisant partie de l’ABC des enfants (Aconit, Belladona, Chamomilla), ce sont des mordeurs, au visage souvent coloré, les joues écarlates en chronique ou bien lors des poussées dentaires, etc. Leurs colères sont violentes, au point de se frapper la tête contre les murs (Tub).(PSYCHISME: Frapper, soi-même, tête, sa, contre les murs)
Congestions, spasmes, c’est un remède essentiellement céphalique (Charrette), hyperesthésie, hyperexcitabilité de tous les sens. Belladona est fréquemment indiqué lors des crises de coliques du nourrisson quand celle-ci survient soudainement, son visage étant rouge
Enfin, Bell fait partie de la famille des Solanées, avec Stramonium et Hyosciamus, qui constitue le trio du délire (Nash).
Hyosciamus, Stramonium
On est ici dans un tableau dominé par le côté violent. Se greffent des signes absents de Belladona :
a) jalousie, très souvent rencontrée chez l’enfant.
b) excitation sexuelle (masturbation, tendance à se tripoter).
c) exhibitionnisme, impudeur.
d) tics, spasmes.
Stramonium possède les terreurs nocturnes, la peur du noir qui ne présente pas Hyos. Il y a un fort désir de lumière et de compagnie. Suites de peur : contes ou films qui impressionnent beaucoup l’enfant, avec terreurs la nuit. Eventuellement la violence peut manquer au tableau. Très peu de douleur, enfants très « durs ». Tendance aux spasmes, contractions, tics, bégaiement. En aigu, Stram est une sorte de super Belladona, avec un délire très intense, des chants, une grande loquacité, les pupilles dilatés, la tête se soulevant spasmodiquement de l’oreiller, une soif violente surtout pour des boissons acides.
ðVoir Kali bromatum page 21 pour une discussion détaillée des terreurs nocturnes.
Hyosciamus en aigu est plus calme, présente de la stupeur. Ce sont des enfants méfiants, soupçonneux. Très sensible à la douleur. Raptus agressif, brutalité, enfant agressif d’un coup. Ou bien, enfants culpabilisés (demandent toujours pardon selon Lamothe) qui peuvent rester silencieux.
Hyosciamus (voir Belladona)
Stramonium (voir Belladona)
Antimonium tartaricum
C’est un remède souvent indiqué en aigu, plus rarement dans un état chronique. Les signes aigus, respiratoires, l’aspect de la langue en font une entité facile à distinguer. En chronique, on le confond volontiers avec Chamomilla : l’enfant est énervé, il veut les bras, et il est même calmé quand il est dans les bras de sa mère.
Le signe caractéristique de Ant-t, c’est que l’enfant veut échapper à la vue ou au contact du médecin. Ce n’est pas comme dans Bar-c, qui se cache peureusement derrière une chaise ou derrière ses mains, Ant-t quant à lui, vous menace, veut vous taper si vous le regardez ou si vous le touchez, tout en étant réfugié dans les bras de sa mère.
Les deux sels d’antimoine se ressemblent énormément. Ce que nous venons de dire du tartaricum est aussi vrai du crudum. Cependant le crudum n’est pas aussi spontanément agité que le tartaricum, il a un tropisme digestif très marqué (surcharge pondérale, tellement goinfre que sa langue est chargée d’un enduit blanc comme aucun autre remède) ainsi qu’une affinité pour la peau (éruptions croûteuses, fissures des commissures des lèvres et du bord des narines, excroissance cornée, épaississement de la peau sous les pieds..) . Il est souvent indiqué suite de bains froids ou par temps chaud. Le tartaricum, souvent indiqué aux âges extrêmes de la vie, a un tropisme pulmonaire (râles fins qui peuvent donner le bruit d’une scie dans une planche, avec expectoration difficile. Ant-t affecte les bronches fines avec grande accumulation de mucus et impossibilité d’expectorer alors que Ip. concerne les grosses et moyennes bronches). L’enfant Ant-c est très boudeur, garde le silence. En pratique, dans l’indication qui nous occupe, je me demande si l’un ne marche pas aussi bien que l’autre.
Troubles cutanés
Sulfur
Graphites
Capsicum
Psorinum
Antimonium crudum
Petroleum
Hepar
Troubles digestifs des tout petits
Aethusa
Senna
Belladona
Opium
Plumbum
Abrotanum
Argentum nitricum
Symbiose mère enfant.
Diarrhée verte type épinards hachés chez l’enfant et désir de sucreries et gaz chez la maman.