Dans cette rubrique du Répertoire, s’affichent au degré trois, Apis Mellifica et Kalium Carbonicum, deux polychrestes étudiés dans l’exposé précédent :«Œdèmes sous les Paupières ».
Suivent dans cette rubrique, huit remèdes au second degré qui retiendront notre attention. Nous verrons successivement : Conium Maculatum, Cyclamen, Ignatia, Medorrhinum, Natrum Carbonicum, Petroleum, Squilla et Syphilinum.
Sur le transparent, sous la rubrique du Répertoire, j’ai tenté une classification diathésique. Toutes sont présentes: des psoriques, tuberculiniques, sycotiques et luétiques.
Conium Maculatum, antipsorique profond à tendance paralytique souffre de démangeaisons des paupières avec douleurs brûlantes et cuisantes. Les paupières sont agglutinées le matin. On peut observer un écoulement de mucus et de pus des yeux. Au moindre coup de froid, un rhume s’installe avec atteinte souvent des glandes lacrymales, favorisant l’œdème des paupières supérieures, la lacrymation, les écoulements. La paralysie des paupières supérieures, le ptosis, reflète l’évolution classique de Conium Maculatum.
La photophobie intense est constante, les larmoiements abondants et fréquents. Il est noté une discordance entre l’intensité de la photophobie et des larmoiements avec la pauvreté des lésions. «Photophobie sans inflammation des yeux » est une Key Note de Conium au troisième degré dans le Répertoire.
Des troubles visuels accompagnent souvent les lésions oculaires de Conium Maculatum. Les visions sont toujours colorées, en bandes, stries, raies rouges bigarrées, et, même tous les objets paraissent rouges !
Des nodules et orgelets périodiques touchent les paupières supérieures. La transpiration dès que se ferment les yeux est un grand symptôme d’appel de Conium Maculatum.
Cyclamen Europaeum, remède curieux, éprouve une aversion pour
le mouvement et pour sortir (key note au second degré). Souvent atteint de strabisme, il désire rester seul et dans une pièce chaude. Une sécheresse et des démangeaisons des paupières supérieures complètent l’œdème du remède.
Des troubles visuels caractérisent Cyclamen Europaeum. Ce sont surtout des papillotements dès le matin au lever (key note au degré trois). Toutes les manifestations de Cyclamen Europaeum, vertiges, céphalées, s’accompagnent de papillotements de couleurs variables. Des visions de pointes, aiguilles brillantes, taches sont toutes des key notes au degré trois.
Pour finir une curiosité de Cyclamen Europaeum, sécretion lactée chez une femme non prégnante (Mercurius).
Ignatia Amara, variable, paradoxal est souvent larmoyant. Avec ses œdèmes des paupières supérieures, nous observerons une agitation des globes oculaires et des larmes âcres, irritantes. La vision est perturbée, trouble, souvent confuse.
Les œdèmes d’Ignatia Amara peuvent accompagner la migraine comme par un clou enfoncé dans la tête avec visions d’étincelles ou de zigzags. L’aggravation aux odeurs surtout de tabac se remarque chez une personne qui pourtant fume. Les névralgies autour des yeux, avec spasmes des paupières présentent des modalités superposables. Ainsi, les suites de chagrin, d’émotions aux conduites inattendues, aux modalités contradictoires appelleront Ignatia Amara.
Medorrhinum est toujours pressé, souvent oublieux ou obsédé. Dans ses troubles respiratoires, asthmatiques, il induit un catarrhe nasal et oculaire abondant.
Les douleurs, comme si les yeux étaient projetés en avant, se plaint le malade. Les douleurs, aux mouvements des yeux, comme par du sable ou des brindilles peuvent conduire à une diplopie ou une vision brouillée, perturbée. Des taches noires ou brunes devant les yeux accuse le patient. Le désir d’être éventé, malgré une face aux sueurs froides et le besoin de se découvrir signeront Medorrhinum.
Les affections chroniques, traînantes des paupières, des conjonctives avec blépharites, orgelets, chalazions, des verrues seront guéries par Medorrhinum.
Le bord de mer aggrave tous les troubles oculaires, respiratoires ou rhumatismaux de Medorrhinum. La face comme enduite de cire et l’amélioration à plat ventre, genu pectorale, ne sont pas des moindres caractéristiques de Medorrhinum. La suppression de gonorrhée, chez le patient ou même, très anciennement, chez ses ascendants lointains est une porte d’entrée classique pour Kent.
Natrum Carbonicum, rhumatisant, sensible au courant d’air, au froid aux changements de temps, est un psorique notoire. Mais, il est aussi hypersensible à la chaleur et surtout à l’exposition solaire. C’est notre grand remède des lucites qui sont devenues communes depuis l’utilisation de Natrum Carbonicum dans les dentifrices pour blanchir les dents. Le brossage des dents, véritable dynamisation fait apparaître chez les sujets sensibles, tout un cortège d’éruptions faciales et sur les parties découvertes du corps. Des troubles visuels divers sont accusés par le patient, taches noires, volantes, éclairs.
Depuis le simple érythème jusqu’à l’eczéma purulent toutes les éruptions sur les paupières sont possibles. Des vésicules contenant un liquide blanc séreux augmentent les démangeaisons et les douleurs de ces œdèmes. Des cernes bleutés entourent les yeux. Les traits du visage sont bouffis, l’enflure se déprime à la pression. L’albuminurie signe la défaillance rénale.
La sensibilité à la musique, la tristesse, les pleurs au piano sont des caractéristiques classiques et fidèles de Natrum Carbonicum. Kent assure que la musique peut pousser Natrum Carbonicum à une détresse religieuse et au suicide.
Petroleum, avec son action importante sur la peau, va présenter des éruptions, des eczémas, des dartres, des vésicules sur la paupière supérieure, la face et même sur toute l’anatomie. Ces dermatoses sont particulièrement prurigineuses, « jusqu’au sang ». Un liquide aqueux, des sécrétions jaunâtres, un catarrhe coulent sur le visage. Des rougeurs, des boutons, des granulations apparaissent sur les paupières. Les vésicules ont tendance à l’ulcération, à la suppuration. Des fissures sur les paupières, au niveau des canthi parfois ne sont pas exceptionnelles.
L’appareil lacrymal de Petroleum, au niveau du canal lacrymal, des glandes lacrymales et du sac lacrymal est sujet aux inflammations, écoulements et suppurations. Trois remèdes se partagent ces atteintes lacrymales : Petroleum, Pulsatilla et Silicea. L’aggravation par le froid différencie Petroleum de Pulsatilla et Silicea. Petroleum est aggravé l’hiver, en voiture, tandis que Silicea se manifeste par de profuses transpirations nauséabondes des pieds.
La choucroute et les choux sont mal tolérés par Petroleum.
Squilla Maritima, sensible au froid, au courant d’air, aggravé de onze à treize heures, attire l’attention par ses problèmes respiratoires, spléniques et rénaux. Au décours de ces diverses pathologies de Squilla, apparaîtra un œdème des paupières supérieures. Une étrange sensation de nager dans l’eau froide affecte les yeux.
Le coryza, la toux grasse le matin, sèche le soir avec un écoulement irritant, atteint aussi les paupières. Les larmes sont abondantes, l’enfant se frotte les yeux avec le poing. Ce signe d’appel du remède est fidèle dans la petite enfance.
Les affections spléniques ou chroniques des reins, avec ou sans albuminurie, présenteront l’œdème des paupières en plus des bouffissures ou enflures généralisées.
Squilla ne se plaint jamais de transpiration, sauf après sa toux sèche et spasmodique.
Syphilinum ou Luesinum présente un riche tableau lésionnel, en plus de l’œdème des paupières supérieures. Le strabisme, la myopie, la diplopie ne sont rien à côté des paralysies des muscles oculaires. La paralysie du grand oblique aboutit à la ptose palpébrale. La luèse attaque le nerf optique, atrophie et amaurose assombrissent ce cadre.
Luesinum provoque aussi des iritis et des kératites avec des ulcérations de la cornée. Un écoulement purulent abondant des yeux accompagne les paupières enflées. Des phlyctènes récidivantes, des granulations, des dermatoses diverses fleurissent sur les paupières.
Les larmes sont excoriantes, la photophobie permanente avec des douleurs brûlantes. Les algies intenses, s’étendant d’un œil à l’autre, suivant un trajet linéaire sont lancinantes et pires la nuit. Les douleurs des os de la face et des orbites sont profondes, linéaires et persistantes. L’aggravation du coucher du soleil au lever du jour signe la luèse. Le temps chaud et humide ne convient pas à ces patients. L’amélioration au climat d’altitude de Syphilinum est à l’inverse de Medorrhinum qui bénéficie du bord de mer.
La meilleure indication de Luesinum est la persistance des troubles et l’inaction des remèdes, pourtant bien indiqués, au cours des traitements chez les fluoriques. J’ai vu ainsi, des patients revenir sur Sulfur ou un autre remède psorique après prescription de Syphilinum . Ainsi, Syphilinum provoque une réactivation de symptômes psoriques supprimés ou cachés, sous jacents à la luèse. C’est l’indication du nosode Luesinum, si bien décrite par Kent.
Vous pouvez consulter l’article complémentaire : oedèmes sous les paupières